This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's books discoverable online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the
publisher to a library and finally to y ou.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that y ou:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web
at|http : //books . google . corn/
/-»«
f*^
irj
TVm^
ïîaruarli (iTûllfgc î-tlsmry
GIFT OF
ArchihaM Cary Coolidge* PIlD.
<^:^M '
— : V
>. ^ V
^lA
- ''x
V<t iV
1
Digitized by
Google
Digitized by
Google
1
Digitized by
Google
i
ï
Digitized by
Google
Digitized by
Google
BXJLLEXTlSr
DE Là commission
DE LA MAYENNE
GRÉÉE PAR ARBÉTÉ PRÉFECTORAL DU 17 JANVIER 1878.
DEUXIÈME SÉRIE
TOME D1X-SE3PTIÈME
1901
LAVAL
IMPRXMKRIB LAVAL.L.OmE
E LtuivRi
4901
1* THUfSsnis DK 1901.
49,
Digitized by
Google
fr 5^.^
Harvard Collège LIbrary
MAR 28 1912
Pref . A. Cl
~. Coolldge
Digitized by
Google
MEMBRES DE LA COMMISSION
Membres titulaires.
MM
ANGOT (Fabbé Alphonse), auteur de travaux historiques, à
Louverné (Mayonne).
BEAUCHESNE (marquis de), licencié ès-lettres, au château
de Lassay (Mayenne), au château de la Roche-Talbot,
par Souvigny (Sarthe), et 8, avenue Marceau, Paris.
CHEDEAU, Président de la Société d'Archéologie, Sciences,
Aris et Belles-Lettres de la Mayenne, place Cheverus,
Mayenne.
DURGET (Charles), rue de Tours, Laval.
F ARC Y (Paul de), inspecteur de la Société française d'Ar-
chéologie pour le département de la Mayenne, rue de la
Poste, Chàteau-Gontier.
GARNIER (Louis), architecte, inspecteur des édifices diocé-
sains, membre de la Commission d'architecture, rue de
Joinville, Laval.
GOUVRION (E.), rue Verte. Mayenne.
GROSSE-DUPERON (A.), auteur de travaux historiques, ju-
ge de paix, rue Jacques Labitte, Mayenne.
H.\WKE (Eugène), ancien architecte du département, mem-
bre delà Commission d'architecture, rue de Rennes, LavaL
LA BEAULUÈRE (Louis de), auteur de travaux historiques,
chàieau de la Drujeotterie, Entrammes (Mayenne).
LAURAIN (Ernest), ancien élève de l'école des chartes,
archixiste de la Mayenne, 3, rue Ambroise Paré, Laval.
LEBLANC (Edmond), avocat, ancien député, conseiller géné-
ral, Nouvelle 'l'raverse, Mayenne.
LECOMTE j|, ingénieur en chef des ponts et chaussées,
membre de la commission d'architecture, 28, rue de Paris,
Laval.
LEMONNIER DE LORIÈRE (Léon), membre de la Société
pour la conservation des monuments historiques, con-
seiller général, Epineu-leSéguin (Mayenne).
Digitized by
Google
MOREAU (Emile) Qy membre de plusieurs Sociétés savantes,
8, rue du Lieutenant, Laval.
ŒHLERT (Daniel) j|, O, ancien vice président de la So-
ciété géologique de France, membre non résident du Co-
mité des travaux scientifiques au ministère de Tlnstruc-
lion publique, membre correspondant de l'Institut, 29,
rue de Bretagne, Laval.
RAULIN (Jules), avocat, membre de plusieurs sociétés sa-
vantes, auteur de travaux historiques, Mayenne.
RICHARD (Jules Marie) Q, archiviste paléographe, corres-
pondant du ministère des Beaux-Arts, 2, place du Gast,
Laval.
TRÉVÉDY (Julien), ancien président du Tribunal de
Quimper, rue de la Préfecture, Laval
COMPOSITION DU BUREAU
Président honoraire, M. Floucaud de Fourcroy, 0. ^,
Président, M. E. Moreau 0«
IMM. Trévédy,
Leblanc,
DE Farcy,
Secrétaire, M. Laurain,
Trésorier, M. Durget.
Membres Correspondants.
MM.
Acbon (Ch. d'), au château de la Roche de Gennes (Maine-
et-Loire).
Alleaume (A.), peintre verrier, rue de Bootz, I-.aval.
Angot (Edmond), docteur-médecin,48, rue de Joinville,Laval.
Anis (l'abbé A.), licencié ès-letlres, curé de Vaiges (Mayenne).
Appert (Jules), Fiers (Orne).
Argentré(comte d'), au château de la Bermondière,par Cou-
terne (Orne).
Digitizec^ by
Google
— 9 —
Auguste (l'abbé Alphonse), licencié es-lettres, Collège Sainte-
Croix, Le Vésinet fSeine-et-Oise).
Auguste «l'abbé Henri), vicaire, Andouillé (Mayenne).
Aveneau de la Grancière, château de Moustoir-Lan, en
Malguénac, par Pontivy (Morbihan).
Barbe, ancien membre titulaire, conservateur du camp de
Jublains, juge de paix à Conlie (Sarthe).
Bertrand de Broussillon (comte) 0, archiviste paléogra-
phe, président de la Société des archives historiques du
Maine, 15» rue de Tascher, Le Mans, et4S, rue de Grenelle,
Paris.
Brou (Charles), bibliothécaire de la ville, rue du Pont-de-
Mayenne, Laval.
Chappée (Jules;, place Saint Pavin, au Mans.
rhardon (Henri), rue de Flore, au Mans.
Chemin, 4, ancien membre titulaire, ingénieur en chef des
ponts et chaussées, ^2, avenue de l'Aima, à Paris.
Chiron du Brossay, ancien directeur de l'Enregistrement,
à Chàteau-Gonlier.
Coquart, ^, 0, ancien architecte diocésain de Laval, 42,
rue de Boulainvillier, Paris-Passy.
Cornée O, ancien membre titulaire, 316, rue Solférino, à
Lille.
CourtilloUes d'Angleville (Antoine de), au château d'Assé-
le-Bérenger, parÉvron.
Coutard (l'abbé Alb.), curé de Vallon (Sarthe).
Darcy, ^, architecte de la Commission des monuments
historiques, 2, rue de Bruxelles, Paris.
Delaunay (Léon), interne des hôpitaux, 18, rue Vavin, Paris.
Desmot (Lucien) O, receveur particulier des finances, à Is-
soire (Puy-de-Dôme).
Dubel (Isidore) 0, maire de St-Ouen-des-Toits, (Mayenne).
Dubois (Mgr Ernest)., évéque de Verdun.
Dulong de Rosnay (Monseigneur), ancien vice-président de
la commission à Morlaix.
Duval (Louis), ancien élève de l'Ecole des chartes, archivis-
te du département de l'Orne, correspondant du ministère
de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, à Alençon.
Digitized by
Google
- 10 -
Farcy (Louis de), Angers (Maine-et-Loire).
Fleury (Gabriel), imprimeur à Mamers (Sarthe).
Floucaud de Fourcroy, 0. j|, inspecteur des ponts et
chaussées lionoraire, président honoraire de la commis-
sion, Saint-Malo (Ilie-et- Vilaine).
Frain de la Gaulairie, à Vitré (Ille-et- Vilaine).
Gerbault (Georges), au Buard, c°° de Changé, par Laval.
Gillard (Fabbé), «-uré de Couesme (Mayenne).
Goupil (Albert), licencié ès-leltres, imprimeur, quai Jehan-
Fouquet, Lavai.
Guétron (rabbéj, licencié ès-lettres, vicaire à Juvigné-des-
Landes (Mayenne).*
Hauterive (Blanc de la Naule d'), chef de bataillon au lOi*.
Paris
Hétier, ^, ancien membre titulaire, ingénieur en chef des
ponts et chaussées, Paris.
Kuntz(A.) ^, sous-intendant mihtaire en retraite, 2:2, rue
Monsieur le Prince, Paris.
La Broise (Henri de) »î<, 170, rue du Faubourg-Saint-Honoré,
Paris.
La Chesnais (Maurice) 0. ^, ancien chef de bureau au mi-
nistère de la guerre, à l'Huisserie, et, 21, rue du Cherche-
midi, Paris.
Lair (Jules), archiviste-paléographe, 11, rue Croix-des-
Petits-Champs, Paris.
La Porte (marquis de), 35, rue de Plaisance, Nogent-sur-
Marne (Seine»
Lardeux (l'abbé), licencié ès-lettres, professeur nu pelit-sé-
minaire, Mayenne.
Laurière (de), inspecteur général de la Société française
d'archéologie, 7, rue d'Aguesseau, Paris.
Lebreton, ^, Q I. P., proviseur honoraire, Champeaux
(Manche).
Le Coq (Frédéric), 8, rue Sedaine, Paris.
Ledru (l'abbé Ambroise), 53, rue des Maillets, Le Mans.
Lemercier, ancien juge de paix d'Ambrières
Letourneurs (Henri), avocat, château de Grenusse, Argen-
tré (Mayenne).
Digitized by
Google
— 11 —
Ligep (F.), château de Courmenant, par Sillé-le-Guillaume
iSarlhe).
Maître (Léon) Q, I. P., archiviste de la Loire-Inférieure,
Nantes.
Masjambost (André Ardant du), à Dunkerque (Nord).
Menjot d'Elbenne (le vicomte), château de Couléon, par
Tuffé (Sarthe).
Métais (Fabbé), chanoine, secrétaire de l'Evêché, Chartres.
Mercier (Fabbé Ed.), curé de Bierné (Mayenne).
Montagu, instituteur, Hardanges (Mayenne).
Monlalembert (André de), 122, rue de Grenelle, Paris, et
château de la Côtellerie, par Bazougers (Mayeunei.
Morin (Auguste), 39, rue de Bretagne, L:aval.
Morin, architecte, Vitré (lUe-et- Vilaine).
Morisset, docteur-médecin. Mayenne.
Mouchet, ancien président du Tribunal de commerce, 48,
rue Soltérino, Laval.
Mowat (Robert), 10, rue des Feuillantines, Paris.
Mris-Jallobert (Fabbé Paul), recteur de Balazé (111e et-
Vilaine).
l'atry^rabbéEdouard), chanoine honoraire, curé-archiprétre
de Notre- Dame de Mayenne.
Perrot (Paul), notaire, Mayenne
Pichon (Fabbé), chanoine, vicaire général honoraire, secré-
taire de l'Evêché, au Grand-Séminaire, Le Mans.
Planté, ancien notaire, à la Haute-Besneraie, par Cossé-le-
Vivien (Mayenne).
Ponthault (André), place de llercé Mayenne
Port, professeur au collège de Saint-Nazaire.
Quatrebarbes (comte Léopold de), au château de Noirieux,
par Bierné (Mayenne).
Quatrebarbes (comte Foulques de), château de la Motle-
Daudier, par Craon (Mayenne)
Queruau-Lamerie, 6 bis, rue des Arènes, Angers.
Ricouard, 14, rue de l'Arsenal, Arras.
Salles (Auguste) 0, professeur agrégé au lycée Janson de
SaiUy, 88, rue Claude Bernard, Paris.
Digitized by
Google
— 12 -
Sauvage (Hîppolyte) O, I. P., ancien juge de paix du canton
de Couptrain, 83, boulevard Bineau, Paris-NeuiUy.
Senthilhes, ingénieur des ponts et chaussées, ancien mem-
bre titulaire, Bordeaux (Gironde).
Sesboué (Frédéric), ancien notaire, 7, rue de Beauregard,
Laval.
Simonet, sous-ingénieur des ponts et chaussées, Château-
Gontier.
Sinoir (Emile), professeur agrégé au lycée de Lavai.
Thuau(René-Auguste), notaire, Meslay (Mayenne).
Tirard, place des Halles, Ernée (Mayenne).
Tranchant (Charles) 0. ^, OI. P. ancien élève de FÉcole
des Chartes, membre du Comité des travaux historiques,
28, rue Barbet de Jouy, Paris.
Tribouillard (rabbé), curé de Laubrières (Mayenne).
Triger (Robert), président de la Société du Maine, château
des Talvasières, près Le Mans.
Turquet (Alphonse-Alexandre), notaire, rue Souchu Servi-
nière, Laval.
Uzureau (l'abbé F ), chapelain du Champ des Martyrs,
Angers.
LISTE DES MEMBRES DÉCÉDÉS
DEPUIS LA CRÉATION DE LA COMMISSION
Membres titulaires
1882 GUILLER (Fabbé), chancelier de Tévéché, Laval.
1883 MARCHAL, jgj, ancien ingénieur en chef du départe-
nient, ancien maire de Laval.
— LE FIZELIER (Jules), secrétaire général de la Com-
mission.
1891 JOUBERT (André), Le Lutz, Daon (Mayenne).
1894 COUANIER DE LAUNAY (Fabbé), chanoine honoraire
de Laval.
1896 MARTONNE (Alfred de), secrétaire adjoint de la com-
mission.
Digitized by
Google
^ 13 —
1897 PERROT (Ernest) , O, propriétaire, ancien vice -prési-
dent delà Commission, Laval.
1899 POINTEAU (Charles), aumônier de Thôpital, Craon.
1900 SOUCHU-SERVINIÈRE ( Théophile), ancien député,
ancien vice-président de la Commission, Laval.
Membres correspondants.
1881 Legras, ^, ingénieur en chef des travaux maritimes
à Lorienl, ancien membre titulaire.
1883 Prévost, 0. 4^, géuéral du génie en retraite.
1886 Ravault (Athanase-Henri), notaire Mayenne.
-— Savary (Georges), professeur d'histoire au lycée de
Laval.
1887 Duchemin (Victor-Tranquille), O, archiviste de la Sar-
the, ancien membre titulaire.
— Charles (l'abbé Robert), vice-président de la Société
du Maine, Le Mans.
— Bonneserre de Saint-Denis, Angers.
1898 Bernard (Almire), à Saint Pierre-sur-Orthe.
— Chapiain-Duparc, à Paris.
1889 Courtiiloles (de), château de Courtilloles, près d*A-
lençon.
1890 Trouillard (Charles), avocat, Mayenne.
1891 Montozon (S. de), à Chàteau-Gontier.
1892 Foucault (abbé), à Saint-Fraimbault de Lassay.
— Piolin (Dom Paul), à Solesmes (Sarthe).
1893 Chomereau, à Laval.
1895 Beauchesne (marquis de), au château de Lassay.
— Sicotière (de la), sénateur, à Alençon.
Abraham (Tancrède),à Paris.
— Palustre (Léon), ancien directeur de la Société fran-
çaise d'archéologie, à Tours.
— Laigneau, curé de Bourg-Philippe vMayenne).
1897 Delaunay (Edouard), procureur de la République à
Poût-rÉvéque.
Digitized by
Google
- 14 -
1897 Goupil (Auguste), libraire, quai Jehan Fouquet, à
Laval.
— Maillard (Fabbé), curé de Gennes (Mayenne).
1898 Delépine (l'abbé), curé de Sacé (Mayenne).
— Magaud (Henri), propriétaire, à Laval.
1899 Beauchamp de Monlhéard (baron Emmanuel de), à
Paris.
-— Contades (comte Gérard de), à Saint Maurice du-Désert
(Orne).
— Gadbin (René), à Château Gonlier.
Digitized by
Google
LE CHATEAU DU COUDRAY
ET LES
GHATELLENIES DE GHEMERÉ
ET DE SAINT-DENIS-DU-MAINE
CHAPITRE IV
Les Sévigné ; Renault de Sévigné, mari de Gabrielle
du Bellay ; René-François de Sévigné,
Si les des Retours étaient très anciens en Normandie,
les Sévigné ne Tétaient pas moins en Bretagne. Cette
famille, à qui les illustrations n^ont pas manqué, et qui.
portait pour armes : « écartelé de sable et d^argent d,
prétendait avoir été aux croisades avec Guillaume de
Sévigné, contemporain de saint Louis. En tous cas sa
filiation remontait d'une façon certaine à Guy de Sévigné,
seigneur dudit lieu et de Gesson près de Rennes, qui
avait épousé en 1392 Agard Rataud, héritière du Chas-
telet en Balazé. Guy de Sévigné et Agard Rataud avaient
eu pour fils Guillaume de Sévigné I du nom, chevalier,
seigneur dudit lieu et du Chastelet, marié avec Margue-
rite de Chàteaugiron, et père de Guillaume II, baron de
Digitized by
Google
— 16 —
Sévigné, seigneur du Chastelet ; grâce à son union avec
Anne de Mathefélon, ce dernier avait joint à ses autres
domaines celui des Rochers près Vitré. Son fils Guil-
laume I II, baron de Sévigné, épousa Isabeau de Malestroit,
alliance d'où sortit Guillaume IV baron de Sévigné,
seigneur du Chastelet, des Rochers, et époux de
Jacquette de Montmorency. Ceux-ci eurent deux fils,
Guy II, qui continua la ligne directe éteinte au bout de
deux générations, et François, auteur de la branche
d'Olivet. Marié avec Catherine de la Chamne, François
de Sévigné eut, lui aussi, deux fils : Bertrand et Gilles.
Bertrand eut, comme aîné, la terre d'Olivet en partage.
Il épousa Marguerite de Champagne et fut père de Joachim
de Sévigné, baron dX)livet, qui, pendant les guerres de
la Ligue, joua un certain rôle auprès du duc de Mercœur
en qualité de maréchal de camp, et, rallié enfin à la
cause d'Henri IV, obtint ainsi le collier de l'Ordre de
Saint-Michel. Par suite de son mariage avec sa cousine
Jeanne-Marie de Sévigné, héritière de sa branche, ce
Joachim de Sévigné avait recueilli les biens de cette
branche et était devenu chef du nom et des armes de sa
famille. Il eut de cette union Charles, marquis de Sévigné,
seigneur des Rochers et autres lieux, lequel, marié en
premières noces avec Marguerite de Vassé, fut père
d'Henri de Sévigné, le mari de la célèbre marquise ^
Quant à Gilles de Sévigné, le second fils de François
de Sévigné et de Catherine de la Chamne, partagé de la
terre de Saint-Didier, il avait épousé Charlotte de Mont-
moron, dame dudit lieu, et devint ainsi la tige de la
branche de Montmoron^, celle qui nous intéresse parti-
culièrement.
C'est de cette alliance qu'étaient nés, dans les dernières
années du XVP siècle, notre Renaut ainsi que sa sœur
1. Voir dossier Sévigné, aux P. O. du cab. des Titres.
2. Ibidem.
Digitized by
Google
- 17 -
Anne de Sévigné qui devait épouser avant 1627, Nicolas
de Bourgneuf, conseiller au Parlement de Bretagne*.
A l'exemple de son beau-frere. le futur mari de
Gabrielle du Bellay, au lieu de suivre, comme ses ancê-
tres, la carrière des armes, s'était fait magistrat, et, tout
jeune encore, était entré au Parlement de Bretagne,
où il s'était fait recevoir conseiller dès le 18 mars 1616^.
Trois ans après, en avril 1619, il avait épousé demoiselle
Bonaventure Bernard de la Turmelière, dame de la
Bouexière^, qui n'avait pas tardé à le laisser veuf avec
un fils et une fille nés de leur mariage^. C'est alors que,
comme nous l'avons vu, ii. s'était remarié en novembre
1627 avec la sœur cadette de la dame de Malnoë. Au
moment où, en 1637, il devenait au droit de sa femme
seigneur du Goudray, Renaut de Sévigné avait eu déjà
de sa seconde union au moins cinq enfants : 1° Marie,
baptisée en l'église d' Alexain en novembre 1629 ; 2® René-
François, tenu sur les fonts de la même église le 14 mars
1632 par « Messire René du Bellay, chevalier de l'Ordre
du Roy, seigneur de la Feuillée )),et par « dame Renée
de Fréart, dame de Vautorte » ; 3** René, né le 4 juin
1632 et baptisé le 20 du même mois dant» l'église Saint-
Etienne de Rennes; 4** autre René, baptisé dans la même
église le 18 octobre 1633; 5^ Gilles, né en 1636^
Bien qu'il fût entré dès l'année 1637 en possession de
la terre du Goudray, c'est seulement à partir de 1640 que
quelques actes nous montrent le gendre de Radegonde
1. Voir Les Sévigné oubliés, par M. Fr. 8aulnier, p. 91, note.
2. Renseignement communiqué par M. Saulnier.
3. Voir Les Sévigné oubliés, p. 108, note.
k, Charles, né en 1622, et yVune, née en 1624. Voir à leur sujet
dans Les Sévigné oubliés, le chapitre intitulé : a Les malheurs
d*un Montmoron ».
5. Voir pour l'étal civil des deux premiers, les registres parois-
siaux d'Aiexain qui remontent aux premières années du XVI1«
siècle ; quant à celui des trois derniers, il nous a été communiqué
par M. Saulnier.
Digitized by
Google
-Io-
des Rotours agissant en qualité de seigneur propriétaire
de cette terre. Le 8 septembre de cette année-là, nous
voyons « Messire Regnauld de Sévigné, seigneur de
Montmoron, la Guibergère, Feurron, le Pont-Rouaud et
autres ses terres, conseiller du Roy en ses conseils d'Estat
et privé et en son parlement de Bretagne, demeurant
d'ordinaire en la ville de Rennes,... de présent en sa
maison seigneuriale du Couldray, paroisse de Saint-
Denys du Mayne », acquérir par échange de « Messire
Clia-les de Montesson, chevalier, seigneur dudit lieu,
le Plessis Bourreau... et autres ses terres, demeurant
en sa maison seigneuriale de Montesson, paroisse de
Bays », deux pièces de terre appelées Tune « la grande
pipce des Garennes, dépendant du lieu et mestairie du
Creuslis appartenant audit seigneur de Montesson,
paroisse de Saint-Denys du Mayne, joignant d'ung costé
les garennes et murgiers à connils et la prée du Couldray,
de Taultre costé la terre de la Clergerie appartenant
audit seigneur de Montmoron et dépendant de ladite
terre du Couldray » ; Tautre pièce appelée « le cloteau de
la Ooisnière, dépendant de la Grande Croisnière appar-
tenant également audit seigneur de Montesson' ». L'année
suivante, à la date du 2 novembre, « Messire Regnault
de Sévigné, seigneur de Montmoron,.. de la chastellenie
de Chemeré et la Bazouge, le Couldray, Vauberger et les
Tousches, conseiller du Roy en ses conseils,., demeurant
ordinairement en la ville de Rennes,., estant de présent
en sa maison et chasteau du Couldray », prolonge pour
quatre ans en faveur de M® Hélie Lambert, notaire royal,
demeurant à Vaiges, le « bail de ferme du greffe ordinaire
de ladite chastellenie de Chemeré et la Bazouge ainsi
que des fiefs et seigneuries desdits lieux du Couldray,
1. Minutes anciennes de M» Martin Raison, gracieusement
mises à notre disposition, comme nous 1 avons dit au chapitre
précédent, par notre obligeant collègue de la Commission de la
Mayenne, M. Thuau, propriétaire actuel de Tétude de Meslay
où sont conservées ces mmutes.
Digitized by
Google
— 19 —
Vauberger el les Toiischcs, et autres iimiexés av(iC(j
ladite chaslelleaie »*. Cette même année, le mari de
Gabrielle du Bellay reçoit, comme seigneur de Ghemeré,
la déclaration féodale des Jésuites de la Flèche pour « tous
les choses héritaux » que lesdits Jésuites tenaient « à
cause de leur seigneurie de Bollebranche et de la Moinerie,
en la chastellenie de Ghcmeré »-'.
En novembre 1644, Renault de Sévigné se fait rendre
compte par Hardouin Périer, sieur du Grandin, demeu-
rant au bourg d' A vessé en Ghampagne. « naguères fermier
du domaine de la terre du Gouidray », des « fermes dudii
domaine du Gouidray dont ledit Périer a joui le temps de
six années au jour de la Toussaint dernièrement passé » ;
dans Tacte qui intervient à ce sujet entr'eux il est fait
mention du « foin que les chevaux dudit seigneur ont
consommé pendant le temps qu'il est venu séjourner en
ladite terre du Gouidray m^.
En 1645 le seigneur de Montmoron, « estant de présent
au liou seigneurial du Gouidray », baille à René Noblet,
marchand boucher, demeurant au bourg de Saint-Jean-
sur-Erve « le profit de Teau de Testang de la Bazouge
sous le moullin, c'est-à-dire le droit de faire mettre par
ledit Noblet autant de poisson que bon lui semblera audit
estang, de reprendre et pescher ce poisson, aussi quand
bon lui semblera, deux fois pendant le temps de ce présent
bail et marché qui est fait et accordé pour six années »^.
Gomme nous rapprennent d'ailleurs ces dilféronts
actes, Renaut de Sévigné ne faisait en son manoir du
Bas Maine que des séjours passagers ; sa principale i ési-
dence était à Rennes où le retenait, du mois de février au
mois d'août, sa charge de conssiller au parlement de
Bretagne. 11 possédait, nous le savons, dans cette ville,
J. Ibidem.
2. Ârch. de la Sarthe, fonds Beliebranche, H. 663
3. Minutes de M* Martin Raison.
4. Ibidem.
Digitized by
Google
- î>() -
rue Saint-Sauveur, près de la cathédrale, un vieux logis
transformé depuis en un bel hôtel, où il faisait sa
demeure ' .
C'est là que Gabrielle du Bellay était accouchée le
22 février 16 12 et le 27 mars 1644 de ses deux derniers
fils qui furent baptisés tous deux le 25 juin 1645 dans
Téglise de Saint-Etienne lès Rennes d'où relevait l'hôtel
de Montmoron. Le plus ïigé, qui reçut le nom de Chris-
tophe-Jacques, eut pour parrain « Messire Christophe
Budes, seigneur du TertreJouan, conseiller au Parlement
de Rennes », et pour marraine « demoiselle Anne de
Sévigné », fille unique de Renaut, née de son premier
mariage^. L'autre enfant fut tenu sur les fonts baptis-
maux par son oncle « Measire Jacques de Malnoë, seigneur
dudit lieu, gouverneur du fort Louys », et par « dame
Marie de Rabuslin-Chantal. espouse de Messire Henry
de Sévigné, soigneur baron dudit lieu ». Ainsi le plus
jeune des fils du seigneur du Coudray était le filleul de
la célèbre marquise. 11 fut appelé Jacques-Christophe-^
1. Les Sévigné oubliés, p. 87.
2. Ibidem, p. 88.
3. Ibidem, p. 90-91. Voici, d'après M. Saulnier, qui Ta copié
aux re«çislres paroissiaux de Sainl-Elienne. conservés à la mairie
de Hennés, la reproduction textuelle de son acte de baptême.
«Jacques Christolle. lilzde Messire Henauld de Sévigne, seigneur
de Monmoron. conseiller du Hoy au Parlement de lîennes, et de
dame Gabrielle du Bellav son espouse, a esté baptisé sur les
foniz bapiismaux de l'Eglise paroiessielle de Sainct-Eslienne les
Uennes, nay et venu au monde le jour de pasques, vingt et
septiesme mars mil six centz quarante et quatre ; parrain messire
Jacques de Mallenoe, seigneur dudit lieu, gouverneur du fort
Louys ; marraine dame Marie de Rabustin Chantai, espouse de
messire Henry de Sévigné, seigneur baron dudit lieu, le vingt et
cinquiesme juin md six centz uuarante et cinq.
Marie de Rabustin
Jacques de Mallenoe
Henriette de Golanges Renée du Bouillye
Marie de Vauclin Marie Despinoze
Renée de Bourgneuf
Renault de Séviçné
Gabrielle du BelTajr
Charles de Sévigné
Desclaux
P. de Lorgeril.
Digitized by
Google
— 21 —
Il convient d'ajouter qu'en acceptant d'être marraine
d'un des fils de son cousin de Montmoron, la jouno femme
d'Henri de Sévigno ncî faisait que payer en quelque sorte
à ce dernier une dette de reconnaissance. Lorsque, veuf
de Marguerite de Vassé, Charles de Sévigné s'était
remarié en 1629 avec Marguerite deCoempnon, le mari de
(iabrîelle du Bellay avait été nommé tuteur de son fils,
et il s'était depuis acquitté avec zèle et dévouement do
cette charge que des procès sans fin avaient rendue aussi
lourde que compliquée. C'est ainsi que on janvier 1647
Renaut de Sévigné figure encore dans un acte comme
« curateur créé par justice à Messire Henry de Sévigné,
marquis dudit lieu »*.
Nous avons vu qu'en 1640 le seigneur de Montmoron
avait fait un échange avec le seigneur de Montesson,
cousin de sa femme, qui possédait autour du Coudray les
métairies du Creulis, de la Croisnière et de la Tour. Au
commencement de l'année 1649 il obtint de celui-ci la
cession de ces trois métairies, ce qui constituait pour la
terre dont nous retraçons l'histoire une augmentation des
plus désirables. L'acte de vente fut passé le 29 janvier
devant M" Hélie Lambert notaire royal à Vaiges. Le
seigneur et la dame du Coudray, se trouvant alors retenus
à Rennes, avaient chargé M" Martin Raison, leur sénéchal
de Chemeré, de les représenter en cette circonstance.
Dans un acte on effet annexé au contrat de vente, daté
du 16 janvier précédent, et passé devant les notaires de
Rennes, nous voyons c Messire Rcgnault de Sévigné,
seigneur de Montmoron, conseiller du Roy en ses conseils
d'Estat et privé et au Parlement de Bretagne, et dame
Gabrielle du Bellay, dame de Montmoron, son espouse,
demeurants près l'église Saint- Pierre dudit Rennes »,
constituer et nommer leur procureur général et spécial
M« Martin Raison, sénéchal de Chemeré le Roy, « avec
1. Voir Les Sévigné oubliés, p. 87, et au dossier Sévigné des
P. 0. du cab. des Titres.
Digitized by
Google
- 22 —
pouvoir de comparoir pour lesdils seigneur et dame
constituants devant un ou deux notaires et achepter, pour
eux et leurs hoirs et ayant cause, de Messire Charles do
Montesson, chevalier seigneur dudit lieu, et de dame
Marie Prévost de Saint-Gyr son espouse, les lieux et
mestairies du Creuilly, laGrande-Croisnièreetla closerie
de la Tour, situés en la paroisse de Saint Denys du Maine
au comté de Laval, tout ainsi... que lesdits lieux sont
advenus audit seigneur de Montesson du chef de défunte
dame Renée de Rotroux, sa mère, avec tous les droits
appartenans et dépendans... comprins les perrières
d'ardoise qui ont esté faictes aux terres dudit lieu du
Creuilly, lesquels lieux relèvent prochainement et sont
mouvants à foy et hommage ou autrement des terres, fiefs
et seigneuries du Coudray et des Touches ».... et ce pour
la somme de 3.000 livres « à payer partie aux créanciers
desdits seigneur et dame de Montesson, partie à eux-
mêmes avant la Toussaint prochaine ».
Le 8 février suivant M° Martin Raison, agissant
toujours au nom des seigneur et dame de Montmoron,
prit possession des métairies que ceux-ci venaient d'ac-
quérir.
Enfin le 23 novembre de Tannée suivante, par acte
passé devant M® Raison, notaire.^ la Bazouge,(( Messire
Regnault de Sévigné, seigneur de Montmoron, la Guiber-
gère, Chemeré le Roy, le Coudray. conseiller du Roy,
etc., et dame Gabrielle du Bellay, sonespouse, estant de
présent ensemble en leur chasteau et maison seigneuriale
dudit lieu du Coudray », ratifièrent la vente que leur avait
faite Tannée précédente le seigneur de Montesson^
Quelques jours auparavant, pendant ce même séjour
fait par eux au Coudray, le seigneur de Montmoron et sa
femme avaient déjà fait venir M" Martin Raison en leur
manoir et là, avec l'assistance de son ministère, invoquant
« l'amitié conjugale » qu'ils se portaient mutuellement,
1. Minutes de M*' Martin Raison.
Digitized by
Google
— 23 —
s'étaient fait a don mutuel et réciproque, du prémourant
au survivant ». de tout ce qu'ils pouvaient et leur était
« loisible de se donner Tun à Tautre tant en meubles,
immeubles, acquêts et conquets que patrimoine ))^ Peut-
être, en s'assurant ainsi, sous l'orme de réciprocité, cet
avantage on cas de décès de sa femme avami lui, Renaut de
Sévigné prévoyait-il Tavenir. Ses affaires commençaient
à être assez embarrassées, et Tétat de santé de sa femme
qui, comme nous le verrons, n'avait plus que quelques
années à vivre, n'était probablement pas sans lui inspirer
quelques inquiétudes.
A cette époque le seigneur et la dame de Montmoron
étaient, paralt-il, en procès devant la juridiction des
Requêtes du Palais avec René du Bellay au sujet du
partage de la succession de Radegonde des Rotours, et
une sentence de cette juridiction rendue le 2 janvier 1651
porta cassation du partage de la terre du Goudray-.
Ajoutons que la sentence ainsi intervenue ne semble avoir
eu aucune conséquence effective, puisque la terre en
question devait continuer à appartenir à Gabrielle du
Bellay et, après elle, à ses enfants.
En 1652 Renaut de Sévigné eut Thonneur de recevoir,
comme seigneur de Chemeré. Thommage du prince de
Condé, le glorieux vainqueur de Rocroy. Louis II de
Bourbon possédait en effet, du chef de sa femme Glaire-
Clémence de Maillé-Brézé, petite-fille de Jacqueline de
Thévalles, la terre de ce nom. De là les offres de foy et
hommage faites cette année au seigneur du Goudray, « à
cause de sa chastellenie de Ghemeré », par « n. h. Louis
Chotard, intendant de Monseigneur le Prince de Gondé »,
pour raison « de la terre, fiefs, maison, pourpris et domaine
de Thévalles, en tant et pour tant qu'il en est tenu en
ladite chastellenie de Ghemeré, pour Maubusson », etc.^
1. Même source.
2. Renseignement communiqué par M. Saulnier.
3. Arch. du château de Thévalles.
Digitized by
Google
— 24 —
Au commencement de janvier 1653 Gabrîelle du
Bellay, bien qu'à peine âgée de cinquante ans, passa de
vie à trépas. Elle se trouvait sans doute alors dans
rhôlel de son mari à Rennes. Avant de mourir elle avait
demandé à reposer après sa mort auprès de son aïeul
Robert des Rotours devant le maître-autel de Téglise de
la Bazouge. Voici ce que nous lisons à ce sujet dans les
registres de cette paroisse :
« Ce 4* janvier (1653) a été transporté le corps de
haute et puissante dame Gabrielle du Bellay, épouse de
haut et puissant seigneur Regnaud de Sévigné, conseiller
du Roy et doyen en son parlement de Bretagne, et ledit
corps fut mis reposer en la chapelle du Coudray, et puis
le 7 dudit mois fut apporté en l'église de céans où ont
été faites les cérémonies ordinaires de sépulture par
M« François Raison, prestre, curé de la Gropte, où ont
assisté les curés de Chemeré, de Saint-Denys-du-Maîne,
de Saint-Georges-le-Feschal et plusieurs chapelains ».
Ainsi Renaut de Sévigné se trouvait veuf pour la
seconde fois, et nous avons tout lieu de supposer qu'il
regretta sincèrement celle qui avait été pendant vingt-
quatre ans la fidèle compagne de son existence : toutefois,
et malgré ses soixante ans passés, il ne tarda pas à songer
à un troisième mariage : le 12 juillet 1654, il épousait une
jeune femme, mère de trois enfants, Renée du Breil de
Rais, veuve depuis quatorze mois de Charles de Visdelou
de Bienassis^
Quelques années après, en janvier 1657, il obtenait du
roi Louis XIV l'érection en comté de sa terre de Mont-
moron. Les lettres d'érection étaient accordées à « notre
amé et féal conseiller ordinaire en nos conseils, Regnaud
de Sévigné, sieur de Montmorou, du Coudray^ Chemeré^
la Guimbergère, le Pont-Rouault, la Boissière, et doyen
des conseillers de nostre cour de Parlement de Bretagne » .
Elles étaient d'ailleurs précédées des considérants les plus
1. Voir Les Sévigné oubliés , p. 70, note.
Digitized by
Google
— 25 -
flatteurs pour Timpétrant'. On y rappelait d'abord qu'il
avait rendu v( service » au Roi « et au publicq depuis
quarante deux ans à l'imitation de Gilles de Sévigné, son
père, qui avoit exercé mesme charge l'espace de trente
ans » ; on y éaumérait ensuite « ceux de ses prédécesseurs
qui avaient fait profession des armes, notamment Jamet
de Sévigné, lequel en considération de ses grands servi-
ces fut honoré par un duc de Bretagne de la qualité de
chevallier en l'an 1251 », Guillaume de Sévigné IV® du
nom, u chambellan du duc Jean VI, qui mérita aussy de
sa recongnoissance l'érection de sa terre et seigneurie de
Sévigné en baronie par lettres patentes de l'an 1440 n ;
Guillaume de Sévigné « V® du nom, qui avait souffert la
ruine de son chasteau de Sévigné pour avoir esté affec-
tionné au bien de la province » et que « le duc François
voulut récompenser des pertes qu'il avoit receues en la
démoUition de son dit chasteau qui estoit des plus consi-
dérables de la province ». Il était enfin fait mention dans
ces lettres des alliances contractées par les seigneurs de
Sévigné avec les « plus illustres maisons, comme d'Assi
gné, de Chasteaugiron, de Mathefélon, de Malestroit, de
Montmorency, de Tréal, de Champaigne, du Bellay, de
Barenton, de Quellenec, de Vassé, de Rabutin, par le
moyen desquelles ils ont eu l'honneur de toucher aussy
d'alliance les maisons de Champaigne, de Bretaigne, de
Vendosme, de Brienne, de Vitré, de Montfort, deRohan,
de Surgères, du Chastel. de Guébriac, du Pont, de Gondy,
de Clermont, et, par h s iilles, celles de du Guesclin, de
Beaumanoir, d'Espinay, de Busson, du Gué, de Chas-
teaub riant, de Guémadeuc ».
Le nouveau comte de Montmoron ne put d'ailleurs pas
jouir longtemps de cette distinction ; il mourut à son
château de Montmoron le 5 septembre 1657 à l'âge de
1. Ces lettres patentes qui se trouvent dans les registres du
Parlement de Rennes pour l'année 1657 ont été publiées à la fin
de rédition Montmerqué des lettres de Madame de Sévigné,
t. XII bis, p. 9 et suivantes.
Digitized by
Google
— 26 -
soixante-cinq ans. Ses obsèques furent célébrées avec
toute la pompe due à sa haute position dans Té^lise des
religieux de Saint-Dominique à Rennes ; tous les membres
du parlement ainsi que tous les chanoines du chapitre de
la Cathédrale avait tenu à honneur d'y assister'.
Lors des partages auxquels donna lieu la succession,
fort obérée, du défunt, la terre du Coudray échut tout
naturellement à René- François, Taîné des enfants qu'il
avait eus de son second mariage avec Gabrielle du Bellay.
Aussi voyons nous celui-ci, à la date du 24 novembre 1660,
prendre les qualifications de « chevalier, seigneur de
Chemeré le Roy, la Bazouge, !e Coudray, Vauberger, et
les Touches », à l'occasion du baptême de René-François
Guiard, célébré dans Téglise de la Bazouge, où il figure
comme parrain.
Notre René-François de Se vigne avait été sur le point
de succéder à son père comme conseiller originaire au
parlement de Bretagne, et ce au préjudice de son frère
consanguin Charles de Se vigne, comte de Montmoron,
issu du premier mariage de Renaut, et par conséquent
mieux fondé à obtenir cet office que le fils de Gabrielle
du Bellay.
Voici, d'après M. Saulnier 2, ce qui avait eu lieu La
chose remontait à l'année 1654, année du troisième
mariage de Renaut de Sévigné avec Renée du Breil.
« Le beaii-fils de cette dernière avait vu de mauvais
œil le deuxième convoi du vieux magistrat. Un vieillard
de soixante-deux ans, chargé de famille, épouser une
jeune veuve, mère de trois enfants ! D'une part aveugle-
ment et folie ; de l'autre, séduction et calculs intéressés !
Au tort inexpiable que Charles de Sévigné eut peut-
être d'apprécier trop librement la conduite de son père
et surtout les manœuvres de Renée du Breil, il en ajouta
un autre en insistant pour une reddition de compte. C'en
1. Voir Les Sévigné oubliés, p. 109.
2. Vo\v Les Sévigné oubliés, p. 110-111.
Digitized by
Google
— 27 —
fut assez pour lui aliéner les bonRes grâces des deux
époux, pendant que les plus proch^^s parents de Gabrielle
du Bellay, mus par un intérêt de famille, s'attachaient
au contraire à les gagner. M. et Mme de Malnoë tramè-
rent au profit de leur neveu un véritable complot auquel
s'associa certainement la troisième femme. Le conseiller,
cajolé, circonvenu, capté, se prêta à ce qu'on voulut.
Six semaines après avoir épousé Mme de Bienassis,
appelé en Basse- Bretagne par une commission de jus-
tice, il fut attiré à Hennebont;là, sous la couleuvrine du
Fort- Louis dont son beau- frère était commandant mili-
taire, il comparut le 30 août 1654 devant deux notaires
du lieu. Marquer et Bourgf^ois. et déclara se démettre
de son oflBce, à charge de survivance, en faveur de son
fils puîné, René-François de Sévigné, seigneur de Che-
meré. Le lendemain, il la lui vendit au prix de 50.000
livres — elle en valait plus de 100.000! — et stipula
toutefois qu'en cas de survenance d'enfants de sa récente
union, le cessionnaire verserait une somme de 12.000
livres payable à leur majorité, avec intérêts du jour de
la mort du cédant. Mais en souscrivant à ces conditions
exorbitantes, le vieillard n'avait pu obéir qu'à des sug-
gestions étrangères. Il ne fut pas difiicile à Charles de
Sévigné, l'héritier lésé, de nommer les instigateurs de
cette collusion et d'obtenir de la justice la reconnais-
sance formelle de ses droits méconnus. En moins de deux
ans, il fit prononcer par le Parlement de Rennes et par
le conseil du Ro' la nullité des actes de 1654 : le 16 no-
vembre 1659, la cour l'admit , à l'exclusion de son frère
puîné, à prendre possession du siège qu'il devait occuper
vingt-cinq ans ».
N'ayant pu réussir à se faire admettre comme con-
seiller au Parlement de Bretagne, René- François de
Sévigné parait s'être consolé de cet échec en faisant du
manoir du Coudray son habitation la plus ordinaire ; il y
résidait déjà en 1660, puisque, cette année-là, nous l'avons
vu apparaître comme parrain dans l'église delà Bazouge;
Digitized by
Google
- 28 -
de même, en 1664 et dans les années suivantes à Voc-
casion de différents baux passés par lui devant M® Mar-
tin Raison pour affermer successivement la métairie de
la Couture, le domaine de Vauberger, la closerie de la
Douce et la métairie de la Rivière, après s'être qualifié
« comte dudit lieu (de Sévigné), chevalier, seigneur du
Couldray, Chemeré le Roy, Vauberger et les Touches »,
il se dit « demeurant en son chasteau du Couldray, pa-
roisse de Saint-Denis du Maine ». Enfin en 1667, il reçoit
« au chasteau du Couldray » en sa qualité de « seigneur
de la chastellenie de Chemeré le Roy », une offre de foy
et hommage faite par Simon Le Vayer, « pour raison
du lieu et métairie de Ralles, situé paroisse de la Bazouge
de Chemeré » *.
Cependant, si François-René de Sévigné avait en ces
années-là définitivement fixé sa résidence dans ses terres
du Bas-Maine, cette résidence n'y était pas encore de
date assez ancienne pour qu'il put être regardé par
Voisin de la Noiraye dans sa Recherche de 1667 comme
appartenant à la noblesse de notre province ; on n'a donc
pas lieu d'être surpris de ne pas le voir figurer sur !a
liste des nobles de la généralité de Touraine. Par contre
nous savons qu'il obtint en 1670, tant pour lui que pour ses
frères René, abbé de Genestoux, Christophe-Jacques et
Jacques-Christophe, ces deux derniers officiers de marine,
un arrêt de maintenue de la Chambre de réformation de
la noblesse bretonne -.
Mais revenons au Bas-Maine. En 1671. Henri, duc de
la Trémoille et de Thouars, rendit au roi Louis XIV son
aveu pour le Comté de Laval ; parmi les principaux
vassaux énumérés dans cette importante déclaration féo-
dale, nous rencontrons « messire René-François de
Sévigné, seigneur de Chemeré », d'abord i* homme de
1. Arch. de la Mayenne, E, dossier Chemeré.
2. Voir à la Bibliothèque de Hennés, les extraits des registres
des arrêts de la Chambre de noblesse, t. V, f®i22.
Digitized by
Google
- 29 —
foy lige pour raisoa de la haulte, moienae et basse jus-
tice et juridiction contentieuse qu'il a en sa terre de
Chemcré et de la Bazouge » ; puis « homme de foy sim-
ple pour raison de sa terre, fiefs et chastellenie dudit
Chemeré, pour raison de laquelle il doit (à son suze-
rain) trois livres dix-sept sols de taille à Tangevine et
dix sols audit terme pour raison delà Motte Géraine* ».
On a certainement beaucoup exagéré les inconvénients
de l'ancien régime, au moins pendant les deux derniers
siècles de la féodalité, en ce qui concerne les rapports
que pouvaient avoir les seigneurs avec leurs vassaux et
la soi-disant oppression exercée par les nobles sur les
manans. Il faut pourtant reconnaître que, même au
XVI 1® siècle, il se rencontrait encore parfois quelqucR
seigneurs qui semblaient prendre à tâche de justifier
par leurs violences envers les plus humbles de leurs
vassaux les terribles représailles qui, lors de la Révo-
lution, eurent lieu de la part du peuple des campagnes
contre tous les châtelains. Or, à l'époque dont il s'agit,
le seigneur du Coudray sembla avoir été, hélas ! du
nombre de ces seigneurs aussi violents qu'impolitiques.
Le 25 juin 1671 Philippes Yvon, demeurant en la ville
de ChâtcauGontier, et Charles Letrois. tissier, compa-
raissaient devant Louis Pelé, juge et lieutenant criminel
au présidial dudit Château-Gontier, et présentaient à ce
magistrat au nom de Jacques Lamboust, « natif du bas
pays du Mayne, près Mayenne, cabaretier à la Bazouge
de Chemeré le Roy», et beau-frère dudit Philippe Yvon,
la plainte suivante. Le dimanche précédent, disaient-ils,
« le sieur comte de Sévigné, seigneur dudit Chemeré,
par animosité qu'il a contre ledit Lamboust, estant dans
ledit bourg de Chemeré, envoya de ses vaslets, lesquels
avec tricots et armes, rouèrent de coups ledit Lamboust
à la sortye des vespres, à raison desquels excès il est
en danger de mort ». A en croire du reste les plaignants,
1. Arch. nat., P. 401.
Digitized by
Google
— so-
le seigneur du Coudray faisait « journellement commet-
tre des violences et assassinats pareils, en particulier et
en publicq, pour donner de la crainte et terreur tant aux
habitans et autres paroissiens que voisins, lorsquHIs ne
veullent pas exécutter ses commandemens qui sont à leur
ruisne ;.... ses vaslets, serviteurs et satrapes » commet-
taient « des vols des biens des particuliers de tout ce
qu'ils » pouvaient « prendre sur lesdits particuliers »...
« Ledit de Sévigné, les » obligeait « forçablement d'aller
travailler en son chasteau ».... Enfin, déclaraient les
plaignants, « lorsque ledit Lamboust.. fut ainsy assas-
siné par les domestiques dudit seigneur de Sévigné »,
ce dernier « estoit dans une maison dudit bourg de Che-
meré pour apuyer les violences de ses dits domestiques ».
Telle était la'« plainte », avec « autres circonstances »,
formulée par Philippes Yvon et Charles Letrois en vertu
de laquelle ils requéraient « justice et permission d'in-
former ». Est-il besoin d'ajouter que le juge et lieutenant
criminel du présidîal de Ghateau-Gontier, obtempérant à
cette requête, s'empressa de décerner aux plaignants
acte de leur « plainte, circonstances et dépendances »,
et leur permit <' d'informer » devant lui « des faicts
d'icelle et autres, pour, ce faicr,et le tout communicqué
au procureur du Roy, estre ordonné ce que de raison » * ?
L'année suivante, nous voyons, par actes passés devant
M« Martin Raison, « M^ René-François de Sévigné,
comte dudit lieu, chevalier, seigneur du Gouldray, Ghe-
meré-le-Roy, Vauberger, les Tousches, et autres ses
terres », toujours a demeurant en son chasteau du Goul-
dray, paroisse de Saint-Denis du Maine », donner à bail :
1® le domaine dudit lieu du Gouldray ; 2® le moulin de
la Ghaussée (en la Bazouge) ; 3** le profit de l'eau de
l'étang de la Bazouge ; 4** le lieu et métairie de la Tur-
pinière en Saint-Denis-du-Maine.
A cette époque, les affaires du seigneur du Goudray
1. Ârch. de la Mayenne, B. 2694.
Digitized by
Google
- 31 —
commençaient à être singulièrement embarrassées. De
nombreux créanciers le harcelaient sans trêve. Quelques-
uns de ceux-ci, il est vrai, ne lui étaient pas person-
nels. Quand en 1658, il était entré en possession de la
terre du Coudray, il Pavait trouvée grevée de deux lour-
des rentes. D'abord, on se le rappelle, il y avait la rente
annuelle de 450 ^ constituée en 1610 par Charles du
Bellay et Radegonde des Rotours au profit de Mathu-
rin de Savonnières, rente qui avait même été cause en
1629 d'une saisie momentanée de la terre qui nous in-
téresse. Puis il y avait la rente de 1.000 livres qu'en
avril 1634, Radegonde des Rotours de concert avec
son fils René du Bellay, avait été obligée de consti-
tuer sur tous ses biens en faveur de M" Jean-Jacques
de Barillon, chevalier, seigneur de Chastillon, con-
seiller du Roy en ses conseils, président en la pre-
mière chambre des enquêtes, et de dame Bonne Fayet,
son épouse ; telles étaient les deux rentes, non encore
amorties, qui, hélas ! pesaient toujours en 1672, pour
partie du moins, sur le fils de Gabrielle du Bellay.
Mais ce n'était pas là tout. Comme Renaut de Sévi-
gné, très obéré lui-même vers la fin de sa vie, n'avait
jamais pu rendre compte de sa tutelle à Charles et Anne
de Sévigné, les enfants qu'il avait eus de son premier
mariage avec Bonaventure Bernard, ces derniers, et
surtout Louis-François Lefebvre de Caumartin, marquis
de Cailly, mari d'Anne de Sévigné, revendiquaient avec
âpreté sur les enfants issus du second mariage de leur
père, les sommes dont la succession de celui-ci leur était
restée redevable *. Enfin à ces divers créanciers qui lui
provenaient du chef de ses parents, François-René de
Sévigné en joignait encore d'autres d'un ordre plus per-
sonnel, tel que ce M® Léonard Le Breton, notaire royal,
qui dès l'année 1670 s'était fait autoriser par une sen-
1. Voir Les Sévigné oubliés, p. 112-113.
Digitized by
Google
— 32 —
tence du juge de Laval à opérer une saisie mobilipre sur
le seigneur du Coudray K
C'était à la requête de ce dernier créancier qu'avait
été expédié dès le 11 décembre de Tannée précédente
(1671), devant le lieutenant général en la sénéchaussée
et siège pré?idial du Mans, le premier de ces baux judi-
ciaires * auxquels la terre du Coudray allait désormais
être soumise sans interruption jusqu'à sa vente définitive
par autorité de justice au commencement du siècle sui-
vant. Cependant à François Raison, marchand, qui avait
été le premier fermier judiciaire, ne tarda pas à succé-
der « haut et puissant seigneur Messire Louis-François
Lefebvre de Caumartin, chevalier, seigneur marquis de
Cailly et autres lieux », que nous voyons, avant la fin
de Tannée 1672, agissant « au nom et comme cession-
naire du bail judiciaire de la terre seigneuriale du Cou-
dray et Vauberger, appartenances et dépendances »,
s'apprêter à poursuivre devant les autorités compétentes
« certains quidams malintentionnés » qui « se dispo-
soient à » y « enlever des bestiaux » ^. Puis au marquis
de Cailly va succéder à son tour dans les années suivan-
tes comme fermier judiciaire un nommé René Pineau, dit
Tranchardière, qui ne sera en réalité, comme nous le
verrons plus loin ^, que le. prête-nom de René-François
de Sévigné, son maitre ; et c'est ce dernier qui enverra de
temps en temps à Paris au sieur Forcadel, commissaire
des saisies réelles, par Tintermédiaire d'une certaine
dame Radigue, les deniers nécessaires pour payer audit
commissaire le prix du bail judiciaire.
En juin 1680 nous retrouvons le seigneur du Coudray
« estant de présent à Paris, logé en la maison du sieur
Sautel, huissier en la court de Parlement, et en sa garde,
1. Arch. de la Mayenne, B. 2356.
2. Minutes de M® Martin Raison, acte de 1672.
3. Même source.
4. Dans le testament de René-François de Sévigné.
Digitized by
Google
— 33 —
rue des Marmousets, paroisse de la Magdelaine » *.
Avait-il commis en ces années-là quelque nouvelle incar-
tade, dans le genre de celle de 1671, qui cette foisTaura
conduit devant la juridiction criminelle du Parlement de
Paris, ou bien ses créanciers, à défaut d'être payés,
avait-ils fait prononcer par la Cour souveraine son incarcé-
ration? Nous l'ignorons. En tous cas, confiné ainsi, depuis
nous ne savons combien de temps, dans la maison de la
rue des Marmousets, il devait avoir tout le loisir d'y faire
sur sa pénible situation deri réflexions d'autant plus
amères qu'à la perte de sa liberté était venue s'ajouter
une grave indisposition. Il se trouvait donc « gisant au
lit, malade de corps en ladite maison dudit Sautel. dans
une petite chambre aiaut veue sur 1 court, toutesfois
sain d'esprit, mémoire et jugement, » quand il résolut
de faire son testament. Ce testament daté du 17 juin,
et qui ne devait pas l'empêcher de vivre quelques années
encore est pour nous un document des plus précieux,
en ce qu'il éclaire de la façon la plus complète la vie
menée jusqu'alors par notre personnage. Aussi croyons-
nous devoir le reproduire ici dans toute sa teneur '^ :
(c Devant les notaires au Chastelet de Paris fut présent
Messire René-François de Sévigné, marquis de Ghemeré
le Roy, demeurant ordinairement en son chasteau du
Coudray. paroisse de Saint-Denis du iVlayne, estant de
présenta Paris, logé en la maison du sieur Sautel. huis-
sier en la court de Parlement, et en sa garde, rue des
Marmousets, paroisse de la Magdelaine gisant au lit,
1. Voir plus loin le testament de René-François de Sévigné.
A-joutons que l'église de la Madeleine dont dépendait la paroisse
de ce nom, était située dans la cité, non loin par conséquent du
Palais et de la conciergerie. Quant à la rue des Marmousets, elle
se trouvait dans le pâté de maisons qui sépare Noire-Dr.me de la
Seine au nord de la basilique.
2. Ce testament, qui fait maintenant partie dos archives du
château du Coudray, se trouvait, 1 y a quelques années, parmi
les autographes en'vente chez Madame veuve Charavay : comme
il est sig^é du testateur, c'est évidemment la minute originale.
Digitized by
Google
— 34 —
malade de corps en ladite maison dudit Sautel, dans une
petite chambre aiant veue sur la court, toutesfois sain
d'esprit, mémoire et jugement, comme il est apparu aux
notaires soubssignés par ses discours, lequel, en veue
de la mort, a faict, dict et nommé aux dits notaires son
testament comme il ensuit, après avoir recommandé son
âme à Dieu et imploré l'intercession de la glorieuse
vierge Marie et de tous les saincts et sainctes pour ob-
tenir la rémission de ses péchés par les mérites infinis
de la mort et passion de nostre sauveur et rédempteur
Jésus-Christ.
Item, désire ses debtes et torts faicts, si aucuns y a,
estre paiez, réparés et amendés par le sieur exécuteur de
son testament cy après nommé.
Item déclare que feue Madame de Braye, veusve de
Monsieur de Braye, conseiller au Parlement de Bretagne,
luy a preste, dès il y a 24 à 25 ans, la somme de 250 ^,
laquelle il désire estre paiée à ses héritiers, quoyque
ladite dame n'en eust aucun billet ny promesse dudit
sieur testateur.
Item déclare qu'il debvoit aussy au feu sieur de Ri-
vière Ravenel, de la ville de Rennes, la somme de 110^
laquelle il désire aussy estre paiée à ses héritiers.
Item désire qu'il soit paie au sieur de Portai, lieutenant
au régiment des gardes du Roy, la somme de 264 ^ que
ledit sieur de Portai a cy-devant fourni à la dame de Pelet,
femme du sieur Radigue, demeurant rue Sainte- Anne,
laquelle disoit les emprunter pour ledit sieur testateur ;
sçait que ledit sieur de Portai, en les baillant, a cru les
prester pour luy, quoyque ladite dame Radigue en ait
disposé comme elle a trouvé bon et qu'il n'en soit tourné
aucune chose au proffît d'icelluy testateur ; qu'il doit audit
sieur Sautel la somme de 400 ^ de reste de ses nourritu-
res et frais de garde depuis qu'il est en sa maison jusqu'au
14® du présent mois qu'il en a passé obligation audit
sieur Sautel. laquelle somme il désire estre paiée avec
ce qu'il doit pour lesdites nourritures et frais de garde
Digitized by
Google
- 35 —
depuis ledit jour et qu'il debvra à Vadvenir jusqu'au
jour de son déceds, si lors il est cncores en la garde
dudit Sautel.
Item ledit testateur déclare debvoir à René Pineau,
dit Tranchardière, son domestique, la somme de 200 ^
pour gaiges, lesquels 200 ^ il veult estre paiées audit
Pineau; plus à Françoise Dubois, aussysa domestique,
la somme de 300 ^ ; à Noyer, son jardinier. 60 ^ ; à Picart,
tireur, 15 * ; à la RouUette pareillement sa domestique,
36* ; à Jeanne Piau, veuve Lebreton, 40 *; à Gilles Le-
breton, son lacquais, six vingt * ; le tout pour gaiges ;
lesquelles sommes il veult estre paiées aux susnommés.
Item désire qu'il soit paié'à Claude Chaulne, son valet
de chambre, ce que le sieur Raison, notaire à la Bazouge,
agent des affaires dudit sieur testateur, sçaura estre deub
audit Chaulne.
Item désire qu'il soit paie au boucher de la Crotte 3*,
et 2 ou 3 escuz au boucher de Chemeray, suivant ce qui
se trouvera luy estre deub par son compte.
Item donne et lègue au nommé Bodinier demeurant à
la Bazouge 30*, et au nommé Gulonie, demeurant audit
lieu, 15*.
Item ledit sieur testateur désire qu'il soit distribué aux
pauvres de la paroisse de Saint-Denis du Mayne la somme
de 50*, et aux pauvres de chacune des paroisses de la
Bazouge et Chemeray la somme de 60 *, qui est six
vingt * pour les deux le tout par l'advis des curés et
marguilliers desdites paroisses.
Item désire qu'il soit dit et célébré à son intention et
pour le repos de son âme dans l'église de la Bazouge la
quantité de six vingt messes basses par les sieurs Bien-
venu et Hiars, prestres, pendant deux mois après son
déceds, qui est 60 jours chascun d'eulx, et qu'il leur soit
pour ce paie la rétribution convenable.
Item qu'il soit dict 30 messes basses aussy à son inten-
tion dans l'église dudit Saint-Denys par tel prestre qui
sera nommé et choisy par le sieur curé d'icelle, et 40 en
Digitized by
Google
— 36 —
l'église de Chemeray aussy par le prestre qui sera choisy
par le sieur curé de ladite paroisse.
Item donne et lègue aux Capucins de Laval la somme
de 30 K
Item ledit sieur testateur déclare et recôgnoist debvoir
au sieur Cazar, demeurant dicte rue Sainte-Anne, la
somme de 2.000^ tant pour argent qu'il a preste audit
sieur testateur à son besoin pendant quUl a esté en pri-
son, et qu'il a advancé pour ses affaires, que pour voiages,
peines et soins qu'il a prins pour ledit sieur testateur ;
laquelle somme il veult estre paiée audit sieur Cazar,
auquel il a donné de plus la somme de 1.000^ pour recon-
naissance de ses services.
Item qu'il doibt à André Sorin, aussy son domestique,
la somme de 40^ pour gaiges.
Ledit sieur testateur désirant rendre tesmoignage
de la vérité pour la descharge de sa conscience,
resclaircisscment de ses affaires, et le bien de ses héri-
tiers et des personnes qui se trouveroient légitimement
intéressées dans sa succession, se sent obligé de décla-
rer, comme il fait, que le sieur Guinet, qu'il croit gen-
tilhomme d'honneur, et ladite dame Radigue, devant
nommée, luy donnant espérance de faire réussir un ma-
riage qu'ils lui proposoient comme fort advantageuxpour
ledit sieur testateur, désirant que pour rescompense de
leurs soins ot peines il fist deux lettres de change, l'une
de 1.000^, et l'autre de 6.600^, paiables à des banquiers
ou autres personnes des noms desquels il ne se souvient
pas. et comme cette affaire n'a pas réussy, et qu'il n'a
jamais receu aucune chose des sommes contenues esdites
lettres de change, et n'en doit partant rien, il n'estime
pas que le sieur Guinet ny ladite dame Radigue veul-
ient demander soubs leurs noms ny soubs ccluy de per-
sonnes interposées le paiement desdites sommes, et,
s'ils le faisoient, ses héritiers seroient bien fondés à s'en
défendre, et il prie mesme Messieurs les magistrats de
vouloir avoir esgard à ceste déclaration qu'il fait de
Digitized by
Google
— 37 —
bonne foy et en très grande sincérité, dans la pensée de
comparaître peut-être en bref devant Dieu pour recevoir
la rétribution de ses bonnes et mauvaises actions. Et,
dans la mesme veue et pour les mosmes motifs, ledit tes-
tateur déclare de plus que, jouissant des terres qui sont
sur luy saisies réellement en vertu d'un bail judiciaire
qu'il en a pris sous le nom dudit Pineau, son domestique,
et aiant parfaite confiance en ladite dame Radigue, il
luy envoioit de temps à autre les deniers nécessaires
pour paier audit sieur Forcadel, commissaire dos saisies
réelles, le prix dudit bail judiciaire, et, comme il craint
que ladite dame n'en ait retiré les quittances en son nom
comme si les paiemens avaient esté faicts de ses deniers,
ledit sieur testateur affirme qu'elle n'en a jamais rien
fourny, et que le tout a esté tousjours paie de ceux dudit
testateur, lequel, par négligence et par une trop grande
confiance, a manqué de retirer lesdites quittances des
mains de ladite dame Radigue.
Ledit sieur testateur cognoist debvoir aux sieurs
benoist Chesnay, et Fouquet, apoticquaires en la pro-
vince du Mayne, quelques médicaments qu'ils luy ont
fournis, dont il vcult qu'ils soient paies.
Item ledit sieur testateur donne et lègue à sa fille natu-
relle demeurant en la maison de Baillet, cordonnier en la
ville du Mans, aagée de 7 ans ou environ, la somme de
400 * une fois paiée.
Item donne et lègue à Renotte de Vauberger, fille
naturelle dé feu messire Renaut de Sévigné, son frère,
la somme de 150 ^^ une fois paiée.
Et, pour exécuter et accomplir le présent testament,
ledit sieur testateur a nommé et esleu la personne
dudit Cazar, lequel il prie d'en prendre la peine, aiant
cru debvoir faire ce choix, Messieurs les deux frères
et présomptifs hoirs dudit sieur testateur estant empes-
chés par leurs emplois d'y vacquer, d'aultant plus qu'ils
sont presque tousjours en mer pour le service (ît sur les
vaisseaux du Roy, et dessaisissant es mains dudit sieur
Digitized by
Google
— 38 —
Cazar de tous et chascuns ses biens, desquels il désire
qu'il soit saisy, suivant la coustume do Paris et il
s'en remet du compte de ladite exécution testamentaire
à la justice et juridiction de cette ville, prévosté et vicomte
de Paris.
Ce fut ainsy faict, dicté et par ledit
sieur testateur auxdits notaires et à luy, par l'un d'eulx,
en la présence de l'autre, leu et releu en ladite cham-
bre où il est au lit malade Tan 1680, le 17® jour de juin
après-midi.
(Signé) : René -François de Sévigné ».
Ainsi, comme il nous en fait lui-même l'aveu dans son
testament, pendant les dernières années qui venaient de
s'écouler, ce seigneur d : Coudray, jadis si violent et si
emporté à l'égard de ses vassaux, s'était vu réduit aune
condition vraiment misérable et digne d'inspirer de la
pitié à ses plus grands ennemis. Pressé par de nom-
breux créanciers, qui avaient déjà mis la saisie sur
tous ses biens, et se trouvant dans l'impossibilité de payer
ses fournisseurs et ses domestiques, il avait du moins
espéré un moment se tirer d'embarras en contractant un
mariage avantageux, mais ceux qui lui avaient fait entre-
voir cette trompeuse perspective, le sieur Guinet, et la dame
Radigue, n'étaient que des aigrefins cherchant à exploiter
sa crédulité, et n'ayant qu'un but, lui extorquer des som-
mes d'argent sous prétexte de lui venir en aide. Pour le
moment, impliqué peut-être dans nous ne savons quel
procès criminel, il n'avait échappé à la prison qu'en se
faisant garder à vue dans la maison d'un huissier au Par-
lement, et pour comble de malheur, une grave indisposi-
tion, fondant sur lui tandis qu'il attendait dans ce triste
séjour la fin de son procès, lui avait fait redouter une mort
prochaine.
Mais ce même testament qui nous dévoile l'abîme d'in-
fortune où est tombé notre personnage, nous montre
aussi que tous les bons sentiments sont loin d'être
morts dans son cœur. S'il avait eu le tort de se laisser
Digitized by
Google
— 39 -
aller à une liaison illégitime et probablement d'un ordre
peu relevé, à en juger par Thumble artisan chargé d'éle-
ver l'enfant qui en avait été le fruit, il veut du moins,
avant de mourir, mettre un peu d'ordre dans ses affaires,
et rendre, autant que possible, à chacun ce qui lui est
dû. Il désire que ses fournisseurs et ses serviteurs
soient payés, et il tâche de faire en sorte que ses héri-
tiers ne soient pas fraudés par sa faute. On reconnaît
bien là le gentilhomme, de même que Ton retrouve le
chrétien et dans les messes qu'il demande après sa mort
pour le salut de son âme et dans les aumônes qu'il a
soin de prescrire en faveur des pauvres de Saint- Denis-
du-Maine, de la Bazouge et de Chemeré.
Du reste, en dépit de ses sinistres prévisions, René-
François de Sévigné avait, comme nous l'avons déjà dit,
encore quelques années à vivre, et, rendu enfin à la
liberté, il allait bientôt pouvoir reprendre le chemin du
Bas-Maine II était, en tous cas. Tannée suivante dans
son manoir du Coudray, où nous le voyons, à la date du
18 septembre 1681, affermer à Michel Houdu et à sa
femme la métairie du Plessis pour la somme de 280 li-
vres en retenant à titre de faisances 6 livres de beurre,
6 chapons. 6 poulets, etc. K Cette même année « Mes-
sire René-François de Sévigné, chevalier, comte dudit
lieu, seigneur de la chastellenie de Chemeré, le Coudray,
Vauberger et les Tousches, demeurant au chasteau du
Coudray, paroisse de Saint-Denis du Maine », appose
sa signature au bas du contrat de mariage, reçu par
M° Raison, de ce même Gilles Lebreton. « demeurant
alors au chasteau du Coudray » . qu'il avait mentionné
comme « sonlacquais », dans son testament.
En mars 1682. il eut, comme seigneur de Chemeré, à
donner sa permission et son consentement à Tinhumation
1. Etude de Meslay: anciennes minutes de M* Martin Raison.
Digitized by
Google
— 40 —
de Pierre Coignard dans le chœur de l'église de celte
paroisse *.
En 1685, le 25 octobre, parmi les seigneurs du voi-
sinage réunis au château des Arcis à l'occasion du ma-
riage de Jean-Baptiste, comte de Montesson, avec Cathe-
rine de Cervon. on rencontre « Messire René-François
de Sévigné, chevalier, comte du Couidray, Chemeré et
Vauberger^ ». Ce n'était pas du reste seulement comme
voisin que le seigneur du Coudray avait assisté à ce ma-
riage ; c'était aussi comme parent, car il était à la fois
par sa mère cousin issu de germain de J.-B. de Mon-
tesson, et par son père cousin au même degré de Cathe-
rine de Cervon.
Le 7 septembre précédent il avait alFermé à Jacques
Freulotet sa femme le moulin et closerie de Vauveron
pour la somme de 280^; de même le 22 janvier 1686
nous le voyons encore donner à bail à Michel Boudier et
sa femme le lieu et métairie de la Chesnaye ^.
Cet acte du 22 janvier 1686, où René-François de
Sévigné est dit, comme dans les actes précédents, «de-
meurant en son chasleau du Couldray », est le dernier
où il nous apparaît, et il a dû mourir avant le 5 octobre
de la même année, date à laquelle un acte passé devant
M® Martin Raison nous montre cette fois René Pineau,
« marchand, fermier judiciaire de la terre, (îef et sei-
gneurie du Couldray, situés paroisse de Saint-Denis du
Maine, circonstances et dépendances d'icelle, par bail
expédié au Châtelet de Paris, demeurant au chasteau du
Couldray » baillant à Laurent BouUeau « le domaine
dudit lieu du Couldray et le lieu de la Coulture, à la
réserve de la maison et chasteau du Couldray, enclos en
1. Voir aux arch. de la Mayenne, au dossier de Chemeré, le
factum imprimé du procès des héritiers Goustard contre le sei-
yfnéur de la Hoche-Lambert au sujet du droit de patronnage dans
l'église de Chemeré (firi XVIII* s.).
2. Cab. des Titres, P. O., dossier Montesson.
3. Minutes de M® Martin Raison
Digitized by
Google
— 41 —
dépendant, avec le jardin joignant les fossés de ladite
maison^ d etc.
René-François de Sévigné était mort célibataire.
Nous avons vu qu'en 1680, dans son testament, il
avait désigné comiiie ses héritiers présomptifs ses deux
frères, qui étaient alors « presque toujours en mer pour
le service et sur les vaisseaux du Roy ». En s'expri-
mant ainsi, il faisait allusion aux deux derniers fils issus
de l'union de Renaut de Sévigné et de Gabrielle du
Bellay, c'est-à-dire à Christophe-Jacques et à Jacques-
Christophe, nés, nous l'avons dit, le premier en février
1642, et le second en mars 1644. Ceux-ci se trouvaient
en effet dès cette époque, avec leur aîné, René- François,
les trois seuls survivants des cinq fils qui en 1657
s'étaient partagé la succession du comte de Montmoron.
Aussi est-ce à eux qu'échut en 1686 la terre du Coudray
et ses dépendances ; ils semblent d'ailleurs en avoir joui
indivisément, car tous deux se qualifieront également
seigneurs du Coudray, Chemeré, etc.,*et agiront l'un
comme l'autre en qualité de propriétaires de cette terre.
Mais avant de les montrer sous ce dernier rôle, nous
devons remonter un peu en arrière, et rechercher leurs
états de service dans la noble carrière qu'ils avaient em-
brassée.
Digitized by
Google
LES COMMENCEMEiNTS DE L'IMPRIMERIE
DANS L'OUEST DE LA FRANCE
Dans le grand nombre d'expositions rétrospectives et
de congrès qui se sont célébrés au cours de Tannée 1900,
il est une réunion qui a passé à peu près inaperçue en
France, et qui cependant aurait mérité de nos érudits
moins d'indifférence et un intérêt plus marqué. C'était là
leur vraie fête, la fête de tous ceux qui vivent du livre,
matériellement et moralement, de tous ceux qui savent,
comme Montesquieu, y chercher un soulagement à leurs
peines et qui, comme lui. y trouvent des jouissances
incomparables. Le congrès se tenait Tété dernier à
Mayence, dans cette ville allemande qui vit éclore au seuil
des temps modernes la plus importante révolution qui
se soit accomplie depuis dix-huit siècles, et solennisait
le cinq-centième anniversaire de la naissance de Guten-
berg. Des mémoires très curieux y ont été lus ; d'autres,
non moins intéressants, ont été écrits en France pour
exalter le souvenir de celui qui, suivant l'expression
de Lamartine, « a spiritualisé le monde. » 11 faut citer
à ce propos la publication essentiellement française dans
laquelle l'Imprimerie nationale offrait au public lettré une
reproduction de plusieurs monuments primitifs conservés
à la Bibliothèque nationale, que la science toujours jeune
de M. Léopold Delisle décrivait sommairement en mon-
trant les conclusions à en tirer pour l'histoire de l'impri-
Digitized by
Google
— 43 —
merie^ En même temps paraissait, comme complément
commémoratif du jubilé de Gutenberg, le prenïier
volume du somptueux ouvrage que M. A. Glaudin a
commencé d'écrire sur VHistoire de l'Imprimerie en
France au XV^ et au XV 1^ siècle"^,
A côté de ces œuvres officielles, d'autres œuvres,
moins ambitieuses, mais fort jolies, sont venues consacrer
la gloire de celui qui, au dire de Rabelais, inventa son
art « par inspiration divine », à moins que ce ne soit
« comme Tartillerie, par suggestion diabolique. » Telles
sont les pages de biographie, colorées et pittoresques, que
M. Anatole France a écrites, et que Téditeur délicat qu'est
M. Edouard Pelletan a composées pour être comme le
pur témoignage de gratitude des typographes au premier
d'entre eux 3.
Il n'est pas sans intérêt pour nous, quoique ceci sorte
du cadre restreint où s'enferme notre Bulletin, de
résumer rapidement ces études^ et de voir avec leurs
auteurs comment s'est manifestée immédiatement en
France, et plus particulièrement dans l'ouest» pour ne
pas trop nous éloigner de chez nous, la géniale découverte
du Mayençais.
On a beaucoup discuté jadis sur la part qui revenait à
Gutenberg dans la création do son art et il n'y a pas bien
longtemps encore un journal de Roumanie, la Foia
\. A la mémoire de Jean Gutenberg. Hommage de P Imprimerie
nationale et de la Bibliothèque nationale. Paris, Imprimerie
nationale. Juin, 1900. In-f<>, 77 p. avec 1 front, et 17 planches
photogr.
2. Paris, Imprimerie nationale, 1900. In-f^, d — xxiv — 490 p.
3. Jean Gutenberg, suivi du Traitté des Phantasmes de Nicole
Langelier. Paris. Ed. Pelletan, 1900. In-4o, viii — 28 p.
4. Parmi celles-ci je citerai spécialement l'ouvrage de mon
confrère M. L.-H. Labande : L imprimerie en France auXV^ siècle,
in-4o, 45 p. (Aus dor Festschriftder Stadl Mainz zum 500 jâhriçen
Geburstage von Johann Gutenberg. — Mainz am Rhein, Philipp
von Zabern, 1900). Voir encore de M. Johannes Luther dans
Sonntagsbeilage zur Vossis(;hen Zeitung (1900, n® 25) l'art, inti-
tulé : Johan Gutenberg,
Digitized by
Google
— 44 —
diecesana^ prétendait que rimprimerie avait été inventée
par les Romains, ni plus ni moins, et que la quatrième
légion, la Flavia Félix ^ pratiquait la typographie avec
des types mobiles : cela résultait, disait-il, de la décou-
verte faite par un archéologue dans les ruines du château
de Bersovia. Malheureusement la Foia diecesana ne citait
aucun des documents sur lesquels se fondait son affir-
mation ; elle se contentait de dire que doux membres de
TAcadémie scientifique de Bucharest avaient examiné la
trouvaille et l'avaient déclarée sensationnelle. Ce n'était
pas tout-à-fait suffisant comme éclaircissement. 11 est
vrai que Larousse avait eu autrefois cette même idée
d'attribuer aux Romains Tinvention de Timprimerie et
tout le monde sait, depuis feu M. Floquet que Larousse
jouit d'une autorité indiscutable.
Une certitude, et ceci est plus sérieux, c'est que la
découverte de l'imprimerie ne fut pas un fait spontané :
les xylographes, les cartiers, les chirotypographes
étaient de véritables précurseurs. Mais il fallut le génie
de Gutenberg pour amener du premier coup leur procédé
à sa perfection définitive. Personne n'ignore qu'en 1436,
à Strasbourg, il entreprenait déjà des recherches ; que
faute de ressources il avait dû prendre des associés et
qu'à la mort de l'un d'eux, André Dritzehen, les héritiers
de celui-ci lui avaient intenté un procès (1439). L issue
du procès avait été favorable au chercheur, mais l'action
judiciaire avait évidemment fait quelque bruit, ne serait-ce
qu'à Strasbourg; des indiscrétions avaient dû être
commises et plusieurs personnes eurent sans doute
quelque intelligence de ce qui se préparait. Rt c'est
probablement ainsi qu'un orfèvre de Prague, Procope
Waldfoghen, qui de 1444 à 1446 se trouvait à Avignon,
forma, comme Gutenberg, une association avec quelques
étudiants et un serrurier-horloger, et parvint à fabriquer
1. Cf. Anton Schubert ; /aip Gesihichte der Familie V^aldfo-
ghel dans le Centralblatt fur Bibliotlieksa'esen, 1899, p. 500.
Digitized by
Google
— 45 -
tout un matériel pour convaincre que son art d'écrire
artificiellement était « vrai, possible et utile à qui voulait
s'y adonner. » Avignon vit ainsi les premiers essais
d'impression typographique. Mais l'association était
caduque. Waldfoghel était constamment poursuivi par
ses créanciers; ses compagnons, peu riches, quoiqu'il
y eut un juif parmi eux» se lassèrent vite et réclamèrent
leurs fonds, et l'orfèvre, abandonné et endetté, dut
quitter la ville de» papes.
C'est seulement dix ans après sun procès que Guten-
berg, de retour à Mayence, put enfin, grâce au concours
de Fusl, monter un véritable atelier et donner son premier
volume (1448). Cette date est importante, car elle met
à néant une de ces belles mystifications comme on en
rencontre souvent dans l'histoire et de laquelle M. Palletan
se faisait encore l'écho dans la préface du livre que nous
citions tout à l'heure. Et pourtant, sinon quelque hollan-
dais chauvin, qui oserait parler encore de Laurent Koster.
ce descendant des comtes de Hollande qui aurait découvert
rimprimerie avant Gutenberg et qui aurait été dépouillé
de son invention par ce dernier? Koster ne fut pas un
faussaire, ni un mystificateur; il n'a pas existé. Ce fut
le bourgmestre Jan van Zuyren qui, par patriotisme sans
doute, mit au monde cette fable (1569) que le cerveau de
Junius (Adrien de Jonghe) étaya, par ordre, pour les
États de Hollande en 1588, de parchemins et de documents
typographiques C'est un intermède joyeux que le
développement de cette légende jusqu'au portrait
authentique de Koster, gravé en 1765, jusqu'au superbe
monument que le collège de médecine de Harlem a fait
élever au fondateur de la typographie Laurentienne ! Et
cependant, en dépit de ses prétentions, Harlem n'est
classée, par Santander, que la 121® parmi les villes qui
furent pourvues de presses typographiques, alors que
Paris arrive la 11° sur le tableau chronologique*.
1. F.-E. Valois : Gutenberg et les origines de l'imprimerie en
France et à Paris (Rev. biblio-iconograpnique, 1900, n» 8, p. 381).
Digitized by
Google
— 46 —
L'invention de Gutenberg fut en effet rapidement
connue en France. Mais malgré une prétendue ordonnance
de Charles VII qui aurait chargé Nicolas Jenson de se
rendre en Allemagne pour s'informer des procédés
nouveaux*, on ne peut pas prouver que chez nous elle fut
répandue autrement que par les agents des typographes
rhénans. Ceux-ci d'ailleurs s'empressèrent de faire
passer leurs éditions sur les marchés étrangers, et l'on
a voulu par là expliquer la tardive création des ateliers
français. Fust et Schœffer apportaient à Paris, au sortir
de leurs presses, les ouvrages qu'ils venaient d'imprimer;
ils eurent ensuite dans la même ville et à Angers un dépôt
de livres tenu par Hermann de Stadtborn. Dès 1470,
une réelle activité se faisait sentir à Lyon, à Toulouse, à
Tours. Surtout après 1475, s'opéra une grande immi-
gration d'imprimeurs allemands en France, venus des
bords du Rhin, depuis Cologne jusqu'à Bâle, et qui
allaient s'établir principalement dans la région lyonnaise
et dans le Languedoc : les villes de Lyon, Marseille et
Bordeaux, très cosmopolites, s'ouvraient facilement; les
provinces du nord et de l'ouest restaient plus fermées,
mais l'élément étranger s'infiltrait pourtant dans les
grands centres comme Rouen, Poitiers et Angers. Sans
doute les typographes eurent à vaincre la rivalité
désespérée des scribes et des enlumineurs que ruinait
la nouvelle industrie, mais s'ils n'avaient point par
eux-mêmes les ressources pécuniaires suffisantes pour
faire face à tous les frais d'une installation, ils trouvèrent
une aide souvent puissante à leurs débuts. Quelques-uns
restèrent en détresse, mais d'autres furent commandités
ou protégés. Ceux qui encouragèrent ainsi de leurs
deniers l'art naissant furent à Paris des docteurs de
Sorbonne; « ce furent des marchands à Lyon, Rennes,
1. Cf. Karl Dziatzko : Die ordonnanz Karls VII von Frankr. von
4 oktob, Îi58 dans le Sammiung Bibliothekswissensch, Arùeiten,
heft 2, p. 41.
Digitized by
Google
— 47 —
Mâcon et plus tard Avignon ; des évoques et des chanoines
à Poitiers, Troyes, Chartres, Salins, Grenoble, Embrun,
Uzès, Limoges ; des abbés et des coirgrégations religieuses
à Lantenac, Dijon, Cluny; des seigneurs à Bréhant-
Loudéac ; ailleurs, ce fut le voisinage de cours opulentes
et amies des arts (Angers, Tours, Chambéry, Angouléme,
Nantes) ou bien un milieu parlementaire (Dôle, Grenoble)
qui assurait aux typographes un travail rémunérnteur »*.
Cette immigration des imprimeurs allemands détermina
deux courants d'influence ; les uns, en plus grand
nombre, suivirent la route de Lyon et se répandirent
dans Test et le midi de la France où ils exercèrent une.
véritable domination que leur disputèrent cependant les
indigènes et les Italiens à la fin du XV* siècle ; les autres,
moins nombreux, se dirigèrent sur Paris où les Français,
instruits par eux, leur firent bientôt une concurrence
redoutable, finirent très vite par les supplanter et d'où
ils rayonnèrent à leur tour dans les provinces du nord
et de Touest. Les relations qu'avaient dans ces provinces
les grands libraires comme Antoine Vérard et Simon
Vostre, aidèrent à la propagation et à Faction des
presses parisiennes.
Cette influence, nous lavons déjà dit, s'exerça d'abord
à Angers, une des résidences préférées du roi René.
Hermann de Stadtborn établit dans la ville artistique un
dépôt des livres de Fust et de Schœfl*er. Jean de la Tour
et Morel y imprimèrent une Rhétorique de Cicéron
(5 février 1477), le Manipulas curatorum (19 septembre
1477) et une édition des coutumes d'Anjou. Et ce qui
prouve l'influence des presses parisiennes, c'est que ces
ouvrages furent imprimés avec des caractères à peu près
semblables à ceux qu'employa au Soufflet vert l'asso-
ciation de Louis Symonel. Richard Blandin, Jean Simon
cum multis aliis in eodem laborantibus^ à ceux de Pie-
ter Keysere, de Gand, et de l'allemand Jean Stol, qui
1. L.-H. Labande, op, cit.
Digitized by
Google
— 48 —
avaient précédemment imprimé les deux premiers ou-
vrages dans la rue Saint- Jacques. Nos deux angevins
possédaient aussi un assortiment de lettres analogues à
la grosse fonte de Pasquier Bonhomme, ce libraire qui
donna les Grandes Ch'*onicques de France^ .eiihs'enser'
virent pour composer un Perse. Vingt ans plus tard seu-
lement, apparut une seconde édition du Manipulas, mais
Jean de la Tour, sans doute, ne pouvait lutter contre les
importations des ateliers parisiens, poitevins ou rouen-
nais dont le libraire Jean Alexandre était un agent très
actif et il cessa d'imprimer. Cet Alexandre commandait
en effet plusieurs de ses livres à Paris chez Bocard,
Wolf et Korver ; à Rouen, chez Martin Morin.
Je ne m'occuperai pas des questions très controver-
sées de rimprimerie à Poitiers, qui donneraient lieu
à une bibliographie trop abondante pour ce simple
articulet, si ce n'est pour constater que le prêtre Sain-
tongeais, Jean Bouyer, qui semble avoir emprunté sa
marque aux frères parisiens de Marnef, était à la tête de
cette industrie à Poitiers lorsqu'il édita vers 1490 les
heures d* Angers avec la collaboration de Pierre Belles-
culée, qui arrivait de Rennes. Mais plus près de nous,
à Nantes, vers 1480, un libraire cherchait à placer le
produit des presses étrangères, allant même jusqu'à
Venise pour y faire imprimer le bréviaire et le missel du
diocèse. Ce n'est qu'en 1493 qu'Etienne Larcher donna
dans cette ville le premier volume qui y fut imprimé avec
les Lunettes des princes de Jean Meschinot, d'»nt Tannée
suivante vit une seconde édition. Cette imprimerie qui
prospéra produisit encore dans le XV® siècle des Heures à.
l'usage de Nantes (1499), la Table de la coutume de Bre-
1. Il est curieux de constater aue dès 1494 les Grandes Chro-
niques entraient dans la petite collection que formait l'Hôtel-de-
Ville d'Amiens, où elles allèrent rejoindre, avec « un livre maullé
nommé Josephus ». la Mer des Ystoires et deux volumes d*Orose,
achetés dès 1493 et mis à « l'hôtel des Cloquiers. » Celte biblio-
thèque municipale doit être l'une des plus anciennes que Ton
connaisse. Cf. Arch. municip., d'Amiens, (GC. 70, P 145 ;
ce. 72, ^• 121, 124).
Digitized by
Google
-49-
tagne et les ordonnances et statuts du Roy, « faictz au
pays de Bretagne » en mai 1494.
L'influence parisienne se manifeste encore d'une façon
évidente à Caen, où Jacques Durandas et Gilles Quijoue
publièrent, le 6 juin 1480, les épîtres d'Horace. Mais
de ces deux typographes qui disparurent, c'est le seul
livre que Ton connaisse, tandis que des libraires de
l'Université avaient le champ libre pour introduire les
impressions de Paris ou de Rouen.
Si dans cette dernière ville, l'art typographique na-
quit tardivement, il s'épanouit bientôt en une brillante
efflorescence. C'est en mai 1487 seulement que fut donné
le premier ouvrage à date certaine imprimé en cette
ville par Guillaume Le Talleur, « natil et demeurant à
la paroisse Saint Lô ». Ce livre était les Chroniques de
Normandie, L'année suivante, le même imprimeur don-
nait le missel du diocèse de Séez, commandé par M® Jean
de Courteilles, prêtre, curé de Sarceaux, dont le seul
exemplaire actuellement connu est conservé à la biblio-
thèque Mazarine '. En 1489, LeTalleur travaillait pour
le diocèse du Mans et imprimait le missel préparé par le
lavallois Pierre Hennier, curé de Saint-Pierre-dc-la-
Cour^ et réimprimé bientôt en 1503, par celui que l'on
croit avoir succédé à Le Talleur, le rouennais Martin
Morin. Celui-ci jouit, partout où s'étendaient ses rela-
tions commerciales, «n France et en Angleterre, d'une
réputation méritée, et put comme Le Talleur^ travailler
1. L. Duval : L'imprimerie et la librairie à Alencon et dans le
diocèse de Séez, Alençon, Herpin, 1900 ; in-4o, 100 pages.
2. Cauvin : Documents relatifs à l'histoire des corporations d'arts
et métiers, p. 311.
3. Le Talleur travailla même pour l'AnçIeterre. En elTet le
Catalogue of books in the John Rylands library, Manchester,
printea in Ensland, Scotland and Ireland, and of books in
english printea abroad to the end of the year 16k0 (Manchester,
J. Ë. Cornish, 1895. ln-4o. ni et 147 p.), mentionne deux ouvrages
imprimés, vers 1490, par Le Talleur pour le compte de H. Pynson :
Tenures de Littleton, et Stathan Aoridgement, of cases.
4
Digitized by
Google
- 5Ô -
pourle8 libraires de Paris. D'autres imprimeurs vivaient
près de lui dont le nombre montre Tactivité des pres-
ses rouennaises.
Mais en plus de ces presses sur lesquelles Fécole de
Paris Kt sentir d'une façon indéniable son influence et qui
s'établirent dans les localités que nous venons de nommer,
il en fut d'autres dont des villes voisines allèrent chercher
le matériel dans les Flandres, en Suisse ou en Italie ou
qui furent établies par des imprimeurs venus de ces pays
lointains. Dans ce genre, il faut mentionner en première
ligne les petites presses qui fonctionnèrent presque toutes
en même temps en Bretagne. Les caractères gothiques
en usage à Rennes, à Bréhant-Loudéac et à Tréguier,
appartiennent à une famille de types flamands fondus sur
le modèle de ceux d'Arendt de Keysere, de Gand, et de
Rodolf Loefl's. de Louvain. « C'était le même matériel, a
dit M. Claudin, composé de trois fontes graduées, qui
avait été réparti entre les trois ateliers, » le corps supé-
rieur servant à Bréhant-Loudéac, le moyen à Tréguier,
le bas de casse à Rennes.
Des ateliers' de Robin Fouquet et de Jean Grès, à
Bréhant, sortirent, entre décembre 1484 et juillet 1485,
df; courts livrets pour faille une sorte d'encyclopédie
religieuse, morale et politique, comme le Mirouer cTor
de Vâme pécheresse^ La vie de Jésus-Crist, Les Coustu-
mes de Bretagne qui parurent ensuite, œuvres plus
importantes, semblent avoir été publiées aux risques et
périls des typographes. Au bout d'un an, les ateliers de
Bréhant devenaient muets, mais on a attribué à tort l'in-
terruption de leurs travaux à la guerre qui éclata entre
la France et la Bretagne, car les hostilités ne commen-
cèrent qu'en 1487 et l'on retrouve au commencement de
1488 Jean Grès à l'abbaye bénédictine de Lantenac où,
avec d'autres caractères flamands, il composait le Voyage
en terre Sainte de Jean de Mandeville : les travaux du
typographe étaient intermittents.
Digitized by
Google
— 51 — •
Ceux de ses confrères de Rennes ne Tétaient pas moins.
Là travaillèrent d'abord Pierre Bellesculée et Josses.
Avec le concours d'un riche bourgeois, Jean Huss, ils
réussirent à donner le 2ô mars 1485 la première édition,
parue en Bretagne, des Coutumes et constitutions du
duchés puis peu à près un Floret en franczois et cela fait,
ils s'éclipsèrent. Bellesculée, nous l'avons vu, alla
s'associer avec Jean Bouyer à Poitiers.
L'atelier de Tréguier parait avoir eu un peu plus de
résistance. Lui aussi donna en 1485 une édition de la
Coutume et des constitutions de Bretagne^ puis un
Grécisme d'Ébrard de Béthune. On ne connait que le
monogramme du typographe qui composa ces deux
ouvrages. Fut-il le prédécesseur de Jean Galvez qui
publia en 1499 leCatholicon en « trois langaiges, sçavoir
breton, fianczois et latin? » Nous ne savons. Mais les
presses de ce dernier marchaient alors déjà depuis trois
ans au moins. Car on a découvert dernièrement dans le
fonds de la reine Christine, au Vatican (ms. n" 988) un
petit placard imprimé qui sortit de son atelier : feuille
volante contenant le mandement de l'évêjjue de Saint-
Brieuc pour l'année 1496. C'était l'usage dès lors en
Bretagne d'imprimer sur des feuilles volantes les man-
dements épiscopaux et il est permis de croire qu'on a
eu recours au même procédé dans d'autres diocèses. Un
chercheur patient et sagace aura-t-il la bonne fortune de
découvrir, dans le Maine, quelqu'un de ces bilboquets
qui occupèrent tant d'ateliers à la fin du XV® siècle ? Il
serait étonnant, alors que de toutes petites agglomérations
urbaines possédaient à cette époque des presses plus ou
moins actives, qu'une ville comme le Mans en ait été
complètement dépourvue. SaufCauvin, dont les recherches
ont été bien sommaires, sauf M. de la Bouillerie qui a
rencontré Timprimerie à la Flèche seulement dans le der-
nier quart du XVP siècle, personne dans le Haut-Maine
ou dans la Sarthe n'a été tenté d'étudier cette question
Digitized by
Google
- 52 -^
intéressante. La société historique du Maine compte
pourtant plusieurs membres parfaitement outillés pour
ce travail. Un d'entre eux ne voudra-t-il pas enfin montrer
que si notre province semble, en ce qui concerne l'art
typographique, comme on le dit en d'autres choses, en
retard sur ses voisines, ce n'est là encore qu'une erreur et
qu'elle n'a rien à leur envier? N'essaiera-t-il pas au moins
de nous dire quelles causes historiques ont produit ce
retard? C'est là ce que nous souhaitons et c'est pour
poser cette question à nos collègues du Mans, nous
pouvons l'avouer, que nous avons écrit cet article, ne
doutant pas que la réponse qu'on y fera ne soit piquante.
E. LA.URAIN.
Digitized by
Google
ARRllT DU PARLEMENT
CONCERNANT DES NÉGLIGENCES DANS LA TENUE
DES REGISTRES
DE BAPTÊMES, MARIAGES ET SÉPULTURES
De la paroisse de Saint-Fort^ en Anjou
(26 mai 1772).
I
Aux XVI* et XVI P siècles, les rois de France rendirent
de nombreuses ordonnances, tendant à obliger les curés
des paroisses du royaume à tenir sur des registres
spéciaux, mention des baptêmes, mariages et sépultures
qui seraient administrés et célébrés dans leurs églises
paroissiales soit par eux-mêmes, soit par leurs vicaires,
chapelains ou autres prêtres habitués. Cette innovation
dans le clergé séculier mit du temps à se répandre et à se
populariser un peu partout, et tandis que toutes les
abbayes possédaient leurs obituaires, leurs nécrologes,
leurs livres des morts, etc.. dont quelques-uns remon-
taient au XI® siècle, on ne trouve guère de registres de
paroisses au-delà des premières années du XVI® siècle.
Il n'en existe pas du moins dans nos contrées*. Le plus
1. Nous n'avons voulu changer rien au travail, le dernier qui
soit sorti de sa plume, — que nous avait donné notre méritant
collègue, M. Gadbin, quelques jours avant de mourir. Nous de-
vons cependant préciser certains renseignements sur Tancien
état-civil dont l'histoire est généralement peu connue.
On prend souvent l'ordonnance de Villers-Cotterets comme
point initial de cette institution. En réalité, l'origine est bien plus
ancienne. Il faut descendre jusqu'à la première moitié du XIV*
siècle pour trouver le premier registre paroissial. Il appartient à
Digitized by
Google
— 54 —
vieux registre de baptêmes, mariages et sépultures que
nous connaissons dans le pays appartient à la mairie de
Château-Gontier et remonte à Tannée 1527. C'est celui
de « Téglise de Monsieur Sainct-Jehan-Baptiste de
Chasteaugontier. »
A cette époque et jusqu'à la révolution d'ailleurs, la
paroisse Saint-Jean était seule pourvue de fonts baptis-
maux, en qualité « d'église matiice et seule baptismale
de Châteaugontier ; » son annexe Saint-Jean l'évangé-
liste, vulgairement connue sous le nom de l'église du
petit Saint- Jean, détruite en 1791, et l'église Saint-Remy,
n'étaient considérées que comme des chapelles vicariales
du (( grand Saint-Jean », et devaient y envoyer les
enfants nouveau-nés pour y recevoir le baptême. Il
n'existe pas de registres spéciaux pour le petit Saint-
Jean, les actes divers de cette église se mélangaient avec
ceux de Saint-Jean-Baptiste. Quant aux registres de
la commune de Givry (Saône-et-Loire). On y voit des décès
de 1335 à 1348 et des mariages de 1336 à 1350. (Cf. Léon Lex,
BibL de L'Ecole des Chartes, t 41. p. 377). Le premier registre,
de Montarcher (Loire), date de 1469. Celui de Sainl-Maximin
(Var), signalé dernièrement par M. Gortez, remonte à 1473.
Les deux premiers, au moins, de ces registres, sont des livres
de compte où les curés inscrivaient les redevances qui leur
étaient dues à l'occasion des décès ou des mariages, les baptêmes
étant très probablement payés en nature et comptant. Ces sortes
ae registres étaient donc purement personnels et cela explique
leur rareté. Mais les synodes épiscopaux en recommandèrent
l'usage pour empécher/par la connaissance exacte des généalo-
gies, les unions entre consanguins. C'est la teneur même des
statuts au'Henri le Barbu, évoque de Nantes, donna en 1406.
le synode de la Roche-Bernard (6 juin 1408) obligea les curés
de Bretagne à tenir des registres de baptêmes. En 1504 et 1507
l'évoque d'Angers prescrivit à son clergé de faire de même.
Dans l'Ouest, cependant, ces mesures ne furent pas également
suivies, car au synode de Séez. en 1524. « il fut pour la première
fois question d'ouvrir des registres dans les paroisses. » Le plus
ancien registre du dépjarteinent de la Mayenne est celui deSaint-
Ouen-des-Vallons qui reinonte àl525.
L'ordonnance de Villers-Cotterets (août 1539), établit pour tout
le royaume des registres de baptêmes devant être visés par
un notaire pour jjlus de garantie ; on y devait constater le temps et
l'heure de la nativité. La môme ordonnance prescrit aussi la tenue
de registres de décès, mais il s'agit uniquement du décès des
Digitized by
Google
- 55 —
Saint-Remy, qui ne comprennent que les mariages et
sépultures de cette paroisse, ils sont de près d'un siècle
postérieurs à ceux de Saint-Jean; le 1*"" ne commence
qu'en Tan 1617.
Voici par ordre chronologique les paroisses environ-
nantes dont les registres d'état-civil sont les plus vieux.
D'abord Saint-Fort, où ils sont presque aussi anciens
qu'à Saint-Jean de Château- Gontier, puisqu'ils remontent
à Tannée 1554. Le curé titulaire de cette paroisse, d'après
sa signature, se nommait alors Bioche ; la paroisse
portait à cette époque encore le nom de Saint-Evroult,
ce n'est que vers 1582 qu'on commence à la nommer
Saint- Fort.
Viennent ensuite : Chemazé (1559) ; Menil (1563) ;
Bazouges (1571) ; Azé et Fmmentières (1574) ; Ampoi-
gné (1601) ; Coudray (1617) ; Loigné (1660) ; Laigné
(1677) ; Marigné-Peuton (1683).
ecclésiastiques pourvus de bénéfices, pour prévenir les contes-
talions entre les divers ayant-droits L'ordonnance de 1579 s'oc-
cupe encore des rejçi 4res, et celte fois, des rejçistres de baptê-
mes, mariages et euteppements Gepeniant l'opdonnance de 1667
sur la péformation de la justice est la première qui ait reçu une
sépieuse exécution quant au point qui fait l'objet de cette note.
L'ordonnance de 1579 enjoignait aux cupés d'apporter leurs re-
gistres auxgpelTes poyaux. Celle de 1667 demandait qu'une gpos-
se des actes fût déposée chaque année dans ces mêmes gpefTes,
paraphés et cotés par le juge poval du lieu Un édit de 1691
créa des gre ffiers-conservateups qui paraphèrent les registres et
gardèrent les grosses jusqu'en 1716 où ces officiers furent sup-
primés. La déclaration du 9 avril 1736 est le monument le plus
comnlet de la législation de l'étal-civilsous l'ancien régime. Elle
a été abolie par la loi du 20 sepleuibrel792, q^ui opdonna le trans-
fert aux arcnives départementales des collections antépieurement
versées aux greffes aes juridictions poyales : celles-ci revinrent
aux greffes oes tribunaux en 1815 app'ès instruction des minisires
de rintérieup el de la Justice. Mais ce triple transfert de la pa-
roisse aux tribunaux des tribunaux au département, du dépar-
aux greffes n'a pas toujours été régulièrement effectué. Il est par-
fois nécessaire de rappeler que ces registres ne sont pas la pro-
priété de l'église ou des pt'élres qui les ont rédigés. Dans l'Ouest
notamment, beaucoup de presbytères en détiennent encore in-
duement, malgré les réclamations qui ont été faites par les fonc-
tionnair s chargés de ce soin, trop Leureux encore quand ces
réclamations n'aboutissaient pas a un broiement systématique
pour n'en pas venir à une restitution (ë. Laurain.)
Digitized by
Google
— 56 —
En 1735 un nouveau pasteur, M. Pierre Jolly, devenait
titulaire de la cure de Saint-Fort. Ce prêtre, quelque peu
paresseux ou insouciant, laissa souvent en détresse
pendant son assez longue administration, les registres
des baptêmes, mariages et sépultures de Saint-Fort,
surtout à partir de Tannée 1738. Nous ne savons trop
comment il put pendant vingt-sept ans éviter les pour-
suites des autorités civiles, pour la mauvaise tenue de ses
registres paroissiaux. M. Jolly mourut le 1®*" mai 1762 et
fut inhumé le surlendemain dans Téglise de Saint-Fort.
Son successeur, M. René André Deschères, remit tout
en ordre, mais six ans plus tard, une indiscrétion du
greffier de la sénéchaussée d'Angers amena Tintervention
de la justice, dans la vérification des anciens registres
(le la paroisse. Nous allons raconter cet épisode assez
curieux.
II
En 1768, le procureur du roi à Angers fut instruit
qu'un curé de la paroisse de Saint-Fort, en Anjou,
paroisse située dans Tétendue de la sénéchaussée
d'Angers, avait pendant une période de près de trente
années, tenu d'une manière déplorable et avec de grandes
omissions, les registres des baptêmes, mariages et
sépultures de la dite paroisse.
Le magistrat se hâta de remédier, dans la mesure du
possible, à cet abus qui menaçait l'état d'un grand nombre
de personnes. A sa requête la cour ordonnait le 3 avril
1768 que MM. le procureur du roi et le lieutenant général
en la sénéchaussée d'Angers, auraient à se rendre à Saint-
Fort, et là, se feraient représenter les registres en ques-
tion, dresseraient procès- verbal constatant Tétat dans
lequel ils les trouveraient, ainsi que les feuilles volantes
qui pourraient contenir mention de quelques actes ou ren-
seignements quelconques.
Il leur était encore enjoint de provoquer une assemblée
Digitized by
Google
— 57 —
générale des habitants de la dite paroisse, et d^annoncer
qu'il serait par eux fait enquête, afin de recevoir les
dépositions de ceux qui pourraient indiquer des noms
précis et les dates des baptêmes, mariages ou sépultures
vus par eux à Saint- Fort, ou dont ils auraient connaissan-
ce, au cours de la période incriminée. De cette enquête,
les commissaires nommés devaient dresser également
procès-verbal, pour qu'une expédition en fût ensuite
remise à M. le procureur général du roi, afin que celui ci
pût en toute connaissance de cause, préparer son réquisi-
toire sur lequel la cour aurait alors à statuer.
L'année suivante, les deux délégués de la cour d'An-
gers se rendirent donc à Saint-Fort, où ils arrivèrent le
3i août 1769. S'étant fait remettre tous les registres et
papiers détenus par le sieur curé, il les consultèrent,
les classèrent et deux jours plus tard, ouvrirent leur en-
quête à la date du 2 septembre. Elle fut longue et minu-
tieuse, et ne fut close que deux mois et demi plus tard,
le 15 décembre 1769. Les commissaires enquêteurs re-
cueillirent avec soin tout ce qui pouvait remplacer les
actes omis, toutes les dépositions des intéressés furent
classées méthodiquement par date d'ancienneté, et du
tout on envoya une expédition conforme à M. le procureur
du roi à Angers.
Ce procès verbal d'enquête ainsi que toutes les décla
rations des habitants de Saint-Fort, devant servir à l'a-
venir, de registre pour la période où la rédaction avait été
si négligée, il était nécessaire de lui donner une forme
authentique et légale, et pour y parvenir M. le procureur
du roi à la date du 26 mai 1772, requérait la cour
d'Angers d'avoir à homologuer « le procès verbal de
« déclaration et état des registres des baptêmes, ma-
« riages et sépultures de la paroisse de Saint-Fort en
« Anjou ; ledit procès-verbal commencé par le lieute-
a nant général de la sénéchaussée d'Angers et le substi-
« tut du procureur général du roy audit siège, les deux
Digitized by
Google
- 58 —
i' septembre et jours suivants 1769 et arrêté le 15 dé-
« cembre suivant ;
« En conséquence :
« Ordonner que ledit procès-verbal tiendra lieu des
« registres de baptêmes, mariages et sépultures de ladite
« paroisse, depuis Tannée 1738 et suivantes, jusques et
« compris Tannée 1762 ; ce faisant que foi sera ajoutée
« aux extraits qui en seront délivrés, comme s'ils étaient
« tirés desdits registres, et, à cet effet ordonner que
« mention de Tarrêt de la cour du 3 avril 1768, ensem-
« ble de celui à intervenir, sera faite tant sur la minute
« dudit procès-verbal que sur Texpédition par le lieute-
« nant général de la dite sénéchaussée auquel Texpédi-
a tion étant ès-mains du procureur général du roy sera
« renvoyée, pour par lui être remise au curé actuel de la
« dite paroisse à Teffet d'en délivrer les extraits néces-
a saires ;
if Comme aussi ordonner que la déclaration du roy
« du 9 avril 1736, enregistrée en la cour le 13 juillet
« de la même année sera exécutée ;
« Enjoindre aux curés de s'y conformer ;
« Enjoindre pareillement aux substituts du procureur
a général du roy es sièges royaux et notamment à celui
« de la sénéchaussée d'Angers, de se conformer par la
« suite avec plus d'exactitude aux dispositions des arti-
« clés XXXVIIl et XIj de la dite déclaration ;
w En conséquence, faire les poursuites nécessaires
« pour contraindre les curés des différentes paroisses,
« d'apporter chaque année aux greffes de leurs sièges,
« le double des registres des baptêmes, mariages et sé-
« pultures et d'envoyer au mois de mars aussi de cha-
« que année, au procureur général du roy, l'état en pa-
« pier commun, certifié du greffier, des curés qui auront
« satisfait aux dispositions de ladite déclaration et de
« ceux qui seront en retard d'y satisfaire ;
<( Ordonner que Tarrêt à intervenir sera imprimé, lu,
« publié, affiché partout où besoin sera ; être copies
Digitized by
Google
— 59 —
« collationnées dudit arrêt envoyées aux dits sièges
« royaux, pour y être lu, publié et registre ;
« Enjoindre aux substituts du procureur général du
« roy d'y tenir la main et d'en certifier la cour dans le
« mois ; être aussi copies collationnées dudit arrêt en-
« voyées aux conseils supérieurs ^ »
Cette requête du procureur général ainsi que les con-
clusions développées ci-dessus, acceptées par la cour,
lurent communiquées au conseiller du roi, rapporteur de
service pendant ledit mois près la cour, M® Louis-Jac-
ques Langelé, quelques heures avant l'audience dudit
jour 26 mai 1772. Il connaissait l'affaire qui avait eu un
certain retentissement dans toute la province, car ce cas
était heureusement fort rare en Anjou, où les registres
anciens d*état civil sont, pour l'ordinaire, très bien tenus,
se suivant presque partout sans interruption depuis le
XVII» siècle.
A la séance delà cour, M. le conseiller rapporteur
donna lecture de ses conclusions, confirmant celles de
M. le procureur général du roi. En conséquence l'arrêt
suivant fut alors rendu :
« Ouï le rapport de M. Louis-Jacques Langelé, con-
« seiller : tout considéré ;
La cour :
« A entériné et entérine le procès-verbal de déclara-
« tion et l'état des registres de baptêmes, mariages et
<c sépultures de la paroisse de Saint-Fort, en Anjou ; le-
« dit procès-verbal commencé par le lieutenant-g^^néral
« de la «énéchaussée d'Angers et le substitut du pro-
<c cureur général audit siège, le deux septembre et jours
« suivants 1769, et arrêté le 15 décembre suivant ;
« En conséquence :
« Ordonne que ledit procès-verbal tiendra lieu des
1. Extrait du mémoire imprimé en 1773, à Paris, chez P. S.
Simon, Imprimeur du Parlement, rue Mignon Saint-André-des
Arts, 4 pages petit in-quarto, gracieusement communiqué par M.
Paul de Farcy.
Digitized by
Google
— 60 —
« registres de baptêmes, mariages et sépultures de la-
« dite paroisse depuis rann<^el738et suivantes, jusques
« et y compris Tannée 1762 ; ce faisant que foi sera
« ajoutée aux extraits qui en seront délivrés, comme s'ils
« étaient tirés desdits registres, et à cet effet :
« Ordonne que mention de Tarrèt de la cour du 3 avril
tt 1768, ensemble du présent arrêt, sera faite tant sur la
« minute dudit procès-verbal que sur Texpédition par le
« lieutenant général de ladite sénéchaussée auquel Tex-
« pédition étant ès-mains du procureur général du roy
« sera renvoyée, pour par lui être remise au curé actuel
« de ladite paroisse de Saint- Fort, à Teffet d'en délivrer
« les extraits nécessaires ;
« Comme aussi
« Ordonne que la déclaration du roy du 9 avril 1 736,
« registrée en la cour le 13 juillet de la même année.
« sera exécutée ; enjoint aux curés de sV conformer;
« enjoint pareillement aux substituts du procureur géné-
« rai du roy ès-sièges royaux, et notamment à celui de
« la sénéchaussée d'Angers, de se conformer par la suite
« aux dispositions des articles XXXVlIlet XL de ladite
« déclaration;
« En conséquence, faire les poursuites nécessaires
« pour contraindre les curés des différentes paroisses
<c d'apporter chaque année aux greffes de leurs sièges
<' le double des registres de baptêmes, mariages et sépul-
« tures, et d'envoyer au mois de mars, aussi de chaque
« année, au procureur général du roy, l'état en papier
« commun, certifié du greffier, des curés qui auront sa-
(( tisfait aux dispositions de la déclaration et de ceux
« qui seront en retard d'y satisfaire ;
« Ordonne que le présent arrêt sera imprimé, lu.
« publié et affiché partout où besoin sera, et copies col-
ce lationnées d'icelluy envoyées auxdits sièges royaux
« pour y être lu, publié et registre : enjoint aux substi
« tuts du procureur général du roy d'y tenir la main, et
« d'en certifier la cour dans le mois ; comme aussi copies
Digitized by
Google
- 61 —
« coUationnées du présent arrêt envoyées aux conseils
a supérieurs.
« Fait en parlement, le 26 may 1772. OoUationné par
« Lutton. (Signé) Le Jay ».
III
Ainsi que le portait la sentence de la cour d'Angers,
Tarrêt du 26 mai 1772 reçut une grande publicité; il fut
quelques mois plus tard, dans les premiers jours de 1773,
imprimé à grand nombre d'exemplaires, qui furent en-
voyés à tous les sièges de justice relevant de la cour
d'Angers, où ils furent affichés dans tous les prétoires
desdits tribunaux ; à tous les curés du diocèse d'Angers
avec injonction d'avoir à en donner lecture au prône de
la messe paroissiale, dans le délai d^un mois à compter
du jour de sa réception. Un autre exemplaire en fut
encore affiché dans toutes les maisons communes du
duché d'Anjou, par les soins du procureur syndic de
chacune des paroisses. C'est à l'aide d'un de ces
placards qui nous est tombé sous la main que nous avons
pu grouper les quelques données historiques contenues
dans ce modeste article.
Comme nous l'avons dit précédemment , le curé JoUy qui
avait causé cette intervention de la justice n'existait plus
alors, ce fut son successeur M. l'abbé René Deschères,
qui eut le déplaisir de voir son presbytère servir de
siège à Fenquête des deux commissaires, présents à Saint-
Fort dans les derniers mois de l'année 1769. Heureuse-
ment pour sa tranquillité personnelle, les registres parois-
siaux étaient correctement tenus depuis pa prise de pos-
session au 29 juillet 1762, car sans cela, il eut encouru
de graves reproches et se serait certainement vu déplacé.
On peutjuger de la moyenne des actes à Saint- Fort chaque
année à cette époque, quand nous aurons dit qu'en 1763
il y eut douze baptêmes, et quatorze l'année suivante.
En 1772. messire Marie-Augustin Salomon de la Tul-
Digitized by
Google
- ei -
laye, seigneur de Maignannes et de Saint-Fort, nommait
par procureur une cloche nouvelle en cette paroisse.
Quelques mois plus tard, le 2 mars 1773, M. René-
André Deschères, curé, décédait et était inhumé dans
l'église. Il n'était âgé que de 55 ans.
Son successeur fut M. André Dulion. vicaire de Miré,
qui le 21 janvier 1794, devait périr sur Téchafaud à
Laval, confesseur de la foi.
René Gadbin.
Digitized by
Google
LA MAISON DE LAVAL
CARTULAIRE DE LAVAL
GUY XVII
XVU (2360-2611) 1531-1547
2463. — 1540, 21 avril, Amiens. — Lettre écrite par
Marguerite, reine de Navarre, à M. de Montmorency ; elle y
mentionne Cliarlotte de LavaP (Imprimé, Génin, Lettres de
Marguerite d'Angouléme, p. 341).
.. L'autre point est de mademoiselle de Laval, quy est
fort ennuyée despuis la mort de sa mère et sy fait une grande
despérence. J'en ay parlé à la Pommeraye ; mais nous n'y
voyons ordre sy vous ne la retirés, luy rompant son train, et
sy ne luy ferés peu de bien pour sa santé de luy oster ceulx qui
ne cessent de la faire ennuyer et luy mettent en la teste tout
plain de fascheries, à quoy par vostre commandement saura
bien donner ordre ledict de la Pommeraye, quy vous est tel
serviteur que vous cognoissé. Sy vous voulés que, en atten-
dant vostre retour, elle viengne là où est ma fille, vous sçavés
que tout ce que j'ay est à vous comme vostre maison mesme.
1. M. Génin a daté cette lettre de 1537. Il semble que la mention
de Charlotte oblige à l'assignera Tannée 1540. Sans doute aussi,
à la deuxième ligne, il f&ut, comme on le fait ici, lire mère su lieu
de tante.
Digitized by
Google
-64-
2464. — 1540, 5 mai. — Lettre par laquelle Anne de Laval
reproche à Charles de la TrémoïUe, 5on fils, les velléités qu'il
a d'abandonner l'étal ecclésiastique (Imprimé, Lettres du
XV I^ siècle, p. 133).
Cl^arles, j'ay veu voslre lettre, et trouve par trop estrange
l'exortation et conseil que vous ont donné les nommez en
icelle, veu le bien et honneur qu'ilz ont receu et reçoipvent de
jour en jour de nostre maison ; car ce seroit le plus grant mal
qui vous pourroit arriver que de discontinuer vostre estude,
ce que Monseigneur et moy n'entendons, mais que la conti-
nuez de bien en myeulx, car c'est le moyen par lequel pouvez
plus acquérir de bien et d'honneur. Et se aultrement vous le
faictes, soiez seur que le nom d'enffant, que vous appeliez,
vous sera eslogné de telle faczon que n'en aurez aulcun
secours, aide ne faveur, ne pareillement espérance de rentrer
en nostre bonne grâce ; par quoy doresnavant ne croiez plus
de tel conseil qui n'est comme deuvez cognoistre, veu vostre
eaige, vostre proffit et honneur.
Qui est fin...
J'ay parlé au prothonataire du contenu de voz lettres, qui
m'a fait response ne vous avoir jamais donné le conseil tel
que le dictes, mays que c'est vostre propre mauvays vouUoir ;
et que ce qui vous a fait rescripre les lettres de Monseigneur
et de moy a esté la précipitation de vostre précepteur, par quoy
fêtes certain mondit seigneur et moy de la vérité, sans
emprunter des mensonges qui portent préjudice à aultruy.
Du V® jour de mai V*^ XL.
2465. — 1540, 21 mai, Limours. — Lettre écrite par le
connétable de Montmorency à la Pommeraye (B. N,, français^
3147, 77).
A monsieur de la Pommeraye, conseiller et maistre d'hostel
ordinaire du Roy,
Monsieur de La Pommeraye, j'ay esté très aise d'avoir
entendu ce que vous m'avez faicl sçavoir par vostre lectre du
sixiesme de ce mois, touchant ce qui a esté faict à la prinse
de possession et investiture des choses que m'a données
Monsieur de Chasteaubriant, auquel j'escriptz présentement
Digitized by
Google
- 6Ô -
une honnesle lectre, tant de cella que d'autres choses, dont il
m'avoit semblable ment escript
Et au regard de la tutelle de madamoiselle Charlotte de
Laval, jo trouve merveilleusement bon l'advis dudit seigneur
de Chasteaubrtent et le vostre, et ay incontinent passé une
procuration pour me descharger de ladite tutelle par devant
le séneschal de Rennes, laquelle procuration je vous envoie
présentement avec une lectre que j'escriptz à monsieur du
Ludde*,pour accepter ladite tutelle; et sera bon que vous la
luy faciez tenir le plustost que vous pourrez. Car il est à ceste
heure plus près de vous, qu'il n'est d'icy.
Quant à l'affaire d'entre monsieur de Brou et de moy vous
verrez ce que je vous en escriptz par ma première lectre, qui
sera avec la présente. Et faictz bien mon compte, que vous ne
fauldrez d'en communicquer ensemble, vous, le président de
Cussé et le Général et que vous y ferez selon l'entière fiance
que j'ay en vous.
Je vous avois désjà mandé une autrefoiz que vous m'en-
voyissiez le pintier que le Roy demande tous les jours ; mais
il n'est poinct venu : par quoy vous ne fauldrez de le faire
incontinant partir pour s'en venir ; mais qu'il ne soit pas si
fol d'y faillir.
Nous nous en allons à Fontainebleau, où le Roy pourra faire
quelcque séjou *, qui est tout ce que je vous diray pour ceste
heure, en priant Dieu, Monsieur de La Pommeraye, qu'il vous
aict en sa saincte garde.
De Lymours, ce xxi® jour de may.
Je' vous randeré tout d'ung coup réconpance de tant de
poygne que vous prenés pour moy.
Vostre bon amy : Montmorency.
2466. — 1540, 22 mai, Paris. — Lettre dans laquelle, en
réponse à celle d'Anne de Laval du 5 mai, Charles de la
Trémoïlle explique ce qui s'est passé au sujet de ses velléités
d'embrasser la carrière des armes (Imprimé, Lettres du
1. Jean III de Daillon, frère d'Antoinette de Daiilon, était ron-
de de Charlotte de Laval.
2. A partir d*ici la lettre devient autographe.
Digitized by
Google
- 66 -
2467. — Vers 1540, 6 octobre, Chantilly. — Lettre
écrite à Gilles de la Pommeraye par Montmorency ; il y
mentionne son désir de voir Guy XVII (Monsieur de Laval,
mon nepveu) évoquer à Paris toutes les causes qui les divi-
sent (Original, B. N,, français, 3094, 209). .
2468. — 1540, 6 octobre, Saint-Germain-en-Laye. —
Lettres par lesquelles François I fait don à Guy XVII,
gentilhomme de sa chambre, de tous les droits échus au
domaine parla mort d'Henri de Foix, sieur de Laulrec, beau-
frère de Guy XVII* (Arch. de la Côte-d'Or, B. 339).
2469. — Vers 1540, 21 octobre, la Mennetais. — Lettre
écrite par Louis de Rohan-Guémené pour annoncer à Anne de
Laval l'envoi d'un lévrier (Imprimé, Lettres du XVI^ siècle,
n*» 94).
2470. — 1540, 10 novembre, Fontainebleau. — Lettre écrite
à Menault de Martory par le connétable de Montmorency (B.
N., français, 3212, 30).
A monsieur de Conserans (de M. le connestable).
Monsieur de Conserans, j'ay sceu de vos nouvelles par le
bailly de Pallais^ qui m'a esté plus grand plaisir que ne
pourriez penser et mesmement de l'assurance qu'il m'a donné
de vostre bonne santé, car vous povez estre seur que ne la
sauriez avoir si bonne, que ne vous la désire encores milleur,
et toute telle que je la vouldrois pour moy-mesmes ; vous
advisant, au surplus, que j'ay esté merveilleusement aise
d'entendre ce que luy aviez donné charge me dire. A quoy
j'ay bonne espérance que nous pourvoirons aisément, selon
vostre bon advis, et combien que je n'aye jamais fait doubte
de l'affectionnée voulonté que vous ave/ au bien et direction
de tout ce qui peult et pourra toucher à monsieur de Laval,
mon nepveu, et à mademoiselle de Laval, ma niepce, si ay je
eu et ay à très grant plaisir d'entendre aussy par ledict bailly,
le désir que vous aviez d'y continuer, dont ne vous sauroit
assés remercier, vous priant de penser et croire, que le plus
grant plaisir que je pourrois avoir c'est que vous y vueiller
employer, comme je suis seur que saurez trop mieulx faire,
1. Il était décédé le 22 septembre 1540.
Digitized by
Google
— 67 —
que ne le vous pourrois escripre et non seullement en ce qui
louche lesdictes affaires, mais encores vous prieray je d'en-
tendre aux miens, lesquels avec ceux-là, j'estyme une mesme
chose, vous priant me faire souvant savoir de vos nouvelles,
et vous me ferez bien grant plaisir.
Priant Nostre Seigneur vous donner, monsieur de Conserans ,
ce que désirez.
De Fontaynebleau le x* jour de novembre MDXL.
Vostre bien bon amy : Montmorency.
2471. — 1540, 30 novembre. — Quittance délivrée par
Guy XVII, à Jean du Tillet des 1.200 livres dues au feu
seigneur de Lautrec pour ses gages de sénéchal de Guyenne,
(original signé, B. N., français, 28153, 160).
2472. — 1540, 2 décembre, Paris. — Acte par lequel le
parlement de Paris homologue les lettres par lesquelles, le
3 novembre 1540, le roi avait émancipé Guy XVII (A. N.,
X** 4912, 52).
Du jeudi, second jour de décembre, l'an mil cinq cens
quarente — Maine. J. Hennequin, conseiller lay plus ancien
en réception, président en l'absence des quatre.
Sur les lectres patentes du Roy, données à Paris le IIP jour
de novembre dernier passé, signées : par le Roy, Bayard,
par lesquelles et pour les causes y contenues cedit seigneur
a voulu et luy plaist que Guy, à présent conte de Laval, ayt
à présent et doresnavant l'administration, entremise et
gouvernement de tous et chacuns ses biens, nonobstant qu'il
n'ait encores actaint pour ce faire l'aage que luy est requis
avoir par les coustumes des lieux où sesdits biens sont situez
et assis, dont il l'a dispensé et dispence par sesdictes lectres,
et icelluy mis hors de bail, garde et tutelle, de grâce espécial,
en deschargeant les sieurs de Montmorency et de Chasteau-
briand de la charge et administration, qu'ilz en ont eue
jusques à présent : de laquelle touteffois ilz seront tenuz rendre
bon et loyal compte, selon et en ensuivant le contenu ei. les
lectres de création, parde\ant ceulx qui à ce par luy seront
commis et députez ; icelles lectres judiciairement leues.
Après que de Thou, advocat dudit sieur et conte de Laval,
présent en personne, a dict que lesdits sieurs de Montmorency,
connestable de France, et Chasteaubriand avoient par cy
devant, suivant la disposition testamentaire et ordonnance de
Digitized by
Google
- 6Ô -
dernière volunté du feu conle de Laval, esté éleuz tuteurs et
curateurs aux personne et biens dudit à présent conte de
Laval, ce que flepuis par lectres patentes du Roy auroit esté
ratiffîé et approuvé, suyvant lesquelles et ladite ordonnance
de disposition testamentaire, ilz avoient administré ladite
tutelle et curatelle jusques à présent, que ledit seigneur par
lectres présentement leues, auroit mis ledit conte de Laval
hors de bail, garde et tutelle, parquoy, suyvant icelles lectres
et en les entérinant, requéroit ledit conte de Laval estre
déclairé usant et joïssant de ses droictz et l'administration de
ses biens à luy permise, comme suffisamment ydoine et
capable, selon la certification que présentement en seroit
faicte par les gentilzhommes présens, et, en ce faisant,
fussent lesdicts seigneurs connestable et Chasteaubriant
deschargez des tutelle et curatelle dessusdites et, après
aussi que ledit seigneur de Laval présent, comme dict est,
a affermé par serment soUemnel que en février prochain il
actaindra le XIX® an de son aage, et que maistres Olyvier de
la Pommeraye, doyen de Sainct Tugal de Laval, Guillaume
Lateranus, abbé de Bon Repos Smessire Loys de Rabodanges,
chevalier, et Françoys de Garches, escuyer, par serment
sollen nel par eulx faict, ont semblablement et respective-
ment affermé que ledit seigneur et conte de Laval, qu'ilz
congnoissent de sa jeunesse et naissance, entrera xiiii* jour
de février prochain au dix neufiesme an de son aage, et que
néantmoins pour sa jeunesse, il estoit assez saige, capable
et suffisant pour avoir l'administration de ses biens, et
pensent qu'il les gouvernera très bien.
La Court, en entérinant les lectres patentes du Roy pré-
sentement loues, a deschargé et descharge les seigneurs de
Montmorency et Chasteaubriand de la tutelle, curatelle et
1. Guillaume du Côté, abbé de Bonrepos de 1537 à 1562.
Ce Guillaume avait été le précepteur de Guy XVIL Nicolas
Bourbon dans ses Nugœ (V, n*> 31) a publié une pièce latine ad
Gui. Lateranum, virum doctissimum ^acerdotio recens auctum:
Dicite lo Musœ vester Lateranus opimam...
Dans une épilre datée de Lyon, l^»* octobre 1538, et adressée à
Henri de Foix il mentionne : nobiHssimum virum adolescentem
dominum Vidonem Lavallum, fratrem tuum, ejusque preceptorem
Gui. Lateranum, veterem amicun meum (Nicolai Bornonii Nuga-
rum libri octo, Lugduni, 1538).
Digitized by
Google
— 69 —
administration des personne et biens que ilz ont eue dudit
conte de Laval, en rendant par eulx bon et loyal compte,
selon et en ensuyvant le contenu es lectres de création
d'icelle tutelle et curatelle, pardevant qui il appartiendra et
sera par le Roy ordonné ; et, en ce faisatit, a commis et com-
mect ladite court audit conte de Laval, dès à présent et pour
l'advenir, l'administration, entremise et gouvernement de
tous et chacuns ses biens, selon et en ensuyvant la forme et
teneur des dictes lectres.
Appel pour le procureur général du Roy : a protesté de
contrarier à la qualité de parlement de Bretaigne mise et
apposée èsdictes lectres présentement leues, et requis acte
de sadite protestation.
Ladicte court a ordonné et ordonne que ledit procureur
général aura acte de sadite protestation.
2473. — 1540, 4 décembre, Fontainebleau. — Hommage
au roi par Guy XVII, pour Radepont, Pont-Saint- Pierre et
le Bourg-Beaudoin, mouvant du duché de Normandie
(Original, A. N., P. 265*, 1501).
2474. — 1540, 4 décem.bre, Fontainebleau. — Hommage
de Guy XVII, au Roi pour les seigneuries d'Orval et des
Bruyères, mouvant d'Aiaay-le-Château, d'Epineuil, mouvant
d'Hérisson, et pour Châteaumeillant, mouvant d'Issoudun
(original, A. N., P 16,6050).
2475. — 1540, 4 décembre, Fontainebleau. — Hommage
de Guy XVII au Roi pour la vicomte de Saint-Florentin, et
les châtellenies d'Ervy le Châtel, Dannemoine, Séant-en-
Othe *, mouvant de la grosse tour de Troyes et échues à Guy
XVII et à Claude de Foix par suite du décès d'Henri de Foix
(Original, A. N., P 166*, 2132).
2476. — 1540, 4 décembre, Fontainebleau. — Hommage
de Guy XVII au Roi pour le comté de Laval (Original, A.
N., P351, 45).
2477. —vers 1540. — Entrée de Guy XVII et de Claude
de Foix à Laval (Imprimé, BourjoUy, I, 392, d'après Charles
Marest).
1. Aujourd'hui Bérulles (Aube).
Digitized by
Google
— 70 —
2478. — 1540, V. s., 5 janvier, — Mariage de Louis de
Sainte-Maure, comte de Joigny, avec Renée de Rieux (Note du
P. Anselme, V. 13).
2479. — 1540, V. s., 19 janvier, Maillé.— Naissance de
Ciabrielle de Laval-Maillé, qui devait épouser un jour François-
Aux-Epaules, seigneur de Pisy [Note, Dictionnaire d'Indre^
et'Loire^ IV, 131, et du Chesne, histoire^dii).
2480. — 1540, V. s., 15 février: Paris. — Lettre écrite par
Guy XVII à Menault de Martory (B. N., françaitty 3212, 31).
A monsieur mon compère, monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, Pyennes, présent porteur, que
j'ay nourry, m'a dict qu'il désire faire et construire quelque
maison, me priant luy faire don de douze piedz d'arbres au
boys du Bouté : et parce que je le vouldrois bien gratiffier
en plus grant chose que cela, je vous pry, monsieur mon
compère, luy faire bailler et délivrer lesdits douze piedz
d'arbres ; et vous me ferez bien grant plaisir.
Priant Dieu, monsieur mon compère, vous donner bonne
et longue vie.
A Paris, le xv^ jour de febvrier.
Vostre antièrement bon compère et ami : Guy de Laval.
2481. — 1540, V. s., 8 mars, IHois. — Lettre de Guy XVII
à Menault de Martory {Original^ B. N., français^ 3212, 32).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans,
Monsieur mon compère, oultre ce que vous ay escript, je
vous veulx bien supplier de me faire ce plaisir que de me
prester quatre cens escuz solz, dont vous envoyé asseurance,
et faisant promesse de les vous rendre si tost que monsieur
de Naupernes sera arrivé, ou bien vous feray ordonnance
de ladite somme sur le trésorier Sébastien David, et ainsi
que vous adviserez ; vous asseurant que ne me sçauriez faire
plus grand plaisir que en cet endroit, où supplieray Dieu
vous donner, monsieur mon compère, en santé très bonne et
très longue vie.
A Bloys, ce viii* jour de mars, Tan MDXL.
Ung sommelier de monsieur d'Orléans m'a présenté une
requeste que vous envoyé pour y pourveoir, ainsi que adviserez
de faire.
Digitized by
Google
- 71 -.
Vostre antièrement bon compère et myleur amy.
Guy de Laval.
2482. — 1540, V. s., 11 mars, Blois. — Lettre écrite par
Guy XVII, à Menault deMartory (B. N., français, 3212, 36).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, je suis déplaisant de ce que le
porteur ne s'en va expédié avant mon parlement, et aussi de
ce que je n'ay eu de voz nouvelles ; mais je laisse Jhérosme
icy pour en entendre, et aussi pour parachever lexpédicion
des hommaiges que j'ay faictz au roy des terres que je tiens
de luy à cause de ma femme*, qu'il vous plaira envoyer audit
Jhérosme affin qu'il me vienne incontinant trouver en Bretai-
gne de là où je vous escripray des myennes. J'espère que
m'en ferez bien au long entendre par mon secrétaire de
Thou, qui me fera très grant plaisir.
Et cependant, monsieur mon compère, je ne vous feray
aultre recommandation de mes affaires pour la seureté que
j'ay : les aurez en aussi bonne recommandation que les vos-
tres.
Et, pource que ledit porteur vous dira toutes nouvelles,
feray fin, priant Dieu, monsieur mon compère, vous donner
très bonne et longue vye, après m'estre recommandé très
affectueusement à vostre bonne grâce.
A Bloys, ce xi« jour de mars.
Vostre antièrement bon compère et milleur amy.
Guy de Laval.
2483. — 1541, 5 mai, Bois-Dauphin. — Lettre écrite par
de Thou à Menault de Martory, (B. N .français, 3212, 94).
A monsieur monsieur de Coserans.
Monsieur, monsieur de Sainct Polquè a charge de
monsieur de Laval de vous aller veoir pour vous faire
entendre de ses nouvelles et la bonne voullunté qu'il a en
vostre endroict, à laquelle pensez que bien amplement an
serez faict certaing par le dict sieur de Sainct Polquè que
trouverez bien de vos amys.
1. L'original est aux Archives nationales. (Voir numéros 2474
et 2475).
Digitized by
Google
— 72 —
Ne vous en feray plus long discours de lettres. Monsieur
de Bonrepos * et moy accompagnons monsieur de Bois-
Dauphin par les terres de Madamoiselle à la réception des
hommages, où nous séjournerons environs troys moys ou
plus, qui sera l'endroict où suppliray Dieu vous donner,
monseigneur, en santé très bonne et très longue vye.
A Bois-Dauphin, ce v* mars.
Vostre très-humble et très obéissant serviteur. De Thou.
3484. — 1541, 13 mai, Chantilly. — Lettre écrite par le
connétable de Montmorency à Menault de Martory (Original,
B. N., français, 3212, 13).
Monsieur de Conserans, monsieur de Laval, mon nepveu,
vous envoyé monsieur de Sainct-Polquès par lequel il vous
escript, pour dilligenter les comptes, que monsieur de Chas-
teaubriant et vous, avez à rendre. Je voue prye vouloir
donner ordre, que le plus tôt que vous pourrez, cela se
puisse dépescher, de quoy j'ay tousjours congneu que vous
y avez si bonne en vye, que cela me faict vous pryer encores
une fois y vouloir tenir la main, comme vous entendrez plus
au long par monsieur de Saint Polquès.
Vous asseurant, que en tous les endroicts là où je vous
pourray faire plaisir et en ce que me vouldrez employer, me
trouverez.
De Chantilly, Je xiii" jour de may.
Vostre byen bon amy : Montmorency.
2485. - 1541, 15 mai. — Aveu à René do Laval par Jacques
de Grandmesnil pour le Grand-Parc (A. N. T 105l", 343).
3486. — 1541, 11 juin. — Lettre de François de la Tré-
moïlle à Anne de Laval, sa mère (Imprimé, In\>entaire de
François de Lai^al, p. 168).
A madame à Craon.
Madame, je suis bien marry que n'é eu le moyen de vous
faire sçavoiyer plutôt de mes nouvelles, et sont telles que
1. Ce monsieur de Bonrepos est évidemment Guillaume Late-
ranus (du Côtéj, abbé de Bonrepos el ancien précepteur de
Guy XVII, qui, le 2 décembre 1540, avait pris place au nombre
des personnes qui accompagnaient Guy X Vil lors de sa mise hors
de tutelle.
Digitized by
Google
— 73 —
l'Empereur passit devent Marselles avecques cincquante sept
gallères, ung jour devent que y arivisions, et s'en alla droyt
à Gènes, là où il feut mal reculi, et s'en retourne droyt en
Onjçrie, pour donner secours à son frère, là où le Turc
a mys sur terre quatre cent mile homme pour défayre le
roy de Ongrie et le roy de Tunes, lequel s'en vat fouyr droyt
à Gènes. Et sommes ycy en atendant tous les jours des
nouvelles du Turc et aussy d'ung gentilhomme, lequel mon-
sieur d'Enghien a envoyé vers le Roy.
Madame, aultre chose ne sçay sinon que sommes ycy à
grand frès et myse, et n'avons pas beocup d'argent, vous
suppliant très humblement avoyer pitié de nous. Quant au
reste, monsieur d'Engueyn me fayct bonne chère et nou»
alons ausy tou les jours sur la mer pour nous aguéry et
faysons, Dieu mercy, la plus grand chère de quoy nous
povons avisé.
Icy faisant fin, faysant mes très humbles recommandations
à vostre bonne grâce et suppliant le Créateur vous donner
santé très bonne et longue vie.
Le XI* de jung.
Vostre très humble et obéyssant filz : F. de la TrÉMoïLLE.
2487. — 1541, 11 juin. — Aveu rendu par François de
Laval, abbé de Paimpont, pour le temporel de son abbaye
(Arch. de la Loire-Inférieure, B. 791).
2488. — 1541, 23 juin, Châtelleraud. — Lettres par les-
quelles le dauphin Henri, duc de Bretagne, prescrit à Jean
de Laval-Châteaubriant de convoquer le ban et l'arrière ban
pour faire montre le 15 sepj^mbre (Imprimé, dom Morice,
III, 1043).
2489. — 1541, 29 juin, Châteaubriant. — Ordonnance par
laquelle, en exécution des lettres du Roi du 10 mars 1541 et
de celles du Dauphin du 23 juin 1541, Jean de Chât(!aubriant
convoque le ban et l'arrière ban de la Bretagne pour le 15
septembre (Imprimé, dom Morice, III, 1043).
2490. — 1541, 10 juillet, Machecoul. — Lettres par les-
quelles Jean de Laval-Chàteaubriant commet Bertrand de
Pleguen pour faire le 15 septembre à Rennes la montre du
ban et de l'arrière ban de l'évéché (Imprimé, dom Morice, III,
1044).
Digitized by
Google
— 74 —
3491. — 1541, 3 octobre. — Enquête faite par Jean
d'Argentré, prieur de Saint-Nicolas de Vitré, sur ses droits à
la dîme du pain consommé par la maison du comte de Laval,
lors de ses séjours à Vilré ' (Archives de Saint-Nicolas, com-
muniqué par M. P. de Farcy).
L'information laite par vénérable et discret messire Jehan
d'Argentré, prieur et administrateur du prieuré et maison
Dieu de Saint-Nycollas de Vitré, a prouvé que les prédéces-
seurs dudit prieuré furent en possession et eurent jouissance
du vivant de feu Monseigneur, que Dieu a rappelle, de la dîme
du pain despencé par mon dit sieur et par leur famille dans
leur seigneurie de Vitré suyvant expédition présentée par
lui à Monseigneur et à son conseil ; la dite information faite
par nous Jaques Duhoux, juge ordinaire de la cour de Vitré :
en nostre compaignie appelé Jehan Audrain, le ii« jour d'oc-
tobre 1541.
Les témoins cités par le prieur pour prouver qu'il est à leur
connaissance et à leur souvenance que du temps des prieurs
le Tartreux, Jehan du Boschet de Fr. d'Aussais la dîme du
pain consommé par les sieurs de Vitré était recueilli par
l'hôpital Saint-Nicolas sont :
Jehan Poullet, demeurant au Raschapt, aagé de 60 anp,
tesmoign juré par serment.
RaouUet Rioul, demeurant sur la chaussée de l'étang dudit
lieu de Vitré, aagé à son dire d'envir?n 48 ans, se rappelle
avoir vu un des serviteurs du prieur, un nommé Jauvin, qui
avait du pain blanc et de la miche en ses poches, et luy
avoir ouy dire que c'était le pain de la dîme de Monsei-
gneur et qu'il estoit allés quérir ledit pain au lieu des Rochers,
où demeuroit Monseigneur.
Pierre Thomyn, marchand, demeurant à la chaussée du
faubourg de ceste ville, 65 ans, recorde qu'il y a 50 ans il
veist maistre Robert de Grasmesnil joir de la dîme du pain
de Monseigneur, tant blanc que gros, lorsque Monseigneur
faisoit sa résidence à son château de Vitré ou de Chatillons,
1. Par cette enquête on apprend un détail curieux à noter, c'est
aue Guy XVI, pendant ses séjours à Vitré habitait soit le château
e la ville, soit les Rochers, dont linstailatioa était complète au
point de permettre à la comtesse de Laval d'y faire ses couches.
Digitized by
Google
-- 75 ^
et les voyoit porter à Thopital par les serviteurs dudit admi-
nistrateur.
Pierre Tyrel, sieur de Gaulayrie, demeurant au Rachast,
67 ans, recorde qu'il y a environ 60 ans Robert de Gramesnil
envoyait quérir la dîme du pain blanc et pain gros de Mon-
seigneur, lorsque et chaque fois que Monseigneur faisoit rési-
dence à son chasteau de Vitré ; puis après lui F. Daussais.
Gillarette Lebuesne, demeurant au bourg Saint-Martin, 46
ans, recorde que du temps que Anthoine Chopin, son mari,
étoit fermier du four de Saint-Nichollae, Jehan du Boschet,
prieur, envoyoit aussi quérir la dîme du pain du chasteau.
Guillaume Lévesque, marchand, demeurant au Raschast,
52 ans, même déposition.
Maistre Guillaume LemarcMand, prieur de Saint- Yves pi es
Vitré, chanoine prébende en Féglise collégiale de la Magde
leine, 58 ans, même déposition.
Gauvain Guiéry, demeurant comme serviteur à la maison
de Saint-NichoUas, aagé de 60 ans, recorde qu'il y a dix
ouict ans et plus avoir esté du commandement de maistre
F. d'Aussais. Il estoit allé au chasteau quérir la dîme
du pain, qui lui estoit baillée par les pannetiers de ladite
maison, et il y quérit chascun jours, durant que mondit feu
sieur et madame se tinrent au lieu et manoir des Rochers,
auquel lieu madame accoucha d'enfant et partant alla audit
lieu des Rochers quérir la dixme du pain qui lui estoit baillée
par les pannetiers et l'apportait à Saint-Nicholas.
Maistre Jean Foucre*, chynoine prébende en l'église collé-
gialle de la Magdeleine, prieur de Brielles, demeurant à Vitré,
âgé de 34 ans, expose que depuis 20 ans derniers il a esté par
un long espace de temps serviteur et des familiers de défunt
Monseigneur dernier décédé, que Dieu apelle, et que durant
cestuy temps par plus de 10 ans plusieurs jours, et durant le
temps que mondict défunt sieur et madame faisoient leur
résidence au chasteau, il a veu les serviteurs et domestiques
de défunt maistre F. d'Aussais quérir la dixme du pain qui
estoit despendu en la maison de Monseigneur, quelle dixme
1. Ce Jean Foucre est bien ceH^inement le donataire de la
curieuse paix en ivoire, qui» sous le numéro 153, a été publiée
ici en photogravure.
Digitized by
Google
— 76 --
leurs estoit baillée par les pannetîers et portée à Saint-Nicolas.
Et dit ce tesmoign avoir esté pendant la vie de Monseigneur
au bureau qui contenoit par chascune sepmaine que les
pannetiers contoint le nombre de pains qui avoient esté des-
pensés la sepmaine en ladite maison et depuis il y a tant de
pains comprins la dixme qui a esté baillée à Saint-Nicholas,
qui estoit advoué ou compté en présence de mondit sieur et
ne veist jamais refuser les serviteurs dudit administrateur
de la dite dixme qu'elle ne leur fut baillée sans nul refus.
Pierre Renard, boulangier demeurant au Bourg aux
moines, asgé de 45 ans. Il y a moins 14 ou 15 ans que ledit
Renard print à ferme pour le temps de deux ans de F. d'Aus-
sais, prieur de Saint-Nicholas, le four à ban de ceste ville, qui
est dans les appartements du prteuré et maison Dieu par don
que en ont fait à ladite maison Dieu messeigneurs les prédé-
cesseurs de Monseigneur, durant lesquels deux ans, ce parlant
dist que ledit administrateur jouissoit de la dixme dn pain.
Veist le témoign les boulangiers et pannetiers de mondit feu
sieur lesser audit four ladite dixme de pain et ce parlant la
bailloit audit administrateur, par les serviteurs qui la venoient
quérir ; et quand lesdits boulangiers et pannetiers de mondit
feu sieur portoient et faisoient porter le tout du pain qui
avoit esté cuist au four pour la maison de mondit sieur,
lesdits serviteurs de mondit sieur administrateur alloient
quérir icelle dixme au chasteau et leur estoit baillée pour
porter à Saint Nicholas. Jacques Duhoux. Audrain.
2492. — 1541, 18 novembre, Fontainebleau. — Lettres
patentes par lesquelles François I®*^ prie François de Laval
d'aviser à ce que le don gratuit de son évéché de Dol soit
soldé dès février 1542 (Imprimé, Marchegay, Lettres du
XVI^ siècle^ page 40).
A nostre amé et féal conseiller l'éi^esque de Dol, ou à
ses {ficaires.
De par le Roy,
Nostre amé et féal, pour autant que nos affaires requièrent
que nous soyons promptement secouruz de noz bons et
loyaux subjectz, afin d'obvier et résister aux entreprises que
nos voisins tauschent de faire sur nous ; à ceste cause
nous vous avons bien vouUu écrire la présente et par icelle
Digitized by
Google
— 11-
V0U9 advertir et prier très expressément que vous donnez or-
dre que la décime qui nous a été accordée en vostre diocèse
soit payée dedans le mois de février prochain venant.
En quoy faisant vous me ferez service très agréable.
Donné à Fontainebleau le xviii* jour de novembre
MV« XLI.
François Bayard.
2493. — 1541, 2 décembre, Châteaubriant. — Aveu rendu
au roi pour Beaumanoir par Jean de Laval [In extenso, B. N.,
français, 22342, 213).
2494. — 1541, 23 décembre, Rennes. — Lettre écrite par
Pierre Demareau à François de Laval, évéque de Dol, lui
rendant compte de diverses affaires (Imprimé, Marchegay,
Lettres du X Vh siècle, n*» 96).
2495. — 1541,25 décembre, Rennes. — Lettre par laquelle
Lignel rend compte à François de Laval, évéque de Dol, de
diverses affaires et lui donne quelques nouvelles (Imprimé,
Marchegay, Lettres du XV I^ siècle, n^ 97).
2496. — 1541. — Le recev3ur de l'H^tel-Dieu de Paris
encaisse quatre cents livres tournois à lui payées par René de
Laval Bois-Dauphin, en exécution du legs de Jean, son père,
fait au profit des pauvres de cet établissement (Documents
pour servir à V histoire des Hôpitaux de Paris, III, 273).
2497. — 1541. — Etat du procès entre les ducs de Nevers et
d'Etampes et Guy XVII au sujet de la succession d'Odet de
Foix (tableau in extenso, B. ^., français, 22342, 209).
2498. — 1541. — Vente par Jean de Laval au connétable
de Montmorency pour douze mille écus d'or de la Hardoui-
naie et Merdrinac (note, B. N., français, 22331, 243).
2499. - 1535-1547, 19 janvier, Laval. — Lettre de Claude
de Foix à Menault de Martory (B. N., français, 3212, 117).
A monsieur mon compère, monsieur de Conserans.
Monsieur mon conpère, je n'é vouUu léser aler ce laquays
sans vousescrire ceste lettre pour la congnoysance que j'é que
se vous sera plaisir d'entendre de ma santé : vous veux bien
advertir qu'elle est bien bonne, la grâce à Dieu ; vous priant
mender sy la vostre est parraille, car je vous aseure bien,
Digitized by
Google
— 78 —
monsieur mon conpère, que ne saryez escrire à personne du
monde quy le hay plus agréable que moy, pour la bonne amy-
lyé que je vous porte, quy sera à jamais celle que vous ay
dict autrefoy , m'y tenant oblirgée pour la bonne voulonté qu'a-
vez eu tousjoups de faire servyce à ma maison, vous priant y
continuer et je ne serez ygrante de le recongnoystre, sy j'é à
jamais puysance de vous faire plaisir d'osy bon ceur que me
voyrs recommandée à vostre bonne grâce.
Je prye Dieu, monsieur mon conpère, vous donner ce que
désiré.
A Laval, ce xviiii™* de janvyer, de celle que trouverez à
jamais, monsieur mon conpère,
Vostre bonne commère et parfaicte amye : Claude de Foy.
Je vous anvoye parce porteur une père de bracelet de ma
fason, pour voz estrenayne, vous priant les avoyr agréable
d'osy bon ceur comme je vous les donne.
2500. — 1535-1547, 26 janvier. Vitré. — Lettre écrite par
Claude de Foix à Menault de Martory (B. N,, français^ 3212,
115).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans.
Monsieur mon conpère, pource qu'yl n'y a longtant que je
n'é seu de voz nouvelle, vous ay bien voulu escrire ceste let-
tre pour vous pryez de m'en mander par ce porteur, et vous
me fairez bien grant plaisir, monsieur mon conpère.
Afin que pensez qui me souvien de vous, je vous envoyé
ungne bourse, pour vos ettresne, vous priant l'avoyr agréa-
ble, car je suys marye qu'elle n'es plus belle.
Je ne veux failir à vous remercyé des cinquante escuz que
m'avez envoyé par mestre Jérôme, vous asurant que me fite
grant plaisir, car j'en n'avoye bien afaire, car je suys fort
dégarnie d'argent.
Monsieur mon conpère, pource que suys seure que serez
bien aysze d'entendre de ma santé, voux veux bien advertyr
qu'elle est bonne, la grâce à Dieu, lequel je prye vous donner
ce que désirez.
A Vitré, ce xxvi"* de janvyer.
Je vous prye d'avoyr agréable, monsieur mon compère,
mes recommandantcion de bien bon ceur à vous ; je m'estés
oblié de les faire en la lettre.
Digitized by
Google
— 79 -
Vostre bonne commère etparfaicte amye: Claude de Foix.
2501. — 1535-1547,10 mars, Laval. — Lettre écrite par
Claude de Foix à Menault de Martory (autographe, B. N..
français^ 3212, 110).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conzerans à
Coulomyers,
Monsieur mon conpère, je me suys avizée de vous escrire
par ce porteur pour vous pryez de me mander de voz nou-
velle par luy, comme à celle quy les désire autans bonne quy
les poncyble, ayant tou8Jourscongnoysa[n]ce de la bonne vou-
lonté qu'avez de me faire servyce que vous prye contynuer,
car je vousasure que ne fuste jamais tans aymez de inessieurs
mes predyseseurs comme vous este de moy, et serez toute
vostre vye, vous pryant ensin le croyre et que serez du nonbre
de voz milleure amye et plus afecionée.
Monsieur mon conpère, je rroyt qu'avez bien entendu
comme la fille du général d'A.pesleguy est maryé avesque
ung de gentybomme de Monsieur ; de quoyt son père est bien
mary. Je ne veux pas dire quy n'es raison, mais, puysque ses
faict et que sadicte fille en porte une peynne sy grande pour
la desobéysance qu'elle luy a faicte, y me semble qu'y feroyt
bien de luy pardonner et de la remaistre à sa bonne grâce, et
comme celuy quy an a puysance. Je bien voulu vous en n'es-
crire pour vous pryer,vu toute l'amytyéque me porter, d'estre
moyen qu'y luy pardonne, et sy me faicte ce plaisir, je vous
asure que je le recongnoystrerez en l'endroyt où me vousdrez
enployez, et sy ne me saryez faire plus grant plaisir que ne
veux poinct qu'y panse l'avoyr perdue, car toute les foys qu'y
voudra luy commander de l'aler voyrs, et l'yra pour s'ofryr à
luy faire servyce. Je set bien que, pour l'amour de son père,
vous aviez bien bonne voulonté de luy faire des biens Je vous
prye d'autant que vous m'aymez que pour touz ce quy a estez
de ne la changer poinct et de luy pardonner ausy et quant
vous congnoytreryez bien son mary, y es sy sage et honneste,
vous arez ocasion de vous en contenter et son père ausy.
Et quant à ma santé, elle est bonne la grâce à Dieu, et se-
royt encore milleure sy non l'enuyt que je porte de la longue
demeure de Monsieur ; mais quant je bien considérez, y faut
Digitized by
Google
-ÔÔ-
se contenter de ce quy plaist à Dieu, quy est Tendroyi où je
me recommanderez à vostre bonne grâce.
Je prye Dieu, monsieur mon conpère, vous donner ce que
désirez.
A Laval, ce x"»de mars, de celle que trouverez pour jamais
Vostre bonne commère et parfaicte amye :
Claudb de Foix.
Monsieur mon conpère, je croyt que vous panser bien que
je ne suys guère garnye d'argent pour ceste heure, quy me
faict vous pryez de m'en navoyez, comme vous avez à conti-
nuer, et vous me fairez bien grant plaisir, car j'an é bien
afaire.
2502. - 1535-1547, 28 mars, Ville-au-Chef-en-
Rosay. — Lettre adressée par Guy XVII à Menault de Mar-
tory (B. N., français, 3212, 37).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, j'ay esté très ayse d'avoir entendu
de voz nouvelles, tant par les lettres que m'avez escriptes du
xiiii de ce mois que par mon secrétaire de Thou, que m'a
fait certain de la bonne volonté que avez de vous employer à
me faire plaisir en mes affaires, à quoy vous prie (mais c'est
très affectueusement) d'y continuer comme avez fait par cy
devant, et vous me rendrez de plus en plus obligé conltre les
obligations passées à le recongnoistre, vous mercyant des
quatre cens escuz que m'avez prestez, lesquelz, sans aucune
faulte, vous renvoyray si tost que seray à Laval, qui pourra
estre environ les Pasques ou plus tost avec l'ayde de Dieu,
lequel veois supplier vous donner, monsieur mon compère, en
santé très bonne et très longue vie.
A Villanché, ce xxviii™* jour de mars.
Vostre antièrement bon compère et milleur amy.
Guy de Laval.
2503. - 1535-1547, 4 avril, Etampes. — Lettre écrite par
Claude de Foix à Menault de Martory (Original, B. N.,/ra/i-
çais, 3212, 112).
A monsieur mon conpère^ monsieur de Conzerans,
Monsieur mon conpère, monsieur d'Estempes et moy vous
anvoyons Lechène, présent porteur, afin de vous advertyr
Digitized by
Google
-éi-
comme nous serons dens six ou sept jours à Parys et pource
que n'y voulions longuement demeurez, il vous prye par sa
lettre et moy ausy que nous trouvons toutes les affaires où il
les besoing maistre ordre toute preste de se faire, et ausy que
les conte de mes trésoriez, tans celluy de Donzy que celluy
de Gascongne, soyt tous près à ouy, car je veut entendre aseu-
rément quel bienj'ay, afin de faire mon estât sur cellà.
Je ne vous manderez poinct de mes nouvelles, car se por-
teur vous en dyra se quy an est ; mais je vous fairez en cest
endroyt les recom.mandasion de bien bon ceur à vostre
bonne grâce de monsieur vostre bon filz, car il me Ta enfin
commander, et ausy quy vous eu escrit, synon Tasererance
qu'yl a de vous voyrs bien toulz
Je ne vous recommanderez poinct mes affaires, car je set
bien que, pour l'amytié que me portez, les avez asé en recom-
mandasion
Je suplye Dieu, monsieur mon conpère, vous donner, après
m'aistre recommandée bien fort à vostre Donne grâce, bonne
vye et longue.
A Estempes, ce m"' d'abvyp, de celle que trouverez pour
jamais, monsieur mon conpère,
Vostre bonne commère et plus seure amye,
Claude de Foix.
Je vous prye me faire faire ce que se porteur vous dyra ensin
que luy ay commander de faire, et vous me fairez bien grant
plaisir.
2504. — 1535-1547, 2 mai, Vitré. — Lettre écnte par
Claude de Foix à Anne de Laval, dame de la Trémoïlle (au-
tographe, archives de la Trémoïlle).
A Madame ma seur, Madame de la Trimoïlle.
Madame ma seur, j'ay heu vostre lettre par ce porteur et
vous mercye bien humblement de la peine et soing qu'il vous
a pieu prendre de vouUoir entendre de ma santé, laquelle est
bien bonne pour ceste heure, Dieu mercy, et désire qui vous
en soit de mesmes et demourer tousjours en vostre bonne
grâce, à laquelle je vous supplye estre humblement recom-
mandée. Madame ma seur,je ne sçay pour ceste heure chose
Digitized by
Google
- 82 —
de nouveau dijsrnc it? vous esoi ire, par qyoy feray fin â la
présente
Priant Dieu, madame ma seur. vims donner bonne vie et
longue.
De Vîlré, ce ii* de may.
Madame ma seur, je vous .suplve de m'avoir pour es[cusée]
SY cmiB lettre n'esl escrîte de mn maiti, car j'é sy grant, mal
de teste quy ne m'a pas cstt' jiouciljle de ce faire. Je ne veux
faîlir à vous rementevoyr h promesse que m'avez Taicte ;
cVstayt tjue d osy tout que je semvt ycy.que me feriez ce bien
de m'envoyez madarnoy selle nut Jiyepee pnur uïij,;: moysavec-
*|ui*s moy, quy me faict vuuj^ siqdyez de ht me tenyr et de me
mander quanl je la pourez Tenvoyez qnéry. et que ce soyt le
plus tous que pourez, et voub nu* faire/, bien grant honneur et
plaisir,
Vostre liumble et ob*U8sftute seur, Claude ûk Fojx.
2505. — 1545-1547, 10 mai, Vitré. — ï.ettre écrite par
Guy XVIU Menault de Martory (B. N*, françim, 3212* m),
A monsieur mon compère^ mD/imeur de Conseranë.
Monsieur mon compare, j ay recA-.n vuz lettres par Domi-
nique et entendu de luy ce que l'avez charffé me dire, qui
m'a esté très grant plaisir, et mesm^s de ee quMl vous a laissé
faisant Dieu tueroy b<jnne chère, et [source que fay chargé le
pou rieur vous dire des nouvelles de ma femme et de moy, et
que je partiré bien tost pour m'en aller à la trourt, de là où
vous escripray; ne vous feray plus longue lettre sinon vous
prier de me faire souvant entendre de vosî nouvelles et d avoir
touBJours en singulière recommandation mes affaires, et
eomme me fye de vous et que j'eusse esté très ïïhe de vous
avoir veu en ce pays aflin que eussiés cougneu par effeet le
déf^ir et affection que j'ay de vous faire bonne ch;^re*
Priant Dieu, monsieur mon compère, vous donner avec
santé très bomie et longue vîi\
De Vitré, le x de may»
Je vous [jrie fayre bailler quarante cbcus à ce porleur pour
les bailler a ung armurier pour ung harnoia que j'é faiel
d(uvr v{ tèles vous rarïderé,
Viistrc anlièremmit btui compère et umy à Jamais : dut hk
Lavai,»
Digitized by
Google
2506. — 1535-1547, 13 mai, Paris. — Lettre écrite par
Claude de Foix à Menault de Martory (B. N., français
3212, 107).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conzerans.
Monsieur mon conpère. voyant que ne venez poinct en
ceste ville comme m'avyez prommys me faict vous escrire
ceste lettre pour vous advertyr que le roy a commander à
monsieur de Laval de me menez dens troys ou quatre jour à
Fonteneblou, ce qu'yl a délibérez faire, et pource que d'avans
que j'aille y me faudra acheter beaucout de besonne quy me
sons nésesere, et ne se où je doyt prandre de Targent pour
les achetert, synon vous pryez, comme à setuy là que j'estyme
l'un de mes milleurs amys, m'en voulloyr bailler jusque à
deux cens escuz, car je vous prommet ma foy, monsieur mon
conpère, que j'en suys à la plus grant nesesyter que j'en feu
jamais. car je n'é pas ungseulx lyar pour acheter des espeygne,
et, sy vous !»avyez bien comme j'en suys, vous aryez pytyez
de moy, voyant que j'é tans de bien et sy n'é pas ung soulz,
vous ne saryez croyre l'ennuyt que j'an prans de me voyrs
ensin et me penser de sy bonne maison. Je le vous mande
pryvément, mais je vous prye d'autant que vous m'aymez de
brûler ceste lettre après l'avoyrt veue, et ne dicte à personne
du monde rien de touz ce que vous escrit, car sy monsieur de
Laval l'antendoyt. je suys seure quy ne m'émayrez jamais,
car y saroit bien que cella seroyt venu de moy Personne ne
set que je vous envoyé ce laquays, parquoyt je vous prye le
dépécher ycontynant, et ne craynez poinct à luy baillez
l'argent que vous demande, et sy vous ne povez luy baillez
le touz, baillez luy tans que vous pourrez, car y ne faudra
poinct de me l'aporter, car y es seurs, et j'aroys peur sy vous
m'envoyez ung de voz gens que non s'en douta.
Vous me manderez par ce porteur de vostre santé ; pour
vous dire de la myene, elle est bonne, la grâce à Dieu, que je
prye, monsieur mon conpère, après m'aistre recommander
à vostre bonne grâce, vous donnert ce que désirez.
A Parys, ce xiii°*« de may.
De celle que trouverez pour jamais vostre bonne
commère et parfaicte amye, Claude de Foix
Digitized by
Google
-~ Ô4 -
2507. — 1535-1547, 4 juin, Châtellerault. - Lettre de
Guy XVII à Menault de Martoiy (original, B. N., français^
3212, 40).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans,
Monsieur mon compère, j'envoye mon barbier en dilligence
pour recouvrer ung harnois que j'ay à Paris. Je vous prie, se
il luy fault plus d'argent que ne Juy en ay baillé, de luy
fournir le surplus, et je le vous rendray ; et ce faisant me
ferez autant de plaisir que de chose dont vous sçaurois
requérir ; et aussi que Taflaire me presse pource que le
tournoy se fera de brief.
Priant Dieu, vous donner, monsieur mon compère, ce que
plus désirez.
A Chastellerault, ce quatriesme juing.
Vostre antièrement bon compère et amy, Guy de Laval.
2508. - 1535-1547, 15 juin, Châtellerault. — Lettre de
Guy XVII à Menault de Martory (original, B. N., français.
3212, 41).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans,
Monsieur mon compère, pource que je désire donner ordre
à mes affaires, sçavoir et entendre le fons de mes deniers
pour après myeulx dresser Testât de ma maison, j'ay mandé
monsieur de Naupernes, lequel est arrivé en ce lieu y a troys
jours pour rendre compte de sa recepte, et ay escript au
trésorier de Champaigne pour en. semblable venir rendre
compte de sa charge, et avons advisé, ledit sieur de Naupernes
et moy, le temps pour ce faire : que ce sera à Paris le sixiesme
jour de juillet prochain, où ne feray faulte de me y trouver.
Je vous prye, mais c'est très affectueusement, de faire tant
pour moy que de y venir et vous trouver audit temps pour en
toutes mes affaires, dont nous adviserons ensemblement, me
conduire et reigler selon vostre advis et conseil, et escripre
audit trésorier de Champaigne de vostre part de ne fallir à
venir audit Paris, prest de rendre sondit compte, et aussi
d'advertir et faire en'endre la présente à monsieur le général
d'Apesteguy, de se trouver en la compagnye qui sera pour
Taudition des deux comptes ; et ce faisant me ferez autant de
plaisir que de chose dons vous sauroys requérir.
Digitized by
Google
- 85 -
Priant Dieu vous donner, monsieur mon compère, en santé
très bonne et très longue vye.
A Chastelheraald, ce xv"' juing.
Vostre entièrement bon compère et amy, Guy de Laval.
2509. — 1535-1547, 15 juin, Laval. — Lettre écrite par
Claude de Foix à Anne de Laval, dame de la TrémoïUe
(Archives de la Trémoïlle).
A madame ma seur^ madame de la Trémoïlle.
Madame ma seur, suivant la charge que monsieur de Laval
m'a donnée à son départ, je vous envoyé quatre pièces de vin
de Ga?cougne, pour en faire ung essay à ce que si le trouvez
propre pour votre boyte, vous y renvoyez comme personne
qui a bi3n toute puissance es choses qui sont à mon dit
seigneur de Laval et moy. Et vous prye, madame m \ seur, de
ainsi le vouloir voyre et me tenir en vostre bonne grâce pour
humblement recommandé.
Et supplie Dieu vous donner en santé plus que bien bonne
et longue vye.
A Laval, ce xv"« de juing.
Madame ma seur, je vous supplie d'avoir pour recommandé
le beau frère du contreroUeur de la despense de monsieur
vostre frère pour l'office de procureur en vostre seigneurie de
Craon, suivant la promesse que luy en avez faicte.
Vostre humble et obéysante seur, Claudb de Foix.
2510. — 1535- 1547, 16 juillet, Longjumeau — Lettre de
Guy XVII à Menault de Martory (original, B. N., français^
3212, 43).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans,
Monsieur mon compère, j'ay entendu en ce lieu, du secrec-
taire Jhérosme, présent pourteur, les bons et honnestes
propos que luy avez tenu pour mon bien, honneur et advan-
cement, dont je ne veux oblier à vous en remercier très
affectueusement, mesmes de la volunté que me pourter, vous
priant, sur tous les plaisirs, comme désirez faire, de prive-
ment m'escripre et faire entendre la vérité ce qui me fauldra
faire, et il n'y aura faulte que je ne le face sans aucune
variation comme j'ay commandé audit Jhérosme vous dire de
Digitized by
Google
-^se-
ma part, ensemble de regarder ce que je pourray faire pour
vous, et je le feray comme pour moy ; et aussi ne prendre à
desplaisir si je vous employé quelque foyz en mes affaires pour
la seureté que j*ay : elles ne sauroient tomber en si bonnes
^ mains que les vostres ne mieulx expédiées, qui esi tout ce que
je vous puis dire, fors que je partiré demain matin pour aller
veoir ma femme, à laquelle je vous pry escripre de voz
nouvelles et de la volunté gue je luy pourte, qui est telle qu'il
seroit impossible de plus.
Priant Dieu, monsieur mon compère, vous donner très
bonne et longue vie, après m*estre recommandé de très bon
cueur à vostre bonne grâce.
A Longjumeau, ce xvi' juillet au soir.
Vostre antièrement bon compère etbonamy, Guy de Laval.
2511. — 1535-1547, 16 septembre. Vitré. — Lettre écrile
par Claude de Foix à Anne de Laval, ûame de la Trcmoïlle
(Archives de la Trémoïlle).
A madame ma seur^ madame de la Trymoille,
Madame ma seur, j'ay receu la lettre qu'il vous a pieu
m'escrire avecques le beau présant de fruictz que m'avez
envoyé par ce porteur, de quoy je vous mercye humblement.
Et quant à ma santé, madame ma seur, elle seroit, grâce à
Dieu, assez bonne, si non de mon reume qui me contynue
tousjours, toutesfoiz que j'espère à la venue de monsieur
vostre frère, que j'attens à demain, me trouver myeulx.
Je ne veulx oublier de vous mercyer principallement des
poix en gousse qu'il vous a pieu m'envoier.
Et sur cest endroit me voys humblement recommander à
vostre bonne grâce, suppliant le Créateur, madame ma seur,
vous donner très bonne et longue vie.
De Vitré, ce xvi* jour de septembre.
Je vous pry, madame ma seur, m'excuser, si ne vous escriz
de ma main, car j'ay mal en celle qui touche la plume, de
sorte que je ne la puis manyer.
Vostre humble et bien obéisante seur, Claude de Foix.
2512. — 1535-1547, 20 octobre, Laval. — Lettre écrite par
Claude de Foix à Menault de Martory (B. N., français,
3212, 119).
Digitized by
Google
— 87 -
.4 Monsieur mon compère^ Monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, j ay receu vostre lettre par ce por-
teur, lequel j'ay retenu jusques après la départye de madame
la marquise, ma nyepce, et de moy, pour vous faire entendre
si nous pourrions mettre accord au différend qui se pourroit
trouver entre nous deux, chose qui seroit beaucoup à nostre
repos et de plusieurs noz serviteurs et créanciers. Touteffoiz
nouî* n'avons peu aulcune chose conclure. Je vous envoyé les
articles que je voulloys accorder pour en avoir vostre oppi-
gnion ; et s'il se faict quelque chose cy-après, je le vous feray
sçavoir.
J'envoye à Duchesne, mon soliciteur, mes lettres patantes
deréunyon et révocation des choses alliennésen ma mynorité.
Je vous pry tenir la main qu'elles soient exécutées et publyées
sur mes terres par delà.
Au demeurant, je suys advertye que au revenu de la vigue-
rye d'Oloron vous avez commys ung homme qui prend le
tiltre de viguer et veult mectre la justice et droictz d'icelle
en revenu, chose, comme sçavez, qui n'est raisonnable, car en
ce faisant mes droictz se pourraient esgarer : parquoy je vous
pry pourveoir à cella. Et quant au tiltre de viguer, je y mec-
teray telle personne que vous me vouldrez nommer pour
exercer la justice et garder mes dicts droictz.
Je vous pry, monsieur mon compère, suyvant ce que je
vous ay par cy davant escript, faire mectre entre voz mains
mes lettres et tiltres de conséquence, qui sont, comme sçavez,
le thésor de ma maison, et qui ne doibvent demeurer par-
devers les advocatz, procureurs et soliciteurs, sinon quand il
[est] besoing les produire par extraictz.
Monsieur mon compère, je suys advertye comme puys peu
de temps, par la mort de l'un de voz parens, a vacqué une
prébende à Conserans, et troys ou quatre aultres béneffices
en vostre disposition. Je vous pry, autant que je puys, avoir
mon aulmosnier Sainct-Germain en bonne recommandation,
et en ma faveur luy en pourveoir de quelque ung, car je désire
luy recongnoistre tant de bons services qu'il me faict chascun
jour, et vous povez estre asseuré que je ne demeureray
ingratte en tous les endroictz où me vouldrez amployer.
Je m'atens de vous veoirs à Donzy et vous compter plus au
de long mes affaires. Et cependant j'ay donné charge au lieu-
Digitized by
Google
- 88 —
tenant de ceste viJle de vous en faire sçavoir souvent, cap je
vous asseure que c'est celluy par deczaqui myeulx les enlend
et en qui j'ay plus grande fiance.
Sur ce je me recommande à voslre bonne grâce, et pry
Dieu, monsieur mon compère, vous donner en santé ce que
désirez.
A Laval, le xx« octobre.
Vostre bonne commère et amye, Claude de Foix.
2513. 1535-1547, 22 octobre, Laval. — Lettre adressée
par Claude de Foix à Menault de Martory (B. N., français^
3212, 123).
A Monsieur mon compère^ Monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, combien que je soye loingde vous,
si en ay-je beaucoup meilleur souvenance que de nul autre,
comme la raison veult, car [un blanc) m'aviez donné à
congnoistre par effect, et de moy je veux faire le semblable,
en sorte que à jamais me trouverez, quelque chose qu'on vous
dye, preste à faire pour vous comme pour moy, ainsi que en
pourrez seurement estre asseuré par Monsieur et le porteur,
que je vous pry croire comme moy, et vous me ferez très
grant plaisir.
Priant Dieu, monsieur mon compère, vous donner avec
santé très bonne et longue vie.
A Laval, le xxii* jour d'octobre.
Vostre bonne commère et parfaicte amye, Claude de Foix.
2514. — 1535-1547, 15 décembre. Tours. — Lettre adres-
sée par Claude de Foix à Menault de Martory (B. N., fran-
çais. 3212, 124).
A Monsieur mon compère ^ Monsieur de Conzerans,
Monsieur mon compère, j'é reçu la lestre que vous m'avés
escripte par ce porteur, à laquelle je ne feré pour cete heure
ptus grande réponce que ce que vous antandrés par luy, et
osy pour l'espérance an quoy je suys de vous voir bien tout à
Monrond, auquel lieu je vous prie bien fort vouloir prandre
la poyne de venyr yncontynant après avoir receu celc lestre,
et là je vous feré anlandre plus amplement de mes afères.
Par quoy je vous prie ancore une fois, monsieur mon com-
Digitized by
Google
— 89 —
père, de me fère ce plesir, et de plus an plus je vous seré
tenue, me recommandant bien fort à vostre bonne grâce,
priant Dieu vous donner bonne et longue vie.
De Tours, ce xv de désanbre.
Vostre bonne commère et amye, Claude de Foix.
2515. — 1535-1547. — Lettre écrite par Claude de Foix à
Anne de Laval, dame de la TrémoïUe (autographe, archives
delaTrémoïUe).
A madame ma seur^ madame de la Trimoule,
Madame ma seur, receu hier bien mantin une lettre quy
vous a pied m'escrire et yncontinanl j'é dépécher vostre bar-
bier pour aler au devant de monsieur vostre frère, quy venoyt
ycy, avesque vostre lettre et une que je ly escrivoys pour le
suplye[r] très humblement de vous acorde[r] vostre demande,
ce quy faict, vous asuranl, madame ma seur, que n avoys que
faire de luy en faire requeste, cognoysant la bonne et grande
amytié quy vous porte et la bonne voulonté qu'yl a en vostre
endroyt ; et quant à moi, madame ma seur, je vous suplye de
croyre que n'avez jamais seur quy de milleur ceur vous fés
plaisir et servyce que moy et à tout ceux quy vous touche
vous.
Et pour ce que monsieur vostre frère vous escrit bien au
long de ses nouvelle[s], ne vous faire plus longue lettre,
sinon de vous dire que nous serons byen tout à Laval là où
nous vous pryrons nous faires ce bien et honneur de nous
venyrs voyrs.
Qui est l'endroyt, madame ma seur, où je pryray Dieu vous
donner bonne vye et longue, et à vous, madame ma seur, de
me tenyr en vostre bonne grâce humblement recommandée
de celle que trouverez à jamais.
Vostre humble et bien obéisante seur, Claude de Foix.
2516. — 1535-1547.— Lettre écrite par De ThouàMenault
de Martory (B. N., français, 3212, 91).
A monseigneur de Conserans.
Monseigneur, vous pouvez entendre par ce qT\e Monseigneur
de Laval vous escript, toutes nouvelles et remects le surplus
à vous dire, par ce porteur, pour lequel j'ay faict requeste à
Digitized by
Google
- 90 -
mondict seigneur de cpnt arpens, qui me fut accordée et
depuis a esté contrariée par les personnaiges, que vous nom-
mera cedict porteur. Toutesfois,je ne trouve les choses se
mal asseupées, que quant il vous plaira de faire tant pour
cedit porteur et son compagnon, vos serviteurs, d'en escripre
à mondict seigneur et autres personnaiges que l'affaire ne
succède selon leur désir, ou je tiendray la main comme pour
mon propre fait, vous asseurant, Monseigneur, que en toutes
choses qui se viendront à offrir pour vous, me trouverez à
jamais.
Vostre très humble et obéissant serviteur. De Thou.
2517. — 1541-1542, 22 septembre, Quintin. — lettre écrite
par Guy XVII à François de la TrémoïUe (Archives de la
Trémoïlle).
A monsieur mon frère ^ monsieur de la TrymoïUe,
Monsieur mon frère, j'ai receu voz lettres et entendu ce que
m^avez mandé, à quoy je ne puis satisfaire, veu le lieu où je
suis, dont je suis desplaisant, et quant je seray à Paris, je
donneray ordre à nostre conseil, en sorte que j'espère que
aurez occasion de bien vous contanter de moy, moyennant
Tayde du Créateur, auquel je supply, monsieur mon frère,
vous donner avec santé très bonne et longue vie.
A Quintin, le xxii* jour de septembre.
Le plus que tout vostre antièrement bon frère et amy,
Gur DE Laval.
2518. — 1541-1542, 22 septembre, Quintin. — Lettre
adressée par Guy XVII à Anne de Laval, dame de la Tré-
moïlle (Archives de la Trémoïlle).
A Madame ma seur, Madame de la Trymoîlle,
Madame ma seur, j'ay esté très aise d'avoir veu par ce que
m'avez escript et entendu des porteurs, que monsieur mon
frère, vous et mes nepveuz et nyepces soyez en très bonne
santé et prospérité et telle que je la désire pour moy, bien
desplaisant de ce que je ne suis en lieu commode pour advi-
ser à ce que m'avez mandé,' et n'y aura faulte que je ne face
tout ce qu'il me sera possible à vous contanter pour le désir
et affection que j'ay à vous complaire.
Digitized by
Google
— 91 —
Pryant Dieu, madame ma seur, vous donner très bonne et
longue vye.
A Quintin, le xxii* jour de septembre.
Le plus que tout vostre entièrement bon frère et amy,
Guy de Laval.
2519. — 1541, V. s., 26 janvier, Paris. — Lettres par lesquel-
les Anne de Laval, veuve de François de la Trémoïlle, reçoit
la mission de gouverner et administrer la personne et les biens
de Louise de Coëlivy, sa belle mère * (Imprimé par M. le duc
de la Trémoïlle dans Chartrier de Thouars^ p* 55)
2520. — 1541, V. s., 28 janvier, Thouars. — Note sur la nais-
sance de Jean de la Trémoïlle né posthume* (Cartulaire de
Chambon, p. 83).
Le 28 janvier 1541, Anne de Laval, veuve de François
de la Trémoïlle, accoucha d'un fils nommé Jehan. Parains
Jehan de Lévis, sieur de Mirepoix et..., et Jacqueline de la
Trémoïlle, aisnée fille de ladicte de Laval.
2521. — 1541, V. s. 6 février, Paris. — Lettre adressée par
Guy XVII à Menault de Martory. (B. N. français, 3212,28).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans
Monsieur mon compère, suivant ce que vous ay escript cy
davant, je vous envoyé mon secrétaire de Thou pour vous
prier de faire tant pour moy que de me faire advancer les de-
niers de la vente de quarante arpens de boys et les bailler à ce-
dit porteur, et vous me aurez fait plaisir à ung bien grand
besoinget, oultre que je sçay qu'avez le moyen de ce faire,
vous pourrez besongner avec les marchans en leur baillant
longue et raisonable couppe et vuydange qu'ilz vous feront
1. Il y avait longues années que l'état de Louise de Coëtivy
avait exigé sa mise en tutelle, car, dès le 22 octobre 1522. Fran-
çois de la Trémoïlle avait été nommé son curateur par aes let-
tres publiées par M. le duc de la Trémoïlle dans son Inventaire
de François de la Trémoïlle, *
2. Nous faisons subir à ce texte une double rectification : d'a-
bord, le nom de l'enfant né posthume était Jean et non Guy ; M.
le duc de la Trémoïlle l'a constaté dans un document qu'il ne pu-
blie pas (Inventaire de 1542, p 176) ; ensuite la date est non pas
25 janvier mais 28 janvier, car l'événement est mentionné au pro-
cès-verbal de l'Inventaire (p. 14).
Digitized by
Google
- 92 —
advance dcsdcnierfi. Je ne vous en feraj^ requeste d'adventai-
ge, me tenant asseurô que me vouldrez ayder à eeste uécea-
silé et bùsoîngf.
An demeurant, j*ay t^sté adverty de racquisition faicte par
monsieur de la Porte du fief du Ru. assis en Ib parroisec
d^Aulnoy, mouvant onplain tief^ foy et hoTiimaige de la sei-
gneurie de Colommiers. Je vous prie de vouloir donner le
Ijrouffit de fief, si tant est que vous n'en ayez dispo^ië, à mon
escuyer Carbosle, lequel j'ay asseuré en vostre endroit de cas-
te deniandeT et que je recongnoif^tray le !?emblal>le pour les
vostres quant de quelque chose me vouldrez employer, sup-
pliant Dieu, ruonsieurmon compère, vous donner ce queplutï
désirez.
A Paris, co VI"^" de lebvrier MDXLL
Munsîeur mon compère, depuis vous avair escript. j'ai re-
eeu vostre lettre suivant laquelle je vous prie de besan^ner
avec des marcbansausquelz vous pourrez bailler pris, traict*^
et vuydauge raisonablo pour faïre advauee de l'argent dont
je vous prie bien aiïeclueusement.
Quant au reste que m/éeripvez, j'en Fera y commun iequer
avec le général d'Apestuy. Pour plus amplement entendre
lafTaire je vous envoyé une lettre que j'ay receue de monsieur
de Châteaubrianl, qu'il vous eseript.
Vostre anticVeraenI b<m eompèreet amij Guy dh Laval»
2522. — 1541, V. s,, 24 mars, Maillé - Acte par lequel
Gilles de Laval, s^eigneur de MaïUë, confirme loue les dons
faits iï la collégiale de Maillé (Bibliothèque Sainte Geneviève,
ms. 1711).
2h2Z. — 1541, V, s,, 29 mars. Vitré.— Lettre adressée par
Guy XVll à Menault de Martory (B. N. français 3212, 29)
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans
Monsieur mon eompère, vouf5 s(;avez que je ne puisjotf
d'A^^pect pour les em|iesehcmeQHquem'y fontla damedeCan-
dalle, le conte de Carmaiug et la Ponimerede ; et, parce que-
Tii 'avez d ici que me feriez ce plaisir de meetre l'affaire en tel
eslatque j'en demourerois bit^n togt possesseur,et que le bail*
ly de Coulommyers et le contreroUeur du bois vuu& en au-
ront faict entendre ce qu'ilz en ont depuis seu^ je vous prye.
Digitized by
Google
-93-
monsieur mon compère, me adverlir bien au long de vostre
advis en ceste affaire, pour que je y pourvoie et de toutes
autres choses, avec de voz bonnes nouvelles et santé, que je
désire comme la myenne.
Au demourant, monsieur mon compère, envoyez-moy le
roolle de la coctisacion du layz testamentaire de feu monsieur
deLautrec, mon frère, auquel on aobmis mon secrétaire Mar-
chant, que je pensois y feust, comme la raison veult, car si
on voulloit que ce que je luy ay ordonné pour le rembourser
de la despense qu'il afaict, feust en déduction sur ce qu'il luy
peult appartenir, il y devoit estre mis, parce que n'y estant
sa part et colite tomberoitsur les nommez audit roolle et non
à mon proffîct ne au sien ; par quoy je vous prye qu'il y soit
mis et cotisé, car je sçay quefeu mondit frère l'entendoit ainsi
et le dit dès lors à mondit secrétaire qu'il en auroit sa part
et cotité.
PryantDieu, monsieur mon compère, vous donner très bon-
ne et longue vie.
A Vitré, le XXIX^jour de mars MDXLI.
Vostre antièrement bon compère et amy, Guy de Laval.
2524. — 1542, 25 avril. - Naissance de Jean de Laval,
comte de Maillé et de Joigny, marquis de Nesle (Note, Dic-
tionnaire cP Indre-et-Loire^ IV, 131, et du Chesne, His^
taire, 612).
2525. — 1542, avril. — Lettres d'Anne de Laval à Louis 111
de la Trémoïlle (Marchegay, Lettres du XVfi siècle^ n° 142).
A mon filz monsieur de la Trémoïlle,
Mon filz, j'ay veu les lettres que m'avez escriptes, tant
par vostre barbier que par le messagier Rochais, pour vous
envoyer argent, veu la grosse despence que vous faictes.
J'ay faict assembler nostre conseil et appeler le général,
lequel a monstre Testât faict et signé par nous deux, et dict
que scelon icelluy, il vous a fourny la somme de seize cens
livres pour deux mois, et pour le Iroisiesme mois qu'il reste
huict cens livres, qu'il vous envoyé ; et que de satisfaire
uultre n'est possible, veu mesmement que vous avez prins
l'argent des boys de Sully, chose que je trouve bien estrange,
d'autant que par ledit estât et la commission que avons
Digitized by
Google
-94-
baillée à monsieur de Presle il devoil envoyer l'argent audit
général pour satisfaire à l'ordonnance de feu monseigneur,
que vous estes bien tenu garder et observer ; veu aussi que
ne voulez ratiffier la ferme de Craon, au moyen de quoy
seroit impossible audit général satisfaire audit état et à
vostre despense qui est par trop excessive. Et si vous voulez
continuer, je serois contraincte, pour moy et mes aultres
enfans, demander ce qui nous appartient, car aultrement
nous ne pourrions vivre et acquiter noz debtes et Tâme de feu
mondit seigneur, et le tout s'en yroit en désordre et con-
fusion, qui viendroit à nostre grand deshonneur ; oultre ce
que je suys pressée tous les jours des bouchers et aultres
qui ont fourny pour la despence de céans, dont la debte se
monte plus de trois mile livres, ensemble du reste qui est
deu de la mise de l'obsecque de feu mondit seigneur, qui se
monte quatre mil livres ; et encores suys-je tous les jours
adjournée pour les aultres debtes de feu mondit seigneur.
A ceste cause, mandez moi ce que avez délibéré faire sur ce
tout ce que dessus. •
Quant à la vaisselle d'argent, on n'a sceu trouver moyen
d'y satisfaire, à cause principallement du retardement desdits
boys de Sully et ferme de Craon, et ne seroit honneste que
ceux qui s'en sont meslez en fussent en payne, aussi que
c'est frauder l'intencion de mondit seigneur, car vous sçavez
qu'il avoit baillé ladite vaisselle pour estre quitte de ce qu'il
devoit à monsieur de Maillé, et que en cest intencion il a
esté appelle à Dieu ; et ne vous sçaurait venir que tout
malheur de aller au contraire.
Madame de Busset ^ m'a escript qu'il est nécessaire que
vous faciez les hommaiges des terres de Berry : au Roy
pour celles dont l'hommage luy en est deu, aussi à monsieur
de Chasteauroux pour celles qui sont tenues de luy, s'il est
à la court, synon il fault que vous passiez procuracion pour
les luy faire ; ensemble à messieurs de Saint-Sulpice de
[Bourges], pour ce qui est tenu d'eulx et que vous y envoyez
aultrement les dommaiges et intérestz en tomberont sur
vous.
1. Louise de Valentinois, veuve de Louis II de la TrémoïUe
s'était, en 1530, remariée à Philippe de Bourbon-Busset.
Digitized by
Google
- 95 -
Le chastellain de Moniaîgu a adverty que vous faicies
expédier le don des rachapiz des terres de Bretagne, et qu'il
soyt emploie es lettres de Texpédicion dérogacion des
ordonnances et aultres choses contraires ; et qu'elles soyent
expédiées pour le tout, car l'on ne les expédierait aux comptes
de Bretaigne que pour la moictié.
En touchant les lettres qu'il a pieu à monseigneur le
Dauphin vous escrire, pour trouver les tiltres de la maison
de Bouloigne, je feray veoyr au trésor de céans et chercher
ce qui s'en pourra trouver, et vous en feray sçavoir par les
premiers.
Qui sera la fin, pour me recommander d'aussi bon cueur
à vous que je suplye le Créateur vous donner l'honneur et
bien que vous désire vostre bonne mère.
Anne de Laval.
Je ne me puys garder de vous dire que je trouve merveil-
leusement estrange que vous ayez, dez le premier mois,
commencé à faire si grant despence sans propos et contre
mon iutencion, et sans en estre besoing pour le service du
Roy ny de messeigneurs, mais seullement par les chemins,
pour vostre playsir, dont je crains le grant scandalle qui
en pourra advenir ; car ne devez doubter qu'il soyt celé au
Roy et ailleurs, dont vous ne serez que plus mal estimé ;
qui m'est grand ennuy, oultre ce que vous me donnez
occasion ne vous porter telle volunté que je vouldrois bien,
comme mère à mon enfant.
2526. — 1542, 18 mai. Vitré. - Vente par Guy XVII à
Tristan Dugué de partie du bois de Chevré (A. N., T 1051**,
208).
2527. — Vers 1542, un 18 mai, Saint-Germain-en-Laye.
— Lettre du sieur de la Benaislaye à Anne de Laval, afin de
lui faire connaître que le Roi refuse les exemptions d'arrière-
ban, mais promet d'intervenir entre elle et son fils aîné
(Imprimé, Lettres du XVI^ siècle, n^ 100).
2528. — 1542, 25 juin, Montsoreau. — Lettre adressée par
Anne de Laval-Loué épouse de Philippe de Chambes-Mont-
soreau à Anne de Laval, dame de la Trémoïlle (Archives de
TrémoïUe, Lettres des Montmorency, 46).
Digitized by
Google
- 96-
A madame^ Madame de la Trymoulle.
Madame, monsieur de Montsoreau s'en va où est le Roy, et
pour recouvrer argent, ilz a été contraint en prendre surung
lieu appelé la Jallet*, tenue de vous à cause de la Roched'Irez,
et pour qu'il a voulunté de le retirez il vous supplie très
humblement, madame, qui vous plaise n'en voulloir prandre
les ventes du sieur du Boys [Dauphin], acquéreur d'icelluy ;
et sy vous nous faictes ce bien à mondict seigneur de Mont-
soreau et à moy, vous nous obligerez tousjours de plus en
plus à vous faire service.
Et en ceste endroit vous présentes mes très humbles recom-
mandacions à voslre bonne grâce, prient Nostre Seigneur,
madame, vous donner très bonne vie et longue.
De Montsoreau, ce XXV" de juing.
Voutre très humble et obéysante cousyne, Annb de Laval.
2529. - 1542, 30 juin, Craon. — Minute de la réponse
adressée par Anne de Laval, dame de la Trémoïlle, à Anne de
Laval-Loué, dame de Montsoreau, en réponse à sa demande
du 25 juin écrite au dos de celle-ci (Archives de la Tré-
moïlle).
Ma cousyne, j'ay receules lettres que m'avez escriptes etfe-
ray voluntiers retarder la poursuicte des ventes qui me sont
/dues de la Jaillette jucquesà la Toussaint, et pour ce que mes
gens m'ont advertie qu'il m'est deu d'autres ventes à cause
de mes moulins de la Humebaudière, je vous prye m'en faire
faire la raison, car vous pouvez penser que je ne suys sans affai-
res bien grans etseroysbien ayse que ce fust sans différend et
moyen de procès, car je n'en désire avoir mesmement à l'en-
droit de mesamys, du nombre desquelz je vous extime *.
2530. —1542, 10 juillet, Rethel.— Acte de René de Laval,
procureur de Guy XVII et de Claude de Foix» (A. N., T 189").
2531. — 1542, 15 décembre. Vitré. — Mandement de Guy
XVII prescrivant le paiement d'un à-compte de cent cinquante
1. La Jaillette en Louvaines (Maine et Loire).
2. En note, à roriginal : « Au lieu de Craon, par Madame à
mademoiselle de Montsoreau, le derrenier jour de juing MDXLII ».
3. C'est cet acte qui possède les sceaux dessinés sous les nu-
méros 166 et 167.
Digitized by
Google
176. — Galerie du Château de Laval.
Digitized by
Google
-ÔÔ-
sept livres dix sous à Jean Garnyer, maître maçon, à valoir
sur la somme à lui promise pour les travaux du château de
Laval* (Bibl. de Laval. Documents Couanier de Launay).
Guy, conte de Laval, de Montfort, Quintin, Commynge,
Rothelays et Beaufort en Champagne, vicomte de Rennes,
de Fronsac et de Lautrec, sire de Vitré, de la Roche, à vous,
maistre Eustache Leverrier, l'un de nos ihésoriers, mandons
bailler et délivrer à Jehan Garnyer, nostre maistre maczon, la
somme de sept vingts dix sept livres dix sols tournoys sur
les deniers que debvez fournir à nos très chères et amées
niepces, mes damoiselles de Hieux, suyvant Testât à vous en
faict en Tannée présentement courrant et nonobstant icelluy
estât, auquel dérogeons par ces présentes. Pour icelle somme
estre mise et employée par ledit Garnyer en la construction
et édiffication de nostre chastel dudit Laval et déduicte
audit Garnyer sur les deniers que avons promiz luyiournir.
Et par vous, rapportant ces présentes avec quittance
dudit Garnyer de ladite somme, vous vauldra mise clere à
votre prochain compte par nos amés et féaux les auditeurs
de controUe ; auxquels mandons ainsi le faire sans difficulté,
car tel est nostre plaisir .
Donné à Vitré, sous nostre seing et scel d'armes, le XV* jour
de décembre Tan MD XLII :
Guy de Laval.
2532. — 1542, 29 décembre, Montjean. — Lettre adressée
par Claude le Foix à Anne de Laval, douairière de la Tré-
moïlle (Archives de la TrémoîUe).
A madame ma seur^ madame de la Trimoulle,
Madame ma seur, pour ce que suys seure que serez bien
aysze d'entendre des nouvelles de monsieur vostre frère et
des myennes, y sont bonnes, la grâce à Dieu, et somme
ariver à ce soyr en ce lieu de Monjen, là où nous serons
jusque à lundict ou mardict, et puys après nous an yrons à
1. On reproduit ici la photographie prise par M. Tabbé Chelle
et qui au Èulletin de la Mayenne (1900, page 426) accompagne le
travail de M. Jules-Marie Richard intitulé . Deux documents rela-
tifs au château de Laval, 1542 et 1631. Le document de 1542 n'est
autre que notre 2531 et la galerie du château est la construction
qui a donné lieu au mandement de Guy XVII.
Digitized by
Google
— 99 —
Laval, quy me faici vous suplyé nous faires ce bien et
honneurs, madame ma seur, de nous venyr voyrs après
que vous avez lésez vostre grantdeull, car y me senble que
ne serez jamais en mon naisze que je n'es céhens de vous
voyrs pour m'onfry à vous faire plaisir et servyce, car vous
n'avez jamais seur quy vous en veule plus faire que moy,
quy vous suplye enfin le croyre et de me tenyr en vostre
bonne grâce, à laquelle humblement me recommande.
Madame ma seur, monsieur vostre frère est venu à la fin
de ma lettre quy m'a recommander de vous faire ses recom-
mandantcion bien fort et de bon ceur à vostre bonne grâce.
Je prye Dieu, madame ma seur, vous donner bonne vye
et longue.
A Monjant, ce XXVIIII"*® de décembre.
De celle que trouverez à jamais
Vostre humble et obéissante seur : Claude de Foix.
2533. — 1542. — Etat des terre» du domaine des la
Trémoïlle faisant l'objet des douaires ^Imprimé : Les la Tré-
moîlle pendant cinq siècles^ III, 96).
.. Madame Anne de Laval, mère de Monseigneur, vefve
de feu monseigneur François de la Trémoïlle, tient par
douaire la baronnie de Craon en Enjou, vallant de troys à
quatre mille livres de rente.
2534. - 1542. — Guy XVII et Claude de Foix s'obligent
à décharger Jean de Laval-Châteaubriant, leur oncle, des
dettes de Françoise de Foix (note, B. N., français, 22331,
241).
2535. — 1542, v. s., 22 janvier. — Comparution devant le
Parlement de Richard Perreau, appelant du bailli de Saint-
Verain contre Guy XVII, seigneur de Saint- Verain, et ses
serviteurs (A. N., X**)s.
25^6. — 1542, V. s., 11 février. - Décès de Jean de Laval-
Châteaubriant (note, B. N., français, 22 831, 232).
MDXLII, III idus februarii. Dominus Johannes de Laval.
2537. — 1542, v. s., 25 février, Fontainebleau. — Lettres
par lesquelles François 1°^ confère au duc d'Etampes l'office
de gouverneur de Bretagne, vacant par le décès de Jean de
Laval-Châteaubriant (Imprimé, dom Morice, III, 1045J.
Digitized by
Google
— lOÔ —
2538. — 1543, n. s., 25 mars, Anay. — Lettre de Renée
de Rieux. — la future Guyonne de Laval — adressée à Anne
de Laval, dame de la Trémoïlle (Marchegay, Lettres du
XVI"^ siècle, n^i03).
A madame ma tante^ madame de la Trémoïlle,
Madame j'é fait se que me avés mandé, comme vous
poura dire se porteur ; et suis bien marie qui ne peut an-
porter ovecque luy la dépesche. mes je ne l'esseré ungcon-
tinant que je Taré vous l'anvouréz et j é etseperance, ovecque
le tantz, de vous faire connestre Tanvie que j'é de vous faire
servisse, et là où me ferés se bien de m'anpliés vous le
connestre. Madame Taupes a fet pour vous se que luy et
dit, et se recoumande à vostre bonne crasse ; et me semble
que ferés bien, par les premié, luy etcryre comme vous la
remersiez.
Je ne vous feré plus longue lettre, après vous avouer
présantée mes humbles recoumandasionz à vostre bonne
crasse, et seuplier Dieu, madame, vous donner très bonne
vie et longue.
De Anay, sexxv*de mars.
Vostre humble et obéissante nyesse et fille,
Renée de Rieux.
2539. — 1543. 31 mars, Coulommiers. — Acte par lequel
Guy XVII donne à l'évêque de Conserans récépissé de
l'original du don fait à Henry de Foix par M, de Chàteau-
briant (original, B. ^,, français, 3212, 33).
Nous Guy, conte de Laval, confessons avoir receu de nostre
très cher et très amé messire Menault de Marthory, évesque
de Coserans, l'original des lettres de la donation faicte par
feu nostre très cher et très amé oncle, le sieur de Chasteau-
briant, à Henry monsieur de Foix, nostre très cher beau frère,
de la somme de quatre, mil livres de rente, monnoye de
Bretaigne, et de tous ses meubles, dont Ten avons deschargé
et deschargeons par la présente signée de nostre main.
A Colomniers en Brye, le dernier jour de mars, l'an mil
cinq cens quarante trois, après Pasques.
Guy de Laval. De Thou.
2540. — 1543, l*' juin. — Arrêt par lequel le Parlement
Digitized by
Google
— 101 —
décide contre la dame d'Acigné que le connétable jouirait
par provision de ceux des fiefs de la succession de Jean de
Laval-Châteaubriant que celui-ci avait désignés (note, du
Chesne, Montmorency, preuves, 284).
2541. — 1543, 25 juin, Maillé. — Naissance d'Anne de
Laval-Maillé, seconde fille de Gilles II et de Louise de Sainte-
Maure, lac[uelle épousa un jour Claude de Chandiau, sei-
gneur de Bussy (note, Dictionnaire d Indre-et-Loire, IV, 131,
et du Chesne, Histoire, 611)
2542. — 1543, 8 septembre, Dinan. — Lettre adressée par
Guy XVII à Anne de Laval, douairière de la Trémoïlle (au-
tographe, archives de la Trémoïlle).
A madame ma seur, madame de la Trémoïlle,
Madame ma sœur, monsieur de la Trémoïlle, vostre tilz,
dès le moys de janvier dernier, en ma faveur et à la requeste
du seigneur de Fourneaulx, Tun de mes gentilzhommes. don-
na permission au seigneur de la Roue de faire en Téglise par-
rochial de Sainct-Bonner de Fontaines Couverte ung bancq
au lieu plus éminant du cueur de la dicte église et tel qui
peult appartenir au dict seigneur de la Trémoïlle comme fon-
dateur d'icelle, où seroient ses armes et au dessoubz d'icelle [s]
celles du dict seigneur de la Roue, et oultre a permis en son
absence, et de ses successeurs barons de Craon, d'avoir tous
les droictz, prérogatives et prééminances que luy peuvent
comme fondateur d'icelle église appartenir, et de y faire et
mectre au dessoubz de sa lictre une autre lictre aux armes
du dict seigneur de la Roue, sans pour Tadvenir aller au
contraire d'icelle permission et à autre d'avoir droict au cueur
d'icelle église.
Je vous supplye, madame ma sœur, soubz Tasseurance que
me suys donnée que vouldriez autant faire pour moy que le
dict seigneur de la Trémoïlle, de donner pareille permission
au dict seigneur de la Roue, pour l'intérest que vous y avez
et en tant que à vous touche comme dame usufruictière de la
dicte barronnye de Craon, ne vous requérant d'aultre chose,
synon que l'amitié et bonne volunté que me portez soyt
augmentée pour la recommendation que vous faictz pour le
dict seigneur de la Roue, qui me sera ung bien grant plaisir.
Digitized by
Google
- 102 —
En suppliant Dieu, madame ma seur, après m'estre bien
afectueusement recommendé à vostre bonne grâce, vous don-
ner en santé bien bonne et longue vye.
A Dinan, ce viii™« de septembre MDXLIII.
Vostre entièrement bon frère et milleurami : Gdy de Laval.
2543. — 1543, 9 septembre, Vitré. — Lettre adressée par
Claude de Foix à Anne de Laval, douairière de la Trémoîlle
(Archives de la Trémoîlle).
A madame ma seur, madame de la Trymoîlle
[Ma] dame ma seur, j'envoye ce gentilhomme devers vous
pour avoir de voz nouvelles, que je vous désire d'aussi bonne
santé et prospérité que pour ceste heure, grâce à Dieu, sont
les myennes. Parquoyje vous pry par luy m'en mander
bien au long et vous me ferez très grant plaisir.
Au demeurant, madame ma seur, j'ay entendu que monsieur
de Laval, vostre frère, vous escript touchant la permission
que M. de la Trémoîlle, votre fîlz, a donnée à M. de la
Roë en faveur de mon dit seigneur, vostre frère, et à la re-
queste du sieur de Fourneaulx, l'un de ses gentilzhommes, de
faire en l'église parrechial de Fontayne Couverte ung banc
au lieu plus émynent du cueurde la dite église, tel qu'il peult
apartenir à mon dit seigneur de Ja Trimoylle comme fonda-
teur dicelle église, auquel banc seront apposées ses armes,
etaudessoubz celles du dit sieur de la Roë, et davantaige
avoir celuydela Roô, en absence de mon dit seigneur, vostre
filz, baron de Cran, en la dite église touz les droiz, préro-
gatives et préémynences qui luy peuvent comme fondateur
dicelle apartenir, et de y faire et mectre au dessoubz de sa
listre une aultre listre de ses armes, sans que pour l'advenir
personne puisse aller au contraire d'icelb permission ny aul-
tre droit au cueur dicelle église. Kipour ce, madame ma seur,
que vous, comme usufruciuaire de la dite baronnye de Cran, y
avez intérestz, et qu'il me samble que vostre consentement y
doibt bien.. . . est, je vous supplye en faveur de mon dit seigneur
vostre frère, et de moy, et à la requeste du dit Fourneaulx.
le y donner et accorder ladite pareille permission au dit sieur
de la Roë, et vous lui ferez honneur et grâce.
Qui est l'endroit où je me recommanderay à la vostre humble-
Digitized by
Google
— 103 —
ment, en pryant Dieu, madame ma seur, vous donner bonne
vie et longue.
De Vitré, ce ix* jour de septembre.
Votre humble et obéissante seur, Claude de Foix.
2544. - 1543, 9 octobre. — Sentence de mise en curatelle
de Mathieu d'Averton, seigneur de Perray ; Gilles de Laval,
baron de Maillé, figure au nombre des parents présents (Note,
Bulletin de la Société d' agriculture.., de la S arthe, XXXII,
99).
2545. — 1543, 5 décembre. — Autorisation donnée à Claude
le May, à la fois de faire deux piles et deux trousseaux aux
armes de Guy XVII et de Claude de Foix, et deux trousseaux
aux armes des maîtres d'hôtel du roi (Note imprimée, Annu-
aire de la Société française de Numismatique^ 1888, p. 453).
5 décembre 1543 — Il a été permis à Claude le May, tail-
leur de lamonnoye de Paris, défaire deux pilles et deux trous-
seaux aux armes de Monseigneur et de madame de Laval :
une pille aux armes du roi en targe, avec deuz trousseaux aux
armes de deux des maistres d'hostelz ordinaires de la maison
du Roy.
Le tout monnoyer gectons d^argent et de laton .
2546. — 1543. — Aveu d'Anne de Laval pour Kergorlay,
paroisse de Spézet (Archives de la Loire-Inférieure, B.
1079).
2547. — 1543. — Note dans laquelle Ambroise Paré raconte
comment il fut emmené jusqu'à Landernau par messieurs de
Rohan et de Laval, que le roi y envoyait afin de s'opposer à
la descente que les Anglais se proposaient d'y faire. (In ex-
tenso. Revue de liretagne, 1889*, 209, d'après Œuvres dAm^
broise Paré, 1641, p. 783, et 1843, III, 692).
2548. — 1543. — Le sire de Montmorency obtient du roi
que les habitants du comté de Montfort, sujets de Guy XVII,
seraient exempts de la justice de Ploërmel (Note, B. N.,
français 22319, 151)
2549. — Vers 1543. — Lettre de la reine de Navarre à An-
ne de Laval au sujet du différent qui existait entre celle-ci et
Louis m de la Trémoïlle, son fils aîné (Imprimé par M. le
ducdela TrémoïlledansC'Aarrrierrfe Thouars, p. 72).
Digitized by
Google
— 104 -
2550. — Vers 1543. — Lettre de la reine de Navarre à An-
ne de Laval au sujet de la requête que celle-ci se proposait
de déposer contre Louis III de la TrémoïUe, son fils aîné (Im-
primé par M. le duc de la TrémoïUe dans Chartrier de
Thouars, p. 73)
2551. — 1538-1546, 26 août, Paris. — Lettre adressée par
Claude de Foix à Menault deMartory dans laquelle elle mem-
tionne son état de grossesse (autographe, B. N. français^ 3312,
113.
A monsieur mon conpère^ monsieur de Conzerans
Monsieur mon conpère, je vous veux bien advertyr com-
me monsieur et moy partyrons mardict procher pour aler à
Chanstyly voir M. le connestable, et délia nous départyrons,
carmondictsieur va en Chanpaigne et moy je pranderez le
chemain du Mans, car je voyrs faire mes couche à Laval : je
ne reviendrez poinct en ceste ville. Je suys bien fort marye
que je ne vous puys voyrs avant mon partement pour vous
donner asurance de bouche que vous n'ayez poinct une
milleure conmère ny amye que moy ne quy vous aime
plus que je foys, m'estimant hureuse sy j'avoyrs le moyen de
faire quelque bonne chose pour vous comme j'é la vouUanté
de faire toute ma vye.
Je vous changerez ce propors pour vous dire que j'é entendu
que vouller tans faire pour moy de me donner cinq cens es-
cuz pour mes couche. Sy vous faicte cella, vous m'obligerez
de plus en plus à vous, car je vous asure que j'an aurai bien
à faire tans pour mon petit enfans que pour moy, lequel remue
souvent ; mais il vaudrez myeux que mes les envoyezsiez ysy
que audict Laval, pource que ce vous serez double dépance,
et ausy que je suys en bonne ville, où je trouverez myeux touz
ce quy me faudra et plus à propors que ailleurs.
Vous me manderez par ce laquays se que en n'avez dély-
bérez de faire avesque de vos nouvelles, mais je vous prye
le dépêcher de sy bonne heure quy soyt dymanche ysy, com-
me je luy ay commander.
Je ne vous direz rien du procès pource que je suis seure que
savez bien en quelle dysposion yl es.
Sy ne léserez à vous mander quy sera vuydez demain ou
Digitized by
Google
^ 105 —
lundict au plus tard, quy est Tendroyct où je me recommen-
derez bien fort à vostre bonne grâce.
Je ppye Dieu, monsieur mon conpère, vous tenir en ausy
bonne santé comme je suys de ceste heure.
A Parys, ce xxvi"** d'oubz, de celle que trouverez pour ja-
mais
Votre bonne conmere et parfaicte amye,
Claude de Foix.
Monsieur est aryvér à la fin de ceste lettre, quy m'a com-
mander vous faire ses recommadasions bien fort à vostre bon-
ne grâce.
2552. — 1538-1547, 31 octobre, Paris. — Lettre adressée
par Guy XVII àMenault de Martory (Original, B. N., fran-
çaU, 3212, 44).
A monsieur mon compère^ Monsieur de Conserans,
Monsieur mon compère, la présente sera pour vous dire
que j'arrive hier et que je me suis trouvé d'un reume, qui
m'a laissé, et me trouve très bien à présent, Dieu mercy :
priant Dieu que ainsi soit de vous.
Je partiré mercredy pour aller veoir monsieur le connesta-
ble, où je vous pry m'escripre de voz nouvelles par le secréc-
taire Jhérosme, qui vous yra veoir de ma part
Cependant je vous pry veoir une lettre que m'escript mon-
sieur d'Esparros, et m'envoyer par escript la responce que je
luy doibs faire et vostre advis et bon conseil par mondit
secréctaire, auquel j'ay donné charge de vous en communic-
quer ensemble de tous mes autres afîaires, où vous pry de
tout mon cueur y faire comme avez tousjours bien faict jus-
ques icy et je vous en demoureray de plus en plus vostre très
atenu, et si me trouverez à jamais affairé pour vous comme
pour moy, aidant le Créateur, auquel je pry, monsieur mon
compère, vous donner très bonne et longue vie.
A Paris, le dernier jour d'octobre.
Vostre antièrement bon compère et mileur ami.
G UT DE Laval.
2553. — 1538-1547, 19 novembre, Paris. — Lettre écrite
par Guy XVII à Menault de Martory ^B. N., français,
3212, 46).
Digitized by
Google
- 106 —
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, j'ay entendu par mon secréctaire
Marchant tout ce que m'avez mandé par luy, dont je vous
remercye de bien bon cueur, mesmes de ce que avez faict
pour moy et avez vouUoir de le continuer ensemble de venir
en ceste ville, après avoir entendu l'arrivée de monsieur le pré-
sident de Thou, pour donner ordre en mes affaires, dont je
vous prye très affectueusement, après que serez bien disposé
de vostre rume, et ne feust que je m'en voys trouver monsieur
le connestable, je vous eusse prié de venir, qui sera quant il
vous plaira ; car quant je seray adverty de vostre arrivée, je
mectray peyne vous venir veoir pour vous dire chose que je
ne vous puys escripre, vous priant me mander souvant de
voz nouvelles.
Priant Dieu vous donner, monsieur mon compère, en santé
bonne et longue vye.
A Paris, ce xix" novembre.
Vostre antièrement bon compère et mileur ami.
Guy de Laval.
2554. — 1540-1546, 21 décembre, Laval. — Lettre écrite
par Claude de Foix à Menault de Martory (Autographe, B. N.,
français, 3212, 109).
A monsieur mon compère, monsieur de Conzerans,
Monsieur mon compère, vous estymant l'un de mes myl-
leurs amy et servyteur, je m'adrese pryvement h vous pour
vous dire l'ennuyt grant que je porte de me voyrs à la nésesy-
tez d'argent comme je foys, comme celuy que j'esepère quy
me secourera, voyant la grande amytié que vous avez portée
à feu monsieur mon frère * et que m'avez asurée, n'ayant moin-
dre afesion de me faire servyce que à luy quant yl esteyt en
vye, quy me faira vous pryez, mon compère mon amy, de me
recouvruer six cens escuz soullent, car il les doyt en ceste
vylle, pour ses menus plaisir, et j'é prorays de les poyez en
ce novel, ou bien touz après, que ne puys faire sens vostre
bon moyen, et l'asurance grande que j'ay que me les envoy-
rez m'a faict leurs pourmaistre, car y ne m'es pocyble les
1. Henri de Foix, mort le 20 septembre 1540.
Digitized by
Google
— 107 —
reconvruer aleiurs, voyant que nous adevonz tans, Monsieur
etmoy, mais sy vouliez tans faire pourmoydeme les envoyez
par ung de voz gens, vous serez cause de m'ostez d'un grant
ennuyt et peynne ; et, quant nous serons hort de toute noz
afaires, mondict sieur et moy, je les vous randrerez, et en
sependens je vous donnerez telles suretez quy vous plaira.
Monsieur mon compère, je vous prye que personne du
monde n'entendre que je vous est escrit ceste lettre que vous
et moy, et de la brûler d'osy touz que l'avez veue, car j'eme-
roys mieux moury que non le sus ; et sy vous m'envoyez ung
de voz gens, dicte luy bien quy die que vous l'envoyez sanvoyr
de mes nouvelles, et quy se grade bien de dire qu'y les veu
mon laquays, ny quy n'aporte de l'argent.
Je vous direz plus rien synon que ma santé est bonne, quy
est l'endroyt où je me recommander bien fort à vostre bonne
grâce.
Je prye Dieu, monsieur mon compère, vous donner ce que
désirez, et vous dépêcher ycontynant ce laquays pour s en
revenyr devers moy et me mander par luy sy vous m'envoyez
de voz gent avesque luy quant ses que me l'anvoyez et quant
que quant sy vous m'envoyrez par luy la sommes d'argent que
je vous demande par ceste lettre. Je vous prye ausy de me
mander bien au long de vostre santé.
A Laval, ce xxi** de décembre, de celle que trouverez pour
jamais
Vostre bonne commère et parfaicte amye.
Claudb de Foix.
2555. — 1540-1546, un 23 décembre. Vitré. — Lçttre écrite
par Claude de Laval-Bois-Dauphin à Anne de Laval (Archi-
ves de la TrémoïUe, Lettres des Montmorency, fol. 49).
A madame^ madame de la Trimouille,
Madame, le commancemant de ma lectre sera de vous
suplyer très humbJemantme vouUoyr pardonner si, en venant
devers monsieur votre frère, j'ay ne vous suys allé rendre
l'auhbéissance que je vous doips toute ma vie, et fault, madame,
que je vous die queauchuns affayres de mondil signeur vostre
frère, ausqueux il m'a fallu promptemant pourvoyr, m'ont
faict venir plus tost que je n'avoys delliberé. et si eust estez
cause d'ung grant mal pour moy^ m'ayant faict perdre ung
Digitized by
Google
— 108 -
peu de réputation d'à estre bon mary pour n'avoyr séjourné
en mon menaje que dix jours * ; mais monsigneur vostre frère
a envoyé quérir ma femme à celle fin de me retenir plus lon-
guemant avecques luy. C'est grand dommaje, madame, que
l'honneur qu'il me faict ne s'adresset à quelcque plus abille
homme que moy ; loutteffoys, madame, que la bonne voulunté
de quoy je me amployray toute ma vie à son cervice et au
vostre fera excuzer beaucoup des ingnorances que je i pouroys
commectre.
Madame, vous me commanderez s'il vous plaist l'endroict
là où il vous playra que je vous face cervice pour m'iamployer
d'aussi bon ceur que je présente mes très humbles et affec-
tionnées recommandations à vostre bonne grâce, et que je
suplye le Créateur vous donner, madame, en parfaicte santé,
très bonne et longue vie
De Vitré, ce xxiii* de décembre.
Vostre très humble et très obéyssant serviteur.
Claude de Laval.
2556. — 1540-1547, 8 mars, Blois. — Lettre écrite par
Guy XVII à Menaultde Martory (B. N., français, 3212, 35).
A monsieur mon compère, monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, j'ay fait dépescher les lettres de
l'usuffruict de Coulonniers, lesquelles vous envoyé par mon
secrétaire de Thou, auquel ay donné charge vous faire enten-
dre la dépesche que veulx estre faicte pour la ferme de Chap*
pelaines et autres choses concernans ladite terre, toutesfoys,
avec vostre bon advis et de messieurs les présidents de Thou,
de Cely et bailly de Coulomniers, ausquelz j'escriptz, vous
priant, monsieur mon compère, (mais c'est très affectueuse-
ment), de continuer en la bonne volunté en laquelle nous som-
mes départiz, et de ma part me trouverez à jamais affectionné
à vous faire plaisir d'aussi bon cueur que veois supplier Dieu
vous donner, monsieur mon compère, en santé très bonne et
très longue vie.
A Bloys ce viii"® jour de mars.
1. C'est le 11 avril 1540 qu'eut lieu le mariage de Claude avec
Claudine de la Jaille. veuve de Guy de Laval- Lezay (Voir dont
Ponteneau, XXXVI, 709).
Digitized by
Google
— 109 —
Monsieur mon compère, depuis vous avoir escript, madame
de Nevers ro'a pressé d'escripre à monsieur le président de
Thou de nous mettre d'accord touchant la succession de feu
monsieur Tévesque de Nevers *, suivant ce qui a esté accordé
à Fontainebleau ; ce que luy escriptz et prie de vous advertir
de ce qu'il sera bon de faire pour nous mettre hors de procès.
Vostre bon compère et milleur ami à jamays.
Guy de Laval.
2557. ~ 1543, v. s., février, Fontainebleau. — Lettres
par lesquelles François P' attribue au sénéchal du Maine
juridiction sur Tancien ressort du comté du Maine, en y
comprenant la vicomte de Beaumont, le comté de Laval,
Montdoubleau et Saint-Calais (note, A. N., X** 4921, 454).
2558. — 1543, V. s., 13 février, Fontainebleau. — Lettres
de François I®' maintenant le connétable de Montmorency en
possession du bien à lui donné par Jean de Laval-Chàteau-
briant (Note, B. N., Moreau, 1115,60).
2559. — 1543, v. s., 18 mars, Saint-Germain -en-Laye. —
Lettres par lesquelles François !•% à la requête d'Anne de
Laval, décide que les différends qui existeraient entre elle et
son fils aîné, Louis III, seraient jugés par la grand'chambre
des enquêtes (Imprimé par M. le duc de la TrémoîUe dans
Chartrier de Thouars^ p. 69).
2560. — 1544, avril. — Lettres par lesquelles François !•',
révoquant Tédit de février 1544 (v. s.), décide restitution
au siège de Laval des attributions qu'il possédait en 1483
(Note des Actes de François /•■■, numéro 13819).
2561. — 1544, 20 avril. — Procès en Parlement de
Perrette Revel et Jean Thenon, seigneur de Nauvigne,
contre Guy XVII et Claude de Foix, seigneurs de Donziois
(A. N., X-).
2562. — 1544, 29 avril, Rouen. — Lettres de François I"
portant exemption en faveur des habitants de Laval de la
contribution imposée par le sénéchal du Maine aux villes de
son ressort (A. N., V* 1053).
1. Sans doute Jacques d'Albret, décédé le 22 février 1540.
Digitized by
Google
— 110 —
2563. — 1542-1547, 4 mai, Vitré. — Lettre écrite par Guy
XVII à Anne de Laval, douairière de la Trémoîlle (Archives
delà Trémoîlle).
A madame ma seur^ madame de la Trémoîlle,
Madame ma seur, J'ay veu la lettre que m'avez escript
dernièrement, suyvant laquelle ay encores de rechef fait
commandement de sercher la procuration que demandez, ce
que a esté fait parmy mes lettr^js qui sont céans et par
pluseurs foiz ; mais elle n'y a esté trouvée. Bien a esté
trouvé le contrat de vostre mariaige, qui, en oultre le passe-
ment des notaires, est signé de feu monsieur de la Trémoîlle,
vostre mary, et si veoyez qu'il vous puisse servir, le me
faisant sçavoir, je le vous presteray pour vous en ayder, vous
advisant, madame ma seur, que non seullement en cela, mais
en toutes autres choses où je vous pouray faire ayde ny
plaisir, je le feray de très bon cueur. Monsieur de Sainct-
Polgué vous dira la dilligence qu'on a fait de sercher la dite
procuration et aussi de mes nouvelles.
Pour quoy feray fin à la présente, après m'estre bien fort
recommandé à vostre bonne grâce.
Priant Dieu, madame ma seur, vous donner bonne vie et
longue.
De Vitré, ce un* jour de may.
Vostre antièrement bon frère et parfaict ami :
Guy de Laval.
2564. — 1544, 4 mai, la Roche-Guyon. — Lettres par
lesquelles François I*^ donne ordre à Guy XVII de convoquer
pour le 25 mai les nobles du comté de Laval tenus au service
du ban et de l'arrière ban (copie du XVII® siècle aux archives
de Léran ; communiqué par M. Poux).
François, par la grâce de Dieu roy de France, à nostre
amé et féal cousin Guy, comte de Laval, salut.
Pour ce que nous avons ordonné que les nobles et sujets à
nos ban et arrière ban des bailliages, sénéchaussées et
jurisdictions de nostre royaume seront assemblés pour en
faire la montre et reveûe, afin que s'il advient que nous en
ayons affaire pour résister aux grans efforts et entreprises
que veuUent faire sur nous nos ennemis et adversaires, nous
nous en puissions servir et ayder, comme de l'une des
Digitized by
Google
— 111 ~
meilleures et principalles forces que nous ayons pour
employer en un prompt effect : nous, à cette cause, vous
prions et néanmoins mandons et ordonnons que, incontinent
icelles receues, vous faictes crier et publier à son de trompe
et cry public en et par tous les lieux et endroits de vobtre
comté de Laval que verres estre besoin, que tous lesdits
nobles et subjets à nos dits ban et arrière ban ayent à eux
trouver et comparoir en estât et équipage qu'ils doibvent
estre, selon la qualité de leurs fiefs et tènemens nobles, le
vintg cinquiesme jour de may présent moys, au lieu qui leur
sera par vous ordonné, pour en estre faicte la montre et
reveiie par celuy que vous commettrés et deputterés pour
ce faire, appelle le juge des exempts de vostre comté avec
son greffier qui ont, ou doibvent avoir, par devers eux le
registre des fiefs et tènemens nobles, où se peut veoir le
service que nous doivent lesdits sujets à nos dits ban et
arrière ban de vostre dict comté, pour, sur ce, en faire et
dresser un roUe au vray dhuement signé et certiffié dudit
greffier qui aura faict le contreroUe en ladite montre et
reveiie.
Lequel roUe sera envoyé par celuy qui aura faict ladite
montre es mains de nostre amé et féal chevalier de nostre
ordre, le seigneur de Lorge, ayant la charge et superinten-
dance généralle de la conduitte de nos dits ban et arrière
ban, affin que par luy nous soyons certiffiés de l'ayde et
secours que nous debvons attendre et avoir des dits nobles
et subjets audit ban et arrière ban en vostre dict comté.
Lesquels, icelle montre et reveue faicte, vous ferés renvoyer
en leurs maisons avec commandement et injonction très
expresse que chacun d'eux se trouve prest à marcher ainsy
et tontf es et quantes fois qu'il leur sera mandé et ordonné ;
le tout selon et en ensuivant la forme et teneur de Tédict
par nous dernièrement faict sur le faict du ban et arrière
ban* ; en mandant et commettant par cesdites présentes
audit juge des exempts de vostre dit comté ou à son lieutenant
1. i540, V. s., 19 mars, Blois. — Règlement pour la convoca-
tion du ban et de rarrière ban et le devoir de ceux qui tiennent
des fiefs mouvans du roi (Dom Morice, III, 1041).
1541, V. s., 12 janvier. — Lettres patentes pour le dénombre-
ment des fiefs si^ets au bau et à rarrière ban (Fontanon, II, 354).
Digitized by
Google
- 112 -
que contre les refusans, delayans ou defaillans, il ayt à
procedder par touttes les voyes de contrainte deues et en
tel cas requises et accoustumées, car tel est notre plaisir,
nonobstant certaines nos lettres de déclaration en forme de
Chartres par nous octroyées aux officiers du siège du Mans
et habitans de nostre dicte séneschaussée du Maine, pour
comprendre aux assemblées dudict ban et arrière ban de
ladite séneschaussée ceux de vostre dicte comté de Laval, ce
que paravent nos lettres nous avoms révoqué et encor par
ces présentes révoquons et ne voulons avoir lieu.
De ce faire vous avons et à nostre dit juge des exempts ou
à son lieutenant donné et donnons plain pouvoir, auctorité;
commission et mandement espécial, mandons et commandons
à tous nos justiciers, officiers et subjets qu'en ce faisant vous
obéissent et entendenl diligemment.
Donné à la Roche-Guyon, le quatriesme jour de may. Tan
de grâce 1544 et de nostre règne le 30«.
DUTHIBR.
Cte Bertrand de Broussillon.
(A suivre).
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SEANCE DU 31 JANVIER 1901
La séance s'ouvre à deux heures sous la présidence de
M. Emile Moreau, président.
Sont présents : MM. Moreau, président ; Paul de
Farcy, Trévédy, vice-présidents ; Durget, Garnier,
Grosse-Duperon, de I^a Beauluère, Laurain, Planté,
Raulin, Richard, membres titulaires ; d'Achon, d'Angle-
ville, Goupil, Ponthault, Turquet, membres correspon-
dants.
Se font excuser MM. Dubel, Gouvrion, Thuau.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
M. le président souhaite la bienvenue à M. d'Angleville
qui assiste pour la première fois à une séance.
M. Moreau entretient la Commission de la tentative
qu'on a faite au château de FouUetorte pour détacher les
peintures à fresque découvertes récemment par M. de
Malherbe dans un bâtiment qui servait d'écurie et qui
avait dû être autrefois une chapelle M. de Malherbe avait
aimablement fait don de ces peintures au musée de Laval.
Malheureusement Tenduit sur lequel elles avaient été
tracées au XVP siècle était très friable, et Ton n'a pu
8
Digitized by
Google
— 114 —
enlever que dos morceaux de peu d'importance. Si des
photographies ont été prises de ces peintures, il serait
intéressant d'en posséder quelqu'une pour Tétude de Fart
dans notre pays à cette époque.
M. le président annonce que suivant le vote antérieur
de la Commission, le chartrier d'Hémenard a été acquis
sur la succession de M. Tabbé Pointeau et déposé aux
archives départementales
M. Laurain donne quelques détails sur la composition
de ce chartrier : il est loin de valoir, tel qu'il est actuel-
lement, la réputation que lui a faite son possesseur ; il
n'est pas considérable et ne remonte guère au-delà de la
première moitié du XVI P siècle ; il ne renferme pas de
pièce vraiment intéressante par elle-même, mais on y
trouve deux correspondances qui fournissent quelques
renseignements curieux ; la première, de Pierre-Thérèse-
Louis de Chappedelaine, page du duc de Penthièvre, puis
enseigne de vaisseau en 1757, passé à Madagascar sous
le commandement de M. d'Aché, chef d'escadre, et, dix
ans plus tard, ayant abandonné la marine, installé à
Port-Louis « pour rétablir le dérangement de ses affai-
res ; » la seconde, de M. de Gaalon, beau-frère du précé-
dent, dont les affaires n'étaient pas en meilleur état, au
moins pendant la Révolution, et dont les lettres nous
disent les difficultés de vivre et nous font pénétrer dans
l'intimité de ces propriétaires fonciers du XVIII* siècle
sans cesse harcelés par leurs créanci'^rs.
M. Goupil communique le relevé des peintures murales
qui se trouvent dans une chapelle de l'église de Saint-
Martin-de-Connée. Ces peintures qui remontent au
XVI" siècle représentent la vie de sainte Barbe ; elles
seront publiées prochainement dans un ouvrage de luxe
par le P. Pottier qui prépare une histoire du pèlerinage
de Notre-Dame du Chêne. Elles sont en complet rapport
avec un mystère de Sainte-Barbe dont le P. Pottier a
Digitized by
Google
- 115 —
découvert le texte à la bibliothèque nationale, vaste
composition dont la représentation durait cinq journées
et qui est encore inédite.
M. Trévédy signale à ce propos un mystère de Sainte-
Barbe en breton, de semblable longueur. Il serait curieux
de savoir si Tune des compositions a exercé quelque
influence sur l'autre .
Sur la demande de la Commission M. d'Achon se
charge de solliciter du P Pottierle dépôt à la bibliothèque
de Laval du relevé de ces peintures, pleines de mouvement
et de vie.
M. Turquet communique plusieurs de ses jolies photo-
graphies auxquelles il nous a habitués. Colles-là repré-
sentent Téglise de Priz, son curieux chemin de croix et
son calendrier.
M. Laurain, au nom de M. Rosse, sous prélet de
Mayenne, communique le résultat d'une enquête faite
par ce dernier au sujet de la découverte, déjà ancienne,
d'un tronçon de voie romaine sur le territoire de Marcillé-
la- Ville.
(( il est exact, a-t-on écrit à M. le sous-préfet, que
M. Milet, instituteur à Marcillé, ainsi que son adjoint,
ont été à même de constater la mise à jour d'un tronçon
d'une ancienne voie romaine se dirigeant du sud au nord,
c'est à dire venant de Jublains et allant vers la Normandie.
« Ce fait a eu lieu il y a trois ou quatre ans. Le nommé
Lanoë, cultivateur au lieu des Russeries, éprouvant de
la difficulté à labourer sur une très faible surface une
pièce de terre lui appartenant, nommée le Champ de
devant (n** 445, section B), voulut se rendre compte de
la résistance qu'il éprouvait et découvrit une petite partie
de l'ancienne voie romaine.
« La partie de la voie ainsi mise au jour n'élait sépa-
lée du chemin vicinal de grande communication n''296^
Digitized by
Google
— 116 —
que par la largeur d'une haie, c'est-à-dire 2 mètres en-
viron et pouvait avoir 6 à 7 mètres de longueur sur 4 à
5 mètres de largeur.
« Le fait particulier de cette découverte n'a point été
porté à la connaissance de la Commission archéologique,
mais il y a lieu de penser que l'existence même de la
voie en question doit lui être connue depuis longtemps.
Il est en effet à la connaissance du sieur Lanoê et des
habitants du village du Bas-Housseau, voisin des Rus-
series, que des fouilles pour retrouver un ancien ctiemin
romain ont été faites dans leur localité il y a, disent-ils,
de trente-cinq a quarante ans, probablement avant que
Napoléon III ait donné son histoire de César.
« Ils se rappellent également que quelques cultivateurs
de la localité ont dû autrefois, pour rendre plus facile
l'exploitation de leurs pièces de terre, mettre à décou-
vert des tronçons d'un chemin pavé dont on pourrait
probablement encore retrouver des parties. Ces travaux
ont été, parait-il, exécutés dans les n^* 507, 508 et 790
de la section B. »
La Commission adresse à M. le sous-préfet de
Mayenne ses remerciements pour l'intéressante commu-
nication qu'elle lui doit.
M. Laurain donne lecture d'un article paru sous la si-
gnature de M. l'abbé Millon dans le Bulletin de la Société
archéologique de l'Ille-et- Vilaine (t. XXIX, p. 309), où
l'auteur s'élève avec véhémence contre les restaurations
actuelles du camp de Jublains. M. le président explique
que les critiques tombent à faux, l'écrivain confondant les
travaux de la première restauration avec les travaux en
cours; ceux-ci consolident les premiers qu'on a été
obligé de mettre à découvert pour jeter du ciment dans
les crevasses et respectent autant qu'il est possible le
caractère du monument.
M. Laurain signale dans le même volume, comme
Digitized by
Google
- 117 —
intéressant particulièrement la Mayenne, la présenta-
tion d'un dessin d'Henry Monnier, lithographie en 1838:
c'est le portrait-charge du père Chassebœuf, barbier de
Château-Gontier (p. XVI) ; — un compte du receveur de la
châtellenie de la Gravelle, écrit sur un rouleau de par-
chemin long de 3 mètres 40, large de 15 et 17 centi-
mètres ; ce compte se rapporte aux années 1314 et 1315 ;
on y trouve de nombreux détails de mœurs, notamment
sur les chasses, les pêches, la médecine vétérinaire, sur les
obsèques de Béatrix de Gavre, femme de Guy VII, morte
en 1315 et inhumée à Clermont ; ce document apparte-
nait à M. de la Borderie (p. XL VII); — une hache (amphi-
bolite) trouvée à TEpinay en Saint-Pierre-des -Landes et
appartenante M. Paul du Pontavice (p. LUI) ; — un article
de M. Tabbé Guillotin de Courson sur la seigneurie des
Rochers et ses possesseurs : les Mathefelon, les Sévigné,
et les Hay des Nétumières (p. 238) ; — un article du même
sur la seigneurie de Larchapt en Romagné et la famille
Le Porc ( p. 252) ; — le procès- verbal de la réception faite
aux députés des Etats de Bretagne en 1774, à la tête
desquels se trouvait M. de Hercé, évêque de Dol (p. 261);
— la mention parmi les prieurs de Notre-Dame de Mon-
treuil (Ille-et Vilaine) de Guillaume de Lignières, abbé
de Saint Aubin-des Bois en 1533, prieur de Mon treuil en
1548, chanoine de Rennes et de iNantes, archidiacre de
la^ Mée, conseiller aux Grands jours et au Parlement de
Bretagne, dont les armes, de sable fretté d'or ^ se voient
sur la voûte de la chapelle de Lignières, en l'église de
Saint Hilaire - des - Landes (p 280) .
Un membre mentionne le bruit persistant qui prête
aux curés de Saint- Vénérand et de Notre-Dame l'inten-
tion de détruire : le premier, les autels qui se trouvent au
pourtour du chœur de son église ; le second, le retable du
maître autel de Notre Dame.
Après un échange de vues sur la valeur artistique et
Digitized by
Google
— 118 —
l'intérêt archéologique de ces monuments, la Commis-
sion à Tunanimité des membres présents f
Vu l'article 8 de son règlement ;
Vu la circulaire de M. le Ministre de Tlntérieur et des
cultes du 22 décembre 1882 relative à Taliénation des
richesses artistiques et archéologiques des éghses ;
Considérant que les autels en question sont tout-à-fait
décoratifs ; qu'il faudrait, pour les remplacer, s'inspirer
du style même dans lequel ils sont construits, et que
des sommes considérables seraient pour cela néces
saires ;
Considérant qu'ils sont dus à des architectes lavallois
dont les œuvres ont été recherchées au dix-septième
siècle dans tout le Maine et même en Bretagne ; que
beaucoup de ces œuvres ont disparu depuis quelques
années devant un mépris absolument injustifié et qu'il
serait regrettable pour l'histoire de l'art dans notre pays
que ces documents lapidaires d'une valeur réelle, mar-
qués d'un véritable sentiment de puissance et d'harmo-
nie, soient également sacrifiés,
Emet le vœu que les autels de Notre-Dame et de
Saint- Vénérand soient conservés.
M. Laurain appelle l'attention de la Commission sur
une résolution qu'elle a prise autrefois, presque à ses
débuts, au sujet des mémoires qui traitaient de la pé-
riode révolutionnaire. Pour éviter certains froissements,
elle avait décidé de n'admettre dans le Bulletin aucune
étude sur cette époque troublée. M. Laurain demande
si cette mesure n'est pas un peu trop radicale. 11 faut
agir avec prudence, la chose est évidente ; mais voilà un
siècle que les faits sont passés ; on commence partout
à juger avec plus de liberté les actes de la révolution ;
des traditions disparaissent qu'il serait grand temps de
recueillir ; même dans le département, des ouvrages
ont raconté avec modération partie de ces faits sans
causer la plus petite émotion. La Commission aurait
Digitized by
Google
— 119 —
peut-être intérêt à lever l'espèce d'interdit qu'elle a pro-
noncé, on ce qui la concerne, sur les mémoires relatifs à
cette période et à les admettre dans son Bulletin au
même titre que les autres.
MM. Richard et Grosse-Duperon partagent le senti-
ment de M. Laurain et finalement la Commission décide
d'insérer désormais dans le Bulletin tous les mémoires
que ses membres consacreront aux choses de la Révolu-
tion et des années postérieures , mais elle arrête que
les travaux de cette nature seront soumis à un comité de
rédaction qui donnera sou avis et indiquera aux auteurs
les passages qu'il croira devoir être remaniés.
Sont nommés pour faire partie de ce comité
MM. Grosse-Duperon, de La Beauluère, Laurain, Moreau
et Richard.
Rien n'étant plus à l'ordre du jour, la séance est levée
à 4 heures 1/2.
Digitized by
Google
BIBLIOGRAPHIE
Maurice Planté (1877-1899). Mamers, G. Fleury et
A. Dangin, imprimeurs, 1900. In-8**, 146 p. et nombreuses
gravures.
A rextrémité ouest du bourff de Méral, sur la route de la
Guerche, se dresse une chapelle dédiée à saint Joseph, que
les offrandes laissées par les pèlerins sur le tombeau de
Victoire Brielle ont servi à construire. A droite en entrant
dans ce petit sanctuaire, un vitrail montre au visiteur un en-
fant recevant à genoux la bénédiction de saint René. Sous les
traits du saint, on peut reconnaître M. le chanoine Davost,
ancien curé delà cathédrale de Laval, et l'enfant qu'il bénit
est son petit-neveu, Maurice Planté. A quelques pas de là, de
l'autre coté delà route, dans le cimetière communal, le grand-
oncle et le petit-neveu dorment tous deux leur dernier som-
meil, réunis depuis le 4 décembre 1809 où la dépouille mor-
telle du dernier arrivait à Méral, venant de Beyrouth.
Il avait vingt-deux ans à peine et, malgré le fond de mélan-
colie de l'homme que sa santé délicate replie parfois sur lui-
même, il souriait à la vie qui s'ouvrait devant lui, pleine de
promesses pour l'aspirant de marine que la mort prit en cours
de route, dans un hôpital. A celte vie si brève, on a consacré
le joli volume dont j ai transcrit le titre ci-dessus, tissé de
choses légères et de faits tout intimes qui échappent à l'ana-
lyse mais dont la lecture emporte un charme pénétrant, et
Îu'on aimera à feuilleter comme on feuillette des souvenirs,
e regarderais comme malséant de m'étendre davantage sur
ce propos et je croirais, à le faire, violer en quelque sorte la
retraite silencieuse où se plaisent les deuils prolongés, mais
je veux au moins, en termmant, adresser à la famille du cher
disparu l'expression de mes respectueuses sympathies.
E. Laurain.
Digitized by
Google
— 121 —
Ambroise Paré. Sa vie, son œuvre {iS09'iS90), par le
docteur Maxence Broussais, de l'Université de Paris. Paris,
Jules Rousset, 1900. Iq-8*, 59 pa^es.
0 La vie d' Ambroise Paré, écrit son nouveau biographe, a
plusieurs fois déjà tenté la plume de l'historien. Malgré tout,
cependant, il y a fort à faire pour connaître d'une manière
exacte cette belle existence, tour à tour si mouvementée, si
attaquée, si glorieuse. Les chroniqueurs anciens, notre héros
lui-même, semblent avoir voulu, comme à dessein, enchevê-
trer, presque voiler même certains moments de sa vie... Nous
ne voulons pas réparer ces lacunes ; d'abord la tâche serait
trop lourde pour nos faibles ressources, ensuite nous ne pour-
rions pas dans le cadre fatalement restreint d'une thèse, dé-
crire tout au long une vie si bien remplie. »
Nous voici donc duement avertis ; nous n'avons ici ou'un
résumé des travaux antérieurs, et même si nous consultons
la bibliographie, un peu sommairement indiquée, des ouvra-
ges consultés par M. B., force nous est de reconnaître que
plusieurs lui ont échappé dans lesquels il aurait pu trouver
des détails intéressants sur bon héros. Il faut citer parmi
ceux-là la notice que M. Lévesque-Bérangerie donna dans
l'Annuaire de la Mayenne de 1830, rééditée depuis (Laval,
Goupil, 1891, in-8«, 18 p ) ; la Notice sur le monument élevé
a la mémoire d* Ambroise Paré { Laval, Feillé-Grandpré, 1840,
in-8», 67 p.) ; une note dans le Mémorial de la Mayenne (t I,
p. 123) ; la note biographique écrite par M. A. Corlieu, biblio
thécaire adjoint à la faculté de médecine (s. d., in-8®, 6 p.j ;
les articles du docteur Turner dans la Gazette hebdomadaire
de médecine ; enfin la brochure de M. Trévédy, Ambroise
Paré est'il mort catholique P (Laval, Chailland, 1890, in-8<>,
33p.).
Faut-il également exprimer un regret et déplorer qu'à
l'Ecole de médecine l'usage n'ait pas encore, comme il a de-
puis longtemps fait dans les autres grandes écoles nationales,
entièrement rompu les limites étriquées où s'enferment les
thèses doctorales et imposé aux candidats de ces œuvres per-
sonnelles où se reflètent tous les aspects d'une question
renouvelée dans les pages nombreuses d'un volume compact?
Du moins M. B. s'est acquitté avec bonheur de son rôle ;
l'étude magistrale de Malgaigne Ta soutenu d'ailleurs ; mais
il a su, en la suivant d'assez près, dégager de l'érudite dis-
cussion les résultats certains et présenter ainsi aux lecteurs
une biographie dépouillée de tout l'appareil scientifique qui
alourdit tant la marche de ses devanciers ; sa brochure y
gagne en clarté et les neuf chapitres, fort courts, qui le divi-
sent, donnent au récit une rondeur qui n'est pds sans charme ;
l'opuscule ne servirait-il qu'à faire naître chez quelques-
Digitized by
Google
3,
— 122 —
uns le désir de lire les œuvres de Paré, qu'il faudrait en savoir
grâce à Tauteur.
Je sors de cette lecture, la tête un peu farcie de choses qui
dépasseiit ma compétence, et c'est pour m étonner que nul
encore n'ait étudié le chirurgien lavallois * comme il mérite
u'on Tétudie. La longue introduction de Malgaigne retrace
le la chirurgie une histoire intéressante, mais ce qu'on y voit
moins bien, c'est ce que Paré dut exactement à ses devanciers
et à ses contemporains et l'influence que ses livres ont eue sur
ses successeurs immédiats. On se contente généralement de
l'appeler le père de la chirurgie française. La formule est com-
mode, mais ce n'est qu'une formule. Or, quoiqu'il soit possible
de trouver dans la philosophie de Descartes le prolongement
de quelques idées physiologiques du chirurgien, qui peut-
être au reste ne lui appartenaient pas en propre, il ne semble
pas que cette influence, au moins en France, ait été de longue
durée. Il avait cependant fait des découvertes importantes : la
ligature des vaisseaux qu'il n'inventa pas, mais qu'il appliqua
après les amputations, fut la plus durable : bien avant Pas-
teur, il avait entrevu, très confusément il est vrai, la théorie
de l'infection des plaies par les germes de l'air et il se servit
le premier du pansement antiseptique humide. Ses idées sur
plusieurs points devancèrent son époque : sa méthode expéri-
mentale, son appréciation de l'antimoine, son mépris pour la
licorne, dont 1 unique propriété, bien qu'il crût à son exis-
tence, ne se trouvait, selon lui, que dans son prix considéra-
ble (la livre se vendait de 1200 à 1500 écus soleil) *, certaines
affirmations lui valurent des attaques assez vives. Ses enne-
mis, car il en compta plusieurs dans la faculté de médecine et
1. Des traditions contestables placent au Bourg-Hersent la
naissance de Paré ; la chose, fort incertaine, est possible. Mais
une légende tend à s'étabHr. que je dois siçnaler. On montre dans
ce hameau la maison où le chirurgien serait né. Le style renais-
sance de ses fenêtres, qu'il faut comparer avec une fenêtre de la
maison voisine des anciennes prisons de Laval (rue du Jeu-de-
Paume), indique nettement que le « Château d'Ambroise Paré »
a été construit quelques années après le fait dont il aurait été le
témoin En réalité la tradition, il y a cinquante ans, attribuait cet
honneur à une maison basse, maintenant disparue, qui se trou-
vait sur la petite place formée aujourd'hui par l'entrecroisement
de la rue du Boug-IIersent et du chemin d'Avénières.
2. " Bien pis fit un que je sçay, écrit Brantôme en 1580, qui,
vendant un jour une de ses terres à un autre, pour 50.000 escus,
il en prit 45.000 en or et argent, et pour les cinq restant, il prit
une corne de licorne. Grande risée pour ceux qui le sçurent.
Comme, disoient-ils, s'il n'avoit assez de cornes chez soi sans
adjouster celle-là ! o
Digitized by
Google
a:
— 123 —
parmi les chirurgiens, n'eurent pastoujours tort à son endroit.
On Taccusa de plagiat ; le plagiat fut effronté ; il a puisé à
pleines mains dans les ouvrages contemporains de Fernel,
de Grévin, àe Thierry de Héry, de Vésale. etc. Il faut dire
pour être juste que le XVI" siècle n'avait guère une concep-
tion bien nette de la propriété littéraire et que d'autres que
Paré, non contents de prendre des idées où ils les trouvaient
et de a s'allumer comme une chandelle à une autre chan-
delle », copièrent chez leurs devanciers plus d'un passage
sans y rien changer. Peut-être alla-t-il plus loin même. On le
voit intervenir dans le récit d'une autopsie qu'il emprunte
entièrement, sans le dire, à Rousset, et où il n'eût aucune
part, et Compérat nia énergiquement la réalité d'une opéra-
tion, l'ablation de la matrice, que Paré prétendait avoir faite
à une femme de Saint-Germain des Prés. Les historiens ont
admis sans conteste l'exposé des guérisons nombreuses par
lui obtenues, mais peut-être faut-il se demander s'il mérite
une confiance absolue pour toutes les observations cliniques
"u'il rapporte. Il était assez vaniteux et son désir de n'être
épassé par personne dans la chirurgie, a pu lui faire exagé-
rer quelques fois la difficulté, et par conséquent la beauté
d'une cure ; on ne peut pas s'empêcher d'éprouver quelque
surprise devant les résultats merveilleux qu on oserait à
peine espérer aujourd'hui, alors qu'on possède des moyens
de premier ordre bien supérieurs à «;eux qu'avait Ambroise
Paré. Je parle ici de ses observations personnelles. Quant
aux autres, à celles qu'il tire des auteurs contemporains, il
fait preuve parfois d'une naïveté bien grande, assez étonnante
chez un anatomiste qui eut dans sa vie pas mal de cadavres
à sa disposition. Je renvoie le lecteur qui voudra se convain-
cre sur ce point, entre autres au chapitre septième de son
ouvrage sur les Ai onstr es /iniiinié: Histoires mémorables de
certaines femmes qui sont dégénérées en hommes, et en par-
ticulier au cas de Germain Garnier. Pour lui ce n'est pas le
dernier terme d'une formation paresseuse chez des individus,
comment dirais-je ? minus habentes, mais une sorte de trans-
formation par inversion de la « nature imbécille » de la femme
en un être plus parfait, et « ce n'est chose incrédible
qu'icelle », ajoute-t-il.
Un dernier point de la vie du chirurgien lavallois a été
traité en quelques lignes par M. B. « Paré professait la reli-
gion réformée, quoiqu'en aient pu dire certains chroniqueurs » ,
afBrme-t-il. Mais cela n'est rien moins que prouvé. On cite
ordinairement, pour appuyer cette opinion, le passage où
Paré raconte qu'il observait les « artifices des meschans gueux
de l'ostière », un vendredi-saint, à la porte du temple d'An-
gers, et Cj2t autre où il est question du temple de Vitré Or,
au XVI* siècle, le terme le plus fréquemment en usage pour
Digitized by
Google
— 124 —
désigner les églises protestantes, était celui de prêche, et le
mot temple, à Vitré au moins, a toujours désigné une église
catholique. Peut-être, et sans doute en fut-il de même à
Angers. Kn tout cas Paré se trouvait en cette ville, en 1525,
n'ayant alors que seize ans, à un moment où le protestan-
tisme n'avait pas encore fait beaucoup d'adeptes en France
et à un Age où rien généralement ne divc rtit de la religion
des ancêtres. Plus tard, notre chirurgien dut être une espèce
de brave homme, d'une grande bonté, tout entier à son art,
mais un peu sceptique, comme il convient, de ce scepticisme
dont est faite la tolérance et qui forma le parti politique dans
lequel le rangèrent sans doute ses relations étendues et
variées. Sully et Brantôme, dont on invoque le témoignage,
sont des conteurs d'une valeur historique un peu mince et la
fameuse phrase du mémoire de 1575 établirait plutôt aue
Paré suivait a la saincte église catholique et romaine ». Non
seulement il mourut catholique, mais probablement ne trem-
pa-t-il jamais dans la Réforme.
E. Lauràin.
Un évêque assermenté (1790-1802). Le Coz, évêque
d'Ille^t-V Haine, par A. Roussely de l'Oratoire (Paris,
P. Lethielleux, s. d. In-8°, 565 p.).
Correspondance de Le Coz, évêque constitutionnel
d'Ille^t-Vilaine, publiée pour la Sociélé d'histoire con-
temporaine, par le même (Paris, A. Picard et fils, 1900.
In-8^ 430 p.).
« Les qualités de l'administrateur étaient grandes, a dit de
liC (^oz un biographe que cite M. R. Il réorganisa l'adminis-
tration ecclésiastique avec une admirable entente des besoins
du pays. Secondé par les f)rél'ets des trois départements qui
voyaient en lui un homme capable et qui connaissaient son
crédit à la cour, rompu au travail et passant avec une incroya-
ble facilité d'une occupation à une autre, sa science, son zèle,
ses mœurs, sa charité ne méritent que des éloges. » Après
avoir lu les deux volumes que M. R. a consacrés au principal
du collège de Quimper, devenu par la suite évè(]ue constitu-
tionnel de Rennes, [mis archevêque concordataire de Besan-
çon où il mourut en mai 1815, on ne peut que souscrire entiè-
rement à ce jugement que M. R. fait sien.
De la correspondance, je dirai peu de chcse. Les 176 lettres
qu'elle renferme, allant de 1790 à 1802, sont loin d'avoir une
égale valeur. Une cinquantaine environ présentent un réel
intérêt ; celles-là appartiennent presque toutes à M. Gazier et
furent adressées au conventionnel Grégoire, dont Le Coz (ut
Digitized by
Google
— 125 —
Tami, pour lequel il montra constamment une grande défé-
rence, mais à qui il ne laissa jamais de dire avec liberté ce
qu'il pensait quand Tintérét de la religion était en jeu. Le Coz
se préoccupa avant tout de la réunion des prêtres assermentés
au clergé constitutionnel, tâchant d'éviter et de faire éviter
aux a évéques réunis » tout ce qui pouvait retarder la réali-
sation de ce désir ; les lettres écrites à Grégoire nous rensei-
fnent ainsi d une façon assez exacte sur l'histoire intérieure
e l'Eglise ofScielle.
Mais je dois signaler quelques erreurs que M. R. a laissé
se glisser dans les notes, dont il a accompagné le texte de
celte correspondance. Il attribue (p. 145) à La Revellière-
Lepeaux le plan d'une nouvelle religion dont l'assemblée
avait agréé l'hommage. Ne s'agirait-il pas plutôt de l'ou-
vrage de Dupuis : V Origine de tous les Cultes ? Plus loin
(p. 271), et la même erreur se rencontre dans la biographie
ae Le Coz, lorsque celui-ci écrit de son ami Lanjuinais qu'il
est électeur, M. H. pense qu'il faut lire candidat. La Consti-
tution de l'an III cependant ne permet pas cette méprise, car
sur le rapport de la commission des Onze dont Lanjuinais
fit partie, elle supprima le suffrage universel, n'accorda en
principe le droit de suffrage au premier degré, dans les
assemblées primaires, qu'à des contribuables, et n'admit à
être électeurs du second degré que des citoyens aisés, pro-
priétaires ou locataires d'un bien évalué à un revenu égal à la
valeur locale de 200 ou 150 journées de travail. C'est parmi
ces derniers que Lanjuinais fut compté.
Pour le Maine, cette correspondance a un intérêt parti-
culier assez vif, car elle explique la vie si difficile au milieu
de la Chouannerie du clergé constitutionnel, peu nombreux
dès l'origine et qui fondit de jour en jour dans l'apostasie et
la débauche, dans la rétractation ou dans la mort violente.
Ce clergé ne mérite pas en somme tout le mépris qu'on
montre encore à son endroit et s'il compta des êtres abjects,
comme Lindet ou Torné, « d'étranges pasteurs », comme
Villar, il eut aussi des hommes de valeur ou de bonne foi
comme d'Orlodot et comme Le Coz qui veulent plus de jus-
tice et sont dignes de plus de sympathie. Placés entre
l'impiété officielle des représentants du peuple et la défiance
hostile des populations, ces évêques voyaient tous leurs
efforts annihilés et ils en souffrirent réellement. Leur con-
duite fut a même autrement patriotique et intelligente, on
peut dire autrement chrétienne que celle des prélats émi-
grés qui subordonnèrent l'autel au trône et qui laissèrent
prendre à leurs convictions politiques le pas sur leurs obli-
gations pastorales ». C'est la conclusion de M. R. et il faut
Padopter complètement. Le Coz, parmi d'autres, montra un
courage civique qu'il nous plaît de reconnaître, entre le san-
Digitized by
Google
— 126 -
guinaire Carrier qui le fit incarcérer au Mont-Saint-Michel,
et les Vendéens qui voulurent le brûler vif. Les généraux,
les représentants étaient « les plus acharnés contre le
culte ». Lorsqu'Esnue la Vallée logeait à l'intendance, il y fit
porter les ornements et les vases des églises, empilés dans les
pièces, a On était obligé de marcher dessus pour parvenir au
nouveau Sardanapale, qui était entouré de femmes décriées
et d'autres êtres immoraux, à qui il permettait de prendre
dans le tas d'ornements ce qui pouvait leur convenir. Les vases
sacrés servaient à leurs orgies. . Ces scandales n'ont pas peu
contribué à soulever nos campagnes », ajoute Le Coz, dont le
clergé, décimé par les abdications, malgré les pastorales
attristées de l'évéque, réduit par les apostasies, le fut encore
par les assassinats que commirent les chouans. Ceux-ci,
dit M. R., « allaient la nuit trouver individuellement les as-
sermentés dans leurs presbytères, pour les prier de venir en
toute hâte assister quelques mourants. Le pauvre jureur,
sans défiance et tout heureux de voir que ses paroissiens
recouraient enfin à son ministère, se levait et suivait ses
guides. Après avoir passé le bourg, dans le coin du premier
champ venu, ceux-ci déclaraient au malheureux que le mori-
bond c'était lui-même et qu'il se dépéchât de réciter son acte
de contrition, car il n'avait plus qu un instant à vivre ; puis,
ramassant leurs fusils cachés dans la haie voisine, ils le fusil-
laient sans écouter ses plaintes. Les naïfs seuls se laissaient
prendre à ce piège ; les autres, plus prudents, ne sortaient
de leurs presoytères qu'au grand jour ; ils en étaient quittes
pour être massacrés en plein soleil, ce qui revenait un peu au
même.» Presque tous les intrus d'un canton des Côtes-du-Nord
disparurent de cette manière au printemps de 1795. Les
Chouans, écrivait Le Coz en 1796, « semblent de jour en jour
devenir plus féroces.. Il y a huit à dix jours, un assermenté,
à la tête d'une horde de tigres, entra dans une maison où
étaient deux femmes qui lui avaient rendu toute sorle de ser-
vices. Il leur annonça la mort, leur proposa de les confesser,
ce que les malheureuses firent. Ensuite on leur dit de creuser
elles mêmes leurs fosses, à quoi elles se refusant, les bour-
reaux pressés les creusèrent et puis y mirent ces deux fem-
mes. » Si le fait est authentique, ce qu'il est difficile de
savoir, ce que M. R. ne croit pas, oubliant peut-être que les
passions empêchent l'homme d'être aussi bon ou aussi mau-
vais que ses doctrines, si quelques prêtres s'appliquèrent
ainsi à « saigner », comme on disait alors, le premier patriote
qu'ils rencontraient, on comprend mieux cette accusation des
Bleus que les réfractaires promettaient, au nom du pape,
une indulgence plénière aux auteurs de ces assassinats.
Ces exécutions sommaires jetaient l'épouvante dans la petite
église constitutionnelle à grossir les rangs de laquelle Le Coz
Digitized by
Google
- 127 -
s'employait par tous les moyens en son pouvoir, écrivant
lettre sûr lettre aux insermentés, les appelant à Tunion, leur
conseillant au moins la soumission aux lois civiles. Mal-
heureusement, dans la Bretagne comme dans le Maine, les
insermentés n'eurent pas l'intelligence assez ouverte pour
comprendre que là était l'intérêt véritable delà religion catho-
lique et se butèrent à un refus obstiné et néfaste. Bausset écri-
vait avec amertume : « Serait-ce le moment aue la religion
commence à sortir avec tant d'efforts des liens ae l'oppression
sous laquelle elle gémissait que ses propres ministres la lais-
seraient s'éteindre et dépérir entièrement par attachement à
des opinions purement politiques et problématiques en poli-
tique ? Ne leur appliquerait-on pas avec justice ces paroles
de l'Écriture : Peribit lex a sacerdote »? Le pape eut beau
adressera tous les fidèles catholiques de France un bref pres-
crivant cette soumission aux lois civiles. Les insermentés
firent exactement ce qu'ils avaient reproché aux assermentés
et ne voulurent pas suivre les instructions du Saint-Siège
qu'ils traitèrent d apocryphes Le clergé émigré au reste ne
fut vraiment pas à la hauteur de sa tâche ; pour plusieurs la
religion, suivant le mot de l'abbé Rmery, au lieu d'être une
fin ne fut qu'un moyen et ceux-ci crurent devoir préférer la
sûreté personnelle que donnait la déportation au service des
fid( les. On le leur reprocha vertement. La leçon fut dure, mais
elle était assez méritée. M. R. le dit excellemment : « Les dio-
cèses, désertés par leurs chefs, furent laissés sans direction à la
merci des circonstances les plus critiques, des périls les plus
graves ; ou, si les prélats émigrés prétendirent continuer de
gouverner leurs églises, du lond de leurs asiles pleins de
sécurité, ce fut le plus souvent sans une connaissance suffi-
sante des difficultés qu'avaient à surmonter ceux de leurs
prêtres restés en France, au risque de leur tête. D'ailleurs,
pour dire la vérité toute franche, Ton ne voit pas bien de
quel droit ces évêques prescrivaient à leur clergé un courage
qu'ils n'avaient pas su déployer eux-mêmes, et le jetaient
dans les dangers qu'ils avaient fuis ! » Ce furent des déser-
teurs, et les évêques de Bretagne se distinguèrent dans cette
fuite.
Il faut lire dans son entier cette biographie où l'auteur dis-
parait presque complètement, un peu trop même à mon avis,
derrière son personnage, et qui nous aide si grandement à
comprendre ce qui se passa aans le Bas-Maine entre 1791 et
1802, entre la constitution civile que presque tous rejetèrent,
et le Concordat que plusieurs s'obstinèrent à ne pas admettre.
Le Concordat mit Le Coz sur le siège de Besançon. Il y
rencontra les mêmes difficultés au début. 11 y montra un dé-
vouement apostolique, une piété vive et sincère et de rares
apiitudes d organisateur dans des circonstances particuliè-
Digitized by
Google
— 128 —
rement délicates. Sa charité fut ardente et si tous les racon-
tars méprisables que l'on répandait sur son compte l'affli-
Çeaient, c'est qu'il y voyait surtout des obstacles à la pacifica-
tion des esprits. Ce q^u il fit, il le fit par amour de sa religion
et de sa patrie ; jamais il n'en éprouva quelque repentir et
spécialement, avec l'opiniâtreté de ses compatriotes, se
refusa à rétracter le serment qu'il avait prêté à la constitu-
tion civile. Il ne parla jamais de revenir à la vraie croyance
car il pensait ne s'en être jamais écarté. Il se trompa et l'er-
reur fut capitale, mais il se trompa de bonne foi. Où peut dire
de lui ce que son dernier biographe écrit des évêques galli-
cans : ce n'est pas la personne, c est la doctrine qui ne valait
rien. M. R. le montre avec toute l'impartialité qui convient et
je ne saurais trop conseiller à ceux que l'histoire religieuse
intéresse la lecture des deux volumes dont les titres sont
transcrits ci-dessus ; ils sont utiles, ils méritent l'attention,
et je ne crois pas, en le disant simplement, en faire une
mince éloge.
E. Laurain.
Les Chouans et les Bleus, par Jean Morvan (Paris,
Bureaux de la Revue de Paris, 1901. In-8^, 25 p.).
Au moment de donner le bon à tirer de cette dernière feuille
de notre Bulletin, je reçois une brochure dont le contenu for-
mera un chapitre spécial d'un volume que va publier prochai-
nement la librairie Calmann-Lévy sous le titre : Les Ùhouans
de la Mayenne {il9'2'il96). La place me fait ici défaut pour
en parler comme il convient, car cette étude appelle une dis-
cussion serrée, et le temps me manque. Je me réserve au reste
de le faire lorsque aura paru le volume, dans lequel l'auteur
développera les idées et les théories historiques émises
dans le simple article que je me contente de signaler aujour-
d'hui.
E. Laurain.
Digitized by
Google
LE CHÂTEAU DU COUDMY
ET LES
GHATELLEiNIES DE CHEMERÉ
ET DE SAINT-DENIS-DU-MAINE
CHAPITRE V
Christophe- Jacques et Jacques-Christophe de Sivigné \
vente de la terre du Coudraypar décret dadjudica-
tien rendu à la cour des requêtes de V Hôtel,
C'est à Texemple d'un de leurs frères plus âgé, de Gil-
les de Se vigne * qui les y avait précédés, que Christophe-
1. Gilles de Sévigné. vicomte du Pontrouault, avait épousé,
tout jeune encore, le 10 août 1554, Marie de Keraldanet, fille
unique de Qwy de Keraldanet baron de Rascol et autres lieux,
et de Marguejitede Goetnempren, celle-ci reifiuriée en secondes
noces avec Charles de Séviçné, seigneur des Rochers, et en
troisièmes avec Honoré d'Acigné, seigneur de Orandbois. Entrée
malgré elle parla volonté de sa mère et de son premier beau-
père au couvent des bénédictines de Vitré, relevée au bout de
quatorze ans de ses vcepx par un arrêt du Parlement de Rennes,
enfin bien plus âgée que son jeune mari, la vicomtesse du Pont-
rouault avait eu une vie des plus aventureuses que. dans ses
« Sévigné oubliés », M. Fr. Saulnier a racontée au chapitre inti-
tulé : « Le roman d'une dame de Sévigné ». Quant au service que
Gilles de Sévigné avait pris dans la marine, il est constaté dans
une requête présentée le 27 août 1667 par Marie de Keraldanet
au Parlement de Paris (Arch. Nat., Z. 7652). Le vicomte de Pont-
rouault ne vivait plus en 1670.
•J
Digitized by
Google
— 130 -
Jacques et Jacques-Christophe étaient entrés dans la car-
rière de la marine. Jacques Christophe n'avait encore
que vingt ans lorsqu'en 1664 il avait reçu sa commission
d'enseigne de vaisseau, et, ceUo année-là même, embar-
qué sur le vaisseau V Ecureuil, que commandait M. de
Preuilly d*Humières, il avait pris part à l'expédition de
Gigery*. Quant à Christophe-Jacques, bien que plus âgé
de deux ans, sa nomination au grade d'enseigne ne
remontait qu'à l'année 1666 •. En août 1670, Jacques-
Christophe se trouvait à Brest comme « enseigne en
second sur le Prince », et il avait en cette qualité donné
quittance à M** Olivier Subleau, « conseiller du Roy, tré-
sorier général de la marine » de la somme de 150 livres
à lui ordonnée pour trois mois de ses appointements du
1" août au 31 octobre ^ C'est également à Brest que se
trouvait au commencement de l'année 1671 Christophe-
Jacques, ainsi qu'en fait foi la quittance donnée par lui le
22 janvier de ses appointements « d'enseigne d'un des
vaisseaux du Roy » pendant w les mois d'août, septem-
bre, octobre, novembre et décembre dernier 1670 »*.
Dans le courant de cette même année 1671, nous retrou-
vons les deux frères de Sévigné à Brest où, comme c: en-
seignes entretenus dans ce port », chacun d'eux donne,
en mai et en novembre, quittance de ses appointements
pendant les mois précédents ^.
Le printemps de 1672 avait, comme on le sait, vu
éclater la guerre entre la France et l'Angleterre d'une
part et la Hollande de l'autre. Dans la campagne navale
qui ne tarda pas à s'ouvrir et où le duc d'York commanda
1. Voir \e Dictionnaire critique de biographie et d'histoire par
Jal, à l'anicle Sévigné ; voir aussi, dans la vie d'Abraham Du-
Fuesne par le môme auteur, la liste des vaisseaux envoyés à
expédition dont il s'agit.
2 Jal. Dictionnaire déjà cité, article Sévigné.
3. Bibl. nat., Cab. des Titres, P. O. dossier Sévigné.
4. Ibidem.
5. Ibidem.
Digitized by
Google
— 131 — -
la flotte anglo-française, nous voyons « le sieur de Sévi-
gné » enseigne en second sur le Foudroyant, vaisseau
de second rang, armé de 70 canons, fort de 450 hom
mes, dont le sieur Gabaret était capitaine, et « le sieur
de Montmoron » enseigne à bord du Rubis, vaisseau
de 3* rang, armé de 48 canons, fort de 310 hommes et
commandé par « le sieur de Saint- Aubin d'Anfreville »*.
A la sanglante bataille de Southvold, livrée le 7 juin
contre la flotte hollandaise, les deux vaisseaux montés
par les deux personnages qui nous intéressent s'étaient
trouvés placés à Tavant-garde de la flotte française, Tun
dans la division du comte d'Estrées, l'autre dans celle de
M. de Rabenière '-. Au retour de cette campagne,
Christophe-Jacques de Sévigné et son frère étaient reve-
nus à Brest et ils avaient pendant les derniers mois de
cette même année, donné Tun et l'autre à plusieurs repri-
ses quittance de leurs appointements ^.
Au commencement de mars 1673, les deux frères de
Sévigné avaient eu la satisfaction de se voir, à quelques
jours d'intervalle, promus l'un comme l'autre au grade
de lieutenant ^. Ce fut sans doute à cette occasion qu'ils
furent appelés à servir, Christophe-Jacques sur le Témé"
rairCy où il retrouva comme capitain*^. « le sieur mar-
quis d'Infreville », et Jacques -Christophe sur le Grand
dont « le sieur Foran » était capitaine -•. Nul doute qu'ils
n'aient ainsi assisté aux deux principaux événements
delà campagne navale de cette année-là, la bataille de
Walcheren (7 juin) et celle de Texel (21 août/ En 1674
les deux frères semblent n'avoir guère quitté, le sieur de
1. Arch.nat., fonds de la marine, Série B/4, vol. 4.
2. Ibidem.
3. Bibl nat. ,Gab. des Titres, P. O. dossier Sévigné, et Jal,
Dictionnaire, article Sévigné.
4. Jal, Dictionnaire, article Sévigné.
5. Arch. nat., Marine, B/4, voL 5.
Digitized by
Google
^ - 13:2 -
Montmoron^ le port de Brest', et le chevalier de Sévi-
gné celui de Rochefort auquel il venait d'être attaché ^ ;
mais en 1675 il n'en avait pas été de même. Tandis que
le premier avait pris part à plusieurs expéditions sur
mer ^, le second avait été envoyé dans la Méditerranée
où, servant en qualité de lieutenant d'abord sur le Belli-
queux^ puis sur le Grand qui étaient allés rejoindre la
flotte de Vivonne à Messine, il avait contribué à Theu
reux réàultat des combats d'Âgosta (17 août 1675), de
Stromboli et de Palerme (8 janvier et 7 juin 1676) '", Et,
comme dans Tintervalle des opérations navales, le gé-
néral en chef envoyait tout ou partie de sa flotte à Tou-
lon pour en rapporter des vivres et réparer les avaries
et que le vaisseau le Grand avait été compris en octobre
1675 et en juin 1676 dans ces envois successifs^, Jacques-
Christophe de Se vigne avait eu par deux fois l'occasion
en débarquant sur les côtes de Provence, d'aller faire
1. Pour se distinguer l'un de l'autre, Christophe-Jacques de
Sévigné prenait le titre de chevalier de Monmoron, et son frère
celui de chevalier de Sévigné.
2. A. n., Mar. C/1, reg. 151, Revues Laffilard.
3. Bibl. nat., Cab. des Titres, P. O., dossier Sévigné.
4. A. n., Mar., Revues Laffilard.
5. Voir aux arch. nat., Marine, B/2, vol. 29; « Liste des offi-
ciers de marine choisis par le Roy pour servir sur les vaisseaux
que 8. M. fait armer au port et à l arsenal de Rochefort pour pas-
ser au Levani » ; dans l'état major du Belliqueux commandé par
le sieur du Magnon, (en marge : Beaulieu), « le sieur de Sevi-
fny » figure comme lieutenant (l**" avril 1675). Voir encore :
ans A. n Mar. ; B/2, 27, fo 58: Lettre du Roi à Vivonne
(10 avril) ; B/2, 29 f» : Ordre du Roi à Beaulieu comme capitaine
du Belliqueux (18 avril); B/2, 27, fo 68 : Instruction à Gabaret
( 17 mai) ; Ibidem, f« 73 : Ordre du Roi au sujet du vaisseau Le
Grand commandé par Beaulieu ; B/4, 6 : Instruction à Gabaret
(20 juillet) ; Ibidem, lettre de Gabaret de Messine (14 aoûtj ; B/2,
29 : 2, 17 et 31 août ; B/4, 6 : Relation par Vivonne de la Bataille
d'Affouste (2 septembre) ; B/4, 7 : Ordre de bataille du combat
livre le 3 janvier 1676 auprès de Stromboli; Jal, A, Duquesne»
t. IL p. 215 et 328, au sujet de l'affaire de Palerme.
6. A. n.. Marine, B/2, 27, F»» 140, 149, 159 et 163 : Vaisseaux
ramenés à Toulon par Duquesne ; B/4, 6 : Lettre de MM. de Ga-
baret et Preuilly (26 octobre), B/2, 29, ^ 85.
Digitized by
Google
— 133 -
sa cour au lieutenant du Roi de cette province, qui n'é-
tait autre, est il besoin de le rappeler ? que M. de Gri-
gnan, le gendre de sa marraine. Toutefois, avant de fai-
re une démarche utile à son avancement mais qui coûtait
sans doute à sa timidité, il avait évidemment écrit à
cette dernière pour réclamer en cette circonstance sa
bienveillante intercession. De là ce passage de la lettre
écrite à la date de 17 novembre 1675 par madame de
Sévigné à madame de Grignan :
« Il y a un chevalier de Sévigné à Toulon qui est votre
parent et mon filleul. Le chevalier de Buons dit qu'il est
fort brave. S'il va saluer M. de Grignan, je le prie de
lui faire quelque honnêteté particulière à cause du nom.
Il voudrait bien avoir un vaisseau. Voi^s qui gouvernez
M. de Seignelay, vous pourriez bien aisément faire son
affaire. »
Comme nous l'apprennent ces lignes de la célèbre
marquise, celle-ci était loin d'avoir oublié son filleul et
de se désintéresser de son sort. Ce n'était pas, du reste,
pendant ce premier séjour à Toulon que Jacques-Chris-
tophe de Sévigné avait été reçu par M. de Grignan ; il
n'en avait sans doute pas eu le temps, ayant été obligé de
repartir pour Messine dès le 17 décembre ^ Mais il
n'avait rien perdu pour attendre ; lors de son second
séjour à Toulon, au mois de juillet suivant 2^ il avait
eu enfin l'occasion de pouvoir saluer le lieutenant du Roi
en Provence, qui lui avait fait le meilleur accueil. C'est
là, du moins, ce que nous apprend madame de Sévigné
elle-même dans sa lettre à madame de Grignan, datée du
5 août 1676 :
« J'embrasse M. de Grignan et le remercie des bon-
tés qu'il a eues pour le chevalier de Sévigné ; c'est mon
1. Voir A. n., Marine, B/,3. 22, f» 17, et B/4, 7 : Relation du com-
bat du 8 janvier et journal de l'expédition
2. Bibl. nat., man.. fonds fr. 262'il : Quittance d'appointements
donnée à Toulon le 12 juillet 1676 par le chevalier de Sévigné,
lieutenant sur le vaisseau Le Grand.
Digitized by
Google
— 134 —
filleul. 11 m'a écrit une lettre toute transportée de recon-
naissance. Quand M. de Grignan trouvera l'occasion
d'écrire ou de parler pour lui, j'en serai ravie. Il s'en-
nuie fort d'être subalterne. J'ai ouï dire qu'il était brave
garçon et qu'il méritait bien un vaisseau. Si c'est lavis
de M. de Grignan, vous devez l'en faire souvenir. »
Mais le moment n'était pas alors venu pour le cheva-
lier de Sévigné de voir son vœu réalisé. Il devait atten-
dre encore pour cela près de deux années. Aussi le 3
septembre 1677, dans la lettre qu'elle écrit à cette date à
sa fille, la marquise s'était-elle crue obligée de revenir
à la charge en faveur do. son protégé :
« Je vous prie dédire à M. de Grignan que je le sup-
plie d'écrire à M. de Seignelay ou à M. de Bourepos
pour obtenir le congé du chevalier de Sévigné pour sol
liciter cet hiver un vaisseau ; il y a bien des places va-
cantes. Le pauvre garçon m'a écrit quatre fois ; il esta
Messine et me fait pitié ; c'est sa vie, c'est son espoir.
Aidez-moi à le servir. Vous savez comme il s'appelle ; si
cela ne vous touche, c'est mon filleul ».
Comme on le voit, d'ailleurs, Jacques-Christophe de
Sévigné était encore à cette époque à Messine ; nous ne
savons pas sur quel vaisseau il servait alors, mais il est
certain qu'il avait dû s'embarquer sur l'un des trois vais-
seaux le Pompeux, le Bizarre^ et le Duc, qui, le dix
avril, avaient mis à la voile pour la Sicile sous les ordres
de M. de Valbelle «.
Le chevalier de Sévigné avait-il obtenu à la fin de
cette même année 1677 le congé demandé à Seignelay ou
à Bonrepos par l'intermédiaire de M. de Grignan ?
En tous cas il avait été enfin compris dans la promotion
qui fut faite le 7 février 1678 de neuf officiers ^, et il était
revenu, appelé par son nouveau grade, à ce port de Brest
1. Voir Jal, A, Duquesne, t. II, p. 301.
2. Voir Jal, Dictionnaire crit. de biographie et d'histoire^ arti-
cle Sévigné et A. Duquesne, t. II, p. 331.
Digitized by
Google
- 135 —
auquel son frère Christophe- Jacques était toujours atta-
ché, maisoùil ne devait le retrouver qu'à la fin de Fan-
née*.
Ce dernier avait eu, lui aussi, en ces années-là, une
vie assez mouvementée par suite de diverses expéditions
auxquelles il avait pris part ; c'est ainsi que pendant
rhiver de 1676 à 1677 il s'était trouvé à l'expédition de
Cayenne ^ et qu'au printemps de 1678, monté sur le Bon
dont il était l'un des lieutenants, il avait eu part à la
victoire remportée le 27 mars près des iles d^Ouessant
par Château-Renault sur une escadre hollandaise char-
gée de porter des secours à Messine ^. S'il n'avait pas
été compris comme son frère dans la promotion de l'an-
née 1678, il avait été du moins nommé capitaine de
vaisseau le 29 janvier 1680.
C'était pendant le cours de cette même année 1680 que
Jacques-Christophe de Sévigné, considérant sans doute
que le seul de ses frères qui s'était marié était mort
sans postérité, et que les autres paraissaient avoir renon-
cé au mariage, s'était décidé à prendre femme. Par con-
trat du 10 août 1680 il avait épousé devant les notaires
de Landerneau une jeune personne d^une fort ancienne
famille du pays de Léon, Marie-Anne de Mescan, fille de
Guillaume et d'Anne Franquet, seigneur et dame de
Stangier, de Penfrat et d'autres lieux ^. De cette union
devaient naître trois enfants : 1® un fils nommé Joseph,
né à Brest le 13 mai 1683 et baptisé trois jours après
dans l'église des Sept-Saints de cette ville ; 2* une fille
morte en naissant et inhumée à Brest le 9 octobre 1685 ;
3* une autre fille, Marie- Charlotte, née vers 1686 *.
1. Voir Revues Laffilard.
2. A. n., Marine, B/4. 7, et Revues Laffilard.
3. A. n.. Marine, B/4, 8.
4. Voir Jal, Dictionnaire, article Sévigné.
5. Les Sévigné oubliés, le filleul de la marquise, p. 97.
6. Ibidem, p. 101, note.
Digitized by
Google
- 136 —
En ces années-là, la France, grâce au traité de Nimè-
gue conclu en 1677, se trouvait en paix avec les autres
puissances de TEurope ; mais la paix elle-même n'était
pas une cause d'inaction pour la marine de Louis XIV.
Dès le mois d'avril 1679 une escadre commandée par le
comte d'Estréea avait été envoyée « aux isles d'Améri-
que », c'est-à-dire à Tabago et à la Martinique ; or,
parmi les vaisseaux qui la composaient, figurait VAlcion
dont « le sieur chevalier de Sévigné » était capitaine
en second K De même en juin 1683 le marquis de
Preuilly d'Humières ayant été chargé de conduire en
Danemark treize vaisseaux et quatre brûlots qui
devaient, en se joignant à la flotte danoise, aider le
roi Christian dans la guerre qu'il soutenait contre le
roi de Suède Charles XI, Jacques-Christophe de Sévi-
gné avait également fait cette campagne sur le Prin-
ce, toujours comme capitaine en second ^. De même en-
core, quand au printemps de 1684, Tourville alla à la tête
d'une flotte nombreuse, partie de Toulon, bombarder
Gênes, quatre vaisseaux du Ponant parmi lesquels était
le JSo/i, avec v le chevalier de Sévigné » comme capitaine
en second, s'étaient joints aux vaisseaux du Levant^.
Christophe- Jacques de Sévigné, de son cdté, depuis sa
promotion au grade de capitaine de vaisseau, avait été
employé presque chaque année à différentes expéditions
plus ou moins importantes ; et nous savons qu'en 1684
et en 1686, il avait commandé, évidemment en second,
le Cheval marin ^. Envoyé d'ailleurs au commencement
de 1672 au port de Toulon, il n'avait pas cessé depuis
lors d'être attaché à ce département ^.
1. A. n., Marine, B/2, 40 passim.
2. Voir Jal, A. Duquesne, t. II, p. 477.
3. A. n., Marine, C/1, 102, et Revues Laffilard; voir aussi Jal,
A, Duquesne, t II, p. 509 et suivantes.
4. Voir Arch. nat.. Marine, C/1, 152, Revues Laffilard.
5. Ibidem.
Digitized by
Google
— 137 -
Tels étaient, au moment où ils venaient d'hériter de la
terre du Coudray, les états de service des deux frères de
Sévigné, et Ton voit que le passage du testament de Re-
né-François, où celui-ci les représente comme « pres-
que toujours en mer pour le service et sur les vaisseaux
du Roy », n'avait rien d'exagéré.
Est-il besoin d'ajouter que devenus seigneurs pro-
priétaires de la terre qui nous intéresse, ni Christophe-
Jacques ni Jacques-Christophe de Sévigné n'avaient re-
noncé pour cela à leur carrière, ce qui ne devait pas les
empêcher, surtout le second, de profiter des loisirs que
leur laissait de temps à autre leur service dans la marine,
pour venir faire au Coudray des séjours plus ou moins
prolongés ?
C*est au printemps de 1688 que nous voyons pour la
première fois le manoir, objet de cette étude, habité par
sa nouvelle châtelaine ; à la date du 19 avril en effet,
« haute et puissante dame Marie-Anne de Mesoan,
femme de haut et puissant seigneur de Sévigné, capi-
taine des vaisseaux du Roy dans le département de
Brest, seigneur de céans et de Chemeré », nous
apparait tenant sur les fonts de l'église de la Bazouge
un enfant dont elle a accepté d'être marraine. A cette
époque du reste ni son mari ni son beau-frère ne se
trouvaient auprès d'elle. Envoyé au commencement de
l'année 1688 du port de Toulon au port de Brest S
Christophe-Jacques allait être retenu dans ce dernier
port par son nouveau service jusqu'au mois de juin ^.
Quant à Jacques- Christophe, qui depuis son mariage
n'avait pas cessé d'être attaché au département de
Brest, il y avait près d'un an qu'il était en mer et
avait servi comme capitaine en second d'abord sur
X Hercule, puis sur V Emporté, et c'est seulement au
1. Arch. nat., Marine, C/1, 151, Revues Laffilard.
2. Ibidem.
Digitized by
Google
— 138 —
mois de mai qu'il allait revenir à Brest *. Munis
enfin de congés régulièrement obtenus ^, les deux
frères purent, dans les premiers jours de juin, prendre
le chemin du Bas- Maine et se rendre dans leur terre du
Coudray où ils passèrent, Tun comme l'autre, tout
Tété de cette année-là. Ce séjour, hélas ! devait être
attristé pour Tépoux de Marie- Anne de Mescan par la
mort du seul fils né jusque-là de leur union. « Le 12* jour
d'août ». lisons-nous en effet dans les registres parois-
siaux de la Bazouge, « a esté par nous, prêtre curé de
céans, soussigné, ensépulturé dans cette église le
corps d'escuyer Joseph de Sévi^né fils de hault et puis-
sant seigneur messire Jacquos-Christophe de Se vigne «
chevalier seigneur du Couldray, Chemeré le Roy, la
Bazouge et autres lieux, et de madame Marie- Anne de
Mescan, son espouse ; présens : Messieurs les curés de
Saint-Denys du Mayne, dudit Chemeré, et plusieurs
autres ; ledit seigneur Joseph âgé seulement de cinq
ans et trois mois ».
A la fin du mois de septembre. Christophe-Jacques de
Sévigné fut obligé de s'acheminer vers Brest pour y re
prendre, avec les premiers jours d'octobre, son service
dans le port auquel il était désormais attaché ^. Quant
à l'infortuné père du jeune Joseph de Sévigné, avait-il
demandé un congé d'une plus longue durée que celui de
son frère, ou bien le fit-il prolonger après le malheur
qui lui était arrivé ? nous l'ignorons. Ce qui estcertain
c'est qu'à la date du l**" novembre, nous retrouvons « haut
et puissant Chritophe-Jacques de Sévigné, chevalier,
seigneur du Couldray, Chemeré-le-Roy, la Bazouge, et
1. Ibidem ; voir aussi B/2, 60, f'»» 100. 151, 161, et B/2, 64, ^•90
et 97.
2. Voir B/2, 60. M89 : Versailles, 25 novembre 1687; Conçé
pour le sieur de Sévigné, capitaine de vaisseau à Brest. Voir
aussi B/2. 64 : 6 mai 1688 ; Ci ngé de 3 mois pour le sieur de Sé-
vigné Montmoron, capitaine de vaisseau à Brest. Voir enfin G/1,
151, Revues Laffilard.
3. Voir C/1, 151, Revues Laffilard.
Digitized by
Google
- 139 —
autres lieux, capitaine commandant les vaisseaux du Roy
au département de Brest >% parrain dans Téglise de la
Bazouge avec « demoiselle Marcelle de Mescan, belle-
sœur dudit seigneur », de Marcelle-Jacquette Le Clerc.
Enfin au commencement de décembre, il était lui aussi de
retour à Brest où Tavait rappelé son service *.
Cependant la guerre de la Ligue d'Augsbourg venait
de mettre Louis XIV aux prises avec presque toutes les
puissances de TEurope coalisées contre lui Cette guerre,
d'abord exclusivement continentale, allait devenir égale
ment maritime à la suite de la révolution d'Angleterre,
qui, en détrônant Jacques II au profit de son beau-père
Guillaume d'Orange, avait fait entrer dans la coalition
européenne la nation jusque-là alliée de la France Dans
ces conjonctures il était évident que notre marine, appelée
à lutter contre les flottes réunies de la Hollande et de
TAûgleterre, entièrement réorganisée par le génie de
Colbert pendant les années de paix qui venaient de
s'écouler, commandée par des chefs tels que Tourville,
Cbàteau-Renaud, d'Estrées, allait jouer un rôle des plus
importants. Aussi, dès les premiers mois de l'année
1689. voyons-nous Louis XIV faire armer dans le port
de Brest un certain nombre de vaisseaux. Parmi ces
vaisseaux figuraient le Glorieux^ que devait commander
le sieur de Langeron avec « le sieur de Sévigné(Mont-
moron) » comme capitaine en second, et le Sage, dont le
sieur de Vaudicourt était désigné pour être capitaine
en premier, tandis que « le sieur de Sévigné, » Jacques-
Christophe, y remplirait les fonctions de capitaine en
second 2. Il y a d'ailleurs tout lieu de croire que ce dernier
navire fit partie de la flotte qui, sortie de Brest dans les
premiers jours de mai sous les ordres de Château-Re-
naud, fut chargée d'aller porter en Irlande, à Jacques II,
qui y était débarqué quelque temps auparavant, des
1. Ibidem.
2. Voir B/2. 68, i^. 13 et 58, et C/1, 151.
Digitized by
Google
— 140 —
troupes, des armes et des munitions, et, après l'heu-
reux succès de sa mission, ne tarda pas à revenir à
BrestMl y a également lieu de croire qu'au mois d'août
suivant Christophe-Jacques deSévigné, sur son vaisseau
le Glorieux^ aussi bien que Jacques-Christophe sur le
ScLge, prirent part Tun et Tautre à Texpédition comman-
dée cette fois par Seignelay en personne, lorsque, sous
ce dernier, la flotte de Château-Renaud, renforcée des
vaisseaux amenés du Levant par Tourville, alla chercher
jusqu'aux îles Sorlingues la flotte anglaise qu'elle eût
attaquée certainement si le mauvais temps ne l'en eût
empêché 2.
Au mois de septembre, après la rentrée de la flotte
française au port de Brest, le sieur de Monmoron reçut
le commandement du Sage ^ ; c'était la première fois, à
notre connaissance, qu'il était appelé à Thonneur de com-
mander un vaisseau ; son état-major se composait du
sieur du Coudray, lieutenant, et des sieurs de la Roche-
Vejançay et de Beauvau du Rivau, enseignes *. Sou vais-
seau était désigné pour faire partie de l'escadre de dix
vaisseaux que M. de Relingues devait emmener à Dun-
kerque pour de là tenir la mer pendant tout l'hiver et
croiser dans la Manche ^.
Vers la même époque, le chevalier de Sévigné avait
été, lui aussi, jugé digne de commander un vaisseau ;
ce vaisseau ét^it V Apollon, et il avait sous lui le sieur
du Mené, lieutenant, et le sieur de Maurens, enseigne ^.
Il est vrai que son service effectifdans son nouveau poste
ne devait commencer qu'au mois de décembre ^. Sous
1. Voir Mémoires de Dangeau et Revues Laffilard.
2. Ibidem.
3. Voir C/1, 151, Revues Laffilard.
4. Voir B/2, 68, à la date du 5 octobre.
5. Ibidem, f® 17'^, et Mémoires de Dangeau.
6. Voir B/2, 68. à la date du 5 octobre.
7. Voir Revues Laffilard.
Digitized by
Google
— 141 —
son commandement, V Apollon fit d^abord partie de Tes-
cadre de d'Amfreville, chargé de croiser à l'entrée de la
Manche, mais ne tarda pas a être envoyé avec d'autres
vaisseaux delà même escadre au Port-Louis pour y être
placé sous les ordres du marquis de Nesmond ^ Comme
on le voit, si Tannée précédente les deux frères de
Sévigné avaient pu venir faire un séjour assez prolongé
dans leur terre du Bas-Maine, il n'en avait pas été de
même en 1689 où leur service n'avait cessé de les
retenir soit en mer, soit au port de Brest. Marie-Anne de
Mescan semble pourtant avoir en ces années-là résidé au
Coudray d'une façon presque continue. C'est ainsi qu'à
la date du 10 novembre, pendant que son mari s'apprê-
tait au port de Brest à prendre le commandement de l'il-
pollon, et que son beau-frère croisait dans la Manche à
bord du Sage^ les registres paroissiaux de la Bazouge
nous montrent « madame de Sévigné, dame de cette pa-
roisse,» marraine en l'église de ladite Bazouge de Jacques-
Christophe Raison, « fils du sieur de la Peignière ».
Ce sieur de la Peignière, à qui la dame du Coudray
faisait ainsi l'honneur de tenir son enfant sur les foots
baptismaux de Téglise delà Bazouge, était René-François
Raison, alors « lieutenant et procureur fiscal des juri-
dictions du Coudray, Chemeré-le-Roy, » etc. Ce per-
sonnage était sans doute l'arrière-petit-fils de ce M^
Martin Raison que nous avons vu dès la fin du XVI®
siècle, investi, comme notaire delà Bazouge. de la con-
fiance des des Retours, et le petit-fils de ce François
Raison qui, dans la première moitié du XVII" siècle,
avait exercé 1 office de sénéchal de la terre du Coudray.
Les Raison étaient donc une de ces familles bourgeoises,
comme il n'en manquait pas sous l'ancien régime, dont
la destinée se confondait en quelque sorte avec l'exis-
tence de la famille seigneuriale à laquelle son dévoue-
ment s'était attaché, et la dame du Coudray n'avait fait
1. Voir B/2, 68, à la date du 13 décembre.
Digitized by
Google
— 142 —
que ce qu^elle devait en acceptant d'être marraine du fils
de François-René Raison.
Nous arrivons à Tannée 1690 et à cette campagne de la
Manche qui, pour emprunter le langage du chevalier de
Villette, dans ses mémoires fut la plus glorieuse de
toutes pour la marine de France, et nous allons voir la
part, assurément très importante, qu'y prirent nos deux
capitaines de vaisseaux.
Cette campagne ne commença qu'assez tard dans la
saison. Avant de s'embarqu'^r, le mari de Marie- Anne
de Mescan était allé vers la fin de T hiver ou le commen-
cement du printemps faire un petit séjour au Coudray.
Nous voyons, en effet, à la date du l^^'mars 1690, « haut
et jmissant chevalier Jacques-Christophe de Sévigné,
chevalier, seigneur du Coudray, Chemeré-le-Roy et de
cette paroisse. » parrain en Téglise de la Bazouge de
Jacques- François Marteau.
Cependant on était en train à Versailles de préparer
la « liste des officiers de marine choisis par le Roy pour
servir sur les vaisseaux que S. M. a résolu de faire ar-
mer pendant la campagne prochaine ». Cette liste, datée
du 28 mars, et comprenant un grand nombre de vaisseaux,
ne tarda pas à paraître : Jacques-Christophe de Sévigné
et son frère y figurent tous deux, le premier comme ca-
pitaine du Faucon^ei le second comme capitaine du Pal"
mier.
L'état-major du Faucon se composait, outre a le sieur
de Sévigné, capitaine, du sieur de Noyelles, lieutenant;
dusieur Bochardde Scarron, lieutenant en2« ; du sieur
Dufay-Gentian, enseigne, et du sieur de Foissy, enseigne
en 2® ». Quant à l'état-major du Palmier il comprenait,
sous « le sieur de Sévigné-Montmoron, » capitaine, le
sieur de Beauregard» capitaine de frégate légère ; le sieur
de Mimard, lieutenant, le sieur de Bricart, lieutenant de
frégate légère, enfin le sieur Bonrgart, du môme gradée
1. Voir B/2. 70, ^ 61.
Digitized by
Google
- 143 —
Plus tard, à vrai dire, la liste du 28 mars 1690 se
trouva un peu modifiée, comme on peut s'en convaincre en
parcourant celle qui imprimée, circula vers le milieu du
printemps dans le public '. En ce qui concerne le Fau-
con^ elle remplace le sieur Bochard de Scarron, par le
sieur de Sainte-Marthe ; et, pour ce qui est du Palmier^
elle supprime le sieu? de Beauregard, fait passer le sieur
de Mimard immédiatement après le sieur de Sévigné-
Montmoron et met le chevalier d'Aleigre, lieutenant en 2",
et TAbbé Defautruq, enseigne, entre le sieur de Mimard
et le sieur de Bricard Cette dernière liste a d'ailleurs
ceci pour nous d'intéressant qu'elle nous donne
le nombre de canons des deux navires dont il s'agit,
42 pour le Faucon et 34 pour le Palmier\ et aussi le
nombre d'hommes formant leur équipage, 230 pour le
premier et 206 pour le second.
Ainsi, au fur et à mesure que les mois s'écoulaient, la
composition primitive des états-ma j ors des deux vaisseaux
en question s'était peu à peu modifiée. Mais ce ne fut pas
tout. Nous verrons plus loin que dans les derniers jours
de juin Christophe- Jacques de Sévigné avait dû abandon-
ner le commandement du vaisseau leP«/m^r pour pren-
dre celui de la frégate la Vipère, Or, vers les premiers
jours de ce même mois de juin. Jacques-Christophe s'était
vu lui aussi, confier un autre navire ; celui sur lequel il
allait prendre part à la campagne qui allait s'ouvrir était
non plus le Faucon mais le Courageux 2, armé de 62
canons et fort de 350 hommes ^.
Mais arrivons au récit de la campagne elle-même :
c< Le 23 juin, dit H. Martin, la flotte française, au
grand complet, sortit de la rade de Brest, sous les ordres
de Tourville nommé vice-amiral du Levant à la fin de
i. On en conserve un exemplaire aux Imprimés de la Biblio-
thèque nationale sous la cote Lf69, n® 13.
2. A. n., Marine, C/1, 151, Revues Laffilard.
3. A. n., Mar., B/4, 12 et la date du 10 juillet.
Digitized by
Google
— 144 —
1689 ; elle comptait 78 vaisseaux de guerre dont 63 au-
dessus de 50 canons. Les côtes de France n*ay aient ja-
mais rien vu de si terrible et de si magnifique. Seig^e-
lay, oublieux des maximes de son père, qui voulait à
bord de nos navires de guerre une mâle simplicité, les
avait surchargés d'un luxe ruineux ; le vaisseau amiral
le Royal Soleil était pavoisé d'enseignes de 50 pieds et
de flammes de 130 et 140 pieds en damas brodé... La
flotte, contrariée durant quelques jours par le vent, en-
tra le 29 juin dans la Manche... Le 2 juillet elle fut en
vue des ennemis, dans les eaux de Tîle de Wight. Les
Anglais et les Hollandais réunis étaient inférieurs aux
Français, sinon par le nombre de canons, au moins par le
nombre des navires ; ils n'avaient que 56 à 60 vaisseaux
de ligne, pourla plupart, à la vérité, d'un très fort échan-
tillon... Après quelques jours d'évolutions, la flotte an-
glo-batave, favorisée par lèvent, prit l'offensive (10 juil-
let). Tourville, quoique sous le vent de l'ennemi, accepta
le choc, et la bataille s'engagea en vue de Beachy-Head
que uous nommons le cap Bévéziers sur la côte de Sus-
sex ».
Ici nous interrompons le récit de H. Martin, pour
emprunter la relation de Château- Renaud ^ commandant
de l'escadre bleue faisant l'avant-garde française dans
laquelle se trouvait compris, entr'autres vaisseaux for-
mant la division de M. de Langeron, le navire du cheva-
lier de Sévigné, le Courageux 2.
K La nuict du neuf au dix de juillet [1690], M. le comte
de Tourville m'envoya quelqu'ordre et me fit dire par
l'aide maior qu'il estoit résolu d'engager le combat à quel
prix que ce fût, mesme à vau le vent des ennemis ; il
parut ensuitte aux officiers de mon bord qu'il avoit fait
1. A. n., B/4, 12 r>» 400 et suivants.
2. Ibidem : Ordre de bataille de Tarmëe navale du Roy... au
combat donné le 10 juillet 1690 vers le cap Bévéziers sur les côtes
d'Angleterre contre les armées navales d Angleterre et de Hol-
lande.
Digitized by
Google
- 145 —
les signaux de force de voile ; j'y répondis des feux et du
canon, et fis force avec tontte mon escadre, et mouillé *
sur les deux heures après minuit ayant ouy moy-mesme
les signaux de mouillage que j'attendois avec impatience,
rheure de la marée estant venue, et tout estant prestpour
cela. Quelque temps après, le jour paroissant Je fus assez
surpris de me voir à pareille distance de M. de Tourville
et des ennemis ; ils estoient encor sur voile, ils avoient
le vent, et me voyant mouillé et éloygné avec mon escadre
du reste de Tannée Je ne sçay si cela ne leur au roit point
fait croire cpi'ils pou roient profiter de cet avantage : aus-
sy ne tardèrent-ils pas d'arriver sur moy. Je ne m*en em-
barrassé pas, je mis d'abord sous voile avec toute mon es-
cadre et vins regaigner en bon ordre la teste de la ligne
où je me mis en pane pour les attendre, ainsy que fit
M. de Tourville avec le reste de l'armée ; les ennemis
continuèrent d'arriver et vinrent en bon ordre aussy atta-
querpresque de front et en mesme temps nostre ligne ; les
HoUandois me tombèrent en partage et arrivèrent un peu
plus et plus tost que le reste de la ligne ; ils firent une
faute bien considérable pour des gents du métier, dont je
vis bien d'abord que je profiterais, mais je les laissé
engager au combat, et lorsque je vis qu'ils alloient com-
mencer, et qu'ils n'avoient pas assez prolongé leur ligne
pour combattre les vaisseaux de la teste, je fis le signal
ordonné pour que la division de M. de Yilette fit force de
voile pour estre en estât de revirer sur les ennemis et les
mettre entre deux feux ; les ennemis, presque en mesme
temps présentèrent le costé et commencèrent à tirer à la
petitte portée du canon. La division de M. de Langeron
répondit la première^ je le fis ensuitte quant je les vis
bien engagés, et ayant veû qu'on a voit répondu à mes
signaux. Le feu de la teste des ennemis ne fut guère bien
establi que par le travers du chevalier de Montbron et
1. Mouillé, vieille forme de prétérit, alors en usage, pour
mouillai.
10
Digitized by
Google
— 146 -
du sieur d'AlIigre qui estoit mon matelot de Tavant ; le
vice-amiral et le contre-amiral des ennemis, avec deux
autres vaisseaux bien serrés se mirent par mon travers
et celuy de VArdant commandé par le sieur d'Infreville,
et nous fismes fort grand feu de part et d'austre fort long-
temps. Le Pompeux commandé par le sieur d'AUigre
qui fit tousjours beau feu et bien son devoir dans toutte
l'occasion laissa tomber sa misène, croyant devoir forcer
de voile, comme la division de M. de Vilette à qui j'en
avois fait le signal, se trouva un peu loing de moy, et
je fus obligé de laisser tomber la mienne pour m'en rap-
procher ; VArdant^ mon matelot de l'arrière, fut si mal
traitté qu'il fut obligé d'arriver à vau le vent de la ligne
pour so racommoder. Ce contretemps m'exposa seul
quelque temps au feu de ces quatre vaisseaux sur les-
quels il ialut partager le mien.
i< Je mis dans ce temps-là le signal à la division de M.
de Vilette de revirer, ayant forcé de voile pour cet effect;
ie n'aurois pas esté en peine que M. de Vilette n'eût
reviré de mesme aussy tost qu'il avoit jugé à
propos, puisque luy, M. de Relingue et moy, en
estions convenus en pareille occasion, et moins encor en
celle-cy que j'avois fait le premier signal de forcer de
voile, qui ne pouvoit estre qu'à cet intention, que je ju-
geay aussy devoir estre celle du général qui m'avoit don-
né cet ordre par les ordres généraux, mais je fus bien aise
de le faire entendre à tous les vaisseaux de l'avant-garde.
afin que chacun revirât à son tour et suivit bien M. de
Relingue.
« M. deRelingue,àcequej'ay appris depuis, avoitdesjà
eu la mesme intention, puisqu'il avoit desjà reviré ; mais
ne se trouvant pas assez au vent des ennemis, il avoit
esté obligé de courre son premier bord pour estre plus au
vent, et je croy que ç'avoit esté à l'intention de me sou-
lager plus tost du grand feu qu'il voyoit tomber sur moy.
Estant ensuitte reviré à la teste de sa division, M. de
Vilette vint envelopper avec elle les ennemis et achever
Digitized by
Google
— 147 —
de les mettre en désordre, où ils commençoient d'estre,
les mettant entre deux feux. Ensuitte que MM. de Relin-
gue, de Larteloire, de la Galisonnière, de Vilette, de
Pointis et de Septein eurent reviré, je reviré tout court
sans attendre que le sieur de Riberé, le comte Desgouttes,
le sieur de Persin, le chevalier de Monbron et le sieur
d^AUigre les eussent suivis, afin de suivre mieux les
ennemis, mais je le fis avec beaucoup de peine à cause
du calme et estant autant incommodé qu'un navire, qui
pouvoit encore se mouvoir un peu, le ponvoit estre, et,
pour ne point perdre de temps, j'envoyé M. le chevalier
de Beaujeu, major, qui y voulut aller luy-mesme pour
avertir ces vaisseaux, qui n'a voient point reviré, de re-
virer en mesme temps derrière moy, et de faire la force
de voile qu'il pouroient, par lequel moyen je joygnis
promptement ces premiers vaisseaux qui avoient reviré
avec M. de Vilette qui faisoit merveille avec MM. de
Relingue, de Larteloire, et les cy-devant nommés de sa
division qui avoient reviré.
« Le sieur du Palais, qui sui voit le sieur Dimfreville qui
avoit esté obligé de se tirer de la ligne, avoit esté aus-
sy incommodé de ses mâts, et avoit un peu largué ; quel-
ques vaisseaux des ennemis passèrent par cet intervalle
de la ligne et arrivèrent sous le vent pour éviter notre
feu ; nous eussions infailliblement fait périr toutte cette
escadre qui se trouvoit engagée dans la nostre et dans
une partie de celle de M. de Tourville, mais le calme
qui survint m'osta et à tous nos vaisseaux tout mouve-
ment, hors celuy que nous pouvions avoir par nos cha-
louppes.
« Voas sçaurez. Monseigneur, Testât où nous les avions
: is par la perte qu'ils ont fait de leur vaisseaux, mais
nous les aurions eu presque tous, n'ayant plus de moyen
de se rejoindre aux Anglois qui les avoient abandonnés.
Le sieur de Perinet soutint fort bien, aussy bien que
le sieur de Beaujayy les sieurs de la Vigerie^ de Sévi--
Digitized by
Google
— 148 —
gni^ de Vaudricourt et Durwaux ', que je reirouvay
avec M. de Langeron dans une bonne situation pour
nous assurer une victoire plus complelte de tous les
Hollandais.
« Je ne vous dirai rien, Monseigneur, des Anglois que
je ne vis plus au retour que je fis du costé de M. de
Tourville; jay sceu seullement que M. Herberg n'avoit
ozé se trouver par son travers ny d^aucun vesseau con-
sidérable, et avoit préféré se trouver par celuy du Jfo-
déré^ du Comte et du Cheval marin ^ par quoy je croy
que vous serez confirmé sur ce que je vous ay dit de ce
général à l'occasion du combat de Bantry.
« Je ne vous parleray point, Monseigneur, de ce qui
s'est passé ailleurs que dans mon escadre ; vous sçaurez
seullement en général que la marée qui suivit le calme
nous éloygnapeu à peu des ennemis, parce qu'ils avoient
mouillé avec touttes leurs voilles ; nous nous aperçusmes
de cette ruse quelque temps après que M. le comte de
Tourville fit mouiller » . . . . •
Tel avait été, d'après Château-Renaud lui-même, dans
cette glorieuse journée du 1*0 juillet 1690, le rôle joué
sur son vaisseau le Courageux par le chevalier de Sé-
vigné ; on voit qu'il s'était dignement acquitté pour »a
part de la tâche qui lui avait été confiée. Nous savons
d'ailleurs, grâce à un document relatant l'état des vais-
seaux après le combat, que le Courageux ne s'était pas
trouvé à l'endroit le moins périlleux du champ de ba-
taille, puisqu'il avait eu 8 tués et 11 blessés, et qu'on
avait tiré de son bord 2.626 coups de canon ^.
Pendant que son frère contribuait ainsi à la victoi^ e
de Bévéziers, Christophe-Jacques de Sévigné prenait
part lui aussi, bien que sur un autre théâtre aux opéra-
tions navales de cette même campagne. Destiné d'abord
1. Officiers commandant les divers navires composant la divi-
sion de Ijangeron.
2. A. n., B/4, 12, Campagne de 1690.
Digitized by
Google
— 149 ~
à servir dans la flotte de Tourville avec son vaisseau le
Palmier^ quand celle-ci au commencement de juin mit à
la voile pour la première fois, il fut laissé dans la rade
de Brest pour y commander quatre vaisseaux, y compris
le sien, dont l'équipement n'était pas sans doute tout à
fait terminé, et qui ne devaient rejoindre la flotte qu'un
peu plus tard. C'est là du moins ce que nous apprend
une lettre à lui adressée de Versailles le 17 juin par le
ministre Seignelay :
« A Monsieur de Sévigné.
A Versailles, le 17 juin 1690.
Monsieur,
a Comme il est de la dernière importance pour le
service du Roy que les vaisseaux le Flaman^ YEole, le
Capable et le Palmier^ qui sont restés dans la rade de
Brest sous votre commandement, joignent incessamment
Tarmée navalle, S. M. m'a ordonné de vous escrire que
son intention est que vous mettiez promptement à la
voille pour vous rendre dans l'endroit qui vous a été
marqué par M. de Tourville. J'espère que vous ne per-
drez pas un moment pour cela et que S. M. aura la satis-
faction d'apprendre au plus tôt la nouvelle de votre dé-
part. Je suis, » etc^
Cependant la flotte, gênée par le mauvais temps et les
vents contraires, après quelques jours de navigation
dans l'Océan et dans la Manche, avait été obligée de
revenir à Brest pour s'y mettre à l'abri dans la rade ;
puis le 23, comme nous l'avons dit plus haut, elle s'était
remine définitivement en mer. Mais en dépit des ordres
pressants du ministre, les vaisseaux du sieur Monmo-
ron étaient encore loin d^étre prêts, ce qui obligea leur
commandant à assister, à son grand regret, au départ de
la flotte de Tourville, sans pouvoir la suivre.
C'est sur ces entrefaites qu'il reçut de Versailles une
seconde lettre datée du 22 juin, à lui adressée cette
1. A. n , Mar. B/2, 73 Dépêches du Ponant, ^ 190 v».
Digitized by
Google
— 150 -
fois, et écrite de la main du Roi lui-même. Elle était
ainsi conçue :
« Monsieur de Sévigné-Montmoron, ayant estimé du
bien de mon service de donner au sieur Forant, chef
d'escadre de mes armées navales, le commandement du
vaisseau \e Palmier^ ^e vous fais cette lettre pous vous
dire que vous ayiez à le luy remettre et à monter ma fré-
gate la Vipère. Sur ce. je prie Dieu qu'il vous ayt, Mon-
sieur de Sévigné-Monmoron, en sa sainte garde... » '.
Ainsi Christophe Jacques de Sévigné allait désor-
mais être déchargé du commandement du Palmier pour
prendre celui de la Vipère, Lui-même du reste avait
reçu, relativement à la campagne à laquelle il se disposait
à prendre part, une nouvelle destination. La Vipère de-
vait faire partie d'une escadre placée sous les ordres
de Forant à qui le Roi venait de confier la double mis-
sion, d'abord d'escorter jusqu'en Irlande un convoi de
ravitaillement^ puis de croiser dans la Manche de
Saint- Georges 2.
Monté sur le Palmier^ Forant quitta Brest avec une
partie de son escadre vers le 12 juillet^ et, grâce à une
heureuse traversée, arriva au bout de quelques jours à
Kinsal. Mais il n'avait pu emmener avec lui la Vipère
et quelques autres frégates qui, faute sans doute d'un
équipement suffisant, étaient toujours à Brest. Aussi
son premier soin, une fois arrivé à Kinsal, d'où il devait
presque aussitôt repartir pour Limerick, fut-il d'écrire
au ministre Seignelay pour le supplier « d'ordonner que
1. A. n., Mar., B/2, 72 (ordres du roi), f» 129, v».
2. A. n.,Mar.. B/2, 72, r> 125 : Mémoire servant d'instruction
au sieur Forant, chef d'escadre des armées navales du Roi (Marly,
22 juin] Voir aussi ibidem la 0 Liste des vaisseaux que le Roy
veut estre armés pour croiser dans la Manche de St-Georges sous
le commandement du sieur Forant, chef d'escadre de ses armées
navales ». Parmi ces vaisseaux, figure La Vipère avec le sieur
de Sévigné-Montmoron comme capitaine.
3. Voir A. n., Mar., B/2, 74, lettres écrites pendant le mois de
juillet par le ministre Seignelay à Desclouzeaux et à Forant.
Digitized by
Google
— 151 —
le sieur de MontmoroD, avec les autres frégates » qu'il
avait « laissées à Brest », vint aussi le ce rejoindre dans
ce pays » '. Cette lettre, datée du 17 juillet, mit natu*
Tellement un certain nombre de jours à parvenir à Ver-
sailles, et ce fut seulement le 30 du même mois que le
ministre, pressé d'y donner satisfaction, envoya à son
tour à M . de Sévigné-Monmoron la lettre suivante :
A Versailles, le 30 juillet 1690.
« Monsieur,
a Le Roy ayant esté informé que M. Forant est parti
de Kinsal avec les frégates qui son sous sont commande-
mont pour se rendre à Limerick, Vintention de S. M. est
que vous mettiez promptement à la voile pour l'y aller
rejoindre avec les frégates la Vipère^ la Mutine^ le
Soleil d'Afrique^ le Marin^ Va Badine^ la Fée^ la Char^
mante, le Comte de Révoil, et les deux bruslots et les
deux flûtes que M. Desclouzeaux a eu ordre de préparer,
et que vous fassiez la plus grande diligence que vous
pourrez. Je suis bien aise de vous dire qu'en exécutant
promptement ces ordres, vous rendrez un service con-
sidérable et très agréable à S. M., et que j'aurai soin de
l'en faire souvenir lorsque l'occasion se présentera de
vous faire plaisir. 11 faut pendant votre route que vous
naviguiez avec précaution et que vous passiez au cap de
Clare pour éviter la rencontre des vaisseaux de guerre
anglais qui sont à présent sur les côtt;s d'Irlande » ^.
Comme on le voit par les trois lettres qui lui avaient
été adressées directement soit par le Roi lui-même, soit
par le ministre Seignelay, le rôle joué dans cette campa-
gne de 1690 par Christophe-Jacques de Sévigné avait
été quelque chose de plus que celui d*un simple capitaine
de vaisseau ; s'il n'avait pas été, comme son frère, l'un
des glorieux combattants de Bévéziers, c'est qu'on avait
1. Voir A. n., Mar., B/4, 12 : Campagne de 1690, Correspon-
dance de Forant, lettre du 17 juillet.
2. A. N.. Mar., B/2^ 74, fo t6t V.
Digitized by
Google
— 152 —
eu besoin de lui pour une miesion qui avait elle aussi
son importance.
Le moment \ânt enfin où le sieur de Montmoron put
mettre à la voile avec les vaisseaux et frégates qui lui
étaient confiés, et aller rejoindre à Limerick le sieur
Forant. Or celui-ci, à la suite des graves événements qui
venaient de se passer en Irlande, et avaient nécessité la
transformation de son escadre en une véritable flotte par
l'adjonction de nouveaux vaisseaux, avait dû céder
le commandement de l'expédition à d'Amfreville K Ce
fut donc sous les ordres de ce dernier que Christophe-
Jacques de Sévigné servit en réalité pendant le reste de
la campagne ^. La Vipère fut évidemment parmi les
vaisseaux qui arrivèrent à Limerick vers la fin d'août,
au moment où Guillaume d'Orange levait le siège de
cette ville, et elle contribua certainement à ramener en
France une partie des troupes françaises et irlandaises
qu'avait commandées Lauzun. En tous cas, à la date du
18 septembre, nous voyons cette frégate figurer sur la
liste des vaisseaux et frégates de l'escadre du sieur
d'Amfreville qui avaient reçu l'ordre de désarmer à
Brest \
Au moment même où se terminait ainsi pour le sieur
de Monmoron la mémorable campagne de 1690, les
Pères jésuites de la Flèche faisaient tenir au bourg de
Chemeré, en la maison seigneuriale de la Moinerie, les
pieds et assises de leurs terres fiefs et seigneuries de la
Moinerie, de Villiers et d'Épineu-!e-Séguin dépendants
de l'abbaye de Bellebranche unie à leur collège royal de
la Flèche. Or, parmi les vassaux cités à comparaître,
1. A. n., Mar., B/2, 74 : Lettres écrites par Seignelai les 22 et
23 juillet à Forant, à d'Amfreville et à Desclouzeaux.
2. A. n., Mar., B/2, 74, f» 152 : Liste des vaisseaux qui doivent
servir dans la manche de Saint Georges sous le commandement
de M. d'Amfreville ; parmi ces vaisseaux figure La Vipère com-
mandée par le sieur de Monmoron,
3. A. n., Mar., B/2, 72, fo 183.
Digitized by
Google
— 153 —
nous irouTons « Messire Christophe-Jacques de Sévigné,
seigneur de Monmorou et de la châtellenie de Chemeré,
et en ladite qualité seigneur propriétaire des moulins et
estangs delà Bazouge paroisse de la dite Bazouge. pour
luy et ses cohéritiers ». Est-il besoin d'ajouter que le
sieur de Monmoron, qui est dit à cette occasion « actuelle-
ment au service du Roy », ne comparut pas en personne,
mais se fit représenter par René-François Raison, son
procureur fiscal de la dite seigneurie de Chemeré ?
Celui-ci d'ailleurs se désavoua, « d'acquest » au nom de
son commettant, « et aussy de la nuepce de cette cour »,
à laquelle, prétendit-il, il était <i seulement deu 24 bois-
seaux de seigle, mesure de Chemeré le Roy, de rente
fontière ou legs sur les dits estangs et mouUin de la
Chaussée » dont avaient été « continuellement » chargés
« les fermiers du dit mouUin, » etc. '.
1. Arch. de la Sarthe, fonds Bellebranche, P* 224.
Digitized by
Google
ESSAI HISTORIQUE
SUR LA
TERRE SEIGNEURIALE ET LA CHAPELLENIE
DE
LA GENDRONNIÈRE
(saint-sulpice)
La tfirre seigneuriale de la Gendronnière, sise en la
paroisse de Saint-Sulpice du Houssay, ancien diocèse
du Mans, aujourd'hui Sainl-Sulpice près Château-Gon-
tier au diocèse de Laval, est très ancienne ; on la trou-
ve mentionnée auxXIli® et XIV* siècles ^ A une date
postérieure, que nous croyons devoir placer vers la
première moitié du XVP siècle, une chapellenie de la
Gendronnière fut fondée, « comme devant être desservie
dans l'église parrochialle de Saint-Sulpice du Houssay. »
Elle n'était donc pas une chapelle domestique annexée
au château même, mais bien une fondation religieuse,
due à la générosité d'un seigneur de la Gendronnière,
lequel déclarait dans son acte de fondation, qu'il enten-
dait que ledit bénéfice fût attaché à Téglise paroissiale
de Saint-Sulpice, s'en réservant la présentation et
1. Amendes, déclarations du fief et seigneurie du Jarry, en la
Î>aroisse de Saint-Sulpice, pour terres, maisons, rentes, à la Beu-
otterie. aux Chenuères, au Gléray, à la CAtelière, à la Fourmon-
dière. à la Gendronnière, à la Goupillière, aux Machouardières,
à la Querellière, à la Robardière,à Saint-Sulpice, etc.. (Archivée
de la Mayenne, série E, n® 39).
Digitized by
Google
— 155 —
désignant Mgr l'Evéque du Mans pour collateur de cette
chapellenie.
Le temporel attaché au bénéfice de la Gendronnière
consistait en la métairie de la Hayère, sise paroisse de
Quelaines. Cette métairie était grevée d'une rente an-
nuelle de douze setiers de seigle, que nous trouvons
vendue et cédée en 1458 comme suit :
Le feu sieur de Brassé avait baillé à damoiselle Ysa-
beau Mauviel. femme de noble homme Thomas Le Séné-
chal, écuyer. paroissien du Louroux-Debeconnays (sic),
la rente de douze sepiiers de seigle, assise sur le lieu
delà Hayère Ysabeau apportait cette rente en mariage
audit Thomas Le Sénéchel.
Au 14 mai 1458, celui-ci « vendait laditte rente à pos-
« scder moitié pour moitié 1® à messire Jehan Amyut,
<c prêtre, sieur d'Olmeaux absent ; et 2** à Jehan Cha-
« lopin, présent, tous deux paroissiens de Saint-Sul-
« pice ; ledit Chalopin acheptant tant en son nom que
« au nom dudit Amyot et par moytié, douze septiers de
« seigle de rente, à la mesure de Quelaines, que ledit
« vendeur à cause de damoiselle Ysabeau Mauviel a
« droict d'avoir et de prendre par chascun an, au terme
(c de TAngevinne, sur le lieu et appartenances de la
« Hayère, situé et assis en la paroisse de Quelaines. »
Cet acte de vente, souscrit en « la court de ChasteaU-
gontier. » le fut en présence de nobles personnes Michel
Mauviel, frère aîné d'Ysabeau, et Jehan de Ligneu, mari
de la sœur de Thomas Le Sénéchal, co-intéressés.
Par devant M* Jehan de Pincé, licencié ès-lois. lieute-
nant de M. le juge général ordinaire d'Angers, eut lieu le
24 janvier 1514, un accord entre « honorable homme et
saige maistre François Chalopin, fils de Jehan ci-dessus,
licencié ès-lois. et Mathurin Amyot. frère de Jehan
Amyot précédemment dénommé, demandeurs, d'une
part, « et les détempteurs de la Hayère, d'autre part. »
Ces derniers furent condamnés à payer quarante livres
huit sols tournois à Chalopin et douze livres audit
Digitized by
Google
— 156 —
Amyotpour les arrérages de la rente assise sur ledit lieu
de la Hayère.
Dans ce deuxième titre nous ne trouvons pas mention
encore du bénéfice de la Gendronnière auquel, plus tard,
fut attachée la terre de la Hayère; il faut donc supposer
que la fondation de cette chapellenie eut lieu entre 1514
et 1532 car, à cette date de 1532, « vénérable et discret
maistre Jehan Âmyot, curé de la Bazouge-de-Che-
meré, est qualifié chapelain de la chapelle de la Gen-
dronnière, sise en la paroisse de Saint-Sulpice-du-Hous-
say ».
Cela nous porterait à croire que la famille Amyot de-
vait à cette époque être propriétaire de la terre de la
Gendronnière et que Jehan Amyot, prêtre, aurait légué
sa succession à son frère Mathurin Amyot avec obliga-
tion pour celui-ci de fonder une prestimonie en Téglise
de Saint-Sulpice sous le titre de chapellenie de la Gen-
dronnière.
Le premier titulaire de ce bénéfice aurait été tout na-
turellement le neveu et fils des fondateurs Jehan et
Mathurin Amyot : « vénérable et discret maistre Jehan
Amyot, » filleul de son oncle Jehan qui lui avait fait faire
toutes ses étudcF ecclésiastiques: Ce premier chapelain
du bénéfice de la Gendronnière était encore en fonction
en 1543, car à la date du 21 mai de cette même année,
il y avait contestation entre : « vénérable et discret
« maistre Jehan Amyot, prestre, curé de la Bazouge de
« Chemeré et chapelain delà chapelle ou chapellenie de
« la Gendronnière fondée et desservie en Téglise parro-
<t chialle de Sainct-Sulpice du Houssay, comparant par
« M^ Pierre Chalopin, licentié ès-loix, son procureur, de-
« mandeurs d'une part ; et vénérable et discret maistre
« Pierre Chalumeau, prestre, comparant par M* Mathurin
« Chalumeau, licentié ès-loix, son conseil et procureur,
« défendeurs d'autre part ; touschant le nombre de six
<K septiers de seigle à la mesure ancienne rentière de
« Quelaines, arrérages eschues au terme et feste de la
Digitized by
Google
- 157 -
Nativité (de) Notre-Dame dite TAngevinne dernière
passée ; de pareil nombre de six septiers de seigle de
rente annuelle prétendue et demandée par ledit deman.
deur chapellain susdit, sur, à cause et par raison du
lieu et appartenances de la Hayère, sis en la paroisse
de Quelaines ; duquel lieu ledit deffendeur est seigneur
et détempteur en tout ou pour la plus grande partye.
Rendable icelle rente audit terme audit demandeur
chapellain susdit ou à autre pour luy au lieu de la
Gendronnière ; à paiement duquel arréraige et conti-
nuacionde laditte rente pour l'avenir audit lieu deU
Gendronnière et à despens, ledit demandeur chapel-
lain susdit aconclud.
« Lesquelles partyes oyez sur laditte demande et
après que ledict deffendour a confessé avoir eu com-
munication de plusieurs lectres et enseignemens fai-
sant mention de ladicte rente et qu'il n'a eu que empes-
che, avons condamné et condamnons ledict deffendeur
à rendre et païer audit demandeur, chapellain susdit,
audict lieu de la Gendronnière, ledict nombre de six
septiers de seigle à ladicte mesure ancienne rentière
de Quelainnes, dedans huictaine et à continuer icelle
rente de six septiers de seigle à ladicte mesure an-
cienne rentière de Quelainnes, à Tadvenir par chascun
an, audict terme d'Angevinne, audict demandeur cha-
pellain susdict, à ses successeurs chappellains de la
chappelle de la Gendronnière, audict lieu de la Gendron •
nière, pendant le temps que ledict deffendeur sera dé-
: tempteur et possesseur dudict lieu et appartenances
t de la Hayère ou de partye d'icelluy.
« Lequel lieu de la Hayère o ses appartenances, nous
: déclarons subject et affecté à ladicte rente. Et oultre
: condamnons ledict deffendeur es despens dudict de-
: mandeur de cette cause, tels que de raison. La taxa-
i cion d'iceulx à nous réservée. »
« Si mandons au premier sergeant roîal sur ce requis,
Digitized by
Google
- 158 —
« à la requeste dudici demandeur, mestre ces présentes
a à exécution parfaicte et deub seulon leur forme et
(( teneur, par touttes voyes et manières deubs et raison-
ce nables. Do ce faire lui donnons pouvoir, nonobstant que
« ce ne soit son bailliage.
« Donné à Angiers et expédié par nous, François
(c Chalopin, licentié ès-loix^ lieutenant particulier de M.
« le Séneschal d'Anjou, lelundy vingtiesme et ung jour
« de may. Tan mil cinq cens quarante troys.
(Signé) « Chalumeau — F. Chalopin — Denemez,
greffier * »
Cette sentence prononcée en la cour des causes, sise
ville d'Angers, fut acceptée et ratifiée le 26 octobre
suivant par le défendeur condamné, qui en faisait déli-
vrer acte à la partie adverse dans les termes suivants :
« Vénérable et discret maistre Pierre Chalumeau,
« prestre, aujourd'hui par ces présentes ratiffie et a ag-
« gréable la sentence de condamnacion contre luy ren-
« due en la présence de maistre Mathurin Chalumeau,
« licentié ès-loix, son frère et procureur, au profit de
« maistre Jehan Amyot. prestre, chappelain de la Gen-
« dronnière, donnée en la court de céans le leundy vingt-
« eungnième jour de may Tan mil cinq cens quarante
« troys, touschantsix septiers de seigle de rente donnée
c( audict chappelain sur le lieu et appartenances de la
« Hayère. sis en la paroisse de Quelaines en ce paîs
« d'Anjou.
« Dont et de laquelle ratifficacion nous avons jugé
« ledict maistre Pierre Chalumeau, de son consente-
« ment.
« Faict à Angiers, par devant nous, Gillaume Lerat,
« docteur es droictz, lieutenant général de M. le Sénes-
« chai d'Anjou, le vingt-sixiesme jour d'octobre Tan mil
c( cinq cens quarante troys.
(Signé) « Denemez, greffier ».
1. Archives de M. Ernest Guérin de la Roussardière.
Digitized by
Google
— 159 —
Nous avons avancé précédemment que, vers 1530, la
famille Amyot devait être en possession de la terre sei-
gneuriale de la Gendronnière * . Celte présomption se
trouve confirmée et devient une réalité vingt ans plus
tard, comme le démontre un titre conservé aux archi-
ves de la Roussardière en Quelaines, et qui nous dési-
gne au 18 août 1550 « noble homme Estienne Amyot,
seigneur de TAnsaudière en Saint-Martin-du-Limet,
et de la Gendronnière en Saint-Sulpice du Houssay.
Ce seigneur de la Gendronnière premier titulaire de
ce fief que nous trouvons clairement désigné, vendait au
18 août 1550, la rente de six setiers de seigle assise
sur le lieu de la Hayère.
Le titre que porte cette pièce notariée, passée en la
cour de Craon,le « lundy dix huictiesmejour d'aoustl'an
« 1550, par devant maistreThugald Le Tondeur, notaire
a en ladicte court et ses lémoings souscripts, présens
M en l'auditoire dudict Craon, avec les partyes en cause, »
le titre de Tacte, disons-nous, résume à lui seul la teneur
du contrat de vente, duquel il appert que :
o Noble homme Estienne Amyot, seigneur de TAn-
« saudière et de la (lendroimière, agissant au nom de
« Nicollas Amyot, son fils puisné, chappellain de lâcha-
« pelle de Saint-Sébastien, alias la Gendronnière, ven-
« dait le dict jour à Guillaume Bonnet, marchand demeu-
« rant à la Hayère, parroissede Quelennes, les sixseptiers
« de bled seigle mesure rentierre de Quelennes, dus par
tf chascun an, au terme de Nostre Dame l'Angevinne,
tt audict Nicollas Amyot à cause de sa dicte chappelle de
tt la Gendronnière, ladicte vente consentye moyennant
ti la somme de douze livres tournoys en argent. »
11 est à remarquer ici que pendant deux ou trois
générations au moins, la chapellenie de la Gendron-
nière fut possédée par les puînés de la famille Amyot.
1. M. l'abbé Angot {Dict. hist, de la Maj/enney t. II, p. 271)
trouve la famille Amyot établie à la Gendronnière dès 1473 (E.L.)
Digitized by
Google
— 160 —
Les oncles la transmettaient aux neveux, les cadets
de famille n^ayant habituellement pour partage, au
Moyen-Age, que le métier des armes ou le froc des moi-
nes, Talné du nom héritant par droit d'aînesse des terres
et seigneuries possédés par le père commun. C'est ain-
si que nous voyons vers 1530 Jehan Amyot, prêtre, fon-
der la chapellenie de la Gendronnière, dont son filleul
et neveu, Jehan Amyot, fils de Mathurin Amyot, prêtre,
curé de la Bazouge-de-Chemeré était chapelain en
1532. encore pourvu de ce bénéfice en 1543 ; mais rem-
placé en 1550 par Nicolas Amyot, son neveu, fils de
son frère Etienne Amyot, sieur de la Gendronnière et
possesseur de TAnsaudière, par héritage échu à sa
femme, fille unique du seigneur de l'Ansaudière.
Les documents nous font défaut pour suivre alors
rhistorique, tant de la terre seigneuriale de la Gendron-
nière que de la chapellenie de ce nom, fondée et desser-
vie en Téglise Saint-Sulpice du Houssay.
Nous ne savons à quelle date précise cette terre cessa
d'appartenir à la famille Amyot et si ce fut elle qui la
vendit aux Guérin de la Draperie ; ou encore si elle fut
possédée par d'autres propriétaires'de qui l'aurait tenue
la famille Guérin.
Le premier titulaire delà famille Guérin delà Drape-
rie, que nous voyons qualifié sieur de la Gendronnière,
est René Guérin qui, au 9 juin 1666, signes René Guérin
de la Gendronnière », au contrat de mariage de Af*
René Boucault. sieur dds Buchards, avocat au présidial,
avec damoiselle Catherine Prodhomme.
Ce René Guérin de la Gendronnière était fils aîné de
M* René Guérin, conseiller du roi à l'élection de Chà-
teau-Gontier, sieur de la Draperie — terre seigneuriale
sise en la paroisse de Menil près Château-Gontier — et
de demoiselle Françoise Le Devin, de la ville de Sa-
blé. Dans la généalogie manuscrite de la famille Guérin,
rédigée en 1768, René de la Gendronnière» premier de
Digitized by
Google
— 161 —
oe nom, occupe le sixième rang, et aucun de ses aïeux
avant lui nVst qualifié sieur de la Gendronnière.
Le père de ce René Guérin de la Gendronnière, noble
homme René Guérin de la Draperie, époux de dame
Françoise Le Devin, dut acquérir la terre, seigneurie et
fiefs de la Gendronnière vers 1660 ou 1665, puisque son
fils aîné en portait le titre en 1666. Il est même à re-
marquer que dorénavant on ne verra plus les Guérin
se nommer delà Draperie, mais bien delà Gendronnière.
L'acquéreur n'en porta jamais le titre et conserva jus-
qu'à sa mort le nom de René Guérin, sieur de la
Draperie, ce qui porterait à croire qu'il l'avait achetée
dans le nom de son fils aine.
En 1670, une procédure était engagée au présidial de
Château-Gontier, contre des faux-sauniers accusés
d'avoir commis un vol avec effraction en la maison sei-
gneuriale de la Gendronnière en Saint-Sulpice, « appar-
tenant à M. René Guérin, sieur de la Draperie, conseiller
du Roy en l'eslection de Chasteaugontier ^ . »
A cette époque, et bien que portant le titre de sieur
de la Gendronnière, M. Guérin fils n'en était pas encore
le vrai propriétaire, car la procédure suivie en 1670,
concernant le vol commis à la Gendronnière, constate
bien que cette terre est « appartenance de M. René Gué-
rin, sieur de la Draperye, conseiller du Roy en l'eslection
de Chasteaugontier, » père dudit René Guérin, sieur de
la Gendronnière.
Celui-ci ne dut, croyons-nous, recevoir la propriété
dont il portait depuis longtemps le irom qu'à l'époque
de son mariage. C'est au moment où il épousait Mlle
Catherine Bionneau, vers 1680, que son père, M. René
Guérin de la Draperie lui abandQnna complètement la
terre de la Gendronnière, comme son patrimoine distinct,
en avancement d'hoirie, dans les biens pouvant lui reve-
nir plus tard, de la succession paternelle.
1. Archives de la Mayenne, série B 2.68'i.
a
Digitized by
Google
RenéGuérin de la Gendronnière, premier de oe nom,
né en 1645, était déjà, en 1666, à peine âgé de vingt-un
ans, avocat au présidial de Chàteau-Gontier ; en 1673,
il devenait conseiller garde-scel au même siège.
Ce fut vers 1680, apparemment, qu'il épousa Dlle
Catherine Bionneau '. Quatre ans plus tard, en 1684, il
était élu administrateur de Thôpital Saint-Julien de Chà-
teau-Gontier. Il occupa ces fonctions publiques pendant
dix années.
Le 24 mai 1686 « messire René Guérin, sieur de la
« Gendronnière, conseiller du Roy, garde-scel, juge ma-
te gistraten la sénéchaussée et siège présidial d'Anjou,
(( au siège présidial de Chasteaugontier, acquérait de
« dame Anne du Boul, veuve de messire Allexis de Qua-
« trebarbes, vivant seigneur de la Roussardière, de-
« meurant ladicte dame en sa maison seigneuriale de la
« Sionnière, parroissed'Argenton, la terre, seigneurie et
u fiefs de la Roussardière, sise en la parroisse de Quelai-
« nés, moyennant la somme de quinze mil livres, avec
« promesse par ladicte dame de faire ratifier par ses
« enfants, cette vente, lors de leur majorité ».
Cette formalité ne fut remplie qu'en 1712.
Par la suite, les aînés de la famille Guérin s'appelè-
rent Guérin de la Gendronnière et les cadets, Guérin de
la Roussardière 2, de la Gaulerie, deChavé, des Alleux,
etc., du nom des difi'érents fiefs possédés par eux.
La terre de la Draperie en Menil, leur premier bien
patronymique, fut reléguée au deuxième plan, et nous
ne trouvons plus aucun membre mâle de la famille Gué-
rin en porter le titre. Cette seigneurie était encore en
1. Ce qui nous fait supposer cettw date de 1680, comme Tépo-
uue probable de son mariage, c'est celle de la naissance de son
fils aîné : Michel Guérin, sieur de la Gendronnière, qui vit le
jo.T en 1682 ainsi que le révèle plus lard, son acte de mariage.
2. La Roussardière, château et ferme en la commune de Quelai-
ne ; fief vassal de la baronnie de Craon (Dictionnaire historique
et lopographique de la Mayenne par Léon Mattre).
Digitized by
Google
— 163 —
sa possession vers le milieu du XVIII* siècle. En
1758, elle était la propriété de demoiselle « Catherine
Guérin de la Gendronnière, filie majeure demeurant
ville de Chàteaugontier, paroisse Saint- Remy » qui, i
la date du 11 février de cette même année 1758, donnait
prolongation de bail aux fermiers alors exploitant la
maison manable et les terres de la Draperie.
L'acte en question fut passé devant MM^ Mahier et
Martin, notaires royaux à Chàteau*Gontier.
René Guérin de la Gendronnière, premier du nom.
conseiller au présidial et garde-scel de la chancellerie
de Chàteau-Gontier, portait : d'argent à une fasce de
sable, accompagnée de trois molettes de même '.
11 mourut vers 1707 ou 1708, et en tous cas n'exis-
tait plus en septembre de cette même année 1708, car
à cette date, dame Catherine Bionneau, sa veuve, don-
nait quittance de sommes dues à la succession de son
mari décédé.
De 1550 à 1682, nous ne trouvons aucune donnée his-
torique ou document quelconque sur la chapelle de la
Gendronnière en Saint-Sulpice, non plus que sur les
divers ecclésiastiques qui possédèrent ce bénéfice ou en
furent chapelains pendant cette période de plus d'un
siècle. Comme nous l'avons déjà dit, en 1550, le titulaire
en était vénérable et discret maistre NicoUas Amyot,
fils puîné de noble homme Etienne Amyot, seigneur de
l'Ansaudière et de la Gendronnière.
Des lettres épiscopales données au Mans le 27 janvier
1682, nous apportent des renseignements précieux sur
le bénéfice de la Gendronnière. alias Saint-Sébastien,
dont la présentation appartenait alors à M. René Guérin,
sieur delà Gendronnière. possesseur de la seigneurie de
ce nom. On y voit notamment qu'un deuxième bénéfice
ecclésiastique, fondé vers la fin du XVI* siècle ou dans
la première moitié du XVII', avait été réuni à celui de
1. Armoriai manuscrit de d'Hozier, folio 1908, année 1700.
Digitized by
Google
— 164 —
la Gendronnière pour être possédés indivisément par le
même titulaire. Nous voulons parler de la chapelle du
Très Saint-Sacrement, fondée et desservie en l'église
paroissiale de la Bazouge-de-Chemeré. Le temporel
de cette chapelle consistait en une closerie située près
le bourg de la Bazouge-de-Chemeré et portant aussi
le nom de « closerie du Très-Saint-Sacrement ». Cette
terre était affermée en 1756 à M" Jean-Baptiste
d'Héliand, prêtre, prieur-curé de la Bazouge, moyen-
nant une somme annuelle de 55 livres tournois. Nous re-
viendrons plus loin sur ce sujet.
Voici le texte du titre donné par Mgr Tévêque du Mans
au nouveau titulaire des chapelles de la Gendronnière
et du Saint-Sacrement au 27 janvier 1682 :
Ludo viens de la Vergne-Montenard de Tressan, Dei
gratia et apostolica ordinatione Cenomanensis episco-
pus, Régi a consiliis necnon serenissimi principis Aure-
liarum ducis, Régis fratris unici, ab eleemosynis primus.
Universis présentes litteras inspecturis salutem in
Domino.
Notum facimus quod hac die subscripta capellas seu
capellanias Sancti Sebastiani alias la Gendronnière, in
Sancti Sulpicii de Houssay et Sancti Sacramenti in de
la Bazouge de Chemeré-le-Roy parrochialibus ecolesiis
nostrae Cenomanensis diocesis respective fundatas et de-
cerviri solitas, quarum ad dominum temporalem terrae
de la Gendronnière jus patronatus seu presentacio, ad nos
vero collatio, provisioet quœvis alia dispositio oasu vaca-
tionis earum occurente respective spectant et pertinent,
libéras nunc et vacantes per obitum magistri Gabrielis
Le Divin, presbyteri, illarum ultimi capellani et posses-
soris pacifici, dilecto nostro magistro Joanni Poisson,
clerico andegavensis diocesis, ad hujusmodi capellas
obtinendns et regendas capaci et idoneo nobisque propter
hoc per Renatum Guerin. dominum de la Draperie, tan-
quam dominum temporalem dictée terrœ de la Gendron-
Digitized by
Google
- 165 -
nière, litteratoris presentato, sicut nobis constitii acto de
die vigesima quarta mensis decembris uliimi expedito et
minute presentium annexo, contulimus et oonferimus et
de idem illi providimus et providemus per présentes.
Earumdem tenore mandantes omnibus et singulis pres-
byteris,notariis et tabeliionibus publicis quatenus prœfa-
tum magistrum Joannem Poisson seu ejus procuratorem
pro eo ejus nomine in oorporalem, realem et actualem pos-
sessionem dictarum capeiiarum jurium ac pertinentium
earumdem universorum ponant et inducant seu ponat et
inducat alter eorum requisitus servatis solemnitatibus
assuetis et jure cujuslibet salvo.
Datum Cenomani sub signo et sigillo nostris nec non
chirographo magistri Juliani Richard, notarii apostolici,
secretarii nostri, die vigesima nona Januarii anno Do-
mini millesimo sexcentesimo octogesimo secundo, pre-
sentibus ibidem magistris Petro Menant, notario reg^o,
et Jacobo Pissot, notario apostolico, Cenomani commo-
rantibus, testibus ad premissa vocatis et assumptis, ac
nobiscum in minuta presentium signatis.
(Signum) Ludovicus episcopus Cenomanensis.
(Place du sceau).
De mandato dicti domini domini illustrissimi et reve-
rendissimi Cenomanensis episcopi.
(Signum) Richard.
M. Jean Poisson, clerc du diocèse d'Angers, titulaire
de la chapelle de la Gendronnière, ne jouit pas long-
temps de ce bénéfice ecclésiastique. Moins de trois ans
après en avoir été pourvu, il donnait sa démission de
chapelain de ladite chapelle, dont il avait dû se voir
contester la possession, croyons-nous, car dans la quit-
tance et décharge que lui donna M. René Guérin de la
Draperie, patron-présentateur, celui-ci constate que le
chapelain « n'avoit deub ny disposé d'aucun revenus
de la chapelle de la Gendronnière w.
Voici le texte intégral de cette pièce délivrée par M. de
Digitized by
Google
— 166 —
de la Draperie, le 27 octobre 1685, jour même de la dé-
mission de M. Jean Poisson.
« Nous, René Guérin, sieur delaDraperie. cy-devant
« conseiller du Roy, esleu en Tellection de Chasteaugon-
« tier, soubsigné, patron et fondateur de la chapelle ou
« ohapellenie de la Gendronnière et du Saint-Sacrement
« desservie es église parrochialle de Saint-Sulpice de
« Houssay et de la Bazouge de Ghemeré, diocèse du
« Mans, descharge par ces présentes M* Jehan Poisson,
« clerc tonsuré du diocèse d'Angers, cy-devant pourveu
« de ladicte chappelle, de toutes et chascunes les char-
« ges en quoy il pouvoit estre tenu, à cause de laditte
« chapelle, soit pour le payement et rétribution de Tho-
« noraire du service divin, décimes ordinaires et extra-
ie ordinaires, taxes, droits féodaux, cens, rentes et deb-
« voirs, réparations, malversations, sy en. suyvent, tant
c< à cause de ladicte chapelle et toutes autres actions
« générallement quelconques, sans auloune exception,
« recognoissant qu'il n'a deub ny disposé d'aulcuns re-
« venus de la chapelle, de laquelle il m'a faict aujour-
« d'hui démission entre mes mains, pour y pourvoir
« ainsi que bon me semblera.
« Fait à Ghasteaugontier, ce 27 octobre 1685.
(Signé J V René Guérin »
Les renseignements ou documents que nous possédons
sur la chapelle de la Gendronnière sont, comme nous
l'avons déjà dit, tout à fait incomplets et d'une insufQ-
sance déplorable. De 1685 à 1790, époque qui vit la sup-
pression ou la chute de la plupart des bénéfices ecclé-
siastiques, nous n'avons pu trouver qu'un seul titre in-
téressant la chapelle de la Gendronnière, alias de Saint-
Sébastien. Cette pièce qui porte la date du 20 novembre
li56 est un bail consenti par M* Pierro-Philippe Guérin de
Chavé, clerc tonsuré, conseiller au siège présidial de
Chàteau-Gontier, titulaire de la chapelle de la Gen-
dronnière et de celle du Saint-Sacrement, celle-ci
Digitized by
Google
— 167 ~
desservie dans Féglise de la Bazouge-de-Chemeré,
à Jean-Baptiste d'Héliand, jirêtre, prieur-curé de
ladite paroisse de la Bazouge-de-Chemeré, qui prenait
à bail, disons-nous, le temporel de la chapelle du Saint-
Sacrement consistant en une closerie sise auprès du
bourg même de la Bazouge et portant le nom de close-
rie du Saint-Sacrement.
Ce Pierre Guérin de Chavé était le troisième fils
de Michel Guérin de la Gendronnière et de dame
Catherine Boucault. Comme cadet de famille, il fut des-
tiné à Téglise et reçut à une date que nous ignorons
les ordres mineurs. En 1730 on le connaissait sous le
nom d'abbé de la Gendronnière ; son père l'avait pré-
cédemment pourvu de ce bénéfice ainsi que de la cha-
pelle du Saint-Sacrement.
L'année suivante, le 2 mars 1731, il obtenait, toujours
sur la présentation de Michel Guérin de la Gen-
dronnière, son père, le bénéfice ecclésiastique delà cha-
pelle Saint-Michel des Déans. desservie en l'église collé-
giale de Saint- Just de Château-Gontier.
Ses aînés étant morts, l'abbé de la Gendronnière
renonça à la prêtrise, se maria en 1740 et eut de son union
avec Mlle Catherine Le Tessier, huit enfants. Celle-ci
mourut en 1755. M. Guérin de Chavé qui était alors con-
seiller d'honneur au siège présidial de Château-Gontier,
juge magistrat de police et administrateur de l'hôpital
général Saint-Joseph de la même ville, retourna à ses
études cléricales. Il mourut le 2 mars 1771 et était
alors « acolyte chantre en l'église Saint-Remy de Châ-
teau-Gontier ».
Voici le texte du bail dont nous avons précédemment
parlé et qu'il consentait le 20 novembre 1756 à M*
Jean-Baptiste d'Héliand, prêtre, prieur-curé de la
Bazouge-de-Chemeré, du temporel de la chapelle du
Saint-Sacrement, dont il était alors titulaire :
« Le vingtiesme jour de septembre Tan mil sept cens
cinquante et six, aprez midi.
Digitized by
Google
— les-
te Devant nous, Martin Raison, notaire royal du Maine
résidant au bourg de la Basouge de Chemeré le Roy,
furent présens en leurs personnes, Monsieur maistre
Pierre-Philippe Guérin de Chavé, clerc tonsuré, con-
seiller du Roy au siège présidial de Ghâteau-Gontier,
titulaire de la chapelle de la Gandronnière et du Saint-
Sacrement, laditte chapelle du Saint-Sacrement desservie
dans l'église de laditte Basouge, ledit sieur Guérin de
Chavé demeurant à Ghâteau-Gontier, paroisse Saint-Re-
my, d'une part ;
« Et messire Jean- Baptiste d'Helliand, prestre. prieur-
curé (le laditte Basouge, demeurant dans sa maison
presbytéralle située au bourg et paroisse de laditte
Basouge, d'autre part ;
« Entre lesquelles partyes a esté fait le bail à ferme
tel qu'il suit :
« C'est à sçavoir que ledit sieur Guérin de Chavé a
donné et donne par ces présentes, et promet garentir
comme bien d'église se garentit, audit titre de ferme,
audit sieur d'Helliand, présent pi*eneur, pour luy et ses
héritiers, sçavoir est le lieu et closerye du Saint-Sacre-
ment, situé au bourg de la parroisse de la Basouge,
faisant le temporel de la dite chapelle du Saint-Sacrement,
comme ledit lieu et closerye du Saint- Sacrement so
poursuit etcomporte, et tout ainsi que ledit sieur d'Hel-
liand le tenoit cy devant audit titre de ferme de défunt
messire Hiacinte du Buat, vivant titulaire de laditte cha-
pelle du Saint-Sacrement, suivant le bail qu'il en a con-
senty à Jean Maution pour ledit sieur d'Helliand, ainsi
que ledit sieur d'Helliand nous l'a déclaré ; sans en faire
plus grande spécification ny confrontation, d'autant
que ledit sieur d'Helliand a dit le tout bien sçavoir et con-
noistre.
« Le présent bail ainsy fait pour durer le temps et
espace de neuf années et neuf cueillettes entières et con-
sécutives, qui ont commencé le jour et festede Toussainct
dernier (1756) et finiront à pareil jour de Toussainct de
Digitized by
Google
- 169 —
Tannée 1765 ; à la charge par le dit sieur d'HelIiand à
quoy il a promis et s'est obligé, sous Thypothecque de
tous ses biens meubles et immeubles présens et futurs,
en bailler et payer de ferme par chacun an pendant le
cours de ce bail, audict sieur Guérin deChavé en sa mai-
son et demeure audit Chasteaugontier, la somme de
cinquante cinq livres, dont le premier payement de laditte
somme de cinquante cinq livres pour une année de laditte
ferme sera deu et écheu au jour de Toussaint prochain.
« Et ainsy de continuer les années suivantes d'année
en année pendant le cours de ce présent bail ; convenu
entre les parties que ledit sieur d'Helliand ne rendra
point à la fin de ce bail de foin ny paille, ny chaume qui
proviendront sur ledit lieu et closjerye du Saint-Sacre-
ment, attendu qu'il n'en a point eu quand il a entré en
jouissance d'ycelluy lieu du Saint-Sacrement.
« Au surplus, ledit sieur d'Helliand promet et s'oblige
comme dessus exécuter toutes les autres charges, clau-
ses et conditions portées par le bail à ferme dudit lieu du
Saint-Sacrement que ledit défunt sieur du Buat a con-
senty audit Maution pour ledit sieur d'Helliand après
avoir ledit sieur d'Helliand dit les bien sçavoir et con-
noistre. Goppye duquel bail aussy bien qu'une copyedes
présentes ledit sieur d'Helliand délivrera à ses frais
audit sieur de Ghavé, dans un mois prochain.
« Dont et de tout ce que dessus lesdittes parties sont
demeurées d'accord et après lecture, les en avons
jugées de leur consentement.
(( Fait et passé audit bourg de la Basouge, demeure
dudit sieur d'Helliand. Présens : François Raigereau,
sergeant, et François La Roche l'aisné, marchand, de-
meurans audit bourg de la Basouge, tesmoins à ce
requis et apellés qui ont signé la minutte des présentes
avec ledit sieur Guérin de Ghavé et ledit sieur d'Helliand
et nous notaire royal susdit.
a La minutte des présentes est signée : P. Guérin de
Ghavé ; — d'Helliand, prieur-curé de la Basouge ; — F.
Digitized by
Google
— 170 -
Raigereau ; — F, de la Roche et de nous, notaire royal
susdit et soussigné.
Laquelle minutte est contrôllée à Meslay le 4 décembre
1756 par le sieur Lenain, commis, qui a reçu douze sols
pour le droit. (Signé) M. Raison * ».
François-Marie Guérin, sieur de la Roussardière,
deuxième enfant de messire René Guérin de la Gen-
dronnière qui acheta la Roussardière en 1686, et de dame
Catherine Bionneau, son épouse, se maria vers 1725 avec
demoiselle Lucie-Angélique de Prezeau, qui lui donna
au moins troîs enfants. Ils habitaient la terre seigneuriale
de la Gendronnière et c'est là qu'il mourut en 1746. Les
registres paroissiaux de Saint-Sulpice, compulsés par
M. Tabbé Charles Pointeau, constatent « Tinhumation
« sous le banc de la Gendronnière, en ladicte esglise de
« Saint-Sulpice, du corps de noble homme François-
« Marie Guérin, sieur de la Roussardière, à l'âge de
« quarante et. . . ans. par maistre Dufresne, aumônier
« de la Rongère. »
11 est à regretter que M. Pointeau ait négligé de
prendre les dates de cette inhumation, à moins qu'elles
ne fussent omises aux registres même delà paroisse.
Aux archives de la Mayenne, on trouve à cette date
de 1746, un dossier concernant la curatelle des enfants
mineurs issus de l'union de feu M. François-Marie Gué-
rin, sieur de la Roussardière, et de dame Lucie-Angé-
lique de Prezeau, son épouse *.
Los membres du conseil de famille alors réuni,
étaient :
1* Noble homme François-Marie Guérin, seigneur de
la Roussardière, demeurant à Angers.
1. Archives de M. Ernest Guérin delà Roussardière.
2. Elle était sœur de dame Anne-Marie de Prezeau, femme de
Bernard du Buat» chevalier, seigneur du Teillay, et de François
Prezeau, écuyer, seigneur de la Haye, et de la dame de Bois-
Foucault.
Digitized by
Google
— 171 —
2® Noble homme Pierre-Philippe Guérin de Chavé,
conseiller d'honneur au présidial de Château-Gontier.
3"" Noble homme Jean-Baptiste du Tertre, chevalier,
seigneur de Saucé *.
4® Noble homme Bernard du Buat, seigneur du Teil-
lay en Saint-Gault.
5® Noble homme Noël Herbereau, écuyer, seigneur de
la Chaise, demeurant au bourg de Marigné près Daon.
6* Noble homme Marie Quantin, sieur de la Taran-
cherie. demeurant à Angers.
Trois enfants, au moins, étaient nés de cette union :
P Rosalie Guérin de la Roussardière, qui épousa en
1744, M. Pierre Trochon, sieur de Moiré, et par consé-
quent était majeure lors du décès de son père, arrivé en
1746.
11* François-Bernard Guérin de la Roussardière.
sieur de la Gendronnière, né à la Gendronnière en 1734.
Il épousa en 1779 Mlle Marie-Renée-Françoise Duval
de Launay et mourut en 1788.
111® Enfin Alexandre-Marie Guérin de la Rous-
sardière, né à la Gendronnière, le 26 mars 1737, devenu
en 1785 curé de Saint- Vénérand à Laval, où il décéda le
11 janvier 1809.
Ces deux derniers enfants sont ceux visés au dossier
de curatelle dont nous avons parla ci-dessus et qui étaient
àgcs alors le premier de douze ans et le second de
neuf ans seulement. Les parents s'étant mariés vers 1724
ou 1725, leur aînée, DUe Rosalie Guérin devait avoir
lors de son mariage dix-huit ou dix-neuf ans ; son mari,
M. Pierre Trochon était âgé de vingt-cinq ans.
Demoiselle Rosalie Guérin de la Roussardière, née
en 1726, croyons-nous, épousait le 13 juillet 1744. dans
Téglise de Saint-Sulpice, « noble homme Pierre Tro-
« chon, seigneur de Moiré, âgé de vingt-cinq ans.
1. Le terre de Saucé existe toujours en la commune de Cou-
dray, près Chàteaa-Gontier.
Digitized by
Google
— 172 —
« fils de défunt noble homme Pierre Trochon, aussi
« seigneur de Moiré, et de défunte dame Marie Sour-
<c drille de Chambrezais, en la paroisse de Coudray ».
Étaient présents à ce mariage et signèrent au registre
de la paroisse : « mondit seigneur François Guériii,
« père de Tépouse ; M. François-Marie Guérin de la
« Gaulerie, oncle de Tépouse ; M. Michel Guérin des
« Alleux, aussi oncle de Tépouse ; M. M" Pierre
« Anjubault, sieur de la Roche, conseiller du Roy
« au oiègeprésidialde Chasteaugontier ». Le registre
est signé : « Rayneau, curé de Saint-Sulpice ».
De cette union naquit au moins une fille : Lucie -
Louise-Renée-Anne-Julie Trochon, qui épousa en 1778
noble homme Alexandre-Charles Herbereau, écuyer,
sieur de la Chaise, veuf en premier mariage de DUe
Jeanne Moreul de la Marre.
Lors de son second mariage, il fit donation par contrat
de mariage de tous ses biens disponibles à sa nouvelle
épouse, qui ne fut pas longtemps en ménage, car son mari
mourut quatre ans plus tard (en 1782)'.
Le second enfant issu de l'union de M. François-Ma-
rie Guérin de la Roussardière avec Mlle Lucie-Angélique
de Prezeau naquit à la Gendronnière en 1734. C'était
un garçon qui fut nommé François-Bernard ; son frère
cadet Alexandre-Marie étant entré dans Tétat ecclésias-
tique, François-Bernard fut le dernier descendant mâle
qui eut postérité de la branche cadette des Guérin de
la Roussardière établie à la Gendronnière.
Mort en 1788 il ne laissa qu'une fille qui épousa plus
tard le général républicain d'Halancourt. Nous allons
plus loin donner quelques détails sur ce François-Ber-
nard et sa descendance, éteinte définitivement en 1832.
Le troisième et dernier enfant connu, naquit égale-
ment à la Gendronnière. le 25 mars 1737, et fut baptisé
le lendemain en l'église de Saint-Sulpice ainsi que le
] . Archives de la Mayenne, B. 2.672.
Digitized by
Google
— 173 —
constate le procès-verbal suivant, extrait des registres
paroissiaux de cette commune :
« 26 mars 1737. — Baptême d'Alexandre-Marie
« Guérin, né d'hier, fils de noble Françfûs Guérin de
« la Roussardière, sieur de la Gendronnière, et de Julie-
ce Angélique de Présault, son épouse*.
« Furent parrain : Messire J.-B. Alexandre de Sour-
fi dille, chevalier, seigneur de Courcelles, en Saint-
« Gault, et marraine : dame Françoise de Torcé. —
« (Signé) Bruneau, curé intérimaire — René Touranlore,
« prêtre, prieur-curé de Saint-Germain de THommel ».
Nous avons peu de détails sur cet ecclésiastique. Sui-
vant M. Bouillier, il serait entré chez les chanoines
Réguliers de Toussaint à Angers et aurait obtenu —
au concours probablement — le prieure-curé de Saint-
Vénérand à Laval, vers 1785. A cette époque il était
âgé de quarante-huit ans. Il refusa énergiquement le
serment à la Constitution civile du clergé et fut déporté.
11 se retira à Jersey et y resta jusqu'au rétablissement
du culte catholique en France.
Le Concordat signé le 15 avril 1801 par le premier
consul et ratifié le 15 août suivant par le pape Pie VII,
nfi fut soumis au corps législatif et converti en loi
que le 8 avril 1802. Dans cet intervalle, le souverain
Pontife avait demandé la démission de tous les évoques
de France et déterminé de nouvelles circonscriptions
diocésaines. Le 9 avril, le premier conâul nomma à tous
les nouveaux sièges et le cardinal Caprara, légat a
latere, donna aux évéques les bulles d'institution.
Mgr Michel-Joseph de Pidoll, évêque de Dioclé-
tianople in partibus, devenu français par lu réunion de
1. M. Isidore Bouillier, curé de la Trinité de LavaL dans ses
mémoires ecclésiastiques sur le clergé de Laval durant la
Révolution, consacre (page 418) une brève notice à ce M. Guérin
de la Roussardière. qui était alors curé de Saint- Vénérand.
Dans cette notice, il avance c^ue celui-ci était né en 1747 ; c'est
une erreur, l'acte rapporté ci-dessus enlève tout doute à ctt
égard.
Digitized by
Google
- 174 ~
son pays au territoire de la république, fiit nommé au
siège du Mans. Il était né à Trêves en 1734, avait été
doyen de Téglise Saint-Paulin de cette ville, puis suffra-
gant de son archevêque. Il prit possession de sa cathé-
drale le 11 juillet et arriva à Laval le 17 août suivant.
Le lendemain tous les prêtres catholiques de Laval
et des environs furent présentés à Févéque. Les asser-
mentés reçus par lui le même jour, reconnurent son
autorité et souscrivirent un formulaire de soumission.
Quelques jours plus tard toutes les paroisses reçurent
des pasteurs. Celui de Saint- Vénérand fut le vénérable
prieur qui Tavait gouvernée avant la tourmente révolu-
tionnaire. De retour de la déportation, M. Guérin de la
Roussardière avait repris les fonctions curiales dans
Féglise de Saint-Michel ; il fut maintenu à la tête de son
ancien troupeau*.
M. Fabbé Alexandre de la Roussardière se dévoua
encore à sa paroisse pendant sept ou huit années ; il ne
voulut jamais prendre un repos que les misères de
Texil et les infirmités de la vieillesse lui avaient
rendu nécessaire. Il mourut au milieu de ses ouailles le
11 janvier 1809, à Tâge de soixante-douze ans .
Mais revenons au dernier mâle de la branche cadette
des Guérin de la Roussardière» : François-Bernard de la
Roussardière, né à la Gendronnière en 1734, comme nous
Tavons dit précédemment.
Il prit du service militaire et s'en revint officier
invalide, pensionné du roi, en 1778 il était alors âgé
de 44 ans. L'année suivante, il épousait à Azé près Châ-
teau-Gontier, demoiselle Marie-Renée-Françoise Duval,
fille de noble homme Louis Duval de Nerville. Les
archives de la Mayenne (B 2.673) possèdent « l'insi-
nuation en 1779, de leur donation mutuelle, par contrat
de mariage ».
1. Histoire de Lavai par S. Couanier de Launay* pages 363-365
(Laval 1856.)
Digitized by
Google
— 175 —
M. Fabbé Pointeau a iiouvé Tacte de décès de Fran-
çois-Bernard de la Gendronnière et Ta copié comme
suit. Il est à regretter qu41 ait encore omis les dates
de ce décès :
n Sépulture de M. François-Bernard Guérin, sieur
cr de la Gendronnière, marié il y a neuf ans, avec
« demoiselle Marie-Renée Françoise Duval, décédé
ce avant hier dans sa maison seigneurialle de la Gen-
« dronnière, à Tâge de cinquante-quatre ans.
« En présence de M* Alexis Trochon, neveu du
« défunt, M" François d'Andigné chevalier de Tordre
« royal et militaire de Saint-Louis, cy-devant capitaine
a du régiment d'Aquitaine, seigneur de Saint-Gault et
« du Teillay, son cousin-germain du côté maternel ; de
« M. René-François Gaultier de Vaucenay, négociant,
« son cousin paternel, et do M. Ambroise Duchemin
« des Genetais négociant, issu du côté paternel.
(Signé) « L. Ménochet, curé de Houssay ».
Ce décès eut lieu au cours de Tannée 1788. Ce qui nous
fait avancer cette date, c'est le passage constatant que
depuis neui ans, M. Guériu de la Gendronnière était
marié avec Mlle Duval*. Les archives de la Mayenne
indiquant Tannée 1779, comme celle de cette union qui
avait duré neuf années, ceci nous donne forcément 1788
comme date de sa mort.
La veuve survécut quelques années ; nous ne con-
naissons pas la date précise de son décès, arrivé vers
1798, croyons-nous.
Selon toute probabilité la chapellenie de la Gendron-
nière exista jusqu'à la suppression des bénéfices ecclé
siastiques en 1790. A cette éqoque, la terre seigneuriale
1. Les archives de la Fautraise en Argenton près Château-
Gontier, la nomment : Marie-Anne-Françoise Duval, veuve de
noble homme François-Beniard Guérin, sieur de la Gendron-
nière, officier invalide. (Acte relatif au partage de la terre
sMgneuriale de la Fautraise, entre les héritiers de la famille
Ghailland).
Digitized by
Google
— 176 —
de la Gendronnière était toujours la propriété et la
résidence de la branche cadette de la famille. Mme
veuve Guérin de la Roussardière, dame de la Gen-
dronnière, y demeurait avec sa fille, demoiselle Thérèse-
Perrine- Françoise Guérin de la Roussardière, qui
avait alors neuf ans, étant née le 25 mai 1781. Elles y
vivaient fort retirées et ne furent point inquiétées
pendant les troubles de la révolution. Vers 1794, des
troupes républicaines vinrent en cantonnement dans le
pays de Château-Gontier et paroisses circon voisines,
pour combattre la Chouannerie et protéger les admi-
nistrations publiques. Un de leurs officiers supérieurs,
le général Dhalancourt, fils d'un brasseur alsacien,
dont le quartier général fut établi plus tard à la Gen-
dronnière, s'éprit des charmes de Mlle Thérèse Guérin
et la demanda en mariage. Cette union n'était sûrement
pas celle qu'avaient rêvée les deux recluses, mais la
position des nobles et des bourgeois était encore bien
critique et leur existence souvent menacée. Les deux-
femmes comprirent que ce mariage leur sauvait peut-
être la vie et la main de Mlle de la Gendronnière fut
accordée au général Dhalancourt.
Il ne devait sa position présente qu'au sort des armes
-^ bien qu'il n'ait pas laissé dans nos contrées une
grande réputation de bravoure, si l'on en croit un rapport
officiel conservé aux archives départementales. — Plus
tard, il fit subir une légère modification à son nom et
se gratifia de la particule, avec ou sans autorisation,
en s'appelant dorénavant non plus Dhalancourt mais
bien d'Halancourt.
L'union de Mlle de la Gendronnière avec le général
républicain eut lieu en 1797. Cette même année les
nouveaux époux prenaient à loyer, une maison située
rue du Sable à Château- Gontier, et appartenant alors
à l'hospice Saint-Joseph K Les hasards de la guerre ne
1. Cette maison, aujourd'hui propriété communale, est affectée
' Digitized by
Google
— 177 —
laissant pas de grands loisirs à un militaire, le général
arrêtait ce logement pour une année seulement.
L'Ouest ayant été pacifié en 1800 et 1801 , le général
d'Halancourt dut quitter nos contrées vers cette époque ;
nous ne trouvons plus alors aucune trace de lui dans le
pays. Ce que nous savons, c'est que deux enfants
naquirent de son union avec Mlle de la Gendronnière :
une fille qui entra plus tard, dans une communauté
religieuse, et un fils devenu par la suite élève en médecine
et mort victime du choléra de 1832, dont il prit le
germe au chevet des malades auxquels il prodiguait ses
soins dans les hôpitaux de Paris.
Le général d'Halancourt était mort antérieurement,
car sa veuve en 1829 aliénait la Gendronnière et le
décès de son mari est constaté dans Tacte de vente
ainsi que son grade lors de sa mort. Il y est dénommé :
François-Guillaume d'AUancourt, adjudant-comman-
dant ^
Aujourd'hui la Gendronnière est bien déchue de son
ancienne importance ; ce n'est plus maintenant qu'une
humble ferme et rien n'y rappelle la gentilhommière
des temps anciens.
René Gadbin.
à récole publique laïque des filles. Le nom de la rue n'est plus
rue du Saole, mais bien rue Pierre Martinet. Un arrêté municipal
rendu en 1887 et applicable le 14 juillet de la môme année a opéré
ce changement.
2. M. le chanoine Foucault auquel nous empruntons ces
détails sur les derniers possesseurs de la Gendronnière,
indique dans ses Documents historiques sur Chdieau-Gontier,
pages 133-134, l'année 1771 comme date de naissance de Madame
d'Hallancourt. Il faudrait donc admettre que son père aurait été
marié deux fois et qu'elle serait née de la première union, puis-
que celui-ci n*épousa Mlle Duval qu'en 1779. Nous croyons, nous,
qu'il y a erreur de date, et que c'est non pas en 1771. mais bien
en 1781, qu'elle serait née, deux ans après le mariage de son
père avec Mlle Mane-Renée Duval.
12
Digitized by
Google
NOMINATION DE M. HARDY DE LEVARE
Juge de Police de la Ville de Laval.
(1723)
Au mois d'octobre 1722 mourait à Laval M. René
Hardy de Lévaré, juge ordinaire civil et de police du
comté-Pairie et maire perpétuel de la ville. 11 laissait
de nombreux enfants qui s'empressèrent d'annoncer
cette perte à Frédéric-Guillaume de la TrémoïUc, prince
de Talmont*, tuteur honoraire de son neveu Charles-
Armand-Piérre de la TrémoïUe, prince de Tarente et
comte de LavaP, alors âgé de 14 ans. Le prince de
Talmont adressa aussitôt une lettre de condoléance aux
enfants du décédé.
a A Cha ville, le 11 octobre.
« La perte que vous venez de faire, Messieurs, me
touche sensiblement. Vous perdez un père de grand
mérite et M. le duc de la TrémoïUe un officier difficile
à remplacer. Soyez tous persuadés que sa mémoire me
sera toujours chère et que je vous en donnerai toutes
1. Frédéric-Guillaume de la TrémoïUe, deuxième fils d'Henri-
Charles et d'Amélie de Hesse-Gassel, né en 1668, d'abord abbé
de Charroux et chanoine de Strasbourg, entré en 1689 dans la
carrière des armes, lieutenant général en 1710, gouverneur de
Sarrelouis en 1717, mort en 1739.
2. Charles-Armand-René de la TrémoïUe, fils de Charles- Louis-
Bretagne et de Marie-Madeleine de la Fayette, né le 14 janvier
1708, reçu en 1738 membre de l'Académie Française, mort en
1741.
Digitized by
Google
— 179 —
les marques que les intérêts de mon neveu me pour-
ront permettre. Je suis, Messieurs, entièrement à vous.
« Le prince de Talmont * »
Mais il s'agissait pour la famille d'obtenir pour un
de ses membres la survivance de Tune au moins des
deux charges que René Hardy de Lévaré occupait dans
la justice seigneuriale. Les démarches faites par ses
enfants, tant auprès du prince de Talmont que des
membres du conseil de tutelle, notamment M. Magneux,
doyen du conseil*, et de M. de Saint-Denis, tuteur
onéraire du comte de Laval, furent accueillies favorable-
ment et le prince de Talmont se chargeait d'annoncer
lui-même au fils aîné du décédé, Ambroise-Jean Hardy
de Lévaré, que sa requête avait été agréée.
« Paris, 14 décembre 1722.
« Voire affaire fut hier agitée au conseil. Monsieur,
et le sieur de Saint-Denis a ordre de vous mander ce
qui y fut résolu. Ne doutez pas de l'attention que je
feray toujours à ce qui regardera ceux qui appartien-
nent aux bons et anciens serviteurs de la maison. Je
suis, Monsieur, entièrement à vous.
« Le prince de Talmont ^ »
1. Adresse : Messieurs Hardy à Laval. Celle lellre et la suivante
sont signées seulement du prince de Talmont. Le texte est écrit
de la main de son secrétaire, le sieur Goguetel, dont noas pos-
sédons dViutres lettres.
2. Estienne Marneux avait été nommé parle Roi, le 25 juin
1673. tuteur onéraire de Charles-Louis-Bretagne de la Trémoïlle
(Chartrier de Thouars, page 165). Il était le doyen du conseil de
tutelle du fils de son ancien pupUle. Il écrit le 29 octobre 1719 à
M. Hardy de Lévaré : a II ny a rien, Monsieur, de changé dans
ma situation. Il y a plus de deux ans que j'ay été nommé pour
estre du conseil de M. le prince de Tarente qui est aujourd'huy
duc de la Trémoïlle, et je ne suis point chef de ce conseil, mais
seulement l'ancien et celuy chez lequel il se tient pour cette
raison. M. de Saint-Denys est le seul tuteur onéraire et on ne lui
a point donné d'adjoint. M. Bonain est seulement toujours agent
des afTaires de la maison u.
3. Adresse : Monsieur de Lévaré-Hardy, à Laval.
Digitized by
Google
- 180 —
Monsieur de Saint-Denis écrit en effet à la même date
à Ambroise-Jean Hardy de Lévaré * pour lui faire con-
naître les conditions mises à sa nomination de juge
ordinaire de police, son âge, 22 ans, ne permettant pas
de lui confier la charge de juge civil ^. 11 lui faudra
obtenir le consentement de ses frères et sœurs, se faire
octroyer une dispense d'âge et vaincre la résistance de
deux membres de la justice seigneuriale qui se refusent,
en raison de son âge, à le recevoir parmi eux. Il sera
dispensé de payer au comte de Laval le quart denier,
montant à 1.800 livres, mais devra verser à la succession
de son père 10.000 livres pour prix de la dite charge,
lequel, à son décès, sera réduit à 8.000 livres. Ces con-
ditions ayant été acceptées et toutes les résistances
vaincues, Ambroise-Jean Hardy de Lévaré fut nommé
le 30 janvier 1723 juge ordinaire de police du comté de
Laval.
« Frédéric-Guillaume de la Trémoïlle. prince de
Tulmont, comte de Taillebourg et de Bénon, premier
baron de Xaintonge et de Tonnayboutonne, seigneur
des terres et duché de Chastellerault, La Grève, les
Essarts, Metry, MareschaU Dordives et autres lieux,
lieutenant général des armées du Roy, gouverneur de
la forteresse de Sarelouis et pays en dépendant, oncle
et tuteur honoraire de très haut et très puissant prince
Charles-Armand-René, duc do la Trémoïlle etdeThouars,
prince de Tarente, comte de Laval et de Montfort, baron
de Vitré et de la Ferté Surpéron^, marquis d'Attichy,
pair de France, premier gentilhomme de la chambre du
Roy et président né des Estats de la province de Bre-
tagne, à tous ceux qui ces présentes lettres verront,
salut. Sçavoir faisons que sur le bon et louable rapport
1. Il était né le 14 août 1700, fut le premier maire électif de
Laval, 1747-1759, et mourut le 10 mai 1780.
2. La charge de juge civil fut accordée quelques mois plus
tard à Gilles Lelong de la Besnardière.
3. La Ferté- Chevresis (Aisne), sur la rivièi*e du Péron.
Digitized by
Google
— 181 —
qui nous a esté fait de la personne de Messire Ambroise-
Jean Hardy, avocat en parlement, de ses bonnes vie,
mœurs, religion catholique, apostolique et romaine,
probité et capacité, à ces causes et autres bonnes con-
sidérations à ce nous mouvant, et agréant le consente-
ment àluy donné par ses frères et sœurs, par acte sous
signature privée du quinze du présent mois et an, nous
lui avons donné et octroyé, donnons et octroyons Testât
et office déjuge de police du dit comté-pairie de Laval,
vacant par le déceds de M* René Hardy de Lévaré,
avocat en parlement, son père, pour en jouir tant, et si
longtemps qu'il nous plaira seulement, aux honneurs,
gagtî et droits y appartenant et accoutumés. Mandons
à nos chers et bien-aimés les officiers dudit comté-
paierie de Laval de mettre et installer le dit sieur
Hardy en la fonction et jouissance dudit office et au
procureur fiscal d'en consentir tous actes requis et
nécessaires, sans luy faire ni souffrir estre fait aucuns
troubles ni empêchements, car telle est notre intention.
Donné à Paris le trente janvier mil sept cent vingt-trois.
Signé : F. G. de la Trémoïlle, prince de Talmont, et sur
le reply par son Altesse, Bonain, et à un bout est le
sceau des armes.
« Nous soussignés, Jacques de Saint-Denis, cy-devant
secrétaire de Monsieur de Marillac, vivant conseiller
d'Etat ordinaire, doyen du conseil, au nom et comme
tuteur onéraire de Son Altesse Monseigneur Charles-
Armand-René, duc de la Trémoïlle et de Thouars,
prince de Tarente, comte de Laval et de Monfort,
baron de Vitré et de la Ferté Surpéron, pair de France,
premier gentilhomme de la chambre du Roy, demeu-
rant moy d3 Saint-Denis, à Paris, rue Sainte-Avoye,
paroisse Saint-Merry, d'une part ; et M' Ambroise-
Jean Hardy, avocat en parlement, émancipé d'aage,
demeurant ordinairement en la ville de Laval, estant
de présent à Paris logé rue de la Harpe, en la maison
où pend pour enseigne la Ville d'Amiens, assisté de
Digitized by
Google
- 182 —
moy, Louis Martin, sieur de Saubert, bourgeois de
Paris, fondé de procuration spéciale de M*' René
Pichot. sieur de la Graverie, aussy avocat, curateur
aux causes dudit sieur Ambroise-Jean Hardy, ladite
procuration passée devant Jacques Le Moine, notaire
au comté et pairie de Laval, présents tesmoins, le
quinze du présent mois de janvier, l'original de laquelle
a été certifié véritable p«r nous dits Hardy et Louis
Martin, sieur de Saubert, et délivré es mains dudit sieur
de Saint-Denis, après que nous Tavons signez et para-
phez ne varietur, demeurant moy dit Louis Martin,
sieur de Saubert, à Paris, rue des Deux- Portes, paroisse
Saint-Benoist, d'autre part ;
« Reconnaissons estre convenus de ce qui suit, sçavoir
moy de Saint-Denis audit nom, en exécution des déli-
bérations de Messeigneurs les tuteurs honoraires de
sadite Altesse et de Messieurs les conseillers de sa
tutelle den seize décembre dernier et vingt-sept du
présent mois de janvier, avoir promis audit sieur
Ambroise-Jeaii Hardy de luy délivrer lesdites provisions
en son nom de Testât et office de juge de police dudit
comté et pairie de Laval, dont copie est cy-dessus,
ledit état et office vacant par le déceds de M* René
Hardy de Lévaré, son père, pour en jouir tant et si
longtemps qu'il plaira à son Altesse Monseigneur le
duc de la TrémoïUe seulement, aux honneurs, gages et
droits y appartenants et accoustumez; lesdits gages
consistans en la somme de cent livres par an, payable
par le receveur du Comté de Laval, à commencer la
dite jouissance du jour de sa réception, aux conditions
qui suivent : primo, de payer et rembourser aux sieurs
et damoiselles ses frères et sœurs la somme de dix
mil livres et intérests, stipulée payable sur le prix
dudit estât et office à la veuve et héritiers dudit deffunt
sieur Hardy de Lévaré, par le traité du vingt-six juin
mil six cent quatre-vingt-huit, fait entre deffunt M*
Julien le Clerc, sieur du Flécheray, pour feu son Altesse
Digitized by
Google
— 183 —
Monseigneur le duc de la Trémoïlle et ledit deiïunt sieur
René Hardy de Lévaré, laquelle somme de dix mil
livres, moy, Ambroise-Jean Hardy, assisté dudit sieur
Louis Martin de Saubert, audit nom, m'oblige de payer
à mes dits frères et sœurs, à l'exception de ma part
et portion, à ladite somme, pour le prix dudit état et
office, conformément audit traité, et à Tacceptation que
mes dits frères et sœurs ont faite de mon obligation au
cas susdit par écrit du quinze du présent mois de janvier,
que j'ay mis entre les mains dudit sieur de Saint-Denis
audit nom pour l'entière décharge de son Altesse de
l'obligation contractée par ledit traité du vingt-six juin
mil six cent quatre-vingts huit et ratiffication d'iceluy,
lequel écrit dudit jour quinze du présent mois, nous
sieur Hardy et Louis Martin, sieur de Saubert, certiffions
véritable, à l'effet de quoy nous l'avons signés et
paraphey ne varietur.
« Secundo, nous sommes convenus que vacance arri-
vant dudit état et office du juge de police par les déceds
de moy, Ambroise-Jean Hardy, son Altesse Monsei-
gneur le duc de la Trémoïlle en poura disposer en
faveur de qui il trouvera à propos, en payant à ma veuve
ou héritiers la somme de huit mil livres, six mois apr^s
mondit déceds, sans aucuns intérests, si mieux n'aime
sadite Altesse laisser la liberté à ma veuve ou héritiers
de disposer dudit état et office, en luy payant pour le
quart denier la somme de quinze cent livres.
« Fait et arresté double à Paris, ce premier février
mil sept cent vingt-trois.
A.-J. Hardy. Martin, de Saint-Dbnis. »
Digitized by
Google
CERCUEIL EN SCHISTE ARDOISIER
EN LOIGNÉ
Le Bulletin de la Commission a plusieurs fois sig^nalé
rexistcnce de cercueils en calcaire ou en schiste ardoisîer
dans les environs de Château-Gontier, et notamment à
Menil et à la Françoisière, ferme de la commune de
Loigné ; mais aucun détail n'a été donné ni sur la forme
et les dimensions de ces cercueils, ni sur les squelettes
qu'ils contiennent.
Récemment j'ai eu la chance d'étudier un cercueil en
ardoise, découvert dans le champ appelé la pièce d'Ici,
limitrophe de la Françoisière et dépendant de la métairie
dcrErable,àM. Bénard, de Château Gontier. Ce cercueil,
orienté les pieds vers l'Est, était recouvert d'une couche
de terre variant entre O'^SO et 0°*50 environ, et, malgré
la déclivité du terrain, était placé horizontalement. Ses
dimensions intérieures étaient les suivantes : longueur
2™, largeur à la tête 0"55, aux pieds 0°40, profondeur
0"*40. Les dalles de schiste, les orneaux, suivant l'expres-
sion locale, qui le formaient, avaient une épaisseur de
0™02 à 0'"03. L'aire inférieure, intacte, était composée
de deux morceaux dont un, à la tête, était long seulement
de 0^18. Les deux parois latérales avaient été brisées
probablement par la charrue et se trouvaient rac-
courcies d'environ 0"25 à l'extrémité orientale, où
manquait le petit côté du cercueil. L'orneau qui le
fermait à la tête était entier, mais incliné en dedans par
la poussée des terres. Quant aux ardoises qui servaient
Digitized by
Google
— 185 —
de couvercle, le labour les avait enlevées sauf quelques
débris mêlés à la terre qui remplissait le cercueil.
Dans ce cercueil, je n'ai trouvé ni arme, ni ornement,
ni trace quelconque de vêtement, mais seulement un
squelette incomplet, comprimé sous le poids des terres
et probablementdes hommes et des animaux qui Tavaient
piétiné pendant des siècles.
Ce squelette appartenait à un individu âgé, car les
dents, assez petites, étaient fortement usées en biseau
h leur face supérieure et là où elles manquaient, les
alvéoles étaient complètement oblitérées. Il reposait sur
le côté gauche, et le bras droit était replié, la main
ramenée très près de Tépaule. Bien des os, le bassin,
les omoplates, la plus part des vertèbres, ceux des pieds
et des mains notamment manquaient ; ceux qui existaient
étaient en général friables, quelques-uns se réduisaient
en bouillie à la moindre pression.
Le crâne, qui avait perdu ses temporaux et ses rochers,
ne présentait aucune saillie anormale ; sa courbe supé-
rieure se dessinait régulière et sa partie postérieure était
bien développée. La coupe horizontale aurait décrit un
ovale dont le plus grand diamètre aurait mesuré 0"19.
Le maxillaire supérieur droit n'a pu être retrouvé ; le
gauche avait seulement trois molaires, plus les racines
de plusieurs dents brisées. Le maxillaire inférieur, coudé
presque à angle droit, montrait trois incisives dont deux
à gauche, la canine gauche, une prémolaire de chaque
côté et la dernière molaire droite, celle-ci très inclinée
en avant.
L'état des ossements ne permettait pas de mesurer la
taille de l'individu auquel ils ont appartenu; toutefois
cette taille m'a paru plutôt moyenne que grande, malgré
les dimensions du cercueil dont le corps n'a pas dû
occuper toute la longueur.
D'après les notes de M. Le Fizelicr (Bulletin, 1" série,
tome 111, p. 146), les cercueils de cette sorte appartien-
draient à la période franque ; c'est l'opinion générale-
Digitized by
Google
- 186 —
ment admise; je regrette toutefois de n'avoir trouvé dans
celui de l'Erable aucun objet pouvant servir à lui donner
une date même fort approximative.
Je crois devoir ajouter une légère rectification à la
note de M. Tabbé Foucault insérée dans le procès-verbal
du 6 novembre 1884. La Françoisière, comme TErable,
n'est pas située à l'extrémité N.-E. du bourg de Loigné,
mais à 4 kilomètres environ plus loin, à l'extrémité de
la commune^ sur les bords de la Mayenne.
DU Brossay.
Digitized by
Google
LA MAISON DE LAVAL
CARTULAIRE DE LAVAL
GUY XVII
XVII (2360-2612) 1531-1547
2565. — 1544, 4 mai. — Aveu à Thouars, pour la Roche-
Luzais, rendu par Gilles de Laval (Note, La Trémoïlie, Fiefs
de Thouars, 218).
2566. — 1544, 8 mai. — Acte par lequel Gilles de Laval-
Maillé relire des mains de Jeanne de Bretagne la baronnie
de la Haye (Note, B. N., dom Housseau, XIP, 5844).
2567. — 1544, 15 mai. — Aveu à Thouars, pour la baron-
nie de Bressuire, par Gilles de Laval (Note, La Trémoïlie,
Fiefs de Thouars, 12).
2568. — 1544, 23 mai, Thouars. — Acte par lequel Louis IIl
de la Trémoïlie déclare avoir reçu l'hommage à lui dû par
Gilles de Laval, baron de Bressuire (Catalogue Ernest Du-
mont, no 90, octobre 1898).
2569. — 1544, 5 juillet, Paris. — Testament de Guy XVII
de Laval (Copie, B. N., français, 5121, 136).
Pardevant Vincent Maupeou et François Bastonneau, no-
taires du Roy nostre sire en son chastelet de Paris, fut pré-
sent en sa personne hault et puissant seigneur, Guy, conte
de Laval, de Quintin, de Montfort, de Commynges, de
Digitized by
Google
— 188 -
Reihellois et de Beauforl en Champaigne ; sire de Viclrey,
viconte de Rennes et de Laulrect, seigneur et baron d'Orval
et de Colmyer en Brie.
Considérant qu'il n'est chose plus certaine que la mort, ne
plus incertaine que Theure d'icelle ; et que, selon la doctrine
évangélicque, chacun bon et fidelle chrestien et catholicque
est conseillé se vouloir préparer et tenir prest pour la mort
attendre et recepvoir, quant il plaira à nostre seigneur Jésus-
Christ ; désirant pourveoir en tant que à luy est, à sa pauvre
âme et à son corps putréfiable, et à ses biens et seigneuries,
et à l'utillité et conservation d'icelles et de ses subjects, en
tant que à luy est et que faire le peult et doibt, non voulant
décedder iniestat, sans avoir disposé des biens qu'il a pieu à
nostre seigneur Jésus-Christ luy donner et luy avoir esté
délaissez par ses prédécesseurs, feist et faict par ces présen-
tes son testament et ordonnance de dernière volonté en la
forme et manière qui s'ensuit.
Ou nom du Père, du Fils, du benoist Sainct-Esprit, amen.
Premièrement, a recommandé et recommande son âme,
quant de son corps despartira, à Dieu le Père, Dieu le Fils,
Dieu le benoist Sainct-Esprit, Saincte Trinité du paradis;
à la benoiste glorieuse vierge Marie, mère de Dieu, et à tous
les benoitz sainctz et sainctes, ausqueîz ledict seigneur tes-
tateur supplie très humblement et dévotement estre inter-
cesseurs pour lui envers la Saincte Trinité de paradis ; et,
pour satisfaction faire, veult ses tors faictz estre amandcz, et
ses debtes loyaulment deues et congneues, tant par lectres
que tesmoings, estre paiées et satisfaictes des biens qui de
luy demoureront.
Item, quant à la sépulture et enterrement de son corps,
veult et ordonne qu'il soit enterré en l'église de Sainct-
Thugal de Laval, où ses prédécesseurs sont inhumez.
Item, en tant que touche la pompe funèbre, obsèques, funé-
railles et services, il remect le tout à la discrétion de ses
exécuteurs cy-après nommés.
Item, veult et ordonne comme dessus ses debtes estre paiées
et tors faictz amandez. Et ceulx qui pour luy sont à présent
obligez, et qui se trouveront obligez lors de son décès, estre
entièrement deschargez, acquictez et mis hors de toutes per-
tes et dommaiges Et de tout cecy, charge de rechef tous ses
Digitized by
Google
— 189 —
biens et ses exécuteurs de ainsi le faire. El ne veult que pour
luy avoir faict plaisir Ton en tumbe en inconvénient.
Item, et mesmes veult et ordonne que son très cher et très
amé beau-frère le seigneur de la Roche-Guyon, le seigneur
de Rabaudanges et son amé et féal conseiller maistre Chris-
tofle de Thou, seigneur de Cély, soient entièrement acquic-
tez et renduz indempnes de ce qu'ils doibvent et en quoy ils
sont obligez pour ledit seigneur testateur, et de ce que icel-
luy seigneur testateur leur doibt et peult debvoir en leurs
noms et leur devra lors de son décez.
Item, et par autant que ledict de Thou, seigneur de Cély,
est principallement obligé pour ledict seigneur testateur, et
que en sa faveur on a preste audict seigneur testateur la plus
part de ce qu'il doibt, et qu'on s'adresse premièrement à luy,
plustost que audict seigneur testateur et aux aultres obligez
pour luy, parce qu'il est demourant à Paris et de plus facille
convention, icelluy testateur veult et ordonne sur tous et ungs
chacuns ses biens et sur les plus beaux et apparans d'iceulx
il preigne par ses mains, ou par les mains de ceulx à qui ses
terres et seigneuries sont bailliées ou les baillera à ferme
cy-après ledict seigneur conte ou ledict de Thou, autant de
rente et revenu bien venant par chacun an et des plus clers
deniers, que se montent toutes les rentes et debtes dont ledit
de Thou, seigneur de Cély, est tenu et obligé pour ledict sei-
gneur testateur ; que aussi celles que ledict seigneur testateur
doibt et lui devra lors de son décès.
Item, ledict seigneur testateur donne, lègue et laisse à sa
très chère et très amée compaigne et espouse, damoiselle
Claude de Foix, tout ce que par le droict et par les coustu-
mes des lieux où les biens, terres et seigneuries dudict sei-
gneur testateur sont scituées et assizes, il luy peult donner,
soit biens meubles ou immeubles, la priant très affectueuse-
ment de estimer que il feroit mieulx pour elle, si faire le pou-
voit, et croit certainement que ladicte damoiselle sera con-
tente de sa bonne volunté, dont il n'y aura jamais faulte à
l'endroict dudict seigneur, la suppliant singulièrement qu'elle
donne ordre que toutes 1ns debtes dudict seigneur soient
payées et entièrement acquittées.
Item, et pour aucunement recognoistre l'amytié que ledict
seigneur testateur a toujours portée et eue à son très cher
Digitized by
Google
— 190 —
et très amé cousin Claude de Laval, seigneur de Thelligny,
luy a continué et continue le don qu'il luy a par cy devant faict
de Tusuffruict, sa vie durant seullement, delà terre et seigneu-
rie de Montsurs au conté de Laval, et au survivant de luy et
de damoiselle Claude de la Jaille, sa femme.
Item, ledict seigneur testateur veult et ordonne que tous
les gentils hommes, ofticiers, serviteurs et pensionnaires de
sa maison, soient paiez et satisfaictz de tous leurs eslatz,
gaiges, sallaires et pensions qui leur seront deubz lors du
trespas dudict testateur ; et encores, qu'ilz en soient paiez
pour une année entière après son dict trespas : à ce qu'ils
ayent cause et moyen de trouver party ailleurs, et qu'ils
ayent souvenance dudict testateur. Et pour mectre à fin et
exécution deue, ce présent testament et ordonnance de der-
dière voluncté, en tous ses poinctz et articles, selon leur
forme et teneur, ledit seigneur conte de Laval, testateur, a
esleu, nommé et estably ses exécuteurs : sa dicte très chère
et très amée compaigne et espouse, damoiselle Claude de
Foix; son très cher et très amé oncle, monseigneur messire
Anne, seigneur et baron de Montmorency, chevallier de l'or-
dre du Roy, connestable et grand maistre de France ; son très
cher et très amé cousin Claude de Laval, seigneur de Thelli-
gny, et ledit maistre Cristofle de Thou, seigneur de Cély,
ausquelz et à chacun d'eulx ledit seigneur conte testateur
donna, et, rar ces présentes, donne plain pouvoir, puissance,
auctorité et mandement espécial de cestuy son présent testa-
ment et ordonnance de dernière volunté enthériner et accom-
plir bien et deuement de poinct en poinct, selon sa forme et
teneur, comme bons et loyaulx exécuteurs peuvent et doib-
vent faire, et qu'ils verront bon estre pour le salut et remède
de l'âme dudict seigneur testateur ; es mains desquelz ses
exécuteurs, ledict seigneur testateur se desmist, dessaisist,
démect, dévest et dessaisist de tout en tout de tous ses biens
meubles, terres, seigneuries et possessions immeubles quelz-
conques, vouUant et consentant, qu'ilz en ayent la pleine
jouissance, jusques à lentretenement et accomplissement de
cestuy son présent testament.
Et oultre, pour aucunement récompenser lesdicts exécu-
teurs de leurs peines et vaccations qu'ilz auront pour accom-
plir et mectre à exécution ce présent testament, et aussy à ce
Digitized by
Google
— 191 —
qu'ilz ayenl souvenance et mémoire d'icelluy seigneur conte
testateur, ledit seigneur conte de Laval a donné, légué et
laissé, donne, lègue et laisse par ces présentes à chacun des-
dicts exécuteurs la somme de mil escuz d'or au soleil.
Est révocqué et rappelle, révocque et rappelle et mect du
tout au néant, tous autres testamens et codicilles, qu'il pour-
roit avoir faictz et passez auparavant le jourd'huy, voullant
que cestuy vaille, tienne et sortisse son plain et entier effect,
en tous ses poinctz et articles, soit par forme de testament,
codicille ou aultrement en la meilleure forme et manière que
mieulx valoir pourra et debvra.
Est sy y arresté et arreste du tout en tout, en soubzmectant
par ledict seigneur conte de Laval Faudition et reddition en
compte de cestuy son présent testament et ordonnance de der-
nière volunté, à la jurisdition, cohertion et contraincte de la
prévosté de Paris.
Faict et passé en ladicte ville de Paris, l'an mil cinq cens
quarante quatre, le samedy cinquiesme jour de juillet.
Maupeou.
2570. — 1544, après le 5 juillet, Paris. — Codicille de
Guy XVII (Copie, B. 1^., français, 5121, 139).
Hault et puissant seigneur, messire Guy, conte de Laval,
chevallier de Tordre du Roy, inferme de corp.«, toutesfois
sain de bons et fermes propos, mémoire et entendement,
comme il est apparu aux notaires, par forme de codicille, en
adjoustant au testament par luy faict et passé, pardevant les-
dicts notaires le samedy cinquiesme jour de juillet. Tan mil
cinq cens quarante quatre, et signé de sa main, lequel il a
raliffié et ratiffie par ces présentes et veult qu'il sorte son
plain et entier effect, et oultre le contenu en icelluy, ratifTie
pareillement les donnations par luy faictes à madame Claude
de Foix, son espouse, tant mutuelles et réciprocques que par
testament et autres dispositions par luy faictes à ladicte dame
et mesmes les ratisfications et dispositions nouvelles et réci-
procques qu'il a faictes à icelle dame et qui ont esté faictes et
passées entre elle et , procureur dudict sei-
gneur conte, et n'entend que la donnation mutuelle face pré-
judice aux donnations contenues en sondict testament et
autres dispositions par luy ou son procureur nouvellement
faictes, avec ladicte dame par cy devant et depuis deux mois
Digitized by
Google
— 192 —
en ça ; et veull que le tout vaille, tienne et sortisse son plain
et entier effect, et dictledict seigneur conte qu'il luy desplaist
qu'il ne peult mieulx faire à ladicte dame son espouse.
Item, ledict seigneur testateur ratiffîe toutes les constitu-
tions de rentes qu'il a faictes par cy devant et qui ont esté
faictes pour luy, avec luy et sans luy, par messieurs de la
Roche-Guyon, de Bois-Daulphin, de Thelligny, maistre
Christofle de Thou, seigneur de Cély, René Baillel, seigneur
d'Esseulx, Thebault de Longue- Jou, seigneur d'Yverny, Jac-
ques le Lièvre, maistre des eaux et forests, et messire Loys
de Rabaudanges, et autres.
Et pareillement, ratiffie les garanties et promesses d'ac-
quicter desdictes rentes qu'il en a passées aux dessus nom-
més. Et veult et entend que toutes lesdictes rentes, arrérages
d'icelles, deubz et qui escherront cy après, soient paiez et ac-
quictez à ses despens et de ses biens et racheptées le plus
tost que faire ce pourra, par ses héritiers et exécuteurs de
sondict testament, parce que à la vérité les deniers qui so.it
venuz desdictes constitutions de rentes, ont esté convertiz et
employez en ses propres affaires, et en ce n'ont les dessus
dicts faict que prester leurs noms audict seigneur conte et
pour luy faire plaisir ; ratiffie pareillement toutes les ventes
de boys, tant de haultes fustayes que taillis, baulx à cens,
rentes et à ferme et autres donnations qu'il a faictes à aucuns
de ses gentils hommes, serviteurs et officiers domesticques
de sa m.aison et autres ; mesmes à Françoys de Gassyn, son
escuyer d'escurye, de la cappitainerie de Quîntin et de deux
cens livres tournois de rente sa vie durant, à prandre sur la
chastellenye Sainct-Ouan ; et aussy veult que le contenu au
traicté de mariage d'entre Jehan de la Chappelle, escuyer, et
damoiselle Jehanne d'Apestigny, sa femme, sorte son «ffcct
et l'a ratiffie, et ratiffie pour le regard de ce que leur donne
par iceluy. Et aussi ratiffie la donnation qu'il leur a faicte à
perpétuité de la mestairie du Buron, assise audit conté de
Laval, et aussi du don qu'il leur a faict du réméré qu'il aura
de pouvoir retirer icelle mestairie.
Item, déclaire ledict seigneur conte qu'il doibt à maistre
François de Thou, son secrétaire, la somme de six cens escuz
d'or soleil, qu'il lui a baillé à plusieurs et diverses foys, pour
ses menuz plaisirs et affaires, dont ledict de Thou, n'a aucun
Digitized by
Google
— 193 —
enseignement. Et oultre, luy doibt la somme de quinze cens
tant livres tournois par sa ceddulle signée et scellée de son
seing et scel oudict an cinq cens quarante-quatre, dont il a
pareillement récépissé de son argentier, et aussy déclare
ycelluy seigneur que ledictde Thou a baillé plusieurs autres
sommes de deniers pour sa despence et affaires de luy et de
ladicte dame son espouse. dont il a récépissez de leurs argen-
tiers ; de toutes lesquelles debtes, il veult ledict de Thou
estre entièrement paie et satisfaict, parce qu'il les luy doibt
loyaulment.
Et pour ce qu'il est deu plusieurs autres debtes à plusieurs
personnes par cedduUes signées dudict seigneur et parties
arrestées tant de luy que de ses maistres d'hostelz, secrétaire,
contrerolleur et argentier, veult pareillement que lesdictes
debtes soient paiées des biens qui de luy demoureront.
Item ledict seigneur conte, testateur, ratiflie la donnation
qu'il a faicte à Claude de Laval, seigneur de Théligny, son
cousin, de la chaslellenye, terre et seigneurie de la Bretesche,
appartenances et deppendances, assize ou duché de Bretai-
gne, pour en joyr par luy sa vie durant, selon le contenu de
ladicte donnation et ce, ou lieu de la seigneurie de Monseur,
assis audict conté de Laval, qu'il avoit auparavant donnée
audict seigneur de Théligny.
Item, par ces présentes, donne, lègue et laisse audict mais-
tre François de Thou, ladicte terre, seigneurie et apparte-
nances de Monseur, pour en joyr sa vie durant, oultre ses
estats et sallaires et don que ledict seigneur luy faict par ces
présentes.
Item, donne, lègue et laisse à Baptiste de Castelnave, dict
Laval, gentilhomme de sa maison, la somme de six cens
livres tournois par chacun an, sa vie durant, à les prandre
sur le revenu du conté de Montfort en Bretaignc.
Item, donne, lègue et laisse à Pierre Parlon, son varlet de
chambre, la somme de quatre cens escuz soleil ou environ
que ledict seigneur luy doibt par prest, dont il n'a aucun en-
seignemeot; le tout oultre leurs sallaires.
Item, icelluy seigneur conte, testateur, déciaire qu'il doibt
à René de Laval, seigneur de Bois-Daulphin, son cousin, la
somme de unze cens escuz d'or soleil, c'est assavoir mil escuz
13
Digitized by
Google
— 194 —
d'or soleil, qu'il a paiez à Nicolas Huot, marchant de Paris,
et dont ledict seigneur de Bois-Daulphin et monsieur le pré-
vost de Paris estoient obligés et dont ledict seigneur conte
est tenu les acquiter ; et cent escuz d'or soleil que icelluy sei-
gneur de Bois-Daulphin luy a prestez. Laquelle somme de
unze cens escuz d'or soleil, ledict sieur conte testateur veult
et ordonne estre paiée par ses dicts exécuteurs et héritiers
du revenu des contés de Montfort et de Quintin et autres ses
biens, au choix et eslection dudict seigneur de Bois-Daulphin.
Item, veult et ordonne ledict seigneur, testateur, que Ferry
le Testart, contreroUeur de sa maison, soit et demeure des-
chargé de la despence qu'il a faicle tant ordinaire que extraor-
dinaire pour ledict seigneur en Tabsence de Christofle Moreau,
son argentier, selon les pappiers signés de Loys Blosset,
escuyer, seigneur de Villiers, son maistre d'hostel, el autres
ses maistres d'hostel. Et pour ce que ledict le Testart a plus
payé qu'il n'a receu du trésorier dudict seigneur, icelluy sei-
gneur veult qu'il soit paie de ce qu'il a paie du sien.
Item, ledict seigneur, testateur, veult que vaccant l'office
d'esleu de Laval, par la mort de maistre Pierre de Monceau,
que dudict office soit pourveu ledict Ferry le Testard, et prie
ses héritiers de l'en pourveoir et le nommer au Roy audict
office, ou le récompense* de la valleur d'icelluy office.
2571. ■— Vers 1544, 15 juillet, Puycalvary. — Lettre de
Philippe de Baissey, épouse d'Antoine Raffin, sénéchal
d'Agenais, à Anne de Laval, dans laquelle elle compatit à ses
chagrins et s'en remet à elle du mariage de sa nièce (Mar-
chegay, Treizain de lettres misswes (1490-1624) ; Sauve-
terre de Guyenne, 1879, p. 9).
2572. — 1544, 24 décembre. — Pièce de vers écrite au
dos du tableau qui contient les trente-deux émaux de Limo-
ges conservés à Notre-Dame de Vitré (Imprimé, session de
r Association bretonne tenue en 1816 à Vitré ^ p. 300).
2573. — Vers 1544, un 24 décembre, Azay. — Lettre par
laquelle Philippe de Baissey, dame du Puycalvary, remercie
Anne de Laval de l'aide apportée par elle au mariage de sa
nièce avec M. d'Autry [(Imprimé, Lettres du X VI^ siècle,
n^ 105).
2574. — 1544, 27 décembre, Rennes. — Lettre adressée
Digitized by
Google
— 195 —
par Pierre d'Argentré à Anne de Laval, au sujet de ses diffi-
cultés avec les bénédictins de Craon (Imprimé, Lettres du
XK/««/ècfe, nM06).
2575. — 1544, 29 décembre, Rennes. — Lettre adressée à
Anne de Laval par Jeau Dupin, son procureur à Rennes, rela*
tive à ses difficultés avec les bénédictins de Craon (Imprimé,
Lettres du XV t siècle, n*» 107).
2576. — 1544. — Quittance délivrée par René de Laval-
Bois-Dauphin des cinquante livres tournois à lui dues pour le
dernier quartier de 15'i4 de sa charge de porte-guidon de la
compagnie de cinquante lances du comte du Lude (Original
signé et scellé sur papier, B. N., français, 28153, 164).
2577. — 1544, v. s., 10 mars, Chambord. — Leltres par
lesquelles François I*-"^ décide que Vitré sera distrait de la juri-
diction de Rennes pour la taxe et la répartition des imposi-
tions (Arch. d'Ille-et-Vilaine, B L, 242).
2578. — 1545, avril, Fontainebleau. — Lettre de Fran-
çois I®*" créant en faveur de Guy XVII à Châtillon en Ven-
delais trois foires annuelles et un marché hebdomadaire (Co-
pie, A N.,JJ. 257*, 144)
2579. — Vers 1545, un 12 mars, la Garde. — Lettre
par laquelle Mlle de Nerçay, dame de Montléon, annonce à
Anne de Laval la naissance du second fils de madame de
Lévis (Imprimé, Lettres du XV!"" siècle, n** 109).
2580. — Vers 1545, un 13 avril, Sainte-Hermine. — Lettre
adressée à Anne de Laval par Raoul Amorry (Imprimé, Let-
tres du X VI' siècle, n? 110)
2581 — 1545, 24 avril, Romorantin.— Congé accordé à
Georges Chevallerie, marchand et bourgeois de Vitré, d'ac-
quérir des fiefs nobles en Bretagne jusqu'à concurrence de
cinq cents livres de rente (B. N., français, 5503, 210)
2582. — 1545, 19 avril, Montjean. — Lettre écrite par
Claude deFoixàMenault de Martory (B. N., français, 3212,
116).
A monsieur mon compère monsieur de Conserans (avril
V» XLV).
Monsieur mon conpère, vous pourrez entendre par vostre
Digitized by
Google
^
— 196 -
secrétaire, présent porteur, et par ce que Monsieur vous
escript, la response de vostre affaire, lequel vous fera
certain de la bonne volonté de mondy sieur et de moy en
vostre endroyt, quy me gardera vous en escripre daven-
taige.
Seulement vous pryeray de croyre que, en toutes choses
que congnoystray vous toucher, me Irouveray tousjour preste
de vous y faire plaisir ; et de vostre part vous prye de
continuer et demourer en la bonne volonté que avez de vous
enployer au affaires de la maison de Monsieur, et vous me
fairez plaisir très agréable ; vous remercyant des cent escuz
que m'avez envoyez, quy sera Tendroyt où je prirez Dieu
vous donner bonne vye et longue.
A Monjant, ce xix"** d'axuirlde.
Vostre bonne commère et parfaicte amye. Claude de Foix.
2583. — 1545, 8 juin, 4 juillet, 5 octobre, 1546, 19 janvier,
15, 29, 31 mai. — Procès en Parlement de Claude Démons,
praticien, juge et garde à Clamecy, contre Alain Mulot et
Guy XVII de Laval (A. N., X T)
2584. — 1545, 25 juin, abbaye de Troarn. — Lettre adres-
sée par Guy XVII à Menault de Martory (B. N. français^
3212, 42)
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans
Monsieur mon compère, j'ay receu vostre lettre par mon-
sieur de Bonrepoz et par luy entendu de voz nouvelles, de
quoy j'ay esté très aise pour le bon rapport qu'il m'a faict de
vostre convalescence ; et pour aultant que j'ay esté tousjours
asseuré de vostre bonne voullunté en mon endroict, il me sou-
vient que par cy devant je vous ay faict une requeste en faveur
de monsieur de Bonrepoz, l'un de mes affectionnés serviteurs
que bien cognoissez, pour la résignation du prieuré de Lon-
gueville à son profict ; mais je n'ay sur ce entendu vostre
response ne intencion par effect, qui m'a faict encores, mon-
sieur mon compère, vous escripre ceste lettre pour vous pryer,
mais s'est bien affectueusement, que l'affection de vous en
mapart ne puisse en cest endroict perdre sa lumyère et en
accordant ma requeste consentir la provision dudit bénéfflce
au profict dudit de Bonrepoz, vous asseurant que si en quel-
Digitized by
Google 1
— 197 —
que chose que ce soit, jepuys et me vouliez employer, me
trouverez tousjours en voulluialé de recongnoissance et de faire
pour vous aultantque pour personnage de ce monde, qui se-
ra d'aussi bon cueur que veoys supplyer Dieu vous donner,
monsieur mon compère, en santé bonne et longue vye.
Escript à l'abbaye de Trouart, ce xxv juing M. V*^XLV.
2585.— 1545, 2;» juin, abbaye de Troarn. — Lettre adres-
sée par Guy XVIl au connétable de Montmorency (B. N.,
français, 3039, 126).
A monsieur y monsieur le connestable.
Monsieur, j'ay receu la lettre qu'il vous a plu m'escripre
du XIX® du présent, obéissant à laquelle j'ay incontinant faict
partir Léonard, l'un de mes varletz de chambre, pour aller
trouver M. de THospital, conseiller en la court de Parlement,
pour parler et dire la vérité en son examen sur ce qui sera
produict de vostre part. J'ay aussi, tout incontinant escript
à Michel DesMontilz, recepveur des tailles à Laval, de sem-
blablement aller trouver ledit de l'Hospital et suj-vre ledit
Léonard pour en son endroict faire sa depposition sur l'exa-
men qui luy sera faict : et suis seur qu'ilz ne vouldront dé-
nyer la vérité de ce qu'ilz sauront, qui me faict espérer que
madame d'Assigné ne fera et ne impectrara entièrement ce
qu'elle pense *. Et affin que tout soit myeulx préparé pour
entendre le vray et voz gens secouruz d'ayde, j'ay quant et
quant faict partir mon procureur à Rennes, qui estoit
en ceste court pour aucuns mes affaires en Bretaigne, pour
aller avec les aultres, et suis seur au?si qu'il vous y fera bien
grant service et qu'il le saura très bien faire tant à adminis-
trer aultres témoings, s'il en est besoing que aultrement,
mesmespour savoir quelz gens elleemploira en son enques-
te : ce que saurons facillement si elle la va faire faire à
Rennes ; et croy que le séneschal n'oublira poinct à m'en
advertir ; de quoy je vous rendre compte, monsieur, au plus
tost que en auray aprins, car je ne sçay en ce monde chose
1. C'est en qualité d'héritier de Jean de Laval-Chàteaubriant que
le connétable Anne de Montmorency avait un procès contre
Anne de Montjean, dame d'Acigné.
Digitized by
Google
— 198 —
qui me vienne à plus grant plaisir que d^avoir l'heur de vous
povoir faire service et vous obéyr : ce que je feray toute ma
vye d'aussi bon cueur que veoys supplier Dieu vous donner,
monsieur, en parfaicto santé très bonne et très longue vye.
Escript à l'abbaye de Trouart, ce xxv"*® juin.
Vostre très humble et très obéissant nepveu, Guy de Laval.
Monsieur, incontinent que l'armée de me sera partie, je
m'anyrei à Paris de là où je ne fauldroy à vous aller faire la
révérance *.
2586. — Vers 1545, un 8 juillet,la Garde. —Lettre de Loui-
se de la Trémoïile, dame de Lévis, à Anne de Laval, dans
laquelle elle déplore les difiicultés que les intérêts ont fait
naître entre elles (Imprimé, Lettres du XVI* siècle^ n^lll)
2587 — 1545, 24 juillet, Laval. — Lettre écrite par Clau-
de de Foix à Anne de Laval, dame de la Trémoïile (Impri-
mé, Marehegay, Lettres du XVI* siècle^ n* 112)
A madame ma sœur ^ madame de la Trimoylle
Madame ma seur, esiens asurée que serez bien ayôze d'en-
tendre de la santé de monsieur vostre frère, m'a faict vous
escrirecestre lettre pour vous mander qu'elle est bonne, la
grâce à Dieu, car y m'a escript par ung de ses laquays, quy
vins mardict, et aavaitage y m'a înander qu'yl avoyrt dély-
bérez d'aler avesque monsieur l'amyral * et parraillement
messieurs d'Omalie et de Nevers ', mais le roi ne leurs en
voulu donner conger. Je vous lesse à panser comme ledict
roy esten ma bonne grâce d'avoyrtapescher leurs entreprinse
tant dangereuse.
Et pour que je ne sept plus rien dyne de vous mander, synon
que ma santé est bonne et eii voulonté toutes ma vye de vous
porter obéysancc et faire servyce, maistrerez fin à ceste lettres
par mes humble recommandasions à vostre bonne grâce,
vous suplyant parraillement, madame ma seur, vouUoir tans
1. Ce dernier alinéa est autographe.
2. Claude d'Annebaut. Voir Martin de Bellay, Mémoires, in-
folio, p. 339.
3. Claude de Lorraine, duc d'Aumale, et François deClève, duc
de Nevers.
Digitized by
Google
— 199 —
faire pour moy de m'envoyez par ce porteur le sîxîesme livre
dUAmadys de Guaulle, que non m'a dicl que vous avez, vous
asurant t'ycontynant Tavoyr leu, je le vous renvoyrez,
Quy est Tendroyt où je lairé requeste à Nostre Singneur
vous donner bonne vye et longue, et vous, madame ma seur,
de me mander de voz nouvelles bien au long.
A Laval, ce xxiiii™* de juillet.
De celle que trouverez pour sa vye vostre humble et obéis-
sante seur : Claude de foix,
2588. — 1545, 6 août. — Acte de foi et hommage au Roi,
pour la baronnie de la Haye, rendu par Gilles de Laval-Loué
(Note, B. N., dom Housseau, XII *, 5860).
2589. — Vers 1545, 26 août, Périgueux. — Lettre de
Mme de Belcier, épouse de Christophe de Coëtivy, à Anne de
Laval, par laquelle elle lui demande de ses nouvelles (Mar-
chegay, Trezain de Lettres missisfes^ p. 10).
2590. — 1545, 6 octobre, Thouars. — Lettre adressée à
Anne de Laval par le gardien des Cordeliers de Thouars, lui
offrant le choix entre deux bons pères pour prêcher l'avant
et le carême (Imprimé, Lettres du XV I^ siècle , n® 113).
2591. — 1545, 8 novembre, Fère. — Lettre adressée par
Guy XVII à Menault de Marlory (B. N., français, 3212, 45).
A monsieur mon compère^ monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, j'ay receu voz lettres par ce pour-
teur, duquel j'ay au long entendu tout ce qu'il m'a dit de vos-
tre part, et veu les troys mémoires que m'avez envoyé par luy,
que je vous renvoyé, et par là j'ay entièrement congneu la
bonne volunté et affection qu'il vous plaist me pourter, avec
très bonne et grande affection de conduire mes affaires comme
avez faict pour feuz messires de Lautrec, et comme les vos-
tres. dont je vous remercie de très bon cueur, et de ma part
je ne fauldray jamais de faire tousjours pour vous comme
pour moy.
Et voyant qu'il ne me seroit possible vous escripre à pré-
sent les choses comme je le désire j'ay commandé audit pour-
teur de les vous dire bien au long de ma part et me tenir
asseuré que le croyerez comme si moy mesmes le vous
disoys.
Digitized by
Google
— 200 —
Ne vous ennuyeray de plus long propos, sinon de mes très
affectueuses recommandations à vostre bonne grâce. Priant
Dieu, monsieur mon compère, vous donner, avec santé, très
bonne et longue vie.
A Fère. ce dymanche viii"«jour de novembre*.
Vostre antièrement bon compère et mileur ami.
Guy de Laval.
2592.— 1545. — Lettres de [Guy XVII, portant don à
François Grimault, écuyer, sieur de Procc, à l'occasion de son
mariage avec Renée de la Chapelle (Note, f. fr., 22319,
140).
2593. - - 1545. — Hommage à Guy XVII et à Claude de Foix,
à cause de la vicomte de Saint-Florentin, de la seigneurie de
Chaiiiplest par Jean de la Boissière, grand louvetier de France
et époux de demoiselle Hilaire Raguier, veuve d'Antoine de
Piédefer (Note, Bulletin de la Société de V Yonne ^ XXXVIII,
447).
2594. — Vers 1545. — Lettre de Catherine Tierry, de-
moiselle de Claude de Foix, à Anne de Laval (Imprimé, Résine
du Maine, V, 407).
2595. — Vers 1545. — Lettre de Charlotte de la Tré-
moïlle à Anne de Laval, sa mère (Imprimé, Lettres du
XVI'' siècle, nM08).
2596. — Vers 1545. — Pièce de vers adressée à François
de Laval, évéque de'Dol, par Jean Gesland ' (B. N., Dupuy,
736, 207).
1. Entre 1535, date du mariage de Guy XVII, et 1547, date de
sou décès, l'année 1545 est la seule dans laquelle le 8 novembre
ait été un dimanche. Cette lettre appartient donc au 8 novembre
1545.
2. Jean Gesland, licencié es lois, avocat fiscal :'• Laval et pro-
cureur en la Chambre des comptes de Laval, est connu seulement
jusqu'ici par la Chronique selon que le dit Gesland a recuilli et
vue de lui-même depuis le temps de Guy XVI, comte de Laval^
laauelle a été imprimée par d'Hozier, comme complément de
celle de Le Baud. En outre de cette pièce de vers, adressée à
François de Laval et restée jusqu'ici médite, il est encore l'au-
teur du numéro 2.612 et de deux épigrammes, qui ne tarderont
guère sans doute à voir le jour.
Digitized by
Google
— 201 —
A monseigneur de Dol, Jean Geslandy humble salut.
On ne veoit point veneur si mal aprins *,
hors que le cerf ou le sanglier a prins,
qui ses fîletz et retz veuille brusler ;
aussi, monsieur, quoy qu'en puissent urler
ungtas de loups, de brebis ennemys,
je ne croiray que vous m'aies hors mys
de vostre grâce et de vostre service,
qui ay tant faict en faisant mon office,
que vous avez à Taise prins la beste
dont vous aviez si grand mal à la teste,
où j'ay servy de retz. je l'ose dire,
et toutesfois ne m'en estes que pire.
S'il s'est venu rendre à vous d'advanture,
pour se saulver soubz vostre couverture,
mérite-il d'en chasser ung dehors
qui est à vous plus de cueur que de corps ?
Qui est à vous, non come moyne à force (m),
non come gens qui riens que l'escorce
de bon amour (sic), et qui vous font caresse,
mais e [st] à vous, Fortune tienne ou verse.
Il y a tant que m'avez retenu,
et me sens tant obl»gé et tenu
à vous, monsieur, que je ne puys penser
que sans meffaict vous ays peu offenser,
ne qu'au crédit de gens de double face
je sois hors mys de vostre bonne grâce.
Je suis joyeulx si vous en trouvez bien,
mais je suys bien marry si j'y perdz rien
et que feussiez de sens si exilé
qu'après la prinse eussiez ars le filé.
2597. — 1545, v. s., l®"^ janvier. — Vers adressés par Ni-
colas Bourbon à Guy XVII de Laval (B. N., Dupuy, t. 736,
f. 151).
2. En supprimant la majuscule qu'il est d'usage de placer en
tête de chacun des vers, nous nous proposons de rendre plus
facile à saisir le sens des poésies que nous mettons au jour.
Digitized by
Google
— 202 -
Inclyto adolescenti Vidonia Lavallo^ Mœcenatzsuo Uberalis-
simo^ Nicolas Borbonius *.
Ni tui prorsus mihi notus esset
lectoris candor, generose Vido,
haud tibi vellem loties ineptas
mittere nugas.
Quin' et audacem facit hœc Bifronlis
me dies : faustas tibi quas calendas
sic récurrentes videas, ut annos
nestora vincas.
O tuum dum me patiare dici,
quantus evadam ? tua fama quantum
crescet, o héros, mea quis reprendet
carmina censor?
1. La ville de Vendeuvre-sur-Barse (Aube) a donné naissance
à deux poètes du nom de Nicolas Bourbon. Le second, Nicolas
Bourbon le jeune, né en 1574, mort le 7 août 16'*'*, a fait partie
de l'Académie Française et a été l'objet d'une notice insérée par
M. Kerviler dans la Revue de Champagne et de Brie (II, 417 ;
III, 23,110,198, 274, 410). Quant au premier, Nicolas Bourbon
l'ancien, né en 1503, il avait été précepteur de Jeanne d'Albret.
et figure encore dans un compte de 1549 (Archives de Pau,
B. 5). Il a été lui aussi l'objet d un travail : Notice sur Nicolas
Bourbon, pair J -A. Jacquot. laquelle, après avoir été publiée au
Journal de l'Aube, des 7, 11, 13, 14, 18 et 21 juillet 1857, a paru
à Tro^res chez Bouquet en 24 paues in-S^. Nicolas Bourbon l'an-
cien vint finir ses jours à Gandé, où il possédait, paraît-il, un
petit bénéfice. Il laissait huit livres d épigrammes, intitulés
Nugse, imprimés à Lyon en 1538. lesquels témoignent de ses fré-
Îuentes relations avec les Laval : au livre II, numéro 85, la pièce
>e solicita potentum vita,
Semper habet varias immensa potentia curas
est adressée : ad dominum Claudium Lavallum.
Au livre V, le numéro 107,
Si mihi apud fratrem o clara fat a stirpe Lavalle
est adressé : Egregiœ indolis adolescenti domino Claudio Vidoni
Lavallo
Au même livre, les pièces 34 et 35 :
Obscures homines constat plerosque fuisse
et Magnas divitias tuo favore
sont écrites: ad iilustissimum heroa dominum Johannem a Lavallo
Castri Briantii, in Armoricis dominum totiusque orae Britannicaa
prsesidem.
Enfin, dans une lettre datée de Lyon l»*" octobre 1538 et adressée
à Henri de Foix-Lautrec, Nicolas Bourbon fait mention de nobi-
lissimum virum adolescentem dominum Vidonem Lavallum, fra-
trem tuum, ejusque prœceptorem Gui. Lateranum, veterem ami-
cum meum.
Digitized by
Google
— 203 —
Res canam magnas seriemque rerum,
et tuae clarum genus omne gentis,
et brevi prolem tibi quam datura
inclyta conjux.
Quos celebrarit mea Musa, vivent,
dum suos fructus dabit aima tellus,
omnes dum se fluvius profundum
volvet in aequor.
Calendarum Januariarum die, M. D. XLV.
Suv Tatç Moûcjatç
2598. — 1545, v. s., janvier, Paris. — Lettres par lesquelles
François I" érige le marquisat de Nesle en faveur de Louis
de Sainte-Maure (A N., JJ. 257*, etX*», 8616, 211).
2599. — 1545, v. s., 15 avril, Perrière. —Déclaration con-
firmative de celle du 29 avril 1544, par laquelle les habitants
de Laval avaient été exemptés des subsides imposés par le
sénéchal du Maine et reconnaissant au seul juge des exempts
du comté de Laval le droit de répartir sur eux les contribu-
tions (r/rre« rf^com^^ rfeL^f^a/, Paris, 1657, in 4", p. 30).
2600. — 1546, 4 juillet. — Quittance délivrée par René
de Laval-Bois-Dauphin des cent livres à lui dues pour le
dernier semestre de l'année 1546 en qualité de porte-guidon
de la compagnie du comte du Lude (Original signé, B. N.,
français, 28153, 167).
2601. — 1546, 14 août. — Acte par lequel Louis delà Tré-
moîlle cède la baronie de Luçon à Anne de Laval, sa mère
(Dom Fonteneauy XIX, 425).
2602. — Vers 1546, un 20 septembre, Saint-Michel du
Bois. — Lettre adressée à Anne de Laval par la maréchale
de Vieilleville (Imprimé, Lettres du X VI^ siècle, n® 115).
2603. — Vers 1546, 26 octobre, Laval. — Lettre par
laquelle les demoiselles de compagnie de Claude de Foix
mandent Anne de Laval, dame de la Trémoïlle, auprès de sa
belle-sœur très gravement malade (Imprimé, Lettres du
XVI^ siècle, n^ 116),
A madame.
Madame, nous avons receu la lettre qu'il vous a plu nous
escripvre et Tavons montrée à madamoyselle vostre seur, qui
Digitized by
Google
— 204 —
a esté très ayse de connoystre la volonté qu'avez de la venyr
veoyr, car c'est une chose qu'elle [a] de long temps désirée.
Elle nous commande vous faire ses recommandations humble-
ment à vostre bonne grâce. Elle vous envoyé mulletz et hac-
quenés, ainsi qu'il vous playst les demander, et est bien
marie qu'ilz ne sont desjà à Cran pour avoir Taise de vous
veoir bientost. Madamme, nous vous advertisson qu'elle fut
hier aussi malade que nous la vymes jamays, et de sorte que
nous avons toutz envoyé devers monseigneur vostre frère
en la plus grant diligence qu'il a esté pocyble ; y lui semble
que sy elle avoict cest heure et bien de le veoir qu'il luy
housteroict toutz ces maulx. Nous somes toutz très ayses de
vostre venue, pour la consolacyon que ce luy sera et à toutz
nous aultres, pouvres serviteurs.
Nous avons remandé monsieur du Bois-Dauphin, qui s'en
alloict à la court, pour revenir ycy, faute que nous ayons
seu nouvelles de mondit seigneur vostre frère. Nous penssons
qu'il sera anuyct ycy, de jour ou de nuyct, et amaynera mais-
tre Gabriel quante luy.
Qui est l'endroict où nous recommanderons, madame, très
humblement à vostre bonne grâce, supliant Dieu vous donner
très bonne et longue vie.
A Laval, le xxvi® d'octobre.
De votz très humbles et très obéissantes servantes.
GUYONNE DE LA HaYE, K. TiERRY.
2604. — 1546, novembre, Joinville. — Lettres de naturali-
sation en faveur d'Ulrich Helizuer, valet de chambre de
Guy XVII, ptécédemment au service de Jean de Laval-
ChAteaubriant, natif de Bavière et établi en France depuis
quinze ans (A. N., JJ. 257*, 297).
2605. — Vers 1546. — Requête en vers adressée par Ma-
thieu Guimel à Guy XVII de Laval * (Copie, B. N., Dupuy,
736, fol. 207).
1. Sous les numéros 176-177 on trouvera ici le dessin du sceau
et du contre-sceau de la cour de Vitré, tels qu'ils figurent à la
fois au musée de Vitré, attachés à un acte de 1546 et au cabinet
de M. Paul de Farcy à l'ëtat isolé.
Digitized by
Google
— 205 —
A monseigneur le conte de Las>aL
S'il vous plaisoit, Monseigneur cinq fois conte *,
en ce papier si beau, si blanc, si nect,
cy attaché, d'escripre ce signet :
Guy de Laval, je puis faire mon compte
que pour cent fois plus que cela ne monte
envers Dolu, marchant de draps de soye,
j'auray crédit. Avant doncq que je soye
d'habillemens aussi nud come un ver,
j'ay ceci dict, pour ce que je pensoie
qu'il ne fera pas grand cliault en hyver.
176-1T7. — Sceau et contre-sceau des contrats de Vitré, 1546
2606. — 1546, V. s., 3 février. — Naissance de René de
Laval, baron de Maillé et de la Roche-Corbon, qui épousa un
jour Renée de Rohan-Montbazon (Note, Dictionnaire
d'Indre-et-Loire^ IV, 131, et du Chesne, Histoire^ 615).
2607. — 1546, V. s., 8 février. —Acte par lequel Guy XVII
remet entre les mains des habitants de Laval l'administration
1. Guy XVII. dans la plupart des actes postf^rieurs à son ma-
riage, se pare de six titres ae comte : Laval, Quintin etMontfort,
de son chef, Comminges, Rethel et Beaufort en Champagne, du
chef de Claude de Foix. Sans doute, à la fin de sa vie, force lui
fut de renoncer au comté de Comminges. car le titre n'en figure
pas en tôte de son ordonnance, en date du 8 février 1546, v. s.,
relalive à Taumônerie Saint-Julien de Laval.
Digitized by
Google
— 206 —
de Thôpital Saint-Julien de Laval (L. Maître, Hôpitaux de
Laval, 18).
2608. — 1546, V. s., 16 février, Paris. — Lettre adressée
par Charles de la Trémoïlie à Anne de Laval, sa mère, lui
recommandant de faire les démarches nécessaires pour
obtenir la nomination d'un la Trémoïlie à l'évéché de
Mirepoix* (Imprimé, au Chartrier de Thouars, p. 247).
• 2609. — 1546, V. s., 26 mars. — Enquête relative à la
remise aux mains des habitants de Laval de Tadministration
de l'hospice Saint-Julien de Laval (L. Maître, Hôpitaux de
Lai>al, 22).
2610. — 1546, V. s., 28 mars. — Procès en Parlement
d'Aymon Martin et de Jean Papelard, prêtres, vicaire et curé
de Saint- Verin-du-Bois, contre Thibaut de Laval et Guy XVII
(A.N.,X««).
2611. — 1547, 25 mai, Laval. — Epitaphe de Guy XVII,
mort à Saint-Germain-en-Laye (La Beauluère, Communautés
et Chapitres, 24).
Cy gist très haut et très puissant prince messire Guy,
comte de Laval, Montfort, Quintin, Rethelois et Beaufort en
Champagne, vicomte de Rennes, Fronsac et Saint-Florentin,
baron de Donzy, Vitré, Donval et Lescun, seigneur de Lau-
trec, chevalier de l'ordre des rois François I®' et Henry II« de
leurs noms, capitaine de cinquante lances des ordonnances
d'iceux seigneurs ; mari et époux de très haulte et très puis-
sante dame madame Claude de Foix, sœur unique et héritière
de très hault et très excellent prince Henry de Foix, seigneur
de Lautrec, lequel, né à Laval *, décéda au lieu de Saint-
Germain-en-Laye le mercredi 2[5 mai 1547] entre deux et trois
heures, après la moitié du jour; de son âge.... Et fut inhumé
en ce lieu le mardi 18* jour d'avril [1548] '.
1. C'est le 29 mai 1546 que David Bethon avait été \né par les
hérétiques ; son successeur sur le siège de Mirepoix fut Claude
de Guiche, évêque d'Adge (Gams, 578).
2. A Vitré et non à Laval.
3. Le texte donné par M. de la Beauluère porte : mardi 18« jour
d'avril 1551 ; mais en 1551 le 18 avril n'était pas un mardi, et
l'année 1548 est la seule entre 1547 et 1555, dans laquelle le
18 avril ait élé un mardi. On croit donc pouvoir rectifier le texte
Digitized by
Google
— *207 -
2G12. — 1547, 25 mai. — Epilaphe de Guy XVII faite par
Jean Gesland * (Copie, B. N., Dupuy, t. 736, 198).
Epilaphe de feu monsieur de Laval par M, Jehan Gesland,
Puisque si fort paroissoit sa jeunesse,
que de ses faitz chacun s'esmerveilloit,
considérez qu'eust paru sa vieillesse
s'il fut venu au poinct où il falloit.
Toutes faveurs Fortune luy bailloit,
Nature aultant qu'on sçauroit désirer,
mais son esprit, qui tousjoups travailloit
à parvenir, voulut plus hault tirer,
et prévoyant qu'on ne peult qu'empirer
en demeurant en ce monde longtemps,
soubdain aux cieulx s'est voulu retirer,
pour devenir du nombre des contents.
de répitaphe avec d'autant plus de raison que BourjoUy ^\:iiQ la
sépulture à 1548. Il est vrai qu'il place la cérémonie au 13 novem-
bre, qui lui aubsi était un mardi.
1. Cette épitaphe, dont l'auteur est révélé ici pour la première
fois, est loin d'être inédite : elle a été publiée par le Cabinet his-
torique (XV, 309], qui l'appliquait à l'un des Laval-Lezay ; elle a
été donnée aussi parmi les additions au Mémoire de BourjoUy
(II, 342). Trois des derniers comtes de Laval sont morts à la fleur
de la jeunesse : Guy XVII, en 1547, à Fàge de vingt-cinq ans,
Guy AlX et Guy XX, l'un en 1586, l'autre en 1605, âgés l'un de
trenle-et-un ans et l'autre de vingt ans seulement ; aussi l'épita-
phe en question conviendrait-elle également à tous les trois Ce
qui décide à l'appliquer à Gu^ XVIl, c'est que Gesland. qui n'est
^ère connu que par la chronique, dont il est l'auteur, et qui a été
imprimée par d'Hozier comme complément de celle de Le Baud,
a mis fin a son œuvre en mai 1558, et ne semble avoir été con-
temporain que du seul décès de Guy XVII .
Digitized by
Google
XXII
GUYONNE ET GUY XVIII
25 mai 1547 — 13 décembre 1567
Le 25 mai 1547, par suite du décès de Guy XVII, la
descendance masculine de Guy XIV se trouvait éteinte
et avec elle prenait fin la branche des Montfort- Laval.
Son héritage revenait de droit à Tune des nièces du dé-
funt, Renée de Rieux, qui prit le nom de Guyonne de
Laval ' .
Catherine, Taînée des filles de Guy XVI et de Char-
lotte d'Aragon, était née dans le courant de Tannée 1504;
le 11 novembre 1518, alors qu'elle était âgée de qua-
torze ans, elle avait épousé Claude de Rieux, maréchal
de France, fils de Jean de Rieux et de sa troisième fem-
me, Isabeau de Brosse. Elle avait donné le jour à deux
filles : Renée de Rieux, devenue comtesse de Laval en
1547, et Claude de Rieux, morte le 5 août 1561, dont le
fils, Guy XIX, fut comte de Laval après sa tante.
Renée de Rieux, née en 1524, avait épousé le 5 jan-
vier 1541 (n. s.), le second fils de Jean III de Sainîe-
Maure et d'Anne d'Humières, Louis de Sainte-Maure,
comte de Joigny, en faveur de qui, en janvier 1545, Fran-
çois l^^ devait ériger le comté de Nesle en marquisat 2.
C'est cette Renée de Rieux qui, le 25 mai 1547, suc-
céda à Guy XVII ; puis qui, le 26 avril 1548, hérita
aussi de son frère consanguin Claude, de telle sorte
qu'elle réunit ainsi sur sa tête à la fois le patrimoine des
1. Voir au Cartulaire, sous les numéros 2636 et 2637, deux
Suittances de Guyonne qui ne laissent aucun doute sur la date
u décès de Guy XVII.
2. Cartulaire, numéros 2478 et 2570.
Digitized by
Google
— 209 —
Laval et celui des Rieux, sauf bien entendu les parts
que la coutume l'obligeait à abandonner sur l'un et l'autre
à sa sœur Claude de Rieux et sur la succession de Rieux
seule, à sa sœur consanguine Louise qui, née en 1531
d'un second lit, devait être un jour marquise d'Elbœuf.
Malgré leur rang éminent, malgré le grand nombre
des fiefs accumulés sur leurs têtes, malgré la bonne pro-
portion qui existait entre leurs âges, les nouveaux sei-
gneurs furent loin d'ajouter un éclat quelconque au
lustre dont les générations précédentes avaient revêtu le
nom de Laval ; Louis de Sainte -Maure, qui n'était pas
doué de l'intelligence nécessaire pour dominer sa fem-
me, laissait en outre, paraît-il, agir à l^ur fantaisie deux
de ses intendants, Charrault et Fiacre Amy, qui ont,
l'un et l'autre, laissé un nom exécré, et qui, dit-on, lui
firent aliéner dans des conditions désastreuses, Lohéac
et le marquisat de Nesle. Quant à Renée de Rieux, son
objectif principal semble avoir été de lutter contre son
époux et d'échapper à son action, et cependant jamais au-
cun succès dans l'administration de sa fortune n'est
venu légitimer ses velléités d'indépendance.
A force de querelles de ménage, à force de procura-
tions données et reprises, à force de procès, à force de
séparations amiables et de réunions prescrites par le
Conseil du Roi, les deux époux finirent par mériter
une déconsidération complète, à laquelle Tadhésion de
Guyonne au protestantisme vint mettre un sceau défini-
tif, en même temps que le comble aux déplorables
exemples que Guyonne et Guy XVI II avaient donnés aux
populations stupéfaites.
En outre, les difficultés d'argent semblent avoir singu-
lièrement pesé sur leur existence. Guy XVII, toute sa
vie, avait été la proie d'embarras financiers qu'il n'avait
pas tous créés et dont la responsabilité pour la plus
grande part remontait à Guy XVI et aux splendeurs de
son train de maison : Guyonne en héritant do Laval, se
14
Digitized by
Google
— 210 —
trouva chargée des lourdes dettes de son oncle et de
son grand père. 11 est un document qui, bien qu'impri-
mé depuis longtemps, n'a pas été utilisé par les histo-
riens locaux : c'est un accord du 8 février lô55, passé
entre Louis de Sainte-Maure et Claude de Rieux, sa
belle -sœur ; on y apprend qu'à cette date le comté de
Laval était « saisi et mis en crié » et que les créanciers
qui en poursuivaient la vente étaient : « la veuve de Jean
Dolu. Jean Barthélémy, Jeanne de Saincte, veuve de
Michel Millot, Pierre Lussaut, Nicolas Fichepain, Denis
Plou, René Tardif et autres ))^
En passant ce contrat du 8 février 1555, le but que
poursuivait le marquis de Nesle était de mettre ses fiefs
à l'abri des revendications des créanciers des maisons
de Laval et de Rieux et c'est ce que s'offrait à accomplir
la sœur de Guyonne, Claude de Rieux, se portant fort
pour d'Andelot, son époux. Tous deux se chargeaient de
faire l'avance des sommes nécessaires pour éteindre
toutes les dettes de la maison de Laval ; en retour, com-
me sans doute ils désiraient acquérir Laval, ils obtenaient
de Guy XVIII la promesse formelle que le comté serait
mis en vente par adjudication avant la Noël prochaine ;
en sus, ils devaient soutenir eux-mêmes toutes les in-
stances en cours relatives aux maisons de Laval et de
Rieux.
En fait, Laval ne fut pas mis aux enchères. Malgré
le consentement donné par elle au contrat du 8 février
1555, consentement relaté dans Tacte lui-même, Guyonne
jugea à propos de poursuivre la nullité de celui-ci devant
le Parlement. Elle obtint une évocation au Conseil Privé
du Roi qui, par arrêt donné à Rennes le 8 juin 1557,
décida que pour indemniser d'Andelot des soixante mille
éous payés par lui à la décharge des Rieux-Laval, il serait
mis en possession du comté de Montfort dont la valeur
était supérieure à celle du comté de Laval. D'Andelot, à
1. Cartulaire^ numéro 2679.
Digitized by
Google
— 211 —
son tour, le 1 1 octobre 1560, obtint du Conseil Privé un
arrêt décidant qu'en retour des soixante mille écus — cent
trente cinq mille livres — payés par lui, il conserverait la
propriété du comté de Montfort, dont il était alors en
possession, sauf cependant pour Guyonne de Laval la
réserve du droit pendant deux ans d'y exercer une action
en réméré'.
Cet arrêt du 11 octobre 1560 se termine par une dou-
ble injonction : à Guyonne il ordonne de réintégrer le
domicile conjugal, et au marquis de Nesle, il prescrit de ,
traiter « humainement et gracieusement ladite de Laval
« comme femme et espouse et ainsi qu'il appartient à
« leur estât et qualité ». 11 contient en outre une interdic-
tion formelle à Guyonne de s'immiscer dans l'adminis-
tration de ses biens et d'en aliéner une portion quelcon-
que.
Ce serait sans doute un chapitre piquant dans l'his-
toire de la maison de Laval que celui qui dans tous ses
détails ferait connaître les péripéties do la lutte de
Guyonne contre Louis de Sainte-Maure ; malheureuse-
ment les actes de ces multiples procédures échappent aux
recherches, on n'a pas pour y suppléer la ressource des
lettres missives, si précieuses pour l'époque de Guy XVII
et de Claude de Foix ; elles aussi demeurent introuvables.
Cette pénurie de documents oblige à laisser dans l'om-
bre une autre importante question, celle du protestan-
tisme de Guyonne ; elle empêche de préciser l'époque où
elle se décida à abjurer la foi de ses pères et ne permet
pas d'énumérer les actes de prosélytisme que, sans doute,
elle ne manqua point de faire dans ses fiefs en faveur
des nouvelles croyances. On peut cependant signaler la
note par laquelle, sans en indiquer la source, M. de la
Borderie a donné comme point de départ do l'apostasie
1. On ne connaît pas le texte de l'arrêt du Conseil du 8 juin
1557 donné à une époque antérieure à celle où commence la sé-
rie des Archives nationales. Celui du 11 octobre 1560 est impri-
mé. Voir Cartulaire, numéros 2689 et 2725.
Digitized by
Google
— 212 —
de Guyonne la signification qui lui aurait été faite le 20
février 1558, à la Mériaye, d'une bulle par laquelle le
pape Paul IV l'aurait excommuniée à cause de sa con-
duite à l'égard de GuyXVIIl'. Cette bulle, dontle texte
n'est pas connu, n'est pas nécessaire pour expliquer le
protestantisme de Guyonne à qui il a pu être en quelque
sorte imposé par son beau-frère d'Andelot, auprès de qui,
sans doute, elle chercha un appui dans ses démêlés con-
tre son mari. D'Andelot, qui fut l'un des premiers gen-
tilshommes français ayant mis leur épée au service de
la cause protestante, ne pouvait négliger une proie aussi
précieuse que Guyonne, et usa sans doute de toute son
influence sur sa belle-sœur pour obtenir d'elle qu'elle im-
plantât le culte nouveau dans ses domaines^.
A Vitré, où Guyonne résidait le plus ordinairement, les
débuts du protestantisme datent de 1558, année où d'An-
delot fit en Bretagne un célèbre voyage de propagande.
Dès 1559, la ville possédait un ministre, lequel, en 1560,
y procédait à son premier baptême. Les progrèsdu nou-
veau culte ne furent cependant ni bien rapides, ni bien
importants ; il est facile de s'en rendre compte par le
petit nombre d'actes que M. l'abbé Paris- Jallobert a
relevé pour les années 1567 à 1576 ; aucun en 1567, 1568,
1573, 1574 et 1575 ; deux seulement en 1569, un mariage
en 1570 ; un baptême et cinq mariages en 1571 et un
baptême en 1572. Après l'édit de pacification de 1576, la
nouvelle religion prit certains développements dans l'égli-
se protestante, solennellement rétablie le 28 juin 1576*^.
1. Cette note de M. de la Borderie se trouve dans la brochure
extraite du Journal de Rennes : le Calvinisme à Vitré (Rennes,
1851. p. in 8, 52 p.) cotée à la Bibliothèque nationale Ld 175 52.
Ce petit volume est d'une rareté telle que la plupart des biblio-
philes de Vitré ne croient pas à son existence.
2. 11 existe un curieux témoin de l'action que, du vivant môme
de sa belle-sœur, d'Andelot exerçait dans les fiefs de celle-ci.
C'est le rapport que le 15 mai 1561 Georges de Gennes lui adres-
sait au sujet de la capitainerie de Vitré. Voir Cartulaire, numéro
2726.
3. Voir Journal historique de Vitré ^ p. 36.
Digitized by
Google
— 213 —
A Laval, dont le château n'était pas comme celui de
Vitré, la demeure permanente de Guyonne, l'ardeur du
prosélytisme de celle-ci n'eut pas une action égale ; aussi
la foi catholique n'y fut-elle pas entamée de même et
était encore intacte le jour du décès de Guyonne, 13 dé-
cembre 15Ç7, Charles IX, du reste, n'avait pas laissé la
>'ille exposée sans défense aux attaques des protestants;
le 14aoùt 1562, il avait chargé Lancelot de Brée, seigneur
de Fouilloux, de lever les troupes nécessaires à la garde
du comté de Laval. Le 25 novembre 1567, il lui avait
renouvelé sa commission'. De son côté, l'évêque du Mans,
Charles d'Angennes, à qui Charles IX avait confié le
gouvernement du Maine, avait fait appel à Guillaume Le
Breton de Nuillé, seigneur de Haute- Folie, connu sous
le nom de capitaine de la Barre, à qui son attitude nette-
ment catholique devait valoir un jour la haine de d'An-
delot *2, et lui remit la garde de Laval.
Le moment était solennel ; car si Lavai était resté ca-
tholique, les amis de d'Andelot tenaient la campagne du
côté de Vitré, et en rendaient le séjour assez périlleux
pour que les chanoines du Port-Ringeard et les religieux
de Clermont, sachant de quelles cruautés sans nom les
huguenots usaient à l'égard des moines, se fussent réfu*
giés en ville. Guyonne y était, elle aussi, et son séjour
insolite faisait redouter pour la ville quelque coup de
main, rendu facile par la complicité des protestants de la
suite de la comtesse enfermés avec elle dans le château.
11 fut décidé qu'on ferait dans Laval une grande proces-
sion identique à celle de la Fête-Dieu et qu'on y de
manderait à Dieu l'extirpation de l'hérésie ; le jour
choisi fut le 13 décembre 1567. Or, tandis que le Saint-
Sacrement était solennellement porté de Saint«Tugal à
1. Voir au Cartulaire les numéros 2735 et 2765.
2. Voir au Cartulaire le numéro 2776. Il est peu vraisemblable
que ce capitaine de la Barre soit celui-là même qui fut si grave-
ment compromis lors du pillage du Mans par les protestants en
1562.
Digitized by
Google
- 214 —
la Trinité, puis ramené à son point de départ à travers
les rues richement tendues ; tandis que tout le clergé de
la ville augmenté des moines fugitifs, lui faisait cor-
tège ; tandis que la population tout entière le suivait
en une immense procession, Guyonne, Tobjet du mépris
de son peuple et devenue la terreur des Lavallois,
Guyonne, qu'on avait appelée du nom de la folle, se mou-
rait misérablement, et le soir même de ce 13 décembre
1567, rendait son âme à Dieu.
Malgré con protestantisme, elle fut ensevelie à Saint-
Tugal, mais sans aucune cérémonie ^
Guyonne, qui n'avait pas eu d'enfant, laissait un tes-
tament daté du 4 septembre 1567, lequel est visé dans
Tarrêt du Parlement du 19 décembre 1569, mais ne sem-
ble pas avoir été conservé.
Lors de sa mort Guyonne était sous le coup d'une in-
formation judiciaire, grâce à laquelle un arrêt du 31
180. - Sceau plaqué de Guy XVHI, 1548.
janvier 1567 avait ordonné la mise sous séquestre des
fiefs lui appartenant, et qui, enfin, le 19 décembre 1569,
plus de deux ans après sa mort, aboutit à un arrêt qui la
déclarait criminelle de lèse-majesté, confisquait ses biens,
ordonnait l'exhumation de son corps et prescrivait que
dans toutes les villes où ses armoiries avaient été pla-
cées en lieu honorable elles fussent promenées attachées
à la queue d'un cheval et brisées en signe d'ignominie.
A l'exception de l'exhumation de son corps, ces diverses
1. Voir son épitapheau Cartulaire sous le numéro 2768.
Digitized by
Google
— 215 -
mesures furent exécutées et Fexistence de cet arrêt re-
tarda singulièrement pour Guy XIX Tépoque où il fut
mis en possession de Théritage de sa tante.
On trouvera ici trois monuments relatifs à Guyenne et
àGuy XVIII : toutdabord, sous les numéros 178 et 179*,
leurs portraits donnés d'après les crayons originaux du
musée Condé ; puis, sous le numéro 180, le sceau de
Guy XVIII, où figure un écu de Montfort-Laval surmon-
té d'une couronne de marquis, dessiné d'après l'em-
preinte du 28 mars 1548, plaquée au numéro 2632 du
cartulaire. Les actes 2636 et 2637, tous deux datés du
18 septembre 1548, possèdp,nt chacun une empreinte
plaquée sur papier, du sceau de Guyenne ; malheureuse-
ment elles ne sont plus distinctes et ne sauraient être
dessinées ; on peut affirmer cependant que le blason qui
y figurait consistait simplement en un écu de Montfort-
Laval, à peu près semblable à celui de Guy XVIII, des-
siné ici sous le numéro 180.
CARTULAIRE DE LAVAL
GUYONNE ET GUY XVIII
XVIII (2614-2771) 1547-1567
2614. — 1547, 12 juin, Paris. - Acte par lequel Louis de
Sainte-Maure, marquis de Nesle, donne à Renée de Rieux, sa
femme, tout pouvoir pour régler la succession de Guy XVII
(Imprimé, du Bouche t, Coligny^ 1096).
2615. — 1547, 16 juin, SaintGermain-en-Laye. — Lettres
par lesquelles Henri II donne à René de Rohan la charge de
capitaine de cinquante hommes d'armes vacante par le décès
de Guy XVII (Imprimé, dom Morice, III, 1059).
1. Par erreur dans le brochage, les planches hors texte 178 et
179 ont été données par avance à la page 443 du tome XVI.
Digitized by
Google
— 216 —
»
2616. — 1547, 4 août, Laval *. — Lettre écrite par Claude
de Foix à révêquc de Conserans (B. N., français^ 3212, 188).
A monsieur de Conserans,
Monsieur mon compère, estant asseurée de la bonne affec-
tion que vous avez tousjours eu vers mes prédécesseurs et
moy, je ne veulx faillyr à me adresser à vous pour vous prier
d'avoir mes affair, s en telle recommandation comme j'ay
tousjours eu en vous fiance, vous asseurant quejen'ay jamajs
eu oppinion du contraire, quelque chose que l'on me en a jt
rapporté, et sçay bien que vous en avez esté sollicité.
Je vous advertiz que monsieur de Duza m'a faict adjourner
pour reprendre ou délaisser le procès pendant en la court die
Parlement entre feu monsieur de Laval et luy touchant le
vicomte de Fronsac, où il prétend droict ; vous entendez que
c'est, à mon advis, mieux que homme de ce monde. A ceste
cause je vous pry me y estre aydant ; et si j'ay jamays moyen
de le recognoistre, ce sera de tout mon cueur, moyennant
l'ayde de Dieu, auquel je supply, monsieur mon compère,
après mes recommandations à vostre bonne grâce, vous don-
ner ce que désirez.
A Laval, le iiii® jour d'aoust.
Monsieur mon compère, je vous pry me tenir excusée si la
présente n'est escripte de ma main, à l'occasion d'un ca-
Iharre qui me y est tombé, de sorte que je ne puys tenir ma
plume.
Vostre bonne amye et conmère. Claude de Foix.
2617. - 1547, 5 septembre, Laval. — Lettre adressée par
Claude de Foix à Menault de Martory (B. N., français^
3212, 122).
A monsieur mon compère, monsieur de Conserans.
Monsieur mon compère, j'ay entendu par Duchesne,
présent porteur, ce que luy aviez donné charge me dire de
vostre part, de quoy je vous mercye de tout mon cueur,
estant asseurée que vous estes tousjours demeuré en
ceste bonne opinion de procurer l'honneur et le bien de ma
t. Cette lettre fut écrite après le décès de Guy XVII, advenu
le 25 mai 154"', mais avant que Claude eut contracté sa seconde
alliance.
Digitized by
Google
- 217 —
maison comme de long temps vous avez commencé, et vous
pry, monsieur mon compère, continuer, car je vous en donne
autant et plus de puissance que vous y ave? jamays eu, et
veulx que vous soyez obéy par tous ceulx qui ont charge de
mes affaires par delà, comme rcoy mesme, et que vous retirer
par devers vous tous les tiltres et enseignemens de ma mai-
son en quelques mains qu'ilz soient, affin d'estre remis chas-
cun en son lieu où ilz se puissent trouver quand Ton en aura
affaire, et en bailler descharge à celuy ou ceulx que sçaurez
qui en sont chargez par le récépissé mesmes que vous avez
d'eulx : car vous entendez quel préjudice ce m'est qu'ilz soient
ainsi semez czà et là, pour le danger de mort qui peult sur-
venir à ceulx qui en sont charger et Tennuy que ce me seroit
de les aller chercher par après et puis me reposer du tout sur
vous en cela et aultres mes affaires de par delà.
Remectant le sourplus à vous dire par cediL porteur, ne
vous feray plus longue lettre, sinon pour vous asseurer, mon-
sieur mon compère, que, là où je auray moyen de le recon-
gnoistre pour vous ou voz amys, l'effect vous donnera bon
tesmoignaige de ma volonté. A tant je me recommande à vos-
tre bonne grâce, en pryant Dieu, monsieur mon compère,
vous donner ce que désirez.
A Laval, le v* septembre *.
Vostre bonne commère et milleure amye.
Claude de Foix.
2618. — 1547, 12 septembre, la Forest-Neuve. — Provi-
sions par lesquelles Guy XVIII et Renée de Rieux maintien-
nent Bertrand d'Argentré dans l'office de sénéchal de Vitré
(B. N., français, 22342, 233).
Guy et Renée, comte et comtesse de Laval, marquis et
marquise de Neelle, comte et comtesse de Joigny, de Mont-
fort, deQuintin, seigneur et dame de l'isle sous Montréal,
baronet baronesse de Vitré, vicomte et vicomtesse de Ren-
nes, etc., à tous ceux qui ces présentes verront salut.
1. En l'absence de tout millésime, on croit pouvoir dater cette
lettre de l'année même du décès de Guy XVII, à une époque où
Claude de Foix avait sur 1 administralion de ses biens une autorité
qui ne lui appartenait pas pendant la vie de Guy XVII. Il semble
bien du reste que la lettre numéro 2619, datée du 26 septembre
1547, est la réponse à celle de Claude de Foix.
Digitized by
Google
— 218 -
Sçavoir faisons que, deuement informés de plusieurs bons
et loyaux services que de dix ans devers nous a faitz nostre
cher et bien amé conseiller Bertrand d'Argentré, en l'exercice
de Tofflce de sénéchal de Vitré, voulant par ce le bien et favo-
rablement traiter et luy donner occasion de continuer de bien
en mieux à Tadvenir, à icelles ; pour ces causes et autres bon-
nes considérations à ce nous mouvants, lui avons continué et
confirmé, continuons et confirmons ledit office de séneschal de
Vitré, qu'il a tenu et exercé de par nostre très honoré seigneur
et oncle, Guy, comte de Laval, que Dieu absolve, et jusques
au jour de son trespas, tient et exerce encore à présent. Et
lequel office du tant que besoin seroit et qu'il pourroil estre
dit vacant au moyen duquel trespas, luy avons de nouvel
donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes
pour l'avoir, tenir et doresnavant exercer et en jouir et user
tant qu*il nous plaira, aux honneurs, autorité, prérogatives,
prééminences, franchises, libertés, gages, droits, profits et
émoluments accoustumés, et qui y appartiennent, sans qu'il
soit pour ce requis faire autre nouveau serment que celui qu'il
a fait et preste par cy-devant, ne prendre autre institution,
ratification, ne expédition pour la jouissance dudit office et
perception desdits gages et droits que celles qu'il a déjà
prinses par ces présentes.
Auxquelles, en tesmoin de ce, nous avons fait mettre nostre
scel.
Donné à la Forest Neusve, le douxième jour de septembre,
l'an de grâce MCCCCCXLVII.
2619. — 1547, 26 septembre, Coulommiers. — Lettre écrite
par Menault de Martory, évéque de Conserans, à Claude de
Foix, comtesse douairière de Laval (B. N., français, 3212, 49).
A Madame de Lautrec (par Jean de Molin),
Madame, plaise vous savoir que j'ay receu la lettre et le
povoir qu'il vous a pieu m'envoyer par monsieur le docteur
Duchesne, vostre solliciteur, et par luy entendu la parfaicte
confiance que avez en moy, tant en ce qui concerne le bien et
protection de vostre personne, comme aussi pour la conduicte
de vos procès et autres affaires d'importance.
Et pour ce. Madame, que je désire sur toutes choses vous
faire congnoistre pour vrais effects le grant désir et singulière
Digitized by
Google
— 219 —
affection que j'ai de vous faire service, à ceste cause je vous
supplie, Madame, vouloir estre bien asseurée que, en toutes
les choses qui ccncernent le bien de vostre personne et de vos
dictes affaires, que je y employeray ma vie et tout ce que Dieu
m'a donné en ce monde, ainsi que ledict Duchesne vous a dict
de par moy, vous avisant, Madame, que vos dictes affaires
ont très bon besoing d'estre redressées et que j'espère, avec
l'ayde de Dieu et de vos bons serviteurs, que le tout sera
remys en si bon ordre et estât que vous. Madame, n'aurez à
penser que à triumpher et faire bonne chère, et que demeu-
rerez hors d'ennuicts et fascheries, et ne vous trouverez plus
en aucunes arrières ne nécessités.
Et pour ce, Madame, que ledict Duchesne m'a dict que
vous estiez délibérée de vous en venir bien tost à Dozy, et que
je ne fauldray point, Dieu aydant, de vous y aller faire la
révérence, pour le grant désir que j'ay de vous veoir, et aussi
de deviser plus amplement avec vous de vos dictes affaires,
ne vous ennuyeray de plus longue lettre ; fors Madame, qu'il
me semble que pour quelques importunités ou procès que
l'on vous puisse faire, que vous ne devez despécher aucunes
choses d'importance jusques audict Donzy, à celle fin que le
tout se face avec bonne et meure délibération de conseil et
qu'il n'y aye riens à redire.
Me recommandant, Madame, à vostre bonne grâse, tant et
si très humblement que je puys, Madame, je supplie Nostre
Seigneur qu'il vous donne ce que de très bon cœur je vous
souhaicte.
De vostre maison, à Colomyers ce xxvi* septembre
MDXLVII.
2620. — 1547, 14 octobre. — Aveu rendu à René II de
Laval-Bois-Dauphin par Guy Lasnier, seigneur de Sainte-
Gemmes-sur-Loire, Monternault-l'Amaury et l'Effredière
(Cabinet de M. d'Achon).
2621. — 1547, 15 octobre, Fontainebleau. — Contrat de
mariage de Charlotte de Laval, fille de Guy XVI, avec Gas-
pard de Coligny, du consentement de Jean, comte de Lude,
1. Cet aveu possède comme lettre initiale un D, qui est dessiné
ici sous le numéro 181.
Digitized by
Google
— 220 —
et en présence de Claude de Laval, seigneur de Téligny
(Imprimé, du Bouchet, Coligny, 447).
2622. - 1547, 16 octobre, Bruxelles. — Lettre adressée à
Anne de Laval par Anne de Lorraine, veuve de René de ChA-
lon, prince d'Orange, en la remerciant de songer à elle pour
181. — filason de Laval-Bois-Dauphin 1547.
devenir la femme de Louis III de la TrémoïUe et en s'excusant
au sujet du retard de sa réponse, sur la nécessité où elle est
de consulter ses parents (Imprimé, Lettres du X VI^ siècle^
nM19).
2623. — 1547, 25 octobre, Laval. — Lettre adressée par
Guy XVIII à Anne de Laval, douairière de la TrémoïUe (Ar-
chives de la TrémoïUe).
A Madame^ Madame de la Trimouille,
Madame, j'ay receu la lettre qu'il vous a pieu m'escrire de
Cran, et regrette infiniment que je n'estois en ce pays, lors
que vous y estiés, pour avoir cest honneur de vous aller baizer
Digitized by
Google
— 221 —
les mains, comme je n'y eusse tailli, et m'offrir à vous rendre
le bien humble service que je vous ay voué.
Madame, le gentilhomme que vous aviés envoyé vers moy
m'a faict entendre ce que vous luy aviés commandé touchant
les affaires qui sont entre messieurs vos enfansetmoy. Je vous
puis asseurer que la chose du monde que je désire le plus est
d'en sortir par ung bon accort, et pour le respect que je vous
veulx porter toute ma vie, je ne feray difficulté d'en passer
par vostre jugement. Et pour ce que le gentilhomme que vous
m'avés envoyé n'avoit pas à mon avis assés expresse charge
de vous, je n'ay peu rien conclurre avec luy, mais j'espère
dans quelque temps vous envoyer ung des miens qui en sera
amplement instruit, et en cela et toutes autres choses, ma-
dame, vous aurez autant de commandement sur moy que sur
parent et serviteur que vous ayés au monde, qui en ceste
ferme volonté vous baize très humblement les mains et prie
Dieu, Madame, qu'il luy plaise vous donner en toute prospé-
rité et santé très heureuse et longue vie.
A Laval, le xxv" d'octobre.
Vostre plus humble et obéissant cousin et serviteur :
Laval.
2624. — 1547, 12 décembre. — En secondes noces,
René II de Laval-Bois-Dauphin épouse Jeanne de Lenoncourt ;
Guy XVIII et Claude de Laval-Téligny sont présents * (Note,
Duchesne, Histoire^ 644).
2625. — 1547, 13 décembre, Vitré. — Acte par lequel
Guyenne de Laval et Guy XVIII autorisent au profit d'An-
ceau de Goucelles (?) l'établissement dans l'église de Rétier
d'un ban armorié (Note au numéro 280 du Bulletin d autogra-
phes^ d'Etienne Charavay, 1897).
2626 — 1547, V. s., 14 janvier, Montrond. — Contrat de
mariage de Charles de Luxembourg, vicomte de Martigues, et
deXllaude de Foix, comtesse de Rethelois et de Beaufort en
Champagne, vitîomtesse de Fronsac, dame de Lautrec et d'Or-
val, veuve de Guy XVII* (Copie, B. N., français, 5121, 21).
1. Ici sous le numéro 182 on trouve le dessin du sceau de
René II de Laval-Bois-Dauphin.
2. Ils eurent un fils nommé Henri, décédé avant son père (Note
du manuscrit français, 22331, 642).
Digitized by
Google
— 222 —
2627. -- 1548. — Sonnet de Melin de Saint- Gelays « pour
les masques de monsieur de Martigues à la cour après qu'il
eut espousé madame de Laval » (Lnprimé, Œuvres poétiques
de Melin de Saint-Gelays, Paris, 1873, I, 294).
Après l'heureuse honnorable conqueste
que je fis d'un, de qui l'arc et la corde
tient tout le monde en peine et en discorde
dessous un nom aimable et honneste,
J'ay sur Fortune entrepris une queste ;
et si vostre aide et faveur s'y accorde
j'attends l'avoir à ma miséricorde ;
car par vous seul il faut que je l'acqueste.
Voilà pourquoy j'en despars la figure •
qui se prendra, s'il vous plaist, pour augure
de voir vaincus les trois dieux plus volages.
Car ni l'Amour, ni le Temps, ni Fortune
Ne peuvent nuire à Vertu, qui seule une
Est forte, heureuse et jeune après tous aages.
18S. — Sceau de René II de Laval-Bois-Daupbin.
2628. — 1547, v. s., 17 mars, Fontainebleau*. — Lettres
par lesquelles Henry II accorde à Vitré la levée pendant
quatre ans d'un droit de cloison, dont le profit doit être em-
1. Sur l'exemplaire de ces lettres, conservé à Notre-Dame de
Vitré il est impossible de lire le nom du lieu d'où les lettres sont
datées. A Leuville proposé par M. Pâris-Jallobert, il faut,
croyons-nous, substituer Fontainebleau, dont la cour ne s'est
guère écartée en mars 1548. Voir aux Lettres de Catherine de
Médicis, les lettres datées des 14 et 17 mars 1548 publiées d'après
des originaux.
Digitized by
Google
— 223 —
ployé à Tentretien des fortifications de la ville (Imprimé,
Paris- Jallobert, 10).
2u29. — 1547, V. s., 17 mars, Fontainebleau. - Lettre par
laquelle Henri II donne son assentiment au mariage de d'Ande-
lot avec Claude de Rieux (Imprimé, du Bouchet, Coligny^
1098).
A ma cousine la marquise de Nesle^ comtesse de Laval,
Ma cousine, j'ay entendu par la lettre que m'avez escrite et
ce que ce gentilhomme présent porteur * m'a dit de vostre
pari, le désir que vous avez que le mariage de ma cousine,
vostre sœur, se fasse avec le seigneur d'Andelot, dont j'ay
eu très grand plaisir pour eslre, comme il me semble, le parti
très à propos pour l'un et pour l'autre, vous advisant, ma
cousine, que seray très aise d'en voir sortir l'effet ; et m'a
semblé que vous ne sçauriez mieux faire que d'en prendre une
résolution asseurée le plutôt que faire se pourra, qui sera à
mon très grand contentement, ainsi que Je l'ay plus avant fait
entendre à cedit porteur.
Priant Dieu, ma cousine, vous avoir en sa garde.
Escrit à Fontenay-en-Brie * le xvii* jour de mars
MCCCCCXLVII.
Henry. de Laubespine.
2G30. — 1547, V. s., 17 mars, Fontainebleau, — Lettre par
laquelle Catherine de Médicis félicite Guyonne de Laval du
mariage de sa sœur Claude avec d'Andelot ' (Imprimé, du
Bouchet, Coligny, 1099).
1. Ce « gentilhomme présent porteur » se nommait Michel-An-
thoine Rover; il était é:iiyer et seigneur de Cérizolle. Ce rensei-
gnement est donné par le numéro 2631.
2. Cette lettre et le n* 2630 sont publiés d'après un imprimé,
dont il n'existe aucun moyen de vérifier l'exactitude ; on les
donne tels quels, mais au titre on les date de Fontainebleau,
d'où sont datées deux lettres de Catherine de Médicis des 17 et
20 mars 15^8.
3. Cette lettre a été omise par M. de la Ferrière au tome I de
son édition des Lettres de Catherine de Médicis, On estime
qu'elle a été écrite à Fontainebleau. Voir les notes qui accompa-
gnent les numéros 2628 et 2629.
Digitized by
Google
— 224 ~
A ma cousine la marquise de Nesle^ comtesse de Laval.
Ma cousine, j'ay un grand plaisir d'entendre par vostre let-
tre et par ce que ce gentilhomme présent porteur m"a dit de
vostre part l'affection que vous avez que le mariage de ma
cousine, vostre sœur, se face avec le seigneur d'Andelot, pour
me sembler très à propos pour Tun et pour l'autre et aussi
pour l'amitié que je porte à vostre sœur, pour l'avoir nourrie;
j'auray grand plaisir de lavoir accompagnée d'un si honneste
gentilhomme qu'est ledit seigneur d'Andelot, vous advisant,
ma cousine, que j'auray grand contentement d'entendre que
vous y mettiez fin le plutôt que faire se pourra ; et m'a sem-
blé que ne sçauriez mieux faire que de faire promptement
sortir effet à la bonne volonté que vous y avez.
Priant Dieu, ma cousine, vous avoir en sa garde,
Escrit à Fontenay - en - Brie le xvii* jour de mars
MCCCCCXLVII.
Catherine. Le Barge, F. de Larche.
2631. — 1547, V. s., 19 mars, Paris. — Contrat de mariage
de d*Andelot avec Claude de Rieux, passé en présence de
Renée de Rieux, dite Guyonne, comtesse de Laval, de Louis
de Sainte-Maure, de Claude de Laval, seigneur de Téligny.
Afin de la remplir de ses droits dans les successions de leur
mère et de Guy XVII, leur oncle, Guyonne s'engage à aban-
donner à sa sœur des biens pour une valeur de trois mille
cinq cents livres (Imprimé, du Bouchot, Coligny^ 1092).
2632. — 1547, v. s., 20 mars. — Lettres par lesquelles
Guy XVIII donne quittance de ses gages de capitaine de
quarante lances pendant le semestre écoulé d'avril à septembre
1546 (B. N., français, 28153, 157).
Nous, Guy, conte de Laval, chevalier de l'ordre, cappitaine
de quarante lances fournyes des ordonnances du Roy, confes-
sons avoir eu et receu comptant de maistre Nycolas de
Troyes, conseiller dudit seigneur et trésorier de ses guerres,
par les mains de André Dupré, payeur de nostre dite com-
paignye, la somme de quatre cens quarante livres tournoys,
à nous ordonnée par le Roy nostre dit seigneur, pour nostre
estât et droict de cappitaine des dites quarante lances, des
quartiers d'avril, may et juing, de juillet, aoust et septembre
ensuyvans, mil V* XLVI, derniers passez, qui est à raison,
Digitized by
Google
— 225 —
c'est à savoir : cent livres pour nostre dit estât ancien, pour
chacun quartier, et deux cens quarante livres pour la creue
de nostre dit estât, à raison de vingt sols pour chacune lance
par mois, oultre et par dessus le payement qui nous a esté
faict pour notre place d'hommes d'armes pour lesdits deux
quartiers.
De laquelle somme de quatre cens quarante livres, nous
tenons pour contens et en quittons lesdits de Troyes, tréso-
rier, et Dupré, payeur, dessusdits et tous autres.
En tesmoing de ce nous avons signé ces pi ésentes de nostre
main et faict sceller du scel de noz armes*. Le xx"® jour de
mars, l 'an mil V® quarante sept.
Guy de Laval.
2633. — 1548, 7 avril, Nogent-sur-Seine. — Lettre par
laquelle Catherine de Médicis prie Menault de Martory
d'intervenir près de Claude de Foix, vicomtesse de Marligues,
en faveur de Jérôme Marchand, Tun de ses secrétaires, que
Claude de Foix, alors comtesse de Laval, avait investi des
greffes de Frousac (Imprimé, Lettres de Catherine de
Médicis, I, 22).
2634. — 1548, 26 avril. — Décès de Claude II de Rieux,
seigneur de Rochefort, comte d'Harcourt et d'Aumale, né en
1530. Il eut pour principale héritière Guyonne de Laval, sa
sœur (note du P. Anselme, VI, 769).
2635. — 1548, 7 septembre. — Arrêt du parlement de
Paris dans la cause pendante entre Claude de Foix et Anne
de Montmorency, au sujet de la donation du château de
Ch&teaubriant faite à ce dernier en 1525, par Jean de Laval
(B. N., français, 16791, 95).
2636. — 1548, 18 septembre. — Quittance de ce qui était
dû à Guy XVII au jour de son décès sur ses gages de capitaine
de quarante hommes d'armes délivrée par Guyonne, comtesse
de Laval, sa nièce (B. ^., français, 28153, 168).
Nous Guyonne, contesse de Laval, marquise de Nesle,
confessons avoir eu et receu comptant de maistre Jacques
1. C*est cet acte qui possède le sceau plaqué, dessiné ici sous
le numéro 180 et qui dans la Sigillographie des seigneurs de
Laval avait été donné par erreur comme un sceau de Uuy XVII.
15
Digitized by
Google
— 226 —
Veau, conseiller du Roy el trésorier ordinaire de ses guerres,
par les mains de André Dupré, payeur des quarante lances
fournies des ordonnances d'icelluy seigneur estans soubz la
charge el conduicte de feu monsieur le conte de Laval,
nostre oncle, la somme de quatre cens deux livres quinze
solz six deniers deux tiers de deniers tournois, deue à nostre
dicl feu oncle, à cause de son estât de cappitaine desdicles
quarante lances, du quartier de janvier, février et mars
MCCCCCXLVI et ung mois vingt cinq jours eschuz le xxv"*
jour de may, icelluy jour comprins, qui est le jour du décès
de nostre dict feu oncle, du quartier d'avril, may et juing
MCCCCCXLVII.
De laquelle somme de quatre cent deux livres quinze sous
six deniers deux tiers de deniers tournois, liions nous tenons
pour conten et bien payée, et en quictons lesdits Le Veau,
trésorier, et Dupré, payeur, dessusdicts, et tous autres, et
prometons faire acquicter envers tous.
En tesmoing de ce, nous avons signé ces présentes de
nostre main, et faict sceller du scel de nos armes *, le xviii"**
jour de septembre Tan MCCCCCXLVIII.
GUYONNE DB LaVAL.
Par madame la contesse de Laval, dame de Rieux, marquise
de Nesle.
Testart.
2637. — 15'48, 18 septembre. — Acte par lequel Guyonne
de Laval, en donnant quittance des deux cent cinquante livres
dues à Guy XVII pour le quartier d'octobre 1546, les impute
sur une somme versée en avance à celui-ci (B. N., français^
28153, 169).
Nous Guyonne, contesse de Laval, marquise de Nesle, etc.,
confessons avoir receu de maistre Jacques Veau, conseiller
du Roy et trésorier ordinaire de ses guerres, par les mains
de André Dupré, payeur des quarante lances fournyes des
ordonnances d'icelluy seigneur, estans naguères soubz la
charge et conduicte de feu monsieur le conte de Laval, nostre
oncle, la somme de deux cens cinquante livres tournois.
1. L'empreinte du sceau plaquée sur papier n*est plus malheu-
reusement bien distincte.
Digitized by
Google
— 227 —
laquelle il nous a fournye en ung récépicé en papier de
nostre dit feu oncle, en date du XXV1I« mars V^XLVI, ou
nom dudit Dupré, montant cent vingt- cinq écus vallant deux
cent quatre-vingt une livre, cinq sous tournois ; pour lequel
récépicé nous luy avons fourny ceste présente quictance pour
luy servir à la rédiction de ses comptes par ce que ledit
récépicé ne luy eust esté vallable ; et ce, pour Testât deu à
nostre dit feu oncle pour son estât dp cappitaine des dictes
quarante lances, du quartier d'octobre, novembre et décembre
MV^XLVI ; et du surplus duquel récépicé, montant trente et
une livres cinq sous tournois oultre les deux cents cinquante
livres que monte la présente quictance, ledit Dupré nous en a
tenu compte sur autres sommes de deniers à luy deue par
nostre dit feu oncle.
De laquelle somme de deux cent cinquante livres tournois,
nous nous tenons pour contente et bien payée, et en quictons
lesdits Le Veau, trésorier, et Dupré, payeur, dessusdils et
tous autres, et promectons faire acquicter envers tous.
En tesmoing de ce, nous avons signé ces présentes de
nostre main et faict sceller du scel de noz armes, lexviii"' jour
de septembre, Tan mil cinq cens quarante huict.
G U YONNE DE LaVAL.
Par madame la contesse de Laval, dame de Rieux, marquise
de Nesle.
Testart.
2638. — 1548. — Épitaphed'AmbroiseAmyàSaint-Tugal
(La Beauluère, Communautés et chapitres^ 27).
2639. — 1548, 29 septembre, Féoiles. — Lettre adressée à
Anne de Laval par Pierre Meignen, sieur de Garnaud, afin de
lui recommander Pierre Escot* (Imprimé, f^ettres du XV I^
siècle, n'» 121).
2640. — Vers le 29 septembre 1548. — Lettre adressée h
Anne de Laval par Hilaire Goguet, afin de lui recommander
Pierre Escot* (Imprimé, Lettres du XVh siècle, p. 175).
1. Il est bien probable que sous ce nom de Pierre Ëscot il faut
chercher Pierre Lescot. le célèbre architecte du Louvre, né en
l515«qui fut chanoine de Paris le 31 décembre 155'i et abbé de
Clennont avant 1557 (voir nos Documents inédits, p. 109).
Digitized by
Google
— 228 —
2641. — 1548. — Gralifîcalion accordée par Guy XVIII
en faveur du mariage de François Grimaud avec René^ de la
Chapelle (note, B. 1^., français, 22319, 140).
2642. — 1548. — Procédures enlre Christophe de Thou et
dame Renée de Rieux, femme de messire Louis de Sainte-
Maure, chevalier, marquis de Nesle, comtesse de Laval,
héritière de Guy XVII, et encore entre Claude de Foix,
dame de Lautrec, comtesse de Rethelois, douairière de Laval
autorisée de Charles de Luxembourg, vicomte de Martigues,
(note, B. N., français, 22331, 696).
2643. — 1548, 12 novembre, Laval. — Détails de la sépul-
ture de Guy XVII, d'après les registres de Saint-Tugal
(Bourjolly, I, 399).
2644. — 1548, 25 novembre. — Aveu à Thouars, pour la
baronnie de Bressuire, par Gilles de Laval (note, La Trémoïlle,
Fiefs de Thouars, 13).
2645. — 1548, 25 novembre. — Aveu rendu à Thouars,
pour la Roche-Luzais, par Gilles de Laval (noie, La Tré-
moïlle, Fiefs de Thouars, 128).-
2646. — 1548, v. s., 31 janvier, Laval. — Ordonnance
par laquelle Robert le Bret, juge ordinaire de Laval, règle le
service intérieur de l'Hôtel-Dieu de Laval, conformément à
Tarrôt du Parlement du 23 février 1547, v. s., (Imprimé, L.
Maître, Hôpitaux de Laval, p. 29).
2647. — 1548, v. s., 16 mars. — Testament de Claude de
Foix, veuve de Guy XVII, épouse en secondes noces de
Charles de Luxembourg, vicomte de Martigues (copie, B.N.,
français, 5121, 237).
2648. — 1548, v. s., février, Saint-Germain-en-Laye. —
Lettres par lesquelles Henri II fait don au seigneur d'Antragues
et au seigneur du Bois-Dauphin, son conseiller et maître
d'hôtel ordinaire, des biens confisqués sur certains criminels
condamnés à mort (A. N., ZZ. 259, fol. 32).
2649. — 1549, 27 mai. — Arrêt par lequel le Parlement
décide que l'hôpital de Laval sera régi par deux ou trois
administrateurs gratuits choisis entre les notables de la ville
(in extenso, B. N., français, 26 325, fol. 165-175).
Digitized by
Google
— 229 —
2650. — 1549, 3 septembre, Maillé. — Naissance de Jeanne
de Laval-Maillé qui épousa un jour François de Saint-Nectaire,
seigneur de la Ferlé-Haberl (note, du Chesne, Histoire^ 612).
2651. — 1549, 13 novembre. — Aveu rendu à Claude de
Lorraine, duc de Guise, baron de Sablé, par le seigneur de
Précigné (Claude de Laval-Bois-Dauphin), aussi seigneur de
Saint-Aubin-des-Coudrais (note 1500 du catalogue 99 de la
librairie Emile Chevalier).
2652. — 1549. — Louis de Silly, seigneur de la Roche-
Guyon et de Rochefort, et Anne de Laval, son épouse, pour
quatre mille cinquante livres tournois qu'ils reçoivent, con-
stituent au profit de T Hôtel-Dieu de Paris une rente de cent
cinquante écus d'or soleil [Documents pour serrir à Vhistoire
des Hôpitaux de Paris ^ III, 288).
2653. - Vers 1549, un 3 juin, Château-Gontier. — Lettre
adressée à Anne de Laval par André Hamelin (Imprimé,
Lettres du X K/« siècle, n° 126).
2654. — 1549. 28 novembre. — Acte de naissance de
Charles de Chambes (Arch. de M.-et-L., G. 1475).
Mademoiselle Anne deLaval,dameetespouzedeM. Philippe
de Chambez, sieur de Montsoreau, achouscha d'ung beau fils
au lieu de Challain, le jeudi XXVIII« jour de novembre
MDXLIX ; et furent les pareins M. le prince de la Roche-sur-
Yon et M. de Vieilleville et marraine Madame de Crapudan ;
et porte le nom de Charles.
2655. — 1549, v. s., 14 janvier. — Acte par lequel Anne
de Laval approuve le relevé des travaux faits pour elle par
Lucazeau, orfèvre à Thouars, et s'engage à lui payer cent
soixante trois livres huit sous trois deniers [Ins>entaire de
François de la Trémoïlle, p. 104).
2656. — 1550, juin, Saint-Germain-en-Laye. — Lettres
par lesquelles, à la requête d'Anne de Laval, douairière de la
Trémoïlle, Henri II institue au bourg de Bourgouzeau une
foire annuelle et un marché hebdomadaire (A. N., JJ. 260*>
no 171).
2657 — 1550, 5 juillet. — Contrat de mariage de Pierre I
de Laval-Lezay avec Jacqueline Clérambault (note, du Chesne,
Histoire, 621).
Digitized by
Google
— 230 —
2658. — 1550, 29 juillet. — Quittance de ses gages comme
lieutenant de la compagnie du comte du Lude délivrée par
René de Laval- Bois-Dauphin (original signé et scellé*, B. N.,
français, 28153, 170).
2659. — Vers 1550. — Lettre par laquelle Charlotte de la
Trémoïlle, religieuse de Fontevrault, informe Anne de Laval,
sa mère, que l'abbesse se propose de l'envoyer par raison de
santé au prieuré de Gaines (Imprimé, Chartrier de Thoiiars^
p. 257).
2660. — 1551, 30 avril, Doué. — Lettre par laquelle
Claude de la Trémoïlle donne quittance de cent écus, versés
par Anne de Laval pour lui faciliter son voyage à Malte
(Imprimé, Chartrier de Thouars, p. 342).
2661. — 1551, 27 mai, Montjean. — Décision de Guy XVIII
placée au bas d'une requête des habitants de Vitré, relative à
l'organisation à donner à l'hôpital de Vitré (Imprimé, Pâris-
Jallobert, J3).
2662. — 1551, 7 juin. Le Plessis-Macé. — Lettre écrite
par Claude de Laval-Bois-Dauphin à Jean Pot de Rhodes,
seigneur de Chemeaux (Imprimé, Papiers de Pot de Rhodes^
1529-1648, n<»XXXV).
Monsieur mon cousin, je n'ai voulu laisser partir ce por-
teur sans vous écrire un petit mot pour vous faire entendre
comme je prends ce soir congé du Roi pour m'acheminer
devant monsieur le maréchal pour ce qu'il ira trop tôt.
Pour moi, je vous puis assurer, puisqu'il faut passer cette
carrière, que la chose que je désire le plus, c'est d'être près
de vous tant pour l'envie que j'ai de vous voir, que pour estre
instruit de ce que j'ai à faire en vostre absence au lieu où
vous estes, me fiant beaucoup plus aux bons advertissements
et conseils qu'il vous plaira me donner qu'à ce peu de sens
qu'il a plust à Dieu me donner.
Je ne vous en dirai davantage pour cette heure, mais
présenterai mes humbles recommandations à vostre bonne
grâce d'aussi bon cœur que pour jamais je veux demourer
vostre plus obéissant cousin et serviteur et fidèle ami.
Claude de Laval.
Du Plessis Macé, le 6 juin 1551.
Voir le dessin qui accompagne le numéro 262 i.
Digitized by
Google
- 231 —
2663. — 1551, 15 août, — Règlement pour Saint-Nicolas
de Vitré donné par le marquis de Nesle et Guyonne de Laval
(Note dans Pàris-Jallobert, d'après les archives de Notre-
Dame de Vitré).
2664 — 1551, 5 octobre, Nantes. — Arrêt du parlement
de Bretagne relatif à l'hôpital Saint-Nicolas de Vitré
(Imprimé, Pâris-Jallobert, 14).
2665. — 1552, 28 juin, Sedan. — Lettres par lesquelles
Henri II fait don à d'Andelot des terres de Fontete et de
Noyers, situées au baillage de Troyps et confisquées par le
roi lors de la déclaration de guerre (Note, du Bouchet,
Coligny, 1100).
2666. - 1552, 26 août. — Lettres d'Anne de Laval au
lieutenant général du Poitou (In extenso, Res^ue du Maine ^
408).
2667. — 1553, 14 juin, Meslay. — Lettre adressée par
Guy XVIII de Laval à Anne de Laval en s'excusant d'avoir
quitté Vitré sans avoir connu à temps le projet qu'elle avait
d'y venir (Imprimé, Lettres du XVh siècle, n® 132).
A madame ma tante ^ madame de la Trimoîlle.
Madame ma tante, j'ay receu la lettre qu'il vous a pieu
m'escrire, laquelle m'a porté tesmoignage de la bonne amitié
que me portés pouravoirprisla peine de vous estre acheminée
pour me venir visiter. De quoy bien humblement je vous
mercye, estant néantmoins bien déplaisant que n'ay eut
c'est heur d'avoir peu entendre vostre arrivée si briefve à
Vittré, pour Taffection j'avoys et ay de m'estre efforcé de
vous y avoir faict la meilleure chère de quoy me fusse pu
adviser ; mais n'en sçacbant riens les affaires où je suis, qui
sont de telle importance que pouvez penser et sçavoir m'ont
commandé mon deslogement de Bretaigne pour essaier à y
donner ordre ; qui me faict penser que vostre vertu, sur ceste
ignorance, m'excusera de mon absence, et que je ne porte
peu dennuy pour ne vous avoir peu veoir avant mon desloge-
ment. Vous supplyant humblement, madame ma tante, me
vouloir tousjours continuer le bénéfice de vostre bonne grâce,
et croyre que toute ma vie seray prest et en volunté parfaicte
de vous faire service, quand vostre plaisir sera me comman-
Digitized by
Google
— 232 —
der, d'aussi bon cueur que, y présentant mes très humbles
recommandations, supplye Dieu vous donner, madame ma
tante, en bonne santé, longue vie.
A Meslay ce xiiii* juing 1553.
Vostre très humble et obéissant nepveu à jamais.
Guy db Laval.
2668. — 1553, 22 novembre, Thouars. — État des gentils-
hommes, officiers de justice et autres habillés de deuil aux
frais de Louis III de la Trémoïlle lors des obsèques d'Anne
de Laval (Imprimé par M. le duc de la Trémoïlle dans
ln\>entaire de François de la Trémoïlle^ p. 185).
2669. — 1553, novembre, Thouars. — Programme dressé
par M. de la Bourdoisière pour les obsèques d'Anne de
Laval (Imprimé par M. le duc de la Trémoïlle dans Chartrier
de Thouars^ p. 70).
2670. — 1553, novembre, Thouars. — État des objets
précieux destinés à servir à Tornement de l'effigie d'Anne
de Laval, le jour de ses obsèques (Imprimé par M. le duc
de la Trémoïlle dans Chartrier de Thouars, p. 71).
2671. — 1554, 24 avril. — Aveu rendu par Guy de Laval
pour Rochefort (Archives de la Loire-Inférieure, B. 509).
2672. — 1554, 9 mai, Lorris. ^ Lettre de Guy XVIII à
M. le duc de Nivernois (original, B. N., français 3212, 50).
Monsieur, j'ay receu la lettre qu'il vous a pieu m'escripre,
maisjen'ay sceu sçavoir du porteur d'icelle quelz tiltres
demandez. Je vous supplye très humblement, monsieur, d'en
communiquer avec vostre conseil affin de sçavoir que cest
dont avez affaire, et s'il y a choie qui soit en ma puissance,
vous le recouvrirez. Non seullement en cela, mais en toutes
choses là où j'auray moyen de vous faire service, scray toute
ma vye prest et en parfaicte voullunté de m'y employer et
vous obéyr d'aussi bon cœur que, présentant mes très
humbles recommandations à vostre bonne grâce, supplye
Dieu vous donner, monsieur, en bien bonne santé longue et
heureuse vye.
A Lorriz, ceix^jour demay 1554.
Vostre très humble et obéissant serviteur.
Guy db Laval.
Digitized by
Google
— 233 -
2673. — 1554, 28 juin. — Transaction entre François I de
Clèves, duc de Nevers, et Jean de Bretagne, duc d*Etampes,
touchant la succession de Claude de Foix, dame de Lautrec,
veuve de Guy XVII et de Charles de Luxembourg, vicomte
de Martigues (copie, B. N., français^ 5121, 44).
2674. — 1554, 2 juillet, Dol. — Épitaphe de François de
Laval, évéque de DoP (Dom Taillandier. Histoire de Bre-
tagne, II, LXV).
Messine François de Laval, évéque de Dol, abbé de Paim-
pont el du Tronchet, qui fonda céant douze obits, décédé le
II juillet, dopt ici.
Requiescat in pace.
2675. — 1554, 4 octobre. — Acte par lequel Gilles de
Laval-Loué et Maillé vend la baronnie delà Haye à Louis de
Rohan-Guémené (Note, B. N., Dom Housseau, XII*, 5845 et
5848).
2676. — 1554, 21 novembre, Paris. — Lettres patentes par
lesquelles le roi Henri H homologue la transaction du 28
juin 1554 relative à la succession de Claude de Foix (Copie,
B. N., français, 5121, 148).
2677. — 1554, 13 décembre, Coligny. — Acte par lequel
Guyenne de Laval ratifie un acte du 15 novembre 1554
relatif aux droits de Claude de Rieux, sa sœur (Imprimé,
Notes la Beau lue re sur Bourjolly^ 53).
2678. — 1554, v. s., 2 février, Châteauneuf-en-Thyme-
rais*. — Contrat de mariage entre Jacques II de Laval-la-
Faigne et Marguerite de Mézières, veuve de Jean de Villiers,
seigneur de l'Étang en Saint-Cosmes de Vair' (Note, Durand,
Château de Montuely 22}.
1. Voir sur François de Laval les notes de M. dtî la Beauluère,
à la page 218 des Annales de Le Doyen. Il faut remarquer que
la date 1556 à été ajoutée par lui à la copie de Tépitaphe qu'il
empruntait à dom Morice. Le document n*» 2685 du Cariulaire
oblige à assigner à son décès la date de 155'i.
2. Du Chesne« Histoire, 635, assigne à ce contrat la date du
22 janvier.
3. De son premier mariage Marguerite de Mézières avait eu
comme seconde fille Marie de Villiers, qui devait, en 1563,
devenir la première femme de Jacques 1 de Laval-la-Fai^ne,
lequel se trouva ainsi gendre de la femme de son frère putne.
Digitized by
Google
— 234 —
2679. — 1554, v. s., 8 lévrier, Paris. — Contrat passé
entre le duc de Guise et le marquis de Nesle, d'une part, et
le cardinal de Châtillon et Claude de Rieux autorisée par le
roi, d'Andelot, son mari étant en captivité, d'autre part, dans
lequel, afin de décharger le marquis de Nesle de toute la
responsabilité des dettes de la maison de Laval, il est décidé
que toutes ses dettes seront imputées sur le comté de Laval,
lequel sera mis en vente. Les d'Andelot se chargent de faire
l'avance du montant de toutes les dettes et sont investis de la
charge de toutes les instances relatives à la maison de Laval *
(Imprimé, du Bouchet, Coligny, 1100).
2680. — 1554, V. s., 18 février, Fontainebleau. — Lettres
par lesquelle Henri II homologue l'accord du 8 février 1555,
décidant la mise en vente du comté de Laval* (Imprimé,
Notes la Beauluère sur Bourjolly ^ 50).
2681. — 1554, V. s., 4 avril. — Fragment d'un acte qui
décide que Guyenne de Laval devra réintégrer le domicile
conjugal et qui déclare en même temps que le marquis de
Nesle conserve l'administration des biens de sa femme (Note
informe, sans indication de source, imprimée dans les Noies
la Beauluère sur Bourjolly^ 53).
2682. — 1555, 20 mai. — Quittance de ses gages de
lieutenant de la compagnie du comte du Lude délivrée par
René de Laval-Bois-Dauphin (original signé et scellé, B.
N.,/ra/icaw 28153, 171).
2683. — 1555, 22 juillet. — Accord entre Charles Tierce-
lin, seigneur de la Roche-du-Maine, tuteur de Louise de
Laval-la-Faigne, et Hugues, Jacques I, Jacques II, Françoise,
Jacqueline, et Madeleine, enfants de René II de Laval-la-
Faigne (Note, du Chesne, histoire, 631).
2684. — 1555, 13 août. — Naissance de Guy XIX (Note
1. Nous ne publions p^s ici ce contrat d'une étendue con-
sidérable dont les décisions furent modifiées par les arrêts du
Conseil du 8 juin 1557 et du 11 octobre 1560.
2. Ce texte est donné sans aucune indication de source et il
est affublé de ce titre absolument erroné : Traité et contrat
entre Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesle , Claude de Rieux,
dame d'Andelot, sa femme, (!], François de Lorraine, duc de
Guise f et le cardinal de Chastillon,
Digitized by
Google
— 235 —
du livre de raison des Coligny, Imprimé, du Houchdt,
Coligny, 1121).
Le fils aisné, nommé Paul de Coligny, nasquit dans un
bateau sur la rivière du Pau (du Pô), entre Chivas[so] et
Thurin, le XIII* jour d'aoust, environ dix heures du matin,
Tan MDLV.
2685. — 1555, 31 octobre. — Arrêt par lequel le parle-
ment de Bretagne, à la requête de Guillaume de Glivière
condamne Guy X^IIf , vu sa qualité d'héritier de François de
Laval, évêque de Dol, à rembourser au demandeur ce qui
lui était dû par celui-ci (iioieBnWoiiy Dictionnaire des Arrêts^
Ilf, 174, d'après Arrêts de Noël de Fail, livre II, chapitre 26).
2686. — 1555, v.s., 17 mars, Maison-Maugis. — Dénombre-
ment pour Vitré fourni par Guy XVIII (A. N., T. 1051", 211).
2687. — 1556, 6 août. Maillé. — Note sur le décès do
Gilles I de Laval-Loué (Arch. de Maine-et-Loire, G. 1474).
M. de Loué (père de Mme de Montâoreau) ala de vie à très-
pas le VI* jour d'aougst, à sis heures du soir ; et fut entéré le
vendredi vu* jour ; le tout au [château] de Maillé ; où dit-on
qu'il a été empoisonné.
2688. — 1556, 20 août, Villeneuve-Saint-Georges. —
Lettre adressée par le Dauphin, depuis François II, à Louis
III de la Trémoïlle, en sollicitant en faveur du nouveau
seigneur de Bressuire une modération des droits de rachat
dus par suite du décès de Gilles de Laval-Loué ^ (Imprimé,
Lettres du X VI" siècle, n« 134).
A mon cousin monsieur de la Trimoïlle.
Mon cousin, j'ay esté adverty que par la mort du feu sieur
de Loué, les droicz seigneuriaulx de rachapt de la terre de
Bressuyre et autres fiefz vous sont deheuz pour raison de ce
que lesdictes terres sont tenues et mouvantes de vostre
seigneurie et viconté de Thouars.
1. II n'est pas sans intérêt de constater que ces droits de
rachat étaient dans la plupart des cas 1 objet de réduction très
importantes. Louis III ne pouvait sans doute se montrer rigou-
reux envers le client de l'héritier du trône, et du haut en bas de
l'échelle féodale de sérieuses modérations des droits étaient
ainsi arrachées à la bonne volonté des seigneurs.
Digitized by
Google
— 236 —
Et pour ce que René de Laval, filz aisné dudit sieur de
Loué, est apparent héritier, au moyen de quoy il vous est
redevable, je vous ai bien voullu dépescher ce pourteur, Tun
de mes secrétaires, et par luy escripre ceste lettre pour la
recommandation dudict de Laval, Tun de mes enfans d hon-
neur, lequel ordinairement est à ma suycte me faisant service,
pour vous prier bien fort, mon cousin, luy faire composition
si honneste desdictz droictz, qu'il puisse cognoistre de
combien ceste mienne première réquisition que vous faiz luy
aura rapporté de commodité et proiTict. Vo^s asseurant que
ce que luy en donnerez à ma faveur me tournera à singulier
plaisir, pour m'en souvenir où vouldrez que m'employe à
vous le démonstrer, d'aussi bonne vouUenté que je supplye
le Créateur vous donner sa saincte grâce.
De Villeneufve-Saint-Georges, ce xx* jour de aou»t 1556.
Vostre bon cousin :
Françoys.
2689. — 1557, 8juin, Rennes. — Arrêt par lequel le Conseil
Privé décide que le comté de Montfort est substitué à celui
de Laval en ce qui concerne l'exécution du contrat du 8
février 1554, v. s.* (Note dans un arrêt du 11 octobre 1560
impiimé par du Bouchot, Coligny^ 1106).
2690. — 1558, 27 avril, Paris. — Déclaration par laquelle
Henry II autorise les habitants de Vitré à élire à la pluralité
des voix leur maire et les échevins (Note de Chopin, du
Domaine, III, 20, n« 7).
2691. — 1558, 30 avril. — Arrêt du parlement de Rennes
relatif à l'administration de l'hôpital Saint-Nicolas de Vitré
(Imprimé, Pâris-Jallobert, 16).
2692. — 1558, 4 mai, Laval. — Aveu fait au roi par Guy
XVIII au nom de Guyenne pour les terres de Quintin (B. N.,
français, 18697, 202).
2693. — 1558, 10 mai. — Lettre écrite par Calvin à d'An-
delot (Imprimé, Bulletin du Protestantisme français, III,
240).
1. C'est en vain crue nous avons cherché aux archives nationa-
les cet arrêt. La collection des actes du conseil privé ne com-
mence qu'à une date postérieure.
Digitized by
Google
— 237 —
2694. — 1558, mai. — Lettre écrite au roi par d'Andelot
(Imprimé, Bulletin du Protestantisme français^ III, 243).
2695. — 1558, 22 mai. — Lettre écrite parMacar* à Calvin ;
il y est question de d'Andelot (Imprimé, Op, CaMni, édition
Reuss, XVIL 177).
2696. — 1558, 25 mai. — Lettre écrite par Macar à Calvin,
où il est question de d'Andelot (Imprimé, Op. Calnni^ XVII,
182).
2697. — 1558, 8 juin. — Lettre écrite par Calvin au roi
de Navarre, dans laquelle il est question de d'Andelot
(Imprimé, Corresp, franc, de CaMn, II, 196).
2698. — 1558, 10 juin. — Lettre écrite par Macar à
Calvin dans laquelle il est question de d'Andelot {Op.
CaWini, XVII, 200).
2699. — 1558, 13 juin. — Lettre écrite par Macar à Calvin
dans laquelle il est question de d'Andelot [Op. CaMm\
XVII, 209).
2700. — 1558, 18 juin. — Lettre écrite par Macar à Calvin,
dans laquelle il est question de d'Andelot (Op. CaMni, XVII,
212).
2701. — 1558, 20 juin. — Lettre écrite par Macar à Calvin,
dans laquelle il est question de d'Andelot {Op. CaMni,
XVII, 216).
2702 — 1558, 22 juin. — Lettre écrite par d'Andelot à
M. des Gallars (Op. Cahini, XVII, 223).
2703. — 1558, 26 juin. — Lettre écrite par Macar à Calvin,
dans laquelle il est question de d'Andelot {Op. CaMni,
XVII, 224).
2704. — 1558, 1«' juillet, Melun. — Lettre écrite par
d'Andelot aux protestants de Paris [Op. CaWiniy XVII, 228 et
Bulletin du Protestantisme français^ III, 245).
2705. — 1558, 3 juillet. — Lettre écrite par Macar à Calvin,
dans laquelle il est question de d'Andelot [Op. CaMniy
XVII, 230j.
1. Jean Macar fut ministre protestant à Paris pendant Tannée
1558 tout entière. Rentré à Genève à la fin de Tannée, il y mourut
de la peste en 1560.
Digitized by
Google
- 238 -
2706. — 1558, 7 juillet, Melun. — Lettre par laquelle
d'Andelot demande au ministre Macar envoi d'un ministre
chargé d'administrer le baptême à sa fille qui venait de voir
le jour {Bulletin du Protestantisme français^ III, 247, et Op.
Cahini, XVII, 241).
2707. — 1558, vers le 7 juillet. — Lettre adressée au roi
par d'Andelot qui lui témoigne la satisfaction que lui a fait
éprouver la visite da Ruzé, docteur en Sorbonne et aumônier
du roi, envoyé par celui-ci afin de décider le retour de
d'Andelot au catholicisme (Imprimé, Bulletin du Protestan-
tisme français, III, 248, d'après B. N., français, 20461, 103).
2708. — 1558, 9 juillet. — Lettre écrite par Macar à
d'Andelot et remise par Antoine de la Roche-Chandieu, alors
attaché à l'église protestante de Paris, et chargé de procéder
au baptême de la fille que d'Andelot venait d'avoir (Op.
CaMniy XVII, 242, et Bulletin du Protestantisme français,
m, 248).
2709. — 1558, Il juillet. — Lettre écrite par Macar à
Calvin, dans laquelle il est question de d'Andelot (O/?. Cahiniy
XVII, 248).
2710. — 1558, 12 juillet. — Lettre écrite par Calvin à
d'Andelot (Imprimé, Bulletin du Protestantisme français^
m, 250, et Op. CaWini, XVII, 251).
2711. — 1558, 19 juillet. — Lettre écrite par Calvin au
marquis de Vico (Imprimé, Correspondance française de
Cahin, II, 206, et Op. CaWini, XVII, 255).
2712. — 1558, 26 juillet. — Lettre écrite par Macar à
Calvin {Op. Calnni, XVII, 262).
2713. — 1558, fin juillet. — Lettre écrite par Calvin à
d'Andelot afin de lui reprocher la capitulation de sa con-
science (Imprimé, Correspondance française de Calvin. II,
219).
2714. — 1558, 17 août. — Lettre écrite par Macar à
Calvin, où il est question de d'Andelot (Imprimé, Op. Calnniy
XVII, 291).
2715. — 1558, 26 août. — Lettre écrite par Macar à Calvin,
où il est question de d'Andelot (Imprimé, Op. Calnni,
XVII, 302].
Digitized by
Google
— 239 -
2716. — 1558, 4 septembre. — Lettre écrite par Calvin à
Camerarius, où il est question de d'Andelot (Imprimé, Op*
Cahini, XVII, 313).
2717. — 1558, 4 septembre. - Lettre écrite par Calvin à
Charlotte de Laval, dame de Coligny (Imprimé, Delaborde,
Coligny, I, 350, d'après B. N., Dupuy, 102, 41).
2718. — 1558, 24 septembre. — Lettre écrite par Macar
à Calvin, où il est question de d'Andelot (Imprimé, Op,
Cahini, XVII, 348).
2719 — 1558, 16 octobre, Brain. — Note sur le décès
d'Anne de Laval-Loué, dame de Montsoreau (Arch. de Maine-
et-Loire, G. 1474).
Ce dit jour, XVI octobre, ala de vie à trespas noble dame
madame Anne de Laval, dame de Montsoreau ; et a esté son
corps porté le jour ensuivant en l'église de Brain jusqu'au
x« jour de novembre. Et ce dit jour fut porté en l'église de
Varennes et le lendemain en l'église Saint-Pierre-de-Rest ;
et y fut jusques au vu avril MDLXII.
2720. — 1558, V. s., 6 janvier. — Lettre écrite par
Marellanus à Calvin, où il est question de d'Andelot (Imprimé,
Op. CalnnU XVII, 406).
2721. — 1558, 20 février, La Mériaye près Vitré. — Dat^
de la signification à Guyonne de la bulle de Paul IV l'excom-
muniant à cause de sa conduite à l'égard de Guy XVIII (La
Borderie, CaWinisme^ P« 2).
2722. — 1558, v. s., 5 mars. — Lettre écrite par Calonius
à Calvin, où il est question de d'Andelot (Imprimé, Op,
CaMni, XVII, 471).
2723. — 1559, 23 juin. — Lettre écrite par Calonius à
Calvin, où il est question de d'Andelot (Imprimé, Op. Calsfini^
XVII, 567).
2723 bis. — 1559, 17 novembre. — Quittance de François
de Coligny, sieur d'Andelot (original, signé et scellé * par
plaqué, B. N., français 27298, 52).
1. Le sceau plaqué, à cet acte porte un écu écartelé de Coligny
et de Montmorency.
Digitized by
Google
— 240 —
2724 — 1560, 2 octobre. — Aveu pour Montmuran rendu
à Tabbesse de Saint-Georges de Rennes par Tamiral Coligny
et Charlotte de Laval, son épouse (en partie, Cartulaire de
Saint'GeorgeSy 458).
2725. — 1560, 11 octobre, Paris. — Acte par lequel le
(Conseil Privé annule dans la plupart de ses clauses le contrat
du 8 février 1555 et décide en même temps que, sauf un cas
de réméré pendant deux ans, d'Andelot conservera Montfort,
pour se couvrir des soixante mille écus consacrés par lui à
l'extinction des dettes de la maison de Laval (Imprimé, du
Bouchet, Coligny^ 1006).
2726. — 1561, 15 mai — Lettre par laquelle Georges de
Gennes adresse à François de Coligny, seigneur d'Andelot,
l'état des deniers de la capitainerie de Vitré (Imprimé,
Paris- Jallobert, 20).
2727. — 1561, 5 août. — Décès de Claude de Rieux, fille
de Catherine de Laval et épouse de d'Andelol ; récit de sa
mort (Ph. Lenoir, Histoire ecclésiastique de Bretagne^ p. 67).
2728. — 1561, 27 septembre, Mathefelon. -- Contrat de
mariage de Louise de f^aval, fille unique de Louis de Laval-
la Faigne avec François de Chastaigner de la Rocheposay
(note, du Chesne, Histoire^ 632).
2729. — 1561, 10 octobre. — Accord entre Gilles II de
Laval-Loué, baron de Bressuire, la Haye, et la Motte- Saint-
Héraye, et Jeanne de Bretagne, veuve de René de Laval-Loué,
afin de régler le douaire auquel celle-ci avait droit, par suite
de son contrat de mariage, passé le 11 mars 1531, v. s., (note,
B. N., dont Housseau, XIP, 5836 et 5843).
2730. — 1561, 31 octobre, Comper. — Lettre écrite par
d'Andelot au duc d'Étampes (Imprimé, dont JUoriee, III,
1291).
2731. — 1561, décembre, Nantes. — Lettre écrite par
d'Andelot au duc d'Étampes (Imprimé, rfo/nJ/or/cc, III, 1294).
2732. — 1562, 14 mai, Montdidier. — Acte par lequel Marie
de Bussu, veuve de René de Laval-la-Faigne, fait don de la
terre d'Obvillier à son troisième fils Jacques de Laval (copie,
B. N., français, 28153, 177).
Digitized by
Google
- 241 -
2733. — 1562, 14 juillet. — Lettre écrite par Coligny à
Charlotte de Laval, lors du décès de Gaspard, leur fils aîné
(Imprimé, Delaborde, Coligny, II, 132 d'après Vie de Coli-
gny, Cologne, 1686, 258).
2734. — 1562, 11 août. — Lettre écrite par d'Andelot à
Calvin (Imprimé, Bulletin du Protestantisme français,
XVI, 163).
2735. — 1562, 14 août, Blois ~ Lettres pur lesquelles
Charles IX donne mission à Lancelot de Brée,sieur du Pouil-
leux', de lever cinquante arquebusiers et cent hommes de
pied pour la garde du comté de Laval et affecte à leurs gages
les 2.500 livresque devait produire un emprunt de cette
somme prescrit par lettres du 25 juillet 1562 (Imprimé,
Documents Godbert, p. 195).
2736. — 1562, 18 août. — Acte par lequel d'Andelot, muni
des pouvoirs du prince de Condé, de Coligny, du comte de
la Rochefoucauld, du sieur de Genlis, de Jacques de Soubise
et de leurs adhérents, lève dans la Hesse les gens de guerre
destinés à envahir la France (Imprimé, Bulletin du Pro-
testantisme français XVI, 116, d'après B. N., français
6618,136).
2737. — 1562, 26 août, Cassel. — Lettre écrite par d'An-
delot à Calvin (Imprimé, Bulletin du Protestantisme français,
XVI, 163).
2738. — 1562, 30 août. — Naissance de Louis de Laval-
Loué, fils de René II de Laval-Loué et de Renée de Rohan
(Note, du Chesne, Histoire, 616).
2739. • 1562, 8 octobre. — Décès de René II de Laval,
baron de Maillé et de la Roche-Corbon (Note, du Chesne,
Histoire, 615).
2740. — 1562, 11 novembre. — Ordonnance du sieur du
Gué, lieutenant du Roi à Vitré, par laquelle il prescrit au
gens sans aveu de quitter Vitré, et aux protestants de
déposer au château toutes les armes possédées par eux
(Imprimé, Paris-Jallobert, 21).
1. Sur ce Lancelot de Brée qu'on retrouvera plus loin, voir
Angot (Dictionnaire de la Mayenne, I, 420).
16
Digitized by
Google
- 242 -
2741. — 1562. — Présentation à Tévéque du Mans de
Denis Guesthercot, prêtre du diocèse de Sens, pour le
doyenné de Saint-Tugal de Laval et la cure d'Andouillé en
dépendant par Guy XVIII, comte de Laval, sire de Rieux,
baron de Vitré et de TIsle-sous-Montréal (Arch. de la Sarthe,
G. 340).
2742. — 1562, v. s., 5 janvier, Orléans. — Lettre écrite
par d'Andelot à la reine Elisabeth (Imprimé, Delabonle,
Eléonore de Roye, 291).
2743. — 1562, v. s., 24 février, Orléans. — Lettre écrite
par d'Andelot à la connétable (Imprimé, Delaborde, Eléonore
deRoye, 304).
2744 — 1562, v. s., 5 mars. — Acte par lequel Anne
de Laval vend la baronie de Luçon à Miles d'Illiers, évoque
de la ville (Dom Fonteneau, XIV, 465, 473).
2745. — 1562, v. s., 13 mars. — Lettre écrite par Smith à
d'Andelot pour lui reprocher d'avoir aidé de ses conseils
Charles IX à signer l'édit d'Amboise (Imprimé, la Perrière,
Le XVI* siècle et les Valois. 110).
2746. — 1563, 13 mars. — Lettres par lesquelles Louis de
Rohan-Guémené procède à l'as'siette de sept mille livres de
rente au profit de sa sœur. Renée, veuve en premières noces
de François de Rohan, seigneur de Gié, et en secondes de
René de Laval, seigneur de Loué (B. N., français, 22310,
170).
2747. — 1563, 1*' avril, Orléans. — Lettre écrite à d'An-
delot par Catherine de Médicis (Imprimé, Lettres de Cathe-
rine deJUédicis, II, 6 d'après B. N., français, 3189, 6).
2748. — 1563, 1*' mai. Chàtillon. — Lettre de Charlotte
de Laval, dame de Coligny, au prince de Portian (original,
B. N., français, 3196, 5).
A Monsieur monsieur le prince de Portian,
Monsieur, je vous remercye bien humblement dis la bonne
part que me faictcs de vos nouvelles, ayant esté bien fort aise
de ce qu'elles sont si bonnes, comme on les m'a faici entendre,
vous assurant que ne les sçauriez mander à personne qui les
Digitized by
Google
t-eçoye de meilleur cœur que moy, ne qui soict plus preste k
vous faire service.
Quant aux myennes, elles sont assez bonnes veu le temps,
grâces à Dieu, auquel je prie, après vous avoir présenté
mes bien humbles recommandations à vostre bonne grâce,
qu'il vousdoinct, Monsieur, en santé très bonne et longue vie.
De Chastillon, cepremyerjour de may 1563.
Vostre humble et très obéissante à vous faire servyce*.
Charlotte de Laval.
2749. — 1563, 15 octobre. — Contrat de mariage entre
Jean de Laval -Loué et Renée de Rohan, veuve de son frère
(B. fi,, français, 22310, 178).
2750. — 1563, V. s., 18 février. — Quittance de d'Andelot
(original signé et scellé ', B. N. français 27298, 59).
2751. — 1564, 18 juin. — Lettre écrite par Catherine de
Médicis au sujet de l'affaire de Cravant (Imprimé, Mémoires
de Condé, V).
2752. — 1564, 29 juillet. — Lettres par lesquelles Guy
XVIII présente pour la chapelle des Rivettes NicoUe Joubert
à la place de feu Jean Esnault (Bibl. d'Angers, n® 710).
2753. — 1564, 27 août, Essey-lès-Nancy. - Contrat de
mariage de d'Andelot avec Anne de Salm, sa seconde femme
(Imprimé, du Bouchet, Coligny, 1112).
2754. — 1564, v. s., 5 janvier, Châtillon. — Lettre écrite
par Charlotte de Laval à Renée de France, duchesse de
Ferrare (Imprimé, Delaborde, Coligny, II, 356, d'après B. N.,
français, 3211, 27).
2755. - 1565, v. s., 11 février, Bergerac. — Lettre écrite
par d'Andelot au vicomte de Martigues, gouverneur de
Bretagne (Imprimé, Dom Morice^ III, 1345).
2756. — 1565, 21 mai, Mont-dç-Marsan. — Mandement
par lequel Charles IX prescrit à d'Andelot de s'abstenir de
venir à Paris (original, B. N. français, 27298, 65).
1. Cette ligne dernière est de la main de Charlotte de Laval.
2. Le sceau plaqué à cet acte possède un ëcu ëcartelë de
Coligny et de Montmorency ; il est un peu plus grand que celui
du numéro 2723 bis.
Digitized by
Google
— 244 —
À mon cousin, le sieur dAndelotj chevalier de mon ordre
et cappitaine de cinquante hommes alarmes de mes
ordonnances.
Mon cousin, quant j'ai bien cherché les occasions qui
tiennent quasy tout mon royaulme en allarme et aportent
subject à ceulx qui n'ont pas l'intention bien nette, je trouve
qu'elles proceddent de tant d'allées et venues qui sont faictes
par aucun des principauix de mon royaulme, en la ville de
Paris, pour les interprétations diverses que chacun y donne
selon son humeur, de façon que ce a été le subject de tous les
bruits qui ont couru et courent encores par mondict royaulme,
semez par ceulx qui ne cognoissent pas quelle fiance jay de
ceulx là et combien ils sont esloignez de vouloir troubler le
repos de mondict royaulme.
Et, ne ayant meilleur remedde, pour leur oster ceste occa-
sion, durant mon absence, j'ay pensé que ceulx dont leur
veult naistre tel suspeçon, n'auront désagréable, pour le bien
de mondict royaulme et me satisfaire aussy en chose de telle
importance, s'abstenir de tels voyages jusqu'à mon retour en
ladicte ville, qui sera, Dieu aydant, environ la Saint-Michel
prochaine, qui me faict vous prier, mon cousin, si vous y
avez quelques procès et affaires, les faire manyer par vos gens
et procureurs, sans y aller vous-mêmes, et faire, en ce fai-
sant, que le zelle et sincère dévotion que je sçay que vous
avez à mon contentement, au bien de mon service et repos de
mondict royaulme, conduict et dispense selon les occasions
et mon intention, serve à ce que je désire et cognoys estre
sy nécessaire pour contenir le public et tant myeulx retenir
ung chascun en son debvoir ; ayant, pour donner plus de
effect à ceste myenne intention, escript à mon cousin, le
mareschal de Montmorency, ne souffrir que avant mondict
retour, vous ne autres de ceulx que je luy ay envoyez par
roolle entrent dedans ladicte ville, et à ma court de parle-
ment surceoir la procédure de tous leurs procès quand ils
seront en personne, et, en leur absence, y administrer toute
la plus prompte et meilleure justice que faire se pourra.
Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa garde.
Escript au Mont-de-Marsan le XXI® jour de may 1565.
Charles. dk Laubbspine.
Digitized by
Google
— 245 —
2757. — 1565, 28 juillet. - Naissance de Guy de Laval,
qui devait être un jour marquis de Nesle et épouser Mar-
guerite Hurault de Cheverny, lequel fut baptisé le 23
décembre 1566 à Maillé (Note, du Chesne, Histoire^ 614).
2758. — 1565, v. s., janvier. — Lettre écrite par Charlotte
de Laval à Renée de France, duchesse de Ferrare (Imprimé,
Delaborde, Coligny, II, 404, d'après B. ^.y/rançaisy 3211,63).
2759. — 1566, 14 février. — Lettre écrite par Charlotte de
Laval à Renée, duchesse de Ferrare(B.N.,Béthune, 8720,63).
2760. — 1566, V. s., 9 avril. — Arrêt au profit de René
de Rohan contre Louis de Laval, au sujet d'un partage (Note
de Chopin, Du Domaine, II, 142).
2761. — 1566, 21 mai. — Quittance de d'Andelot (original
signé et scellé, B. N., français, 27298, 60).
2762.- 1566, 6 août.— Guy XVIII présente pour la
chapelle des Rivettes Jean Haurez à la place de Nicolle
Joubert, qui Tavait résignée (Bibl. d'Angers, n® 710).
2763. — 1566, 22 septembre, Châtillon. — Lettre écrite
par Charlotte de Laval à Madame de Soubise, lors de la
mort de son mari (Imprimé, Bulletin du Protestantisme, II,
551, et Delaborde, Coligny, II, 425).
2764. — 1566, v. s., 15 janvier. — Date où fut promulgué
au Mans l'édit de Paris de janvier 1563, v s., prescrivant
de commencer désormais l'année au premier janvier. En
conséquence le chapitre delà Cathédrale date du 15 janvier
1567 sa délibération de ce jour (Extrait de l'un des registres
du Chapitre, donné par M. l'abbé Ledru dans la Province du
Maine, VL 298;.
Mutntio computationis anni. — Hac die mercurii sub-
scripta, fuit in Palatio Regio Cenomanensi promulgatum
edictum regium quo canetur quod amodo perpetuis futuris
temporibus mutatio seu computatio anni fiet prima die
januarii.
Die mercurii, décima quinta mensiis januarii, anno Domini
MDLXVII, juxta edictum regium computando, scolasticus....
2765- — 1567, 18 février. — Pancarte concernant les
statuts et ordonnances de la prévosté de Laval (Godbert,
Documents, p. 179-190).
Digitized by
Google
— 246 -
2766. — 1567, 20 mai. — Lettres par lesquelles Guy XVIII
présente pour la chapelle des Rivettes Jacques Eveilla rd à
la place de Jean Haures (Bibl. d'Angers, n** 710).
2767. — 1567, 17 août, Laval — Procuration réciproque,
avec pouvoir de se substituer un ou plusieurs procureurs
pour l'administration des terres de Laval et de Rieux, passée
par Julien Duboys, seigneur de Mayrieuf, et Gilles Raton,
seigneur de la Ville-Auffray, séquestres et commissaires au
gouvernement des dites terres, suivant arrêt du parlement
de Paris du 31 janvier 1567 (Arch. de la Mayenne, E. 183,
indiqué par M. Laurain).
2768. — 1567, 24 novembre. — Quittance délivrée par
Jean de Laval-Loué (original signé et scellé, B. N.^ français^
28153, 185).
2769. — 1567, 25 novembre, Paris. — Mandement par
lequel Charles IX donne à Lancelot de Brée, sieur du
Fouilloux, la mission de commander au comté de Laval en
Tabsence del'évêque du Mans (Imprimé^ Documents Godberty
197).
2770. — 1567, 9 décembre, la Neuville. — Montre des
gens de guerre de Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesle,
comte de Joigny (Copie. B. N., français^ 21539, 527).
2771. — 1567, 13 décembre, Laval. — Épitaphe de
Guyonne de Rieux (Imprimé, la Beauluère, Communautés et
Chapitres^ 24).
Cy gist le corps de très illustre et excellente Guyonne,
comtesse de Laval, auparavant nommée Renée de Rieux,
femme de très hault et très puissant seigneur messire Louis
de Sainte- Maure, marquis de Neelle, chevalier de Tordre du
Roy, et fille de feu très illustre et excellent seigneur messire
Claude, sire de Rieux, comte d'Harcourt, et de excellente
[dame] Catherine de Laval, laquelle décéda au château de
Laval le xiii* jour de décembre! an MDLXVIl, en Tannée des
troubles de France pour la religion réformée.
Cte BERTRAND PB BrOUSSILLON.
(A suwre).
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SEANCE DU 22 MAI 1901
La séance s^ouvre à deux heures, sous la présidence
de M. Emile Moreau, président.
Sont présents : M. Moreau, président; MM. Paul de
Farcy et Trévédy, vice-présidents; MM. Durget, Lau-
rain, Raulin, membres titulaires ; d'Angleville. Goupil,
Thuau, Turquet, membres correspondants.
Se font excuser : MM. d'Achon, abbé Angot, Dubel
et pichard.
Le procès -verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
«
M. l'abbé Desvignes, curé-doyen de la Suze (Sdrthe),
présenté par M. Tabbé Angot et M. Laurain, est reçu
comme membre correspondant.
M. Goupil 'annonce que le P. Pottier s'est entendu
avec M. Triger, président de la Société historique du
Maine, pour la reproduction des pointures murales de
Téglise de Saint» Martin deConnée, que la Commission
a pu admirer dans sa précédente séance.
M. Laurain communique une lettre dans laquelle M. de
Malherbe exprime son regret qu'il n'ait pas été pris de
photographie des peintures murales, découvertes dans un
bâtiment en reconstruction de son ch&teau. T^es frag-
Digitized by
Google
- 248 -
ments de ces peintures, qui représentaient un chemin
de croix, étaient au reste peu importants. M. de Mal-
herbe offre à la Commission, qui les accepte avec grati-
tude, des photographies du château de Foulletorte et des
environs.
M. Laurain donne lecture d'une lettre dans laquelle
M. Tabbé Angot demande à la Commission d'allouer une
subvention pour permettre à M. Tirard, d'Ernée, de
continuer, s'il est possible, des fouilles jadis commen-
cées à la Boissière d'Ernée et à la Boissière de Vautorte,
où Ton avait trouvé en assez grand nombre des objets
gallo-romains ou mérovingiens.
La Commission vote une subvention de 50 francs.
Cette somme pourra être augmentée, si les résultats
répondent aux espérances et s'il est nécessaire de pousser
plus à fond les recherches.
M. de Farcy demande quelle suite a été donnée aux
fouilles du champ de la Pélivière (Bouère), pour les-
quelles la Commission avait voté, au mois de septem-
bre dernier, une somme de cent francs. Ces fouilles n'ont
pas encore été commencées et M. de Farcy veut bien se
charger de voir ce qu'il est possible de faire actuelle-
ment et de diriger les travaux à l'occasion.
M. de Farcy parle d'un plan de Mayenne et des
environs de cette ville, qu'il a rencontré au cours de ses
travaux. Ce plan indique les moindres fermes ; il est an-
térieur à la Révolution et il serait peut-être utile d'en
avoir une reproduction ; il sera coiiimuniqué à ceux des
membres de la Commission qui habitent Mayenne, pour
avoir des éclaircissements sur la valeur exacte de ce
document.
M. Raulin appelle à nouveau l'attention de la com-
mission sur le camp de Jublains. Il n'attaque pas, comme
l'auteur d'un article lu par M. Laurain à la dernière
Digitized by
Google
— 249 —
séance, le procédé de restauration actuelle, mais il de
mande qu'on prenne au plus tôt une mesure qui aurait
dû être prise depuis longtemps. Lorsque la Commission
s'émut, pour la première fois, il y a trois ans, de l'état
du camp, on reconnut que le mal était causé en grande
partie par les frondaisons qui avaient poussé dans les
murailles ; on aurait dû commencer par arracher ces
arbustes ; on ne Ta pas fait et ces arbustes, devenus
aujourd'hui de véritables arbres, font éclater de plus
en plus les parements des murs ; il est grand temps
d'agir d'une façon efficace.
M. d'Angleville entretient la Commission des travaux
que l'on est sur le point d'entreprendre à l'église d'Évron.
Le clocher qui tombe en ruine sera enfin démoli. Les
verrières, où plusieurs vitraux ont été brisés par des
orages, vont être restaurées sur l'initiative du ministère
des Beaux-Arts.
M. Thuau fait part à la Commission de la résolution
prise par la Chambre des notaires de l'arrondissement
de Laval de déposer ses minutes aux archives départe-
mentales. La loi du 25 ventôse an XI, dit-il, établissait
une chambre de discipline pour les notaires de chaque
arrondissement. Ceux de Laval se réunirent le 29 ventôse
an XII, dans la salle d'audience du tribunal criminel,
sous la présidence de leur doyen d'âge, Jean-(îervais
Cosson, et constituèrent leur bureau. A cette date, chaque
étude possédait encore les minutes qui lui revenaient,
sauf certains protocoles restés aux mains d'anciens no-
taires ou dans leurs familles.
En 1813, les séances se tenaient dans un local parti-
culier où l'on avait déposé 98 protocoles plus ou moins
complets, dont l'un au moins, celui de Pierre Barbin,
notaire à Laval, est disparu depuis. Par la suite, à ce
premier fonds, on a réuni en plusieurs fois, 56 autres
protocoles, qui ont subi un commencement de olasse-
Digitized by
Google
— 250 —
ment de la part de Charles-Marie Maignan, Térudit
lavallois bien connu. A cette date, la Chambre des no-
taires n'occupait plus Timmeuble qu'elle avait loué à
M. Granger-Bruneau. Les notaires avaient songé, en
effet, dès 1820 à s'installer dans les combles du palais
de justice, mais ce fut seulement après 1832, lorsque
Ton construisit le logement du président des assises,
qu'ils obtinrent au-dessus des locaux du tribunal de
commerce, le logement qu'ils occupèrent avant d'aller,
ces derniers temps, s'installer plus commodément sur
le quai Sadi-Carnot.
Lors de son déménagement, la Chambre des notaires a
eu à examiner la question du transfert de ses minutes
anciennes. Prenant en considération ce qui avait été fait
en d'autres départements, à Lille, à Limoges, à Mâcon,
à Toulouse, elle a pensé, tout en conservant le droit Je
propriété de ces minutes, qu'il y avait intérêt à les dé-
poser aux archives départementales : le classement en
serait effectué avec plus de rigueur et les recherches
historiques en seraient singulièrement facilitées. 11 reste
à passer le traité entre la Chambre et le département.
Ce n'est plus là maintenant qu'une formalité à remplir.
M. Laurain donne lecture des principaux passages
d'un article écrit par M. Jean Morvan dans la Revue de
Paris sur les Chouans et les Bleus. A ce propos
M. Moreau raconte plusieurs faits curieux de la Chouan-
nerie de 1795 et de celle de 1832.
M. Moreau donne communication de la demande for-
mulée par M. Hay, instituteur-adjoint à Laval, auteur
d'une carte murale et d'une géographie historique du
département, qui désirerait se servir, pour un ouvrage
qu'il prépare, de quelques-uns des clichés qui ont servi
au Bulletin.
L'autorisation est donnée.
La séance est levée à quatre heures un quart.
Digitized by
Google
BIBLIOGRAPHIE
Mémoires du général dAndigné, publiés avec intro-
duction et notes par Ed, Biré, Pans, Pion et Nourrit, 1900,
2 vol. in-8^ 461 et 434p.
a Taille 1 " 70, cheveux blonds, sourcils blond foncé,
front haut et découvert, nez long, gros et aquilin, yeux gris-
bleu, bouche moyenne, lèvre inférieure épaisse, menton rond,
visage ovale, plein et coloré ; très flejgmatique, » écrivait en
1802, du général d'Andigné, un policier qui n'était point un
sot, et telle chef chouan nous apparaît encore, malgré Tem-
pâtement de l'âge, dans le portrait qui se trouve au seuil de
ses Mémoires, Quant au trait dominant de son caractère : le
sang-froid imperturbable joint à l'audace, on a tôt fait de le
découvrir dans ces pages écrites simplement par un homme
qui raconte ce dont il se souvient sans vouloir poser généra-
lement, et dont la bonne foi est évidente.
Malheureusement, ces Mémoires ont été composés à des épo •
ques diverses, dont quelques-unes furent assez éloignées des
événements. Le récit de l'entrevue du général avec Bonaparte,
du 27 décembre 1799, est écrit en 1803, ainsi que celui de son
évasion du fort de Joux. L'année suivante, en Allemagne, il
rapporte son évasion de la citadelle de Besançon. Après
1815, il fait l'histoire de sa campagne sur les rapports qu'il
demande à ses chefs de division et cela l'entraîne à conter la
Chouannerie toutentière. Ici ses souvenirs ne sont plus d'hier.
Si les faits gardent leur succession réelle, les dates font sou-
vent défaut pour en préciser l'importance et marquer leurs
relations et il y a parfois des erreurs dans le détail du récit.
Admettons cependant que d'Andigné ait gardé la vision
nette des choses auxquelles il prit une part si active et que
sa mémoire ne leur ait pas fait subir la déformation qui s'o-
Ï)ère fatalement à l'égard du passé et étudions avec son aide
e rôle de la chouannerie dans la Mayenne. Cette guerre est
encore peu connue. Les mémoires sur la Révolution sont assez
rares : personne n'eut le temps d'écrire alors, et plus tard,
chacun sembla s'efforcera oublier. En outre, à peu d'excep-
tions près, ceux qui ont fait la guerre desChouans, furent pour
la plupart des paysans qui, s'ils savaient se servir d'un fusil,
se trouvaient empêchés à manier la plume. Quant aux his-
toriens, ils se sont attachés surtout à la Vendée et la plupart
de ceux qui se sont essayés à tirer la Chouannerie de Fombre
l'ont fait, sauf M. de la Sicotière, avec une ignorance com-
plète des règles de l'histoire ; ils n'ont guère qu'une valeur
médiocre quand ils valent quelque chose.
Digitized by
Google
- 252 -
Par malheur, d'Andignéqui avait d*abord émiçré, n'eut de
contact avec les Chouans qu'après le traité de la Mabilais ;
les renseignements qu'il nous donne sur les origines du mou-
vement insurrectionnel sont très vagues et par suite de leur
généralité même contiennent une part d'erreurs au milieu de
vérités évidentes. Il semble croire que le passage des Vendéens
sur la rive droite de la Loire ait occasionné dans l'Anjou,
dans le Maine et dans la Bretagne, la Chouannerie quand il
servit seulement à l'y développer et à fournir aux armées roya-
listes réfjulières, 15.000 jeunes gens environ, insoumis à la
conscription, qui n'étaient pas, comme les Vendéens, retenus
par les soins à donner à leurs femmes et à leurs enfants, et
qui n'eurent pas non plus, vivant sur leur pays, à souffrir
autant de l'épidémie que la malpropreté et le changement de
nourriture firent tomber sur les premiers. Ceux-ci, poursuivis
sans relâche après l'affaire de Savenay par les agents des
districts et des municipalités, « sentirent bientôt qu'ils ne
devaient chercher leur salut que dans leur courage.
Jusqu'alors ils avaient vécu isolés ; la nuit favorisa leurs
communications. Peu à peu, ils se réunirent en petites
bandes, qu'ils grossirent de réquisitionnaires appelés aux
frontières. L'armée républicaine exigeait un recrutement
continuel ; la jeunesse entière, de dix-huit à vingt-cinq ans,
y était soumise. Mais cette armée était l'antre du lion : on ne
voyait personne en revenir. Faire entrevoir à ces hommes
q^ui n'avaient à choisir qu'entre la misère et la mort, la pos-
sibilité d'échapper à leur sort cruel en se défendant près de
leurs foyers, était un moyen de les attirer à soi. Tous se joi-
gnirent à ces bandes qui furent bientôt assez fortes pour con-
traindre les républicains à ne quitter leurs cantonnements
qu'avdC de fortes colonnes. » Tout cela est un peu faux.
Cette formation de bandes indigènes amena naturellement
les Chouans à choisir pour chefs « les hommes les plus estimés
de leur canton ou ceux qui s'étaient fait le plus remarquer
parleur bravoure. » Indépendants les uns des autres à l'ori-
gine, mais voyant le nomore de leurs soldats augmenter de
jour en jour et leurs communications devenir plus fréquentes,
animés du meilleur esprit (c*est encore d'Andigné qui par-
le), et reconnaissant la nécessité de l'unité dans le comman-
dement, ces chefs partiels élirent d'un commun accord
des généraux entre les mains desquels ils déposèrent le
pouvoir qu'ils tenaient de leurs hommes. Les limites des
commandements furent fixés d'après les limites des provin-
ces. Ces chefs étaient Frotté, le comte de Puisaye, M. de
Scépeaux, Boishardy et Cormatin.
Scépeaux commanda le pays entre la Vilaine, la Sarthe
et la Loire. Il était trop jeune et sans connaissance acquise ;
il ne sut rien faire sur un terrain très favorable à la petite
guerre et avec des hommes généralement bien équipés. Per-
Digitized by
Google
— 253 —
sonnellement il était brave et pouvait être un excellent soldat,
mais il n'avait fait la çuerre qu'en Vendée et manquait d'offi-
ciers expérimentés. D ailleurs, dans la crainte qu'on essayât
de le diriger, il évitait de suivre tout conseil et se pnvait
par là des ressources qu'il aurait pu trouver chez ses
subordonnés. Souvent il courait après des colonnes ennemies
et ne les attrappait point, parce qu'il n'avait pas su combiner
les mouvements des corps qu'il commandait ; chacune de ses
légions se trouvait ainsi agir indépendamment des autres. a II
réunissait sans cesse les officiers généraux et les chefs de
légions, les faisait venir de dix lieues pour un conseil où il
n'y avait jamais rien de conclu, et les journées se perdaient
fort inutilement... » Ses mouvements n'eurent pas d'ensem-
ble et malgré des actions très brillantes, ses forces, ouvertes
de tous côtés pour quelques-unes, pendant que d'autres res-
taient inactives, furent écrasées en détail et la paix se fit pour
lui avec une clause» humiliante ».
Puisaye, qui était du Maine et qui avait figuré d'une ma-
nière assez médiocre dans le mouvement fédéraliste, com-
manda les Côtes-du-Nord, le Morbihan et Tille et- Vilaine.
Il n'était pas militaire et il en convenait ; on doutait môme
qu'il fût un homme de cœur, malgré la témérité qu'il avait
montrée en quelques occasions ; mais c'était un homme d'es-
prit, capable de concevoir un grand plan et de le mettre en
action, sachant ce qu'il voulait et le voulant bien. Il ne fut
pas maître d'agir; d'Hervilly, qui connaissait la théorie du
métier, mais ne savait rien des hommes, gâta tout par son
indépendance et laissa aux troupes républicaines le temps
de se ressaisir ; l'occasion favorable ne revint plus.
Excellent officier également, brave, vigoureux, Boishardy
n'était pas un chef de parti capable de faire naître cette occa-
sion favorable ; il manquait ae la décision si nécessaire avec
des troupes irrégulières. Cicéron comptait les femmes au
nombre aes impedimenta qui encombrent la vie d'un homme.
Boishardy aurait dû avoir cette opinion ; l'amour l'engour-
dissait. Hoche avait voulu l'attirer ; son irrésolution le fit dis-
paraître dans une surprise, trahi par un Chouan ou par un
espion.
Le mieux doué peut-être de tous les officiers supérieurs de
la Chouannerie, fut celui que l'on regarde encore comme un
aventurier sans scrupules : Pierre-Marie-Félicité Dezoteux,
plus connu sous le nom de Cor mat in. Né à Paris, le 23 no-
vembre 1753, d'un commissaire des guerres qui fut pensionné
du roi et secrétaire des commandements du maréchal d'Es-
trées, passionné pour la diplomatie, il s'était distingué en
Amérique par son courage, son zèle et son intelligence. Lieu-
tenant-colonel de la garde de Louis XVI, émigré à la suite du
10 août, et rentré en r rance à la fin de septembre 1794, avec
des talents acc[ui&, une grande activité poussée jusc^u'à la
pétulance, mais s'enveloppant de mystère, il ne put jamais
Digitized by
Google
~ 254 -
obtenir de son parti qu'une confiance médiocre. Cormatin était
parisien, et de la défiance de l'étranger on fait une qualité
dans le Maine et dans la Bretagne. Il aurait eu besoin de s'y
créer une réputation, et dès son début il lui fallut négocier.
De Frotté, les Mémoires de d'Andigné ne parlent guère ;
on le connaît du reste par le livre de M. de la Sicotière,
mais il n'est pas inutile de signaler ici en passant la profession
de foi adressée par lui à son ami Lamberville que vient de
publier M. Albert Savine *. C'est une apologie du suicide. La
situation de la France, la médiocrité de sa fortune, qui ne
lui permettait pas de satisfaire ses goûts de dépense et sa
passion du jeu, des difficultés avec son père ne laissaient à
Frotté voir que dans la mort des moyens d'échapper aux pei-
nes de l'existence. Il différa l'exécution de son proiet parce
qu'il désirait atteindre sa majorité et que, né chevalier fran-
çais, il voulait en remplir les devoirs ; il prévoyait pouvoir
être utile encore au roi et à ses amîs.
Ceux qui l'aidèrent dans son œuvre, nous venons de les
voir, courageux, mais n'ayant en somme pas toutes les quali-
tés qu'exigeait le rôle ingrat auquel les circonstances les
appelèrent. Leurs adversaires ne furent pas mieux doués ;
presque tous sans aptitude aucune, tremblant devant les repré-
sentants jaloux, n ayant pas dans la main leurs troupes
indisciplinées, ignorants du pays où il ne faisaient qu'appa-
raître, ils ne se montrent que trois intéressants : Humbert,
Hoche, Hédouville.
Le premier était un assez bon diable, empruntant aux offi-
ciers royalistes de l'argent qu'il oubliait de leur rendre, ca-
pable de « devenir honnête homme s'il était resté en bonne
compagnie ». Le légendaire marchand de peaux de lapin
sur qui d'Andigné décoche ainsi en passant un trait peut-
être immérité, n'en fut pas moins employé avec succès en
Vendée et fut, jusqu'à l'exil, fidèle aux principes républicains
aue Hoche hésita à servir toujours. Le général en chef de
1 armée de Brest unissait la bravoure à l'intelligence et o joi-
gnant à beaucoup de moyens un grand fonds d'orgueil, » il
n'aurait point cru au-dessus de ses forces la restauration de la
monarchie française. Le portrait (}ue d'Andigné trace de lui
est incomplet, mais les quelques lignes esquissées sont justes
et laissent deviner l'ambitieux sans scrupules, le névrosé ma-
ladif usé de bonne heure.
D'Hédouville, peu de chose, sinon qu'il traita les chouans
avec douceur toujours et que, après avoir favorisé la pacifica-
tion définitive, il dut servir en sous-ordre comme simple chef
d'état-major dans cette armée de l'Ouest qu'il avait eu l'hon-
neur de commander en chef. A ce moment, la tactique des
troupes républicaines avait complètement changé et le succès
1. Nouvelle Revue rétrospective, 10 octobre 1900.
Digitized by
Google
avait été causé en grande partie par cette modification im-
portante de leur marche.
Au début de la guerre, et lors de l'entrevue de la Prévalaye,
l'armée républicaine était dans la détresse la plus affreuse :
soldats et officiers étaient mal payés, mal nourris, mal vêtus,
sollicités par l'abondance dans laquelle vivaient les chouans ;
détestable était le cadre des officiers ; incapables pour
la plupart, avec la hauteur ou la dureté de laquais parvenus,
ils n'avaient aucune autorité sur leurs soldats qui cherchaient
à s'aboucher avec les chouans, leur vendait la poudre et les
cartouches dont ils étaient frappés quelques jours plus tard
dans une embuscade. L'autorité civile, en outre, exerçait un
tel despotisme sur l'autorité militaire que celle-ci ne pouvait
5 rendre une mesure sans en faire part aux administrations ;
y avait toujours des fuites ou des indiscrétions et les projets
de l'armée régulière, connus d'avance, étaient presque tou-
jours aussi dénoncés.
Pour les Chouans, au contraire. Obligés tout d'abord de se
réunir en bandes afin de se défendre personnellement, ils choi-
sirent pour chefs ceux qui s'imposaient à eux par leur bravoure
ou par leur force. Indépendants à l'origine, puis obligés à ce-
la par le nombre croissant de leurs soldats, s'apercevant aue
leur multiplicité nuisait à leurs opérations, ils élirent aes
généraux qui ne les eurent pas toujours dans la main, quoi
qu'en dise d'Andigné. Leur sûreté demandait que l'insurrec-
tion s étendît. Ils travaillèrent à la propager. Les mécon-
tents étaient nombreux. « Lorsqu'ils étaient parvenus à en
réunir quelques-uns, les émissaires royalistes avaient pour
tactique, s'il les voyaient indécis, de les pousser à quelque
démarche hasardeuse qui les compromettait avec le gouver-
nement, de manière qu'ils ne pussent plus reculer, une fois
lancés, ces hommes devenaient les plus ardents de tous. »
Les soldats se recrutaient eux-mêmes, sans intervention
aucune des chefs, avec des déserteurs, des réquisitionnai-
res, des gens inutiles à la culture, employant l'adresse et la
persuasion à l'endroit des indifférents ou des insouciants,
et la terreur « contre ceux qui se montraient ouvertement
les ennemis de la cause royale, les obligeants à se soumettre
aux règlements établis par les royalistes, ou à abandonner
leurs biens pour se réfugier dans les villes, ôtant par des
exemples terribles * l'envie de nuire à ceux qui préféraient
rester dans leurs foyers. »
1. Le mot, qui est de d'Andigné, est à retenir. J'ai cité un de
ces exemples dans mon compte-rendu de l'ouvrage de M. Rous-
sel, de l'Oratoire : Un évéque assermenté (1790-Î802). Le Coz, mais
une erreur typographique a rendu le passage incompréhensible.
Il y est dit (Bulletin, t. XVII, p. 126, ligne32)qu'un « assermenté,
à la tête d'une horde de tigres, entra dans une maison où étaient
deux femmes »... C'est insermenté qu'il faut lire.
Digitized by
Google
-m-
Chaque chef j^ouvernait sa bande à sa guîse, cherchant à la
grossir et à la mire vivre de la façon la moins onéreuse, pour
ménager son autorité dans le canton qu'il commandait. Lors-
que par leur nombre, les insurgés eurent rendu nécessaire
une organisation militaire, a chaque armée fut divisée en
divisions^ et les divisions en cantons^ chaque chef de division
ayant sous ses ordres plusieurs chefs de cantons. Ces der-
niers commandaient plusieurs compagnies dont les capitaines
dirigeaient une ou plusieurs/>a/o/55e5, suivant leur étendue.!
Ces troupes tiraient leur subsistance des biens nationaux,
des dîmes ecclésiastiques non curiales (les desservants des
paroisses percevant pour la plu pailles dîmes des curés), des
contributions levées sur les patriotes et même sur le pays.
On confia^ autant qa'onle put, l'administration de ces biens à
des commissaires particuliers qui rendaient compte de leurs
opérations au commissaire général de chaque armée. Les
hommes étaient ainsi plus dépendants de leurs chefs, mais
ces derniers ne purent pas tous établir un système aussi régu-
lier. M. de Scépeaux en particulier fut élevé au commande-
ment que le pays se battait déjà depuis longtemps. Les chefs
de divisions qui Tavaient choisi, sortaient presque tous du
peuple, ainsi que les chefs de cantons etles capitaines; jaloux
du pouvoir, ne souffrant pas d'être dépouillés de ce qu'ils
regardaient comme leurs aroits, ils s'emparèrent de Fadmi-
nistration des revenus que les capitaines leur disputèrent,
u' ils leur prirent bientôt. Us en rendaient compte aux soldats
Q chaque compagnie ; ceux-ci se les partageaient ; il ne
restait plus rien pour les dépenses communes, qui se sol-
daient par une sorte d'imposition levée sur chaque soldat.
a L'habitudedejouir les rendait plus avides de jour en jour, t
et cette façon de comprendre la guerre entraîna des abus
considérables que le plus grand nombre était intéressé à
voir se perpétuer. Les Chouans regardèrent bientôt les
biens du clergé régulier et ceux des émigrés comme une
propriété acquise et lorsque les émigrés rentrèrent, on les
considéra un peu comme des intrus ou des voleurs et on les
accueillit médiocrement.
Les Chouans menaient d'ailleurs une vie très laborieuse. En
marche avant le jour, cachés dans un champ de genêts ou dans
des lieux couverts, ils se faisaient éclairer par des gens non
armés qui avaient leur secret ; on boulangeait pour eux dans
une ferme, dans une autre on tuait et on cuisait un bœuf; ils
s'y rendaient sur le soir pour y prendre leur repas et en repar-
taient vers d'autres fermes où ils n'étaient pas attendus, d'où
ils ne laissaient sortir personne ; ils y passaient la nuit, les
soldats dans les greniers, dans les étables ; les officiers sur la
paille, devant une cheminée, les pieds au feu, la tête sur des
chaises renversées, prêts tous à la moindre alerte. Avec cela,
peu solides, quand ils n'étaient pas maîtres entièrement de
choisir leur position, comme dans ce combat près d* Angers
a:
Digitized by
Google
— 257 —
-où 40 républicains culbutèrent en une minute 1.000 Chouans
dont un seul fut blessé a en fuyant, d'une balle dans la fesse ».
Il n'entrait pas au reste dans leur ^oût de combattre ainsi en
nombre. La tactique prise par Boishardy et qui leur plaisait
mieux, fit beaucoup de mal aux républicains, a 11 fait parcourir
les campagnes, écrivait le général Charlery, le 30 novembre
1794, par des détachements de 25 à 30 hommes, qui harcèlent
nos postes et attaquent nos convois de la manière la plus
fatale. Il est devenu impossible de tenir contre un ennemi
qui tombe sur vous comme la grêle, disparaît avec la rapidité
ce la foudre et se range en bataille où et quand il lui plaît. »
Les Chouans agirent de même partout ; les convois des
républicains, toujours attaqués, souvent enlevés, ne s'ache-
taient qu'au prix du sang. « Dans ces escarmouches renou-
velées cnaque jour en cent endroits, sur une surface immense,
les républicains étaient obligés de lutter avec une position
toujours désavantageuse, puisqu'elle était choisie par leurs
ennemis. Il leur fallait combattre à découvert des hommes
embusqués, dont ils ignoraient le nombre et qu'ils n'osaient
ni ne pouvaient poursuivre. Les Chouans avaient nécessaire-
ment tout l'avantage dans ces combats, d'autant qu'ils tiraient
généralement mieux aue leurs ennemis et prenaient plus de
soin de leurs armes. Placés derrière des haies ou des arbres,
ils choisissaient ceux qu'il leur convenait de frapper; les
républicains au contraire ne pouvaient les apercevoir et
n'osaient s'écarter de leurs convois lentement tirés par des
bœufs, seuls animaux employés dans ces contrées pour le
trait. Ils recevaient ainsi tous les coups qu'on leur adressait,
sans qu'il leur fût possible de s'y soustraire... Les différents
services employaient chaque jour la presque totalité des
troupes et les tenaient continuellement sur pied, ne leur
laissant même plus la possibilité de parcourir les campagnes,
et. quoique plus nombreuses que les bandes des Cnouans,
elles éprouvèrent de la sorte tous les inconvénients d'une
guerre défensive. » Des paroisses s'organisèrent pour les
appuyer ; des compagnies territoriales furent formées,
auxquelles le gouvernement fournit des armes et des munitions
-et lorsqu'elles élBieni fédéraitséeSj les Chouans qui n'auraient
pu pénétrer dans ces paroisses qu'avec des forces imposantes,
préférèrent les laisser en repos d'autant qu'elles se oornaient
à se défendre sans vouloir attaquer au denors.
Les péripéties de la guerre et les nécessités de la politique
amenèrent les deux partis à souhaiter la paix. La réaction
thermidorienne avait amené au pouvoir des hommes plus mo-
dérés ou qui crurent devoir affecter plus de modération. La
Vendée, incendiée en totalité, ne présentait dans un rayon de
quarante lieues de long sur vingt lieues de large, que ruines
et décombres. On comncença par Charette, avec tant de con-
descendance qu'on permit, tacitement, aux royalistes de
-conserver la cocarde blanche, et l'on continua par les Chouans
Digitized by
Google
- 258 —
proprement dits ; on aboutit aux négociations de la Prévalaye
et au traité de la Mabilais ; mais la confiance ne fut pas delà
partie ; les jacobins des villes exercèrent des voies de fait re-
Srettables ;les espérances s'affaiblirent, les inquiétudes gran-
irent ; ce fut bientôt une farce politique à laquelle personne
ne crut plus, et si quelques représentants du peuple songèrent
peut-être à faire saisir à la fois tous les chefs royalistes, plu-
sieurs de ceux-ci, le jour même de la signature, proposèrent à
d'Andigné de le mettre à la tête d'une opposition qui eût em-
{)éché la paix de se conclure. Dans certains cantons, malgré^
a trêve, les hostilités n'avaient jamais été entièrement inter-
rompues. « Chacun se réservait S'éluder le traité, même de le
rompre entièrement, sitôt qu'il verrait son intérêt à l'éluder. »
Cormatin lut peut-être le seul qui, honnêtement, chercha à
tenir ce qu'il avait promis, et à le faire tenir. Aux environs de*
Laval les hostilités n'avaient jamais été complètement inter-
rompues, et d'Andigné consigne dans ses Mémoires la con-
versation qu'il eut avec le commandant d'armes. « Je voulus
savoir de lui, écrit-il, si les chouans des environs avaient bien
observé le traité de la Mabilais. Il s'éleva contre eux, là-dessus,
en reproches amers qui ne paraissaient pas, il faut en con-
venir, tout à fait sans fondements. » Les autorités civiles met-
taient en liberté les chouans qu'on avait pris les armes à la
main ; les soldats, que cette conduite étonnait un neu, s'arran-
gèrent pour ne plus en amener devant les autorités départemen-
tales. Les passions n'étaient donc qu'à peine assoupies, une étin-
celle les ralluma L'arrestation de Corn.atin fut cette étincelle.
Mais Hoche, d'abord dérouté par cette guerre, s'était renda
compte des moj^ens qui devaient maîtriser lepays. Le gouver-
nenient lui avait au reste donné les pouvoirs les plus étendus.
Dirigeant tout par lui-même, n'ayant plus à subir le con-
trôle des autorités civiles, toujours jalouses, se servant de
colonnes d'une grande mobilité, avec des tirailleurs^ en avant,
des flanqueurs à droite et à gauche, parcourant sans cesse le
pays, occupant les principaux passages, coupant les commu-
nications des royalistes qui étaient répandus sur une surface
immense, il écrasa en détail leurs différentes armées, couvrant
un canton à la fois, le dévastant, et ne passant dans un autre
que lorsqu'il avait réduit le premier, imposant de fortes
amendes sur les paroisses qui avaient été le théâtre d'un
combat, pour la sûreté desquelles on enlevait les bestiaux des
cultivateurs. La paix fut signée à Angers, mais ce fut encore
pour une courte période et d'Andigné reprit bientôt son cojm-
mandement dans l'Anjou et dans le Craonnais. Ce dernier
pays ne lui fut pas favorable et il joua de malheur devant
Cossé-le- Vivien, en particulier. Cossé avait toujours été très
révolutionnaire ; la garnison était faible ; en brusquant l'at-
taque, peut-être d'Andigné l'eût-il emporté, mais sur iVvis
de quelques officiers, il fit sommer la garnison, le 27 sep-
tembre 1799. ^^
Digitized by
Google
— 259 —
a Aujourd'hui 5 vendémiaire, écrivait, le soir même deTaf-
faire, le commissaire du Directoire exécutif, Lét^rd, à l'ad-
ministration centrale du département, au quart avant trois
heures, le commandant est venu prévenir que le factionnaire
appercevait un rassemblement considérable à pied et à che-
val sur la route de Craon et dans les pièces cie terres envi-
ronnantes. Au même instant sont entrés deux jeunes labou-
reurs portant une lettre adressée aux habitants de Cossé dont
la teneur suit :
« De par le Roi,
a Nous marchons douze cents hommes contre ^ous. Que
« i>os troupes évacuent la i>iUe, aucun habitant n'aura à
« craindre pour sa personne ou ses propriétés ; sinon, l'as-
« saut sera donné au bourg et nous ne pourrons plus ré-
« pondre de rien. Si la troupe se retire dans ços maisons^
« nous y mettrons le feu. Nous cous donnons un quart d'heu-
rt re ; passé ce délai, nous entrerons,
« Ce 27 septembre 1799. »
a Celte lettre, d'une fort belle écriture et bien ortogra-
phiée, est siçnée : d'Andigné, commandant en chef ; le ch,
Turpinde Crissé, inspecteur général ; Alexandre, aide-major;
C. Turpin de Crissé ; Sans-Peur, Ajax, Monte-à-Fassaut,
Davoine, Aimé de la Lauel (?), Joseph.
« Nous avons observé que plusieurs signatures sont de la
même plume que le corps do la lettre.
« La lecture publique de cette lettre, accueillie par le cri una-
nime : Vaincre ou mourir ! pour toute réponse, chacun s'é-
tant rendu au poste convenu, Fattaque a commencé à trois
heures précises très vivement et sur tous les points. La
crainte de voir consommer trop vivement le peu de munitions
aue nous avions, a fait qu'on a crié à tous les postes de mo-
érer Tardeur de la riposte et de ne tirer pour ainsi dire qu'à
coup sûr. Aussi les brigands s'étant emparés des maisons,
près des portes, on se fusillait à quinze pas .
« Le feu cesse, il est six heures du soir. Heureusement
nous n'avons pas perdu un homme. Quatre militaires et un
père de famille sont blessés légèrement. Le citoyen Ronde-
lou-La Touche, lieutenant de la colonne mobile, a vu une bal-
le écraser le canon de son fusil dont un éclat lui a fait une
égratignure assez légère. Plusieurs brigands ont été tués et
un grand nombre blessés ; ils laissent de larges traces de
sang...
< Une fille ancienne a été tuée devant sa maison d'une bal-
le nartie d'au-delà de l'enceinte *. »
On peut comparer ce récit officiel de l'afTaire avec le r.écit
1. Archives de la Mayenne, L 431
Digitized by
Google
— 260 —
qu'en fait d'Andigné ; la comparaison amènera plus d'une
remarque piquante.
A quinze ans de là, Napoléon était tombé, Louis XVIII
rentré en France et le chevalier d'Andigné, délégué par le
comte d'Osmond pour les fonctions de commissaire du roi
dans la Mayenne, visitait Craon le 26 juillet 1814 ; il en avait
été prié qumze jours auparavant par la municipalité de cette
ville. Celle de Cossé crut utile de prendre la même précau-
tion, et la démarche parut d'autant plus nécessaire qu'on
jugea prudent de prouver « que les circonstances pouvaient
changer, mais que le dévouement au gouvernement établi
était invariable et que le délégué ne pouvait reconnaître en
cette démarche qu un moyen d'adoucir l'amertume du souve-
nir pénible de ces temps désastreux.» Une députation de
quatre notables fut envoyée à d'Andigné dont elle reçut le
plus gracieux accueil. « se promettant beaucoup de plaisir à
laire visite aux habitants de Cossé, s'ils voulaient bien, ajou-
ta-t-il en riant, ne pas le recevoir comme quinze ans aupara-
vant. » La plaisanterie fut goûtée parla municipalité qui trou-
va que pour une âme bien née, la bravoure n'est jamais une
injure *. Il était écrit, pourtant, que d'Andigné ne serait reçu
à Cossé qu'à coups de fusil. Il y vint en effet, mais plus tard
qu'il n'avait prévu. Napoléon s était échappé de l'île d'Elbe.
La Chouannerie avait essayé de renaître et d'Andigné essuya
encore, le 29 mai 1815, devant le bourg qu'il avait
vainement attaaué en l'an VIII, un échec qui lui coûta vingt
hommes parmi lesquels se trouva M. de Saml-Sauveur, gen-
tilhomme normand arrivé de la veille, tué en sortant de son
logement, dans la nuit. Il faut lire le récit de cette échauffou-
rée, comme, du reste, les mémoires en entier. On peut voir
parle résumé que j'en ai fait ici ce qu'un historien de la chouan-
nerie en tirera d'utile. S'il n'y a rien de bien nouveau dans
ces deux volumes sur cette question particulière, du moins
nous fournissent-ils un moyen de contrôle intéressant : on ne
peut pas en dire autant de tous les mémoires.
E. Laurain.
Le premier volume du Dictionnaire historique^ topogra-
phique et biographique de la Mayenne de M. l'abbé An^ot,
vient d'obtenir une médaille au concours des Antiquités
nationales de France. C'est une récompense que nous sommes
heureux de voir attribuer par l'Institut à notre collègue ;
nous le prions d'en recevoir nos sincères compliments, ne
doutant pas qu'une récompense plus im.portaTite encore ne
lui soit accordée lorsque son œuvre, vraiment remarquable,
sera enfin complètement mise au jour.
1 . Registre des délibérations de la municipalité de Cossé.
Digitized by
Google
DISTRICT DE LAVAL
L'AGElNT NilTIONAL PRÈS LE DISTRICT <>'
Voulant réagir contre la centralisation à outrance de
rancieu régime, la Constituante avait confié, en décembre
1789, l'administration des départements, des districts et
des communes à des assemblées ayant pour base unique
l'élection, et chargées à la fois de délibérer et d'exécuter.
Près de chaque assemblée, un procureur-syndic^ éga-
lement élu, avait pour mission, non de faire exécuter les
lois, mais simplement d'en requérir Texécution. Par suite,
le gouvernement central n'était plus représenté dans les
départements, et n*avait aucun moyen légal de s'en faire
obéir. Cette anarchie administrative aVait facilité l'insur-
rection fédéraliste de mai-juillet 1793, qui fut surtout
l'œuvre des administrations départementales.
Dans l'intervalle, avait été votée, le 24 juin 1793, une
nouvelle constitution. Le 10 octobre, la Convention décida
i. Bibliographie,
Manuscrits :
Archives de la Mayenne, cartons L. 191 et suivants;
District de Laval : Registres des arrêtés définitifs du direc-
toire ; Heff. des délibérations du comité révolutionnaire et des
séances de la société populaire de Laval.
Imprimés :
Dalloz, Répert. alphab. de législ.,i. XVIII. art. Droit consti»
tutionnel;
Lavisse et Hambaud, Histoire générale, t. VIII, passim\
Queruau-I^amerie : Notices sur quelques députés de la Mayenne ;
— les Gir ondins et Us Conventionnels de la Mayenne^ etc.
17
Digitized by
Google
- 262 —
d'en ajourner la mise en vigueur, et de maintenir v jus-
qu'à la paix » lo gouvernement révolutionnaire. Ce gou-
vernement fut organisé, le 14 frimaire an II (4 décembre
1793), par un vaste décret d'ensemble. La Convention
se déclarait « le centre unique de l'impulsion du gouver-
nement ». Ne laissant aux administrations départemen-
tales que la répartition des contributions, elle réservait
aux districts « la surveillance de l'exécution des lois
révolutionnaires et des mesures de sûreté générale et de
salut public ». Aux anciens procureurs-syndics de dis-
trict et de commune elle donnait le nom d'agents na-
tion aux ^ et les chargeait, non plus seulement do requérir,
mais de « poursuivre » l'exécution des lois, et d'en rendre
compte tous les dix jours, les agents nationaux de com-
mune à ceux de district, les agents de district aux
Comités de salut public et de sûreté générale.
Nous nous proposons d'étudier, en particulier, com-
ment fonctionna « l'agent national près le district ». Notre
cadre, c'est le district de Laval, qui correspondait à peu
près à la partie centrale de l'arrondissement actuel *.
<]e district était un véritable foyer de « contre-révo-
lution ». Avec tout le département, il venait de prendre
part au soulèvement fédéraliste de Normandie. D'octobre
à décembre 1793, les Vendéens avaient occupé Laval à
trois reprises, secondés par les Chouans des frères Cot-
tereau. C'était aux portes mêmes de Laval que la chouan-
nerie, dès 1791, avait pris naissance; elle allait s'y
perpétuer, pendant les années 1794 et suivantes par une
guerre de haies, de broussailles et de chemins creux.
Au mois d'octobre 1793, avait été constitué, à Laval,
un « comité de surveillance générale ». Jusqu'à la fin de
la Convention, les représentants en mission près a l'ar-
1. Cantons de Laval, Loiron, Meslay, Argenlré et Montsûrs. —
Le aépartement de la Mayenne comprenait alors six autres dis-
tricts ; Ernée, Mayenne, Lassay-Villaines, Evron, Craon, Château-
Gontier.
Digitized by
Google
— 263 —
mée des côtes de Brest et de Cherbourg * » eurent
Tœil sur le pays.
Ce fut Esnue-Lavallée, représentant de la Mayenne^
qui appliqua, à Laval, le décret du 14 frimaire, ou 4 dé-
cembre 1793. Le 10 décembre, il « épura » et compléta
le comité de surveillance, qui prit le nom de comité ré-
volutionnaire, ut, avec le concours de comités subalternes
établis aux chefs lieux de canton, fut chargé de pour-
suivre les suspects. Le 22 décembre, une commission
militaire fut instituée pour juger ces suspects.
Noyer, procureur-syndic du district, avait été tué en
combattant les Vendéens ; Esnue-Lavallée nomma
« agent national près le di9trict » un sieur Tulot, membre
du comité révolutionnaire. Mais Tulot avait été prêtre ;
il dut bientôt d<^missionner « aux termes de la loi », et
fut remplacé, le 1«^ avril 1794, par Jean Tellot, dit Tellot
fils ^, qui resta en fonctions jusqu'à la suppression des
agents nationaux, c'est à- dire jusqu'à la fin d'avril 1795.
Quel était le traitement de Tagent national ? Nous
savons seulement que Tellot fils, devenu plus tard com-
missaire du Directoire près l'administration départemen-
tale, recevait, en cette qualité, 353 livres par trimestre,
soit 1.412 livres par an. Peut être avait-il eu le même
traitement comme agent national.
Ce traitement était bien gagné. Dans une instruction
du 5 octobre 1794, le représentant Boursault définit ainsi
le rôle des agents nationaux : « Leur œil doit tout em-
brasser et leur main tout conduire : ilâ doivent aiguillon-
1. D'abord Esnue-Lavallée et Bissy (de la Mayennei, puis Fran-
çois (de la Somme), puis Laignelot (de Paris), puis Boursault (de
Paris) et Baudran (de l'isèrej, enfîn Grenot (du Jura), Guezno et
Guermeur (du Finistère).
2. Tellot père était membre de la municipalité de Laval. Quant
à Jean Tellot, dit Tellot fils, il était, en 1789, expert-architecte.
Au moment de sa nomination comme agent national, on le trouve
secrétaire de la gendarmerie. (Nous devons ces renseignements
à l'obligeance de MM. Laurain, archiviste de la Mayenne, et
Durget, membre de la Commission hist. de la Mayenne).
Digitized by
Google
— 264 —
ner le8 municipalités engourdies, éteindre le fanatisme
par les lumières de la raison ; c'est par eux enfin que les
Comités de salut public et de sûreté générale doivent
voir et juger... Ainsi, à une grande activité, les agents
nationaux doivent réunir un amour de travail infatigable ».
Avant tout, Tagent national sert d'intermédiaire direct
entre le district et la Convention. Ses lettres ofGcielles
ont pour en-tête : District de Laval, département de
la Mayenne, 11 reçoit les instructions des comités de la
Convention et des représentants du peuple, et les trans-
met, soit au directoire du district, soit aux comités ré
volutionnaires, tribunaux, municipalités et autres auto-
rités sous la surveillance de ce district. D'autre pari, tous
les dix jours, il fait passer à la 'Convention le résultat des
travaux du district et du comité révolutionnaire de Laval.
Dans cette ville, c'est aussi par lui que communiquent
ensemble et le directoire du district, et la commission
militaire, et la « société populaire ».
Mais il est autre chose qu'un simple agent de trans-
mission. Il a été in tallé à son poste par le directoire du
district. Il occupe, a*rec trois commis, un des bureaux
de ce directoire, près duquel il est comme un avocat de
la nation, et qui ne peut prendre aucun « arrêté définitif»
sans l'avoir « entendu en ses conclusions ».
C'est au nom du district qu'il poursuit l'exécution des
lois. Ainsi, il envoie l'ordre de « partir » aux citoyens
de IsL première réquisition, jeunes gens de 18 à 25 ans,
compris dans la levée en masse du 16 août 1793. Il dé-
nonce au comité révolutionnaire les parents des réquisi-
tionnaires déserteurs. A propos du maximum, il écrit à
ce comité (20 juillet 1794) : « La dépravation et l'immo-
ralité sont au point que, publiquement, sur les places,
dans les marchés, on négocie au mépris de la loi. Con-
courez avec moi, citoyens, à changer cet ordre anti-social.
Appliquez aux coupables les peines que la loi leur
inflige. »
C'est aussi au nom du district qnil dirige les munici-
Digitized by
Google
— 265 —
palités de village. De 1789 à 1793, ces municipalités
n'avaient pas été plus soumises aux administratious de
département, que celles-ci au pouvoir central. Maintenant,
des communes au district, la subordination est aussi
complète que le permettent les circonstances.
Au lendemain du décret du 14 frimaire, les communes
ont élu agents nationaux leurs procureurs-syndics. Dans
la suite, si un de ces agents vient à mourir ou à se re-
tirer, c'est au district que la municipalité villageoise
demande de nommer son successeur. Tous les dix jours,
Tagent national de la commune lit les lois aux paysans
réunis dans « le temple de TÊtre suprême » ; tous les dix
jours, il expose à l'agent du district comment les lois
sont exécutées dans la paroisse, et lui rend compte, en
général, de ce qui s'est passé. Toute municipalité « qui
ne marche pas dans les sentiers de la Révolution » se
voit adjoindre un « commissaire civil » chargé d'exécuter
les décrets « dans toute leur rigueur ». *
Quant à l'administration proprement dite, l'agent na-
tional du district gère les biens nationaux. A ce titre, il
appose les scellés sur les maisons des condamnés à mort
et des émigrés, fait creuser dans les caves où l'on pense
trouver enfouis des objets précieux, et reçoit du comité
révolutionnaire des « pochées d'effets » saisis sur les .
personnes arrêtées : clefs, couteaux, portefeuilles, argent
de poche, etc.
A lui aussi de s'occuper des subsistances. Au mois
d'avril 1 794, le général Rossignol a fait refluer sur Laval
3.000 à 4.000 paysans des paroisses suspectes. Effrayée,
la municipalité prie l'agent national de faire conduire à
Laval toutes les denrées que l'on pourra trouver dans les
campagnes.
Au point de vue financier, il surveille toutes les caisses
et tous les comptables. Le 12 février 1795, il estchargé,
par le district, de procéder à la levée des scellés qui ont ,
été apposés sur les bureaux d'un « ci-devant receveur du
district ».
Digitized by
Google
— 266 —
Contre les « brigands » ou Chouans, il prend ou fait
prendre toutes mesuras de sûreté générale et de défense.
Il prescrit aux paysans de couper les bois taillis, le long
d:s grandes routes, à 500 pas au moins de droite et
de gauche, et de fermer, toutes les nuits, leurs granges
et étables. 11 veille à ce que les gardes nationaux fassent
personnellement leur service. Il envoie fouiller les
endroits suspects pour détruire tout noyau d'attroupe-
ment. Au besoin il accompagne, à la tète des détache-
ments et des patrouilles, « les chefs de la force armée »,
comme un représentant en mission.
Pour l'armée en général, il fait recenser, canton par
canton, les chevaux du district ; il réquisitionne grains,
paille et fourrages.
11 a môme des fonctions judiciaires. Du 4 avril au 20
mai 1794, le comité révolutionnaire de Laval a reçu 159
dénonciations, opéré 84 arrestations, procédé à autant
d'interrogatoires. Or, d'après un décret du 18 nivô.«e
an II (7 janvier 1794), c'est à l'agent national que sont
transmis tous procès-verbaux d'arrestation et d'inter-
rogatoire ; à lui de décider qui est compétent, du tribunal
correctionnel ou de la commission militaire. Avec les
membres du comité révolutionnaire, il va visiter les
prisons pour les faire réparer, s'il y a lieu, et « classer »
les détenus.
Tel fut, à Laval, le rôle de l'agent national près le
district, alors que la Terreur était « à l'ordre du jour ».
Le 9 thermidor n'amena pas la chute immédiate du
gouvernement révolutionnaire, qui ne se désagrégea
que peu à peu. Le 7 fructidor (24 août 1794), la Con-
vention supprima les comités révolutionnaires de canton.
Puis, le 7 vendémiaire an 111 (28 septembre), elle pres-
crivit d'épurer les -autorités constituées. A Laval,
l'épuration fut faite par le représentant Boursault (15
novembre 1794). C'est par erreur que M. Queruau-
Lamerie fixe à cette date la disparition du comité
révolutionnaire de Laval ; Boursault ne supprima que
Digitized by
Google
— 267 ^
la commission militaire. Il maintint à son poste l'agent
national Tellot fils, et le chargea d'installer les nouveaux
fonctionnaires.
Dans cette seconde période, la besogne de l'agent
national est moins lourde, parce que le comité révolu-
tionnaire lui transmet moins de procès verbaux d'arresta-
tion et d'interrogatoire. La Convention, où les Giron-
dins ont repris faveur, essaie de ramener les Chouans
par la clémence, et si ceux du district de Laval restent
« sourds à la voie de la Patrie »• Charette fait sa
soumission le 7 février 1795 Un décret du l®*" ventôse
an III (19 février 1795) supprime les comités révolution-
naires des villes au-dessous de 50.009 âmes, et, par
suite, celui de Laval.
LHnfluence girondine est encore plus sensible dans le
décret du 28 germinal an III (17 avril 1795), qui rapporte
celui du 14 frimaire an II, en ce qu'il restitue aux admi-
nistrations du département « la plénitude des fonctions »
qui leur étaient attribuées avant le mouvement fédéra-
liste. En conséquence, un arrêté des représentants Grenot,
Guezno et Guermeur rétablit à Laval le procureur
général-syndic du département, et remplace Tagent
national Tellot fils par un sieur Defermon, qui reprend
l'ancien titre de procureur-syndic du district (2 mai 1795).
Si « l'agent national près le district » a duré moins de
deux ans, on peut dire, à en juger par le district de
Laval, que sa charge n'a pas été une sinécure. Il nous
apparaît comme une sorte de Maître Jacques administra-
tif, avec des attributions presque aussi variées que celles
de l'ancien intendant de justice, police et finances. Sous
le Directoire, son héritier direct sera le commissaire
près l'administration départementale, et c'est précisé-
ment Tellot fils, l'ex-agent national, qui exercera, à
Laval, ces fonctions de commissaire. On aurait donc
tort de croire qu'il n'y a eu aucune transition entre le
régime décentralisateur de la Constituante et la centra-
lisation despotique do Bonaparte.
GALLA.ND.
Digitized by
Google
LE CHATEAU DU COUDRAY
ET LES
CHATELLEiMES DE CHEMERË
ET DE SAINT-DENIS-DU-MAINE
La campagne maritime .de 1691 ne fut marquée par
aucun fait mémorable ; cette année-là pourtant, de mai à
décembre, nos flottes ne cessèrent de tenir la mer, soit
que. sous Nesmond d'abord, puis sous Château-Renaud,
elles allassent porter des secours en Irlande, soit que,
sous le commandement suprême de Tourville, elles
fussent occupées à croiser à l'entrée de la Manche,
attendant une occasion favorable d'attaquer la flotte
anglo-hollandaise*. Christophe-Jacques de Sévigné et
son frère semblent avoir pris part l'un comme l'autre à
ces diverses opérations : le premier sur le Terrible où,
sous le sieur de Vaudricourt, capitaine en premier, il
remplissait les fonctions de capitaine en second 2, et
Jacques-Christophe sur V Entreprenant dont il était seul
capitaine^. Ce qui est en tout cas certain, c'est qu'après
s'être trouvé en mai à la première expédition d'Irlande,
puis dans les mois suivants à la croisière de la Manche,
1. Voir les mémoires de Dangeau.
2. Voir A. N. Mar. B/2. 76 {ordres du Roy) f» 41, et revues
Laffilard.
3. Voir ibidem, f^ 219. et revues Laffilard,
Digitized by
Google
— 269 —
Y Entreprenant fut au nombre des vaisseaux de l'escadre
de Chôteau-Renaud qui en octobre retournèrent en
Irlande chargés d'y amener de nouveau secours, arrivè-
rent, hélas! après la capitulation de Limerick, et rame-
nèrent du moins en France les débris de l'armée irlan-
daise*. Quant au Terrible, mêlé d'abord aux opérations
du début de la campagne, désigné même en août pour
faire partie de l'escadre de Château- Renaud, il avait dû
désarmer à Brest dès la fin de septembre^. Il est vrai
que Christophe-Jacques de Sévigné ne comptait peut-être
plus à cette époque dans l'état-major de ce vaisseau, si
du moins nous nous rapportons à une liste parue à Ver-
sailles le 27 du mois précédent et contenant les noms
<c des officiers nommés pour servir sur les vaisseaux qui
tiendront la mer l'hyver prochain » ; le « sieur de Sévigné-
Monmoron » y figure déjà comme capitaine en second du
Vermandois dont le capitaine en premier était, d'ailleurs,
le sieur de Vaudricourt, l'ancien commandant du Terri-
ble\
Après la campagne de 1691 les deux frères de Sévigné
obtinrent quelques mois de congé qu'ils allèrent passer
dans leur terre du Bas-Maine. Aussi voyons-nous à la
date du 27 février 1692 « haut et puissant seigneur
Messire Jacques-Christophe de Sévigné » parrain en
l'église de la Bazouge avec sa fille « demoiselle Marie-
Charlotte de Sévigné » d'un fils de René-François Raison
qui reçut en Thonneur de son parrain le nom de Jacques-
Christophe.
Vers la même époque, les chapelles de Vauberger en
Saint-Denis-du-Maine et de la Rougelinière au Genest
ayant perdu leur titulaire par suite de la mort de
M® Mathieu de Montreuil, « messire Christophe-Jacques
1. Voir mémoires de Dangeau, revues Laffilard, et A. N. Mar.
B/2. 76, fo 219, aux dates du 3 septembre et du 2 octobre.
2. Voir A. N. Mar.. revues Laffilard, et B/2. 76, à la date du
21 septembre.
3. Voir A. N. Mar. B/2. 76, f> 231.
Digitized by
Google
— 270 —
de Sévigné, capitaine des vaisseaux du Roy, seigneur
de JVfonmoron, Vauberger et autres lieux », profita de
sa présence au Coudray pour présenter à la collation de
l'évéque du Mans, comme candidat à ce double bénéfice,
M" François Raison, déjà curé de la Cropte, qui, bientôt
agréé, ne devait pas tarder à en prendre possession*.
Cependant la campagne de 1692 était sur le point de
s'ouvrir. Dès le 13 février, c'est Dangeau qui nous
l'apprend, le Roi avait tenu conseil avec le Roi d'Angle-
terre (Jacques II), M. de Pontchartrain, M. de Tourville,
le chevalier de Château-Renaud, d'Amfreville et Gabaret
sur ce que notre flotte allait entreprendre cette année-là.
Or le plan adopté à la suite de ce conseil avait été celui
d'une descente en Angleterre qui devait avoir lieu vers
le milieu d'avril. Aussitôt on s'était mis à l'œuvre. Des
armements avaient été faits avec la plus grande célérité
à Toulon, à Rochefort, à Brest, pendant que la flotte de
transport se réunissait à Saint-Malo et à Granville, et
que l'armée de terre du maréchal do Bellefonds se
rassemblait aux environs de la Hougue et du Hâ\Te.
Vers le milieu de mars on connaissait la composition des
différentes escadres devant former la flotte qui allait
être placée sous les ordres de Tourville depuis longtemps
déjà investi du commandement suprême. Pour ne parler
que du département de Brest, celui qui nous intéresse
le plus, son contingent fut réparti en trois escadres
dont l'une devait être commandée directement par
Tourville et les deux autres par Nesmond et Château-
Renaud. C'est dans cette dernière escadre, dite la pre-
mière escadre de Brest, que Jacques-Christophe de
Sévigné allait servir pendant la campagne de 1692. On
lui avait conservé le commandement de V Entreprenant
sur lequel il avait déjà fait la campagne de l'année
précédente, et son état-major se composait cette fois des
sieurs de Norey et des Chillais, lieutenants, des sieurs
1. Arch. de la Sarthe, insinuations, ecclésiastiques.
Digitized by
Google
— 271 —
de Lestang, d'Imbleval et de la Picqueraye, enseignes*.
Désigné de son côté dès le mois de janvier pour faire les
fonctions de capitaine en second sur le Conquérant^ sous
le sieur du Magnon, capitaine en premier, Chistophe-
Jacques de Sévigné allait se trouver placé dans la seconde
escadre de Brest, celle que commandait directement
Tourville^.
Ce fut, on le sait, le 9 mai seulement que la flotte de
Tourville put sortir de la rade de Brest ; elle comptait,
en y comprenant la deuxième escadre de Brest, et par
conséquent le Conquérant^ trente-neuf vaisseaux de
guerre et sept brûlots. Elle était loin d'être au complet.
11 lui manquait encore Tescadre de Toulon conduite par
d'Estrées, celle de Rochefort que commandait Villette,
enfin six vaisseaux restés à Brest sous Château- Renaud
pour compléter leur armement et dox^t faisait précisément
partie l'Entreprenant'^.
Dans ces conditions, Tamiral français eût assurément
mieux fait, et c'était d'ailleurs son avis, d'attendre, avant
de prendre la mer, la réunion de toutes les forces dont
il pouvait disposer ; mais ce n'était pas ainsi que l'enten-
dait l'incapable Pontchartrain dont les ordres aussi
précis que pressants l'avaient contraint à prendre
immédiatement l'offensive. Il avait donc mis à la voile
le 9 mai, comme nous l'avons dit, avec 37 vaisseaux
seulement sur les 68 qu'il aurait dû avoir sous ses ordres,
fut arrêté pendant quinze jours par la violence du vent
entre la pointe du Cotcntin et celle du Devonshire, et
enfin le 29 mai, au lever du jour, comme il se trouvait
entre les caps de la Hague et de Barfleur, il aperçut tout à
coup en face de lui les deux flottes anglaise et hollandaise
1. Voir A. N. Mar., B/2. 82 (ordres du Roy), f> 76 yo.
2. Voir A. N. Mar., B/2. 82, f» 36 et 76 et suivants.
3. Voir au sujet de ces six vaisseaux, A. N Mar., B/2. 84
(Registre des dépêches) : lettres du ministre Pontchartrain à
Desclouzeaux et à Forant du 24 mai, à Desciouzeaux et à Bonre-
pos du 28 mai.
Digitized by
Google
— 272 —
qui venaient de faire leur jonction et présentaient ainsi
réunies un formidable ensemble de 99 vaisseaux. Contre
des forces aussi imposantes, quelle allait être l'attitude
du commandant en chef de la flotte française ? Aux
trente- sept vaisseaux avec lesquels il avait quitté Brest
étaient bien venus se joindre tout récemment les sept
navires amenés de Rochefort par Villette ; mais il était
toujours sans nouvelles de Tescadre de d'Estrées aussi
bien que des six vaisseaux de Château-Renaud. En
somme, tout compte fait, il n'avait que 44 vaisseaux à
opposer aux 99 des ennemis !
Aussi Tourville eut-il un moment d'hésitation. Il
assembla, dit Henri Martin, le conseil de guerre à son
bord. Tous les officiers généraux furent d'avis d'éviter
la bataille. Tourville exhiba l'ordre du Roi. Chacun se
tut et, peu de moments après, la flotte française se laissait
porter à toutes voiles sur l'immense masse ennemie qui
semblait devoir l'engloutir au premier choc.
Nous n'avons pas ici la prétention de raconter dans
tous ses détails la célèbre bataille de la Hogue, si
glorieuse pour nos armes, bien que si néfaste par ses
conséquences Nous nous attacherons seulement à mettre
en relief le rôle qu'y joua le vaisseau le Conquérant,
engagé au plus fort de la bataille, et l'un des plus
rapprochés du Soleil royal, celui que montait Tourville.
« Au commencement du combat », dit le dernier et
plus complet historien de la bataille de la Hougue,* « le
Soleil Royal avait fait plier le centre anglais sous le feu
destructeur qui, par ses 106 sabords, semait autour de
lui la mort et amoncelait les décombres sur les vaisseaux
ennemis. Poursuivant ses succès, et vigoureusement
secondé par l'Ambitieux, que commandait Villette, par
la Couronne, le Maine, le Courageux, la Perle, le Glo-
rieux, le Conquérant^ le Saint-Philippe, l'Admirable, le
1. Voir La Bataille de la Hougue vtov Georges Toudouze,
Paris, librairie militaire R. Chapelet et Cfie, 1899.
Digitized by
Google
— 273 —
Content, le Souverain, tous vaisseaux armés d*une forte
artillerie^ ^ Tourville voulut probablement essayer de
couper l'armée ennemie en deux tronçons, en enfonçant
et détruisant le centre du corps de bataille. » Mais les
Anglais, étant trois contre un, arrêtèrent les efforts les
plus désespérés, et attaquèrent avec furie TourviLe et
Villette qui se trouvaient engagés plus avant que leurs
conserves ; la lutte prit à ce moment des proportions
gigantesques. « La postérité ne pourra pas croire ce qui
se passa à cette occasion : 8 ou 9 vaisseaux français
combattirent des deux bords durant sept heures cette
foule d'alliés qui les entouraient ». On se battit sur tous
les vaisseaux avec une valeur incroyable, jamais on ne
vit un feu si vif et des actions aussi éclatantes. « On vit
éclore les actions les plus brillantes, chaque officier,
chaque soldat croiait trouver dans sa propre valeur le
salut de la flotte entière, et puisait de nouvelles forces
dans un courage qu'augmentait encore la position cruelle
où Ton était. Le comte de Tourville courut alors le plus
grand danger ; les Anglais s'acharnèrent à lui et à M. de
Villette d'une façon si opiniâtre qu'ils furent totalement
désemparés. Dans cette extrémité, le marquis de
Goetlogoii et M. de Bagneux se hâtèrent de venir à son
secours et s'efforcèrent de diminuer le péril en le parta-
geant avec eux. Alors la chaleur de l'action parut être
montée à son comble, chacun trouva une nouvelle
ressource dans une fermeté inépuisable, les chevaliers
de Montgon, de Sainte-Maure, de Fouquières, et d'Her-
vant, MM. du Rivau, de Ghalais, du Maignon^ d'Anfre-
ville, de Beaujeu et de la Rochelard donnèrent les preuves
les plus éclatantes d'un courage héroïque... '^ »
1. Le Conquérant, vaisseau de 2^ rang, portait 86 canons et
600 hommes d'ëauipages. Il avait été construit à Toulon en 1688
(Voir mémoires de Villette, note).
?. Les deux passages placés entre guillemets et reproduits par
M. Toudouze sont extraits, le premier, du Traité des évolutions
navales y:xv le Père Hoste, le second, du manuscrit d'Hamecourt
conserve aux archives du ministère de la marine.
Digitized by
Google
— 274 —
Comme on le voit, sî Jacques-Christophe de Sévigné
avait su mériter pour sa conduite à la journée de Bévé-
ziers les éloges de Château-Renaud, cette fois c'était son
frère Christophe-Jacques qui, sur le pont du Conquérant^
i\ Tendroit le plus chaud et le plus périlleux de la bataille,
avait combattu pendant près de sept heures presque sous
les yeux de Tourville.
Cette grande journée, dit H. Martin, se termina sans
aucun désavantage pour ceux qui avaient combattu à
peine un contre deux. Malheureusement elle eut un
triste lendemain. On sait ce qui se passa. Le 20 mai,
incapable de renouveler le prodigieux effort de la veille,
notre flotte crut échapper à la poursuite de Tennemi en
passant le raz de Blanchard pour retourner à Brest. Le
31 au matin, 22 vaisseaux sortirent du raz sans encombre
et allèrent, conduits par Panetier, chercher un asile à
Saint-Malo ; mais il n'en fut pas de même de douze des
navires qui composaient le reste de la flotte. Ramenés
sous le vent des ennemis, ils allèrent s'échouer à la
Hougue où, abandonnés par leurs équipages, ils furent
le 2 et le 3 juin brûlés par les Anglais à la vue des
Français. Par bonheur pour le chevalier de Monmoron,
son vaisseau n'était pas parmi ceux qui eurent cette
lamentable fin. Le Conquérant était au contraire au
nombre des 22 vaisseaux déjà en sûreté à Saint-Malo' ;
il est vrai que, bloqué par la flotte anglaise, cot
important débris de la flotte de Tourville allait y rester
prisonnier pendant plus de trois mois.
Que faisaient pendant ce temps-là les six vaisseaux
qui, sous les ordres de Château-Renaud, n'avaient pu
quitter Brest que dans les derniers jours de mai et dont
faisait partie, nous l'avons vu, le navire commandé par
le chevalier de Sévigné ? N'ayant pu arriver à temps pour
rejoindre Tourville avant la bataille de la Hogue dont ils
1. Voir A. N. Mar., B/2. 82, à la date du 20 août. Liste des
vaisseaux qui sont à Saint-Malo.
Digitized by
Google
— 275 —
avaient appris en route les tristes conséquences, ils
rebroussèrent aussitôt chemin et se joignirent à la flotte
de d'Estrées qui venait précisément d'arriver à Brest'.
Ils y étaient encore à la fin d'août, époque à laquelle
nous voyons Y Entreprenant^ toujours commandé par le
chevalier de Sévigné, cité parmi les vaisseaux alors
(( armés au port de Brest sous le commandement du sieur
comte d'Estrées^ ».
Placé désormais sous les ordres de ce dernier, qui ne
tarda pas à être envoyé à la tête de quinze vaisseaux dans
la Méditerranée pour combattre la flotte espagnole^,
Jacques-Christophe de Sévigné le suivit sur VEntrepre^
nant^ et, la campagne terminée, désarma à Toulon^ où
il passa l'hiver et d'où il put aller faire sa cour au comte
de Grignan, toujours lieutenant général de Provence,
et alors plus en faveur que jamais.
Au commencement de l'année 1693, tandis que son
frère était ainsi retenu loin des siens par les exigences
de sa carrière, le chevalier de Montmoron se trouvait au
Coudray auprès de sa belle-sœur. Nous voyons en effet
à la date du 27 janvier, « messire Christophe-Jacques de
Sévigné, chevalier de Monmoron », parrain en l'église
de la Bazouge avec « dame Marie-Anne de Mescan,
épouse de Messire Jacques- Christophe de Sévigné, comte
dudit lieu, demeurant de présent en leur chasteau du
Coudray, paroisse de Seint-Denis-du-Maine », de
Jacquine-Marie Raison.
Quelques jours après, le beau-frère d'Anne de Mescan
retournait à Brest où le rappelait son service dans ce
port. Il venait d'être choisi par le Roi pour servir en
qualité de capitaine en second sur le Brillant, commandé
1. Voir A. N. Mar., B/2. 84, f» 766. Lettre de Pontehartrain à
Château-Renault.
2. A. N. Mar., B/2. 82, à la date du 31 août.
3. Voir mémoires de Dangeau.
4. Voir A. N. Mar., Revues Laffîlard.
Digitized by
Google
- 276 —
par le commandeur de Combes ^ Cette année-là une
grande flotte fut, comme les années précédentes, assemblée
à Brest, sous les ordres de Tourville. Il ne s'agissait
plus, il est vrai, d une descente en Angleterre ; l'idée en
avait été abandonnée. Le plan de campagne proposé par
Vauban au Roi, et qui avait été accepté, consistait cette
fois à attaquer, avant que la flotte anglaise eût pu en
protég(îr le départ, une immense flotte marchande appelée
la flotte de Smyrne, composée de tous les navires anglais,
hollandais, hambourgeois et flamands à destination de
la Méditerranée et du Levant. On assembla donc à Brest
à cet effet dans le courant du printemps une flotte de
71 vaisseaux de ligne qui devait être renforcée, chemin
faisant, de 22 navires amenés de Toulon par d'Estrées.
La première de ces deux flottes, dont faisait partie le
Brillant^ placé dans Tescadre d'avant-garde sous Château-
Renaud et dans la division de Relingues ^, partit de
Brest le 26 mai à l'insu des ennemis, et flt voile pour la
côte des Algarves où d'Estrées devait rallier Tourville,
et où tous deux devaient attendre la flotte de Smyrne.
Quelques semaines après, celle-ci partait à son tour des
côtes d'Angleterre, convoyée jusques ve/s le golfe de
Gascogne par la flotte anfçlo-betave, puis, à partir de cet
' endroit, escortée seulement par une escadre de vingt-trois
vaisseaux que commandait le vice-amiral Roocke. Au
moment où elle allait s'engager dans le détroit de Gibral-
tar, Tourville, qui l'attendait dans la rade de Lagos,
derrière le cap Saint- Vincent, se jeta sur elle à l'impro-
viste, et, après avoir mis en fuite son escorte, la prit ou
détruisit en grande partie. Telle fut la bataille de Lagos,
livrée le 27 juin 1693, à laquelle assista certainement, sur
le vaisseau qu'il commandait en second cette année-là, le
chevalier de Monmoron, et où il eut la consolation de
contribuer à la revanche de la journée de la Hougue.
1. Voir A. N. Mar., B/2. 88, f» 33.
2. Voir A. N. Mar., B/4. 14, à la date du 26 mai.
Digitized by
Google
- 277 -
Quant au chevalier de Sévigné, il semblait que.
depuis le combat de Bévéziers où son rôle avait été si
brillant, une sorte de guignon se fût attaché à lui, le
privant désormais de toutes les occasions de se distin-
guer. Déjà, l'année précédente, la petite escadre dont il
faisait partie sous Château Renaud n'avait pu, nous
l'avons vu, arriver à temps pour se trouver à la néfaste
mais glorieuse journée de la Hougue ; or, depuis qu'il
avait été placé sous les ordres de d'Estrées, il n'avait pas
été plus heureux. Sans parler de la dernière campagne
de 1692 où la flotte française était arrivée à Toulon sans
avoir pu joindre la flotte espagnole, une nouvelle expédi-
tion à laquelle, dans les premiers mois de 1693, il avait
pris part sur Y Entreprenant ^ ne lui avait pas rapporté
plus de gloire ; nous voulons parler de l'expédition que
d'Estrées avait entreprise pour aller brûler à Baies près
de Naples les vaisseaux d'Espague, mais qu'il aban-
donna bientôt à cause du mauvais temps^. Enfin, quand
au commencement de mai, le commandant de la flotte du
Levant reçut l'ordre de sortir de la Méditerranée afin de
concourir avec Tourville à l'attaque projetée contre la
flotte de Smyrnc, Jacques-Christophe de Sévigné put
se croire à la veille d'assister à quelque beau fait
d'armes qui, comme la journée du 10 juillet 1690, ferait
époque dans son existence. Mais, retardé par le siège de
Roses en Catalogne, où ses vaisseaux durent appuyer
l'armée de Noailles, retenu ensuite au cap de Gala par
les vents contraires, d'Estrées ne put opérer sa jonction
avec Tourville que le 18 juillet, plus de quinze jours par
conséquent après la bataille de Lagos, et lorsque celui-ci,
qui venait de se remettre en route, était déjà devant
Malaga^.
Du reste le chevalier de Sévigné ne commandait plus
1. Voir A. N. Mar., Revues Laffilard.
2. Voir mémoires de Dangeau.
3. Ibidem.
18
Digitized by
Google
- 278 —
alors V Entreprenant \ au moment où la flotte du Levant
allait quitter Toulon, on lui avait donné un autre vais-
seau, le Belliqueux, fort de 76 canons et de 750 hommes ^
Une fois les deux flottes réunies, Tourville en prit na-
turellement le commandement suprême, et il semble
qu'il y ait eu alors tout un remaniement dans la compo-
sition des escadres. D'après V « ordre de bataille de
l'armée navale commandée par M. le Maréchal de Tour-
ville, vice-amiral, depuis la jonction du comte d'Estrées
devant Malaga », Jacques-Christophe de Sévigné venait
avec son vaisseau le Belliqueux de prendre la place de
son frère dans la division du comte de Relîngues qui
faisait, nous l'avons dit, partie de l'escadre commandée
par Château-Renaud. D'un autre côté le vaisseau le Bril-
lanty à bord duquel se trouvait toujours comme capitaine
en second Christophe-Jacques de Sévigné, était allé
prendre place aux côtés de Tourville, non seulement
dans l'escadre de ce dernier, mais dans sa propre
division*.
La flotte française se rendit alors à Toulon pour y
passer la fin d'août et le commencement de septembre ^.
C'était la première fois, à notre connaissance, que les
deux frères de Sévigné se trouvaient réunis dans ce port
où nous les avons vus plus d'une fois résider séparément.
Enfin le 21 septembre Tourville partit des îles d'Hières
avec 25 vaisseaux de guerre qu'il ramenait à Brest, port
désigné pour leur désarmement ; parmi ces vaisseaux
se trouvait le Brillant'^ ; quant au Belliqueux^ faisait-il
toujours partie de l'escadre de Château-Renaud, et suivit-
il ce dernier à Brest, ou bien désarma-t-il à Toulon ? Nous
1. Voir A. N. Mar., B/4. 14 : ordre de bataille de l'armée navale
commandée par M. le Maréchal de Tourville depuis la jonction
du comte d'Ëstrées devant Malaga.
2. Ibidem.
3. Voir mémoiies de Dangeau.
4. Voir A. N. Mar., B/2. 88, à la fm : liste des vaisseaux oui
restent sous le commandement de M. le Maréchal de Tourville.
Digitized by
Google
-- 279 —
ne saurions le dire. Toutefois, ce qui est certain, c'est
que l'année suivante nous retrouverons le chevalier de
Sévigné attaché au département de Toulon.
Dans la campagne navale de 1694, la France, dit
H. Martin, ne fit qu'un armement très inférieur à ceux
des années précédentes. Cela nous explique pourquoi
cette année-là Christophe-Jacques de Sévigné ne reçut
aucun commandement actif. Mais, s'il semble n'avoir
guère quitté le port de Brest, il contribua peut-être au
mois de juin, sous les ordres de Langeron, à la défense
par terre de ce port sérieusement menacé par les Anglais
qui avaient essayé de s'en emparer par surprise.
Dans les premiers jours de février de cette même
année 1694, il avait été fait une nombreuse promotion
de chevaliers pour l'ordre de Saint-Louis, nouvellement
institué. Dangeau dit qu'il y en eut 198 parmi les offi-
ciers de terre, 48 parmi ceux des vaisseaux, et 4 parmi
ceux des galères. Or, dans la la liste de ces nouveaux
chevaliers donnée par la Gazette de France, nous voyons
figurer, entr'autres capitaines de vaisseaux, le sieur de
Sévigné.
A cette époque, le mari de Marie-Anne de Mescan,
retenu par son service à Toulon quand il n'était .pas en
mer, ne devait guère avoir le loisir de vaquer lui-même
à l'administration de ses terres du Bas-Maine. Aussi
avait-il au moyen d'une procuration chargé sa femme de
le représenter à cet égard. C'est ainsi que nous voyons
le 18 mai 1694, par acte passé devant. M* Raison, notaire.
à la Bazouge, « dame Marie-.\nne de Mescan, épouse
de Messire de Sévigné, et sa procuratrice, » affermer à
Jacques Coignard et sa femme la métairie de la Quiaterie
pour 200 livres, plus, à titre de faisances, 6 chapons,
6 poulets, 9 livres de beurre, et un certain nombre de
journées d'ouvriers, corvées et labours à faire au domaine
du Coudray.
Le 21 du même mois, avait été arrêiée à Ver-
sailles la « liste dos oftlcicrs de marine choisis par le
Digitized by
Google
— 280 --
Roy pour servir sur les vaisseaux... que S. M. fcût in-
cessamment armer uu port de Toulon ». Cette liste nous
fait connaître que « le sieur de Sévigné », était cette
année-là destiné à commander le Saas^Pareil. Son état-
major devait se composer du « sieur Bosquet, capitaine
de frégate, des sieurs Simonnet de la Gassinière, et
Deydier, lieutenants, enfin des sieurs de Villiers, cheva-
lier de Fabrègues, et de la Vernée, enseignes. Le Sans-
Pareil était d'ailleurs armé de 55 canons, et fort de 350
hommes*.
En cette année 1694, Tourville avait été mis à la tête
de la flotte de la Méditerranée, et avait reçu pour mission
de seconder par mer les opérations de Noailles en Cata-
logne. Quand il partit de Toulon dans les derniers jours
de mai, le Sans-Pareil faisait partie de son avant-garde^.
Cependant, après avoir fait sa jonction dans la baie de
Roses avec Château-Renaud qui était venu à Brest à la
tête d'une escadre, il s'avança vers le déiroitde Gibraltar
pour y attendre la flotte anglaise de l'amiral Russel
envoyée au secours des Espagnols. Mais bientôt, n*osant
pas prendre la responsabilité de lutter contre celle-ci
avec des forces évidemment inférieures, il prit le parti de
rentrer à Toulon où il était de retour un mois après son
départ^. On craignait même à cette époque une descente
de la flotte anglaise sur les côtes de Provence, et à la
date du 7 juillet les vaisseaux français furent disposés en
avant de notre principal port méditerranéen de façon à
le protéger, le cas échéant, contre une attaque de vive
force. Le Sans-Pareil dans cette grave circonstance avait
été, nous le savons, posté dans la vieille darce^. Par
bonheur ces précautions se trouvèrent inutiles ; la flotte
anglaise ne dépassa pas Malaga et ne tarde pas à repasser
1. Voir A. N. Mar., B/2. 101.
2. Voir A. N. Mar., B/4. 15, f> 282.
3. Voir mémoires de Dangeau.
4. Voir A. N. Mar. B/4. 15. f 309.
Digitized by
Google
— 281 —
le détroit de Gibraltar. On <^tait alors dans les premiers
jours d'octobre ; Tourville n'hésita pas à recommencer la
campagne. Il remit sa flotte à la mer et la mena sur les
côtes de Catalogne ; enfin il la ramena définitivement à
Toulon au bout de quelques semaines ^ Ainsi finit pour
le chevalier de Sévigné la campagne de 1694 à la suite
de laquelle il allait passer pour la troisième fois Thiver
en Provence.
Au printemps de Tannée 1695 Jacques-Christophe de
Sévigné, se vit rappelé h Brest et nommé au comman-
dant de Porzic. Le Porzic est aujourd'hui un fort très
important qui protège l'entrée de la rade de Brest; à l'é-
poque dont il s'agit, l'autorité militaire, instruite par
l'expérience de l'année précédente, et redoutant non sans
raison une nouvelle entreprise des Anglais sur notre
principal port du Ponant, venait de faire établir en cet
endroit des batteries construites sous la direction de
Vauban lui-môme, pourvues de munitions de guerre et
ustensiles nécessaires, desservies enfin par des canon-
niers et des matelots 2. Telles étaient ces nouvelles bat-
teries du Porzic que, en vertu de lettres à lui adressées
de Versailles en date du 15 juin 1695, le chevalier de
Sévigné était désormais appelé à commander^. Nous
savons d'ailleurs, grâce à diverses quittances données
par lui en septembre, octobre et novembre de la même
année, que les appointements comme « capitaine de vais-
seau, commandant au Porzic », montaient à la somme de
300 livres par mois*.
De son côté, Christophe-Jacques avait ser^^ pendant le
cours de cette même année 1695 au port de Brest, ^ et en
1. Voir mémoires de Dangeau.
2. Voir A. N. Mar. B/2. 106, ^ 178 : lettre écrite le 30 mars par
le ministre Pontchartrain à M. Desciouzeaux.
3. Voir A. N. Mar. B/2. 105, f> 151 v«.
4. Voir Bibl nat., man. f. fr. 26.255.
5. Voir Revues Laffilard*
Digitized by
Google
— 282 —
septembre on lui voit donner quittance de la somme de
150 livres à lui ordonnée pour ses appointements pendant
le mois de juillet'.
En juin 1696 le chevalier de Se vigne fut de nouveau
appelé à commander les batteries du Porzic. Le 10 juillet
suivant, il reçut de Marly Tordre do se rendre à Dun-
kerque pour y « commander en second ce qui concerne
la marine )>^. Mais un autre ordre du Roi du 24 du même
mois lui permit de rester au Porzic pour y commander ^.
Sans doute avait- il réclamé contre ce changement de
garnison qui devait lui sourire médiocrement. D'ailleurs,
si ses services avaient paru utiles au port de Dunkerque
bloqué et incendié au mois de juin par la flotte anglo-
hollandaise, ils ne le furent pas moins h Brest à la fin de
juillet, quand les Anglais reparurent en vue de ce port
et semblèrent un moment le menacer^.
A la fin d'octobre Jacques-Christophe de Sévigné fut
relevé de son commandement^, et, dans les premiers
jours de décembre, il se rendit pour quelques semaines
auprès de sa femme et de sa fille au Coudray. C'est
pendant ce court séjour dans sa terre du Bas-Maine que
nous voyons « messire Jacques-Christophe, comte de
Sévigné, chevalier, capitaine des vaisseaux du Roy au
département de Brest, province de Basse Bretagne, y
demeurant ordinairement, de présent à son château du
Coudray, paroisse de Saint-Denis du Maine », passer par
actes devant M* Raison, notaire à la Bazouge, deux baux
relatifs Tun au lieu de la Moisinière, l'autre au lieu et
métairie de la Chesnaye.
Nous avons vu qu'en février 1694 le chevalier de Sé-
vigné avait été nommé chevalier de Saint-Louis. Au
1. Voir Bibl. nat., man. f. fr. 26.255.
2. Voir. A N. Mar., B/2. 114. r> 179.
3. Voir ibidem. P> 184.
4. Voir mémoires de Dangeau.
5. Voir Revues Laffîlard.
Digitized by
Google
— 283 —
printemps de Tannée 1697 il reçût une nouvelle preuve
de la bienveillance du Roi à son égard. Le l*' avril en
effet le ministre de la marine Pontchartrain lui délivra au
nom de son maitre un brevet de mille livres de pension
dont voici la teneur * :
« Aujourd'hui, premier du mois d'avril mil six cent
quatre vingt dix sept, le Roy, estante Versailles, voulant
gratifier et favorablement traitter le sieur de Sévigné,
capitaine de vaisseau, en considération de ses services et
pour lui donner le moyen de les continuer, S. M. lui a
accordé et fait don de mille livres de pension annuelle
sur la marine, à la place du sieur d'Aligre Saint-Lié,
notre capitaine de vaisseau, auquel S. M. en a accordé
une de 1.500, laquelle pension de mille livres sera payée
audit sieur de Sévigné à commencer de cejourd'huy sur
ses simples quittances..., et pour tesmoignage de sa
volonté, S. M. m'a commandé de luy expédier le présent
brevet qu'elle a voulu signer de sa main et être contre-
signé par moy conseiller, secrétaire d'estat et de ses
commandements et finances.
Signé : Louis,
et plus bas Phélippeaux. »
11 est à remarquer que le brevet en question, expédié
le 1"*" avril à Versailles, fut enregistré le 27 mai suivant
au contrôle de la marine, non pas au port de Brest, mais
à celui de Lorient. C'est que, dans l'intervalle de ces deux
dates, Jacques-Christophe de Sévigné avait été nommé
commandant en second, sous le chevalier de Rosmadec,
chef d'escadre, au département de Port-Louis 2. Promue
celte fonction le 24 avril, il commença à l'exercer le l*""
mai, pour ne la quitter qu'au 1**' décembre suivant 3.
1. Ce document dont nous devons la communication à l'ai-
mable obligeance de M. Saulnier, fait partie du tonds Le Bihande
Pennelé conservé aux archives du Finistère (Série E, liasse 412).
2. A. N. Mar., B/2. 123, r>60.
3. Revues Laffilard.
Digitized by
Google
— 284 —
Cependant, Tannée 1697 avait vu la fin de la longue
et terrible guerre qui pendant près de dix ans avait mis
la France aux prises avec presque toute l'Europe coali-
sée contre elle : dès le 9 mai des conférences s'étaient
ouvertes à Ryswick entre nos représentants et ceux des
autres nations en guerre avec nous ; la paix avait été
conclue avec TEspagne, l'Angleterre et la Hollande le 20
septembre, puis avec l'Empereur et l'Empire le 30 octo-
bre. Aussitôt Louis XIV prescrivit à tous les archevêques
et évéques du royaume de faire chanter le Te Deum dans
les églises métropolitaines de leurs diocèses, et il en-
voya en même temps des instructions à tous les gouver-
neurs de province et commandants de place pour leur
enjoindre d'assister avec leurs subordonnés à cette céré-
monie. Voici la lettre^ qu'il adressa en cette circonstance
au commandant en second du département du Port-Louis
qui se trouvait probablement alors, par suite de l'ab-
sence du chevalier de Rosmadec, seul à y représenter
l'autorité royale :
« Monsieur de Sévigné, les heureux succès dont le ciel
a favorisé mes armes dans le cours d'une longue guerre
ne m'ont jamais esloigné du désir sincère pour la paix
qui a tousjours esté l'unique fin que je me suis proposée
dans toutes me» entreprises. Quoyque les glorieuses
expéditions do cette campagne et les avantages qu'elle
me préparoit eussent pu m'engager à soustenir mes
intérests et à porter mesme plus loin mes prétentions,
je les ay abandonnés avec d'autant moins de peine que
je me suis veu plus en estât de les maintenir, et je me
suis fait une loy de consacrer au repos de l'Europe le
fruict de mes conquestes. Je suis assez récompensé de
ce que me cous te cette modération, puisqu'elle finit les
maux inséparables de la guerre. Le prompt soulagement
que mes peuples en reçoivent et le plaisir que je ressens
de les rendre heureux me dédommagent de tout ce que
3. Arch. du Finistère, fonds Le Bihan de Pennelé (E. 412).
Digitized by
Google
— 285 —
je leur sacrifie, et TécUt des plas grands triompfaes ne
vaut pas la gloire de récompenser le zèle de mes sujets
qui tous, avec une ardeur égale et sans jamais se dé-
mentir, ont prodigué leur sang et leurs biens pour mon
service. Dieu, favorable aux desseins qu'il m'a tousjours
inspirés, a ouvert les yeux aux puissances confédérées
qui, désabusées de leurs fausses espérances et touchées
de leurs véritables intérests, ont accepté les conditions
que je leur ay si souvent oiTertes. La paix qui fut signée
le 20 septembre dernier avec TEspagne, l'Angleterre
et la Hollande a esté ratifRée depuis peu de jours. La
ratifHcation de celle que je viens de conclure avec TEm-
pereur et FEmpire achèvera bientôt cet ouvrage si im-
portant et si nécessaire à TEurope ; mais je n'ai pu dif^
férer jusque là de tesmoigner à Dieu une juste recon-
naissance et de luy rendre les actions de grâces que je
luy dois de ce qu'après avoir rendu tant de fois mes
armes victorieuses, il commence à répandre sur mon
royaume la plus précieuse de ses bénédictions et fait
renaître entre mes estats et ceux de mes voisins une
paix stable et sincère. C'est pourquoy j'ay escrit aux
archevesques et évesques de mon royaume de faire
chanter le Te Deum dans les églises métropolitaines de
leurs diocèses, et je vous fais cette lettre pour vous dire
que mon intention est que vous assistiez avec les offi-
ciers de la marine qui sont sous votre commandement è
celuy qui sera chanté sur mon vaisseau portant pavillon
d'admiral ou dans la chapelle de l'Arsenal, et que vous
fassiez tirer le canon sur mes vaisseaux en la manière
accoustumée. Sur ce je prie Dieu qu'il vous ayt.
Monsieur, en sa sainte garde. Escrit à Versailles le 20
novembre 1697 ».
Louis
Phélippeàux
Cette même année, il avait été, comme on sait, procédé
dans toute la France à la confection de Tarmorial gé-
néral pour lequel chaque famille noble ou simplement
Digitized by
Google
— 286 —
bourgeoise dut produire ses armoiries avec preuves à
l^appui. Or, par suite du décès sans postérité mâle de
Charles de Sévigné, Christophe-Jacques se trouvait alors
le chef de la branche de Monmoron. Il eut donc en cette
qualité à produire ses armoiries qui furent enregistrées
le 11 avril dans le registre de la noblesse de Bretagne avec
la mention suivante :
« Ecu des armoiries dont demande la réception à la
grande maîtrise et Tenregistrement à Tarmorial général
Messire Christophe-Jacques de Sévigné, chevalier de
Monmoron, capitaine des vaisseaux du Roy, de la pro-
vince de Bretagne, étant pour le service de S. M. à
Brest, qui porte : écartelé de sable et d'argent, présenté
au bureau de la maîtrise de Bretagne à Brest le 11 avril
1697»».
A la fin de Tannée suivante, le bénéfice de Vauberger
dont, on s'en souvient, M* François Raison, curé de la
Cropte, avait été pourvu au commencement de Tannée
1692, sur la présentation de Christophe-Jacques de Sévi-
gné, vint de nouveau à vaquer. Le chevalier de Monmoron,
ayant à faire nommer un nouveau chapelain, ne crut
pas pouvoir faire un meilleur choix qu'en présentant par
acte du 26 novembre à la collation de Tévêque du Mans
M" Georges Raison, neveu du défunt, et frère de ce
René-François Raison qui, comme sénéchal de la châtel-
lenie de Chemeré, jouissait alors de la confiance des
châtelains du Coudray-.
Au mois d'octobre de Tannée 1699, Christophe-Jacques
de Sévigné se trouvait au Coudray ; les registres parois-
siaux de la Bazouge nous apprennent en effet que le
28 octobre de cette année-là « messire Christophe-
Jacques, comte de Sévigné-Montmoron, capitaine des
vaisseaux du Roy, demeurant présentement en son
château du Coudray, paroisse de Saint-Denis-du-Maine, »
1. Bibl. net., Cab. des titres, P. O., dossier Sévigfné.
2. Arch. de la Sarthe, ins. ecclés., reg. 373. f* 154, v« 2.
Digitized by
Google
— 287 —
avait été parrain en Téglise de la Bazouge de Christophe-
Jacques Raison.
Quelques jours après avait lieu à Vannes l'ouver-
ture de la session des États de Bretagne sous la prési-
dence du comte de Toulouse, amiral de France, qui était
alors gouverneur de Bretagne. Sur la désignation de
celui7ci, les États nommèrent le 23 novembre Jacques-
Christophe de Sévigné, capitaine de vaisseaux, pour
représenter, selon Tusage, la noblesse de la province
près la cour des Comptas *.
Hélas ! au moment où le châtelain du Coudray rece-
vait de la part du gouverneur et de la noblesse de Bre-
tagne cette marque d'honneur, et de confiance, il n'avait
plus que quelques mois à vivre. 11 était, dit M. Saulnier,
devenu fort gros : une grave maladie épuisa sa consti-
tution et, au printemps de 1700, on put entrevoir à
bref délai un dénouement fatal. A la date du 22 mai.
Madame de Grignan, informée de l'état de santé où se
trouvait celui à qui sa mère avait autrefois témoigné un
si vif et si affectueux intérêt, écrivait à celle qui allait
bientôt être sa veuve :
« Je suis très touchée, Madaipe, de l'état où vous me
représentez M. le comte de Sévigné ; je crains fort que
les premières nouvelles ne m'apprennent que nous l'avons
perdu, et je vous assure. Madame, que je sentirai vive-
ment cette perte. Je l'honore, je l'aime, je compte sur
son amitié : toutes ces liaisons, sans compter celle de
la parenté, me rendent bien sensible à votre malheur
et me le font partager bien sincèrement. Je voudrais être
en lieu de pouvoir vous garantir de celui de perdre la
députa tion que vous avez eue de M. le comte de Tou-
louse ; mais do Provence ou ne peut guère bien sollici-
ter. Je ne doute pas que vous n'ayiez écrit à mon frère :
il est à portée de vous rendre service. Je lui ai mandé
1. Voir dans les Sévigné oubliés : le Filleul de la marquise,
p. 99, note 2.
Digitized by
Google
— 288 -
que je le priais de redoubler son zèle pour vos intérêts,
puisque je ne puis faire agir le mien.... Si je puis dans la
suite vous être utile, ou M. de Grignan, faites-nous la
grâce de compter sur nous et de nous employer. Je plains
mademoiselle votre fille : je sais qu'elle est très aimable
et qu'elle profite fort de tous les soins que vous prenez
de son éducation. Il faut espérer que Dieu prendra soin
de son établissement et vous donnera cette consolation
dans les malheurs qui vous menacent et que je crains
avec vous. Je suis, Madame, votre très humble et très
obéissante servante... »
Le 8 juin 1700, — nous laissons encore la parole à
M. Saulnier, — Jacques-Christophe de Se vigne cessa de
souffrir. Il mourut à 56 ans, sur la paroisse des Sept-
Saints à Brest : son corps fut inhumé dans la chapelle
des Carmes de cette ville. Voici l'extrait textuel de son
acte de sépulture :
« Le neufiesme jour de juin dix-sept-cents, Messire
Jacques-Christophe de Sévigné, capitaine de vaisseaux
du Roy, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis,
décédé le jour précédent, a été transporté aux Carmes
Rje (?) en présence de Messire Christophe-Jacques de
Sévigné, capitaine de vaisseaux du Roy, son frère, et
de Vincent-François Marin, son parent, allié de Marie-
Anne de Mescam, sa veuve.
Marin ChristopheJ. de Sévigné
J. Poignant. »
La mort de Jacques-Christophe de Sévigné ne changea
rien à la destinée de la terre qui nous intéresse ; Chris-
tophe-Jacques continua à la posséder indivisément avec
sa nièce Marie-Charlotte de Sévigné qui, en sa qualité
de fille unique du défunt, avait succédé aux droits de
celui-ci. Aussi, quand le 2 janvier 1702 eut lieu la béné-
diction des deux cloches de la Bazouge, voyons-nous
l'oncle et la nièce occuper dans cette cérémonie la place
réservée par l'usage aux seigneurs et dames de paroisse ;
le comte de Montmoron eut l'honneur d'être parrain de
Digitized by
Google
— 289 -
la grosse cloche, tandis que « damoiselle Françoise de
Se vigne » était marraine de la petite. Voici, d'après les
registres paroissiaux de la Bazouge, le procès-verbal
relatant ce petit événement local :
« Le lundi 2« jour de janvier 1702, les deux cloches
de la Bazouge de Chemeré ont esté bénies par Messire
Germain Gohier, prestre, curé de Bazougers et doyen
rural de Sablé, après avoir été fondues par Pierre et
Charles Asselin, père et fils, fondeurs de la ville du
Mans, le vendredi 25 novembre 1701, sur le soir, en la
grange du presbytère. Ont été parrains et marraines ,
sçavoir, de la grosse cloche, Messire Christophe-Jacques
de Sévigné, comte de Montmoron, seigneur de ladite
Bazouge, et dame Françoise-Marguerite-Anthoinette de
Thibault de la Roche-Thulon ; et de la petite, Messire
Pierre-Emmanuel de Thibault, seigneur marquis de la
Roche-Thulon, ancien colonel de dragons ^ et damoiselle
Françoise de Sévigné; et ont été nommées, sçavoir :
la grosse, Christophlette-Françoise par ledit seigneur
comte de Montmoron, et demoiselle Françoise Le Page,
niepce de V. et D. Messire Michel Le Page curé de ladite
Bazouge, au nom et par représentation de ladite dame de
Thibault de la Roche-Thulon, marraine ; et la petite a
été nommée Perrine par led. seigneur Marquis de la
Roche-Thulon, et honnête femme Magdelaine Couesme,
espouze de M* François Raison, notaire royal et procu-
reur fiscal de ladite Bazouge et Chemeré, au nom et par
r^résentationde ladite damoiselle Françoise de Sévigné,
marraine ».
Cependant les affaires de la maison de Sévigné-
Montmoron, déjà très embrouillées du vivant de René-
François, n'avaient fait que s'embrouiller davantage
sous ses successeurs. Pas plus que leur aîné, ces der-
1. Pierre-Emmanuel de Thibault, seij|^eurdelaRoche*Thulon,
était alors, à cause de sa femme, Mane-Claude de Beaumanoir,
seigBeur de la Roche en la Bazouge.
Digitized by
Google
— 290 -
niers ne s'étaient mis en mesure de payer chaque année
la rente de 1.000 fr. due par eux, en vertu du contrat de
constitution du 28 avril 1634, à Judith de Barillon, alors
veuve de Messire Philippe-César de Chastelux, cheva-
lier, comte dudit lieu, fille et héritière de J. de Barillon
et de Bonne Fayet. A la date du 26 avril 1703, il était
dû à celle-ci par les représentants de Radegonde des
Rotours 31 années d'arrérages de 1.000 livres de rente
par chacun an, soit une somme de 31.000 livres. Aussi
finit-elle par perdre patience. Après s'y être fait autori-
ser par plusieurs sentences de la cour des Requêtes de
l'hôtel rendues les 20 juin, 2 et 21 juillet 1703, et en
vertu d'une commission de cette cour du 2 août suivant \
elle chargea François Mochin, « archer, huissier en la
maréchaussée et siège présidial de Laval », de faire
commandement par exploit u de par le Roy, nostre sire
et justice, »à « Messire Christophe-Jacques de Sévigné,
chevalier, seigneur de Montmoron, capitaine des vais-
seaux, héritier par bénéfice d'inventaire de défunt Mes-
sire Regnault de Sévigné, vivant chevalier, seigneur de
Montmoron, et de dame Gabrielle du Bellay, ses père
et mère », de bailler ou payer « lors présentement à lad.
dame de Barillon ou à luy huissier.... la somme de
31.000 livres pour 31 années d'arrérages de mille livres
de rente par chacun an, escheue le 26 avril 1703, sans
préjudice de l'année courante, et de celle à escheoir », etc.
François Mochin se rendit donc le 26 janvier 1704 de
Laval au « chasteau du Coudray, scis paroisse de Saint-
Denis-du-Maine », où « parlant à René Pineau, sieur de
la Tranchardière », il s'acquitta de sa mission. Mais le
« sieur de Sévigné » fit répondre par le refus le plus
absolu. Sur quoi l'huissier se retira en déclarant « que la
partie se pourvoiroit à l'encontre de luy tant par saisie
1. Tout ce qui suit relativement aux diverses saisies judiciaires
dont la terre du Coudray fut 1 objet de 1703 à 1714 esttil^é des con-
sidérants du décret de vente de cette terre rendu aux Requêtes
du Palais à Paris, le 10 janvier 1715 (Arch. nat.» V4 1408).
Digitized by
Google
— 291 —
et exécution de ses biens meubles, saisie réelle de ses
immeubles qu'autrement », etc., ei en même temps il
n'oublia pas de bailler et laisser « coppie tant desdits
contrat de constitution, acte de ratification, sentences et
commission de la cour que de son dit exploit », tout cela
en présence de François Le Barbier, « sergent royal », et
Daniel Jeudy, «cy-devant sergent demeurant à Laval.»
Ce ne fut pas là une vaine menace. Dès le surlende-
main 28 janvier, François Mochin, « continuant » son
« exploit de commandement faulte de payement de ladite
somme, » et « à la requête de ladite dame Jeanne do Baril-
Ion... », se transporte de nouveau avec ses deux compa-
gnons de Tavant-veille « au château et principal manoir
de la terre, fief et seigneurie du Coudray, en la paroisse
de Saint-Denis-du-Maine, consistant audit château et
principal manoir, le lieu et métairie du domaine d'icelluy
château appelé la Couture, lors exploité par René Des-
nots », les lieux et métairies du Plessis, de la Quinterie,
de la Moisinière, du Boulay, de la Dorbellière, de 1»
Tranchardière, et le moulin de Vauveron, « lesdites choses
composées de maisons, bâtiments, écuries, granges,
étables, fuyes, colombier, cours, étrages, issues, jardins,
garennes, fours, bois taillis et autres, pâtis, landes,
usages, prés, pastures. terres labourables et non labou-
rables, généralement avec les servitudes actives et pas-
sives, fiefs, arrière-fiefs, tous les droits et degrez de
justice foncière et domaniale, hommes, subjets et vas-
saux, cens, rentes, charges et devoirs féodaux, rentes
foncières et autres, présentation de chapelle, nomination
aux bénéfices, droits de bancs et autres droits honorifi-
ques es églises des paroisses dudit Saint-Denis (du Maine),
de Chemeré le Roy, de la Bazouge de Chemeré et autres,
avec tous les droits de seigneurie utiles et profita-
bles », etc...
Puis notre huissier procède à la saisie de tout ce qui
vient d'être énuméré. 11 saisit « réellement, actuellement
et de fait », et met a en la main du Roy notre sire et de
Digitized by
Google
— 292 —
justice lesdites terres, fiefs et seigneuries du Coudray, en-
semble les bestiaux et semences qui estoient sur lesdits
lieux, en ce qui en appartient pour part de maistre, sur
ledit sieur de Sévigné, pour être criées, subhastées par
les criées et bannies de huitaine, quinzaine et quaran-
taine suivant la coutume des lieux, » etc. » et (c ce fait,
vendues et adjugées par décret » par devant les gens des
Requêtes de l'Hôtel en leur « auditoire du Palais à Paris
au plus offrant et dernier enchérisseur en la manière
accoutumée ».
Ëniin François Mochin commet et établit commissaire
« au régime et gouvernement » desdites « terres, fiefs et
seigneuries et autres biens ainsy réellement saisis.... la
personne de M^ Claude Forcadel, commissaire et rece-
veur général des deniers provenans des saisies réelles de
ladite cour ».
Toutes ces formalités avaient eu pour témoins lesdits
Le Barbier et Jeudy.
Le lendemain 29 janvier, Thuissier Mochin se trans-
porte cette fois, avec ses deux témoins, a au bourg et pa-
roisse de Cbemeré le Roy », où il saisit « sur ledit sieur
de Sévigné le fonds, tresfond et propriété de la terre, fief
et seigneurie de Chemeré le Roy et juridiction en dépen-
dant », la métairie de la Raudière, le pré de la Chaussée,
et le pré appelé le pré des Bois, Tétang, le lieu et métairie
de la Grande«Croisnière^ les lieux ei métairies de la
Pinotière, du Creulix, et le lieu et closerie de la Douce
(1 dépendants de ladite terre, fief et seigneurie du Cou-
dray ».
Le 30 il se transporte, accompagné comme la veille,
d'abord a au lieu noble et terre seigneuriale de Chahaing,
principal manoir d'icelluy, scis paroisse de la Bazouge
de Chemeré », puis « au lieu noble et seigneurial de la
Touche ou des Touches, consistant au domaine d'icel-
luy », ensuite aux Ueux et métairies de la Chesnaye et
de la Rivière, a le tout de la dépendance du chasteau.
Digitized by
Google
-^ 293 —
terre, fief et seigneurie du Coudray », et il y pratique
également les formalités de la saisie.
Le 31 il se transporte, toujours avec ses deux témoins,
« au lieu noble, fief et seigneurie de Vauberger », au
lieu noble et seigneurie de la Ragonnière, et aux métai-
ries de la Terpinière et de GuinefoUe, qui sont égale-
ment soumis à la saisie.
Enfin, le !•' février, François Mochin retourne une der-
nière fois au château du Coudray, où il montre et signifie
(( lesdites saisies réelles, mainmises et establissement de
commissaires... audit sieur de Sévigné,.. parlant audit
René Pineau, sieur de la Tranchardière, à ce qu'il n'en
prétendist cause d'ignorance », et il lui fait deffense « de
par S. M. do troubler ny empescher ledit Forcadel....
sur les peines portées par les ordonnances royaux ».
Ainsi, au commencement de cette année 1704, Christo-
phe-Jacques de Sévigné n'avait pu empêcher la terre du
Coudray d'être mise sous le régime de la saisie. Pen-
dant ce temps-là, sa nièce Marie-Charlotte, dont nous
avons vu Madame de Grignan vanter les aimables qua-
lités, approchait de sa vingtième année et l'on com-
mençait déjà autour d'elle à se préoccuper de son établis-
sement. Elle se décida pendant l'été de 1706 à donner sa
main à un gentilhomme breton, Messire Toussaint Le
Bihan, écuyer, seigneur de Pennelé. Fils de Jean Le Bihan,
seigneur de Pennelé, et de demoiselle Gillette Gourie de
Lanoster, ce dernier descendait d'une ancienne famille
du pays de Morlaix, qui portait pour armes : « de sable
semé de billettes d'argent et au lion de même manière
brochant sur le tout », et avait été maintenue en 1669
dans sa noblesse. 11 demeurait au château de Pennelé,
paroisse de Saint-Martin-des-Champs, près de Morlaix.
Le contrat de mariage fut passé le 20 août 1706 devant
Jomin et Guillon, notaires à Brest ; Toussaint Le Bihan y
assurait à sa future épouse, à titre de gain de survie,
un usufruit considérable. Quant au chiffre de la fortune
19
Digitized by
Google
— 294 —
de mademoiselle de Sévigné, il n*y est pas précisé ; il
est seulement question des droits et biens appartenant
à la future tels qu^ils lui sont échus do la succession
du défunt seigneur de Sévigné son père.
Pendant Tété de 1708, les nouveaux époux semblent
être venus faire un séjour assez prolongé au Coudray;
en effet, en juillet, août et septembre de cette année-là,
nous voyons « noble dame Marie-Charlotte, comtesse de
Sévigné, épouse de haut et puissant seigneur Messire
Louis-Toussaint Le Bihan de Pennelé », plusieurs fois
marraine dans l'église de Saint-Denis-du- Maine.
C'était précisément le moment où Judith de Barillon,
après s'être fait subroger aux droits de Messire René
de Savonnières, chevalier, seigneur de Lignères, con-
seiller du Roy en sa cour de Parlement, ef de ses frères,
qui étaient alors les représentants de Mathurin de
Savonnières et d'Elisabeth de Goué, se mettait en me-
sure de « procéder et passer outre à la vente et adjudi-
cation » des biens saisis réellement par elle en 1704. Le
10 juillet 1708, l'huissier Mochin avait « par son exploit
dudit jour signifié et déclaré audit sieur de Sévigné, partie
saisie, et à son domicile audit château du Coudray, par-
lant au siejr de la Tranchardière, qu'il seroit procédé aux
affiches et panonceaux royaux et aux criées, bannies et
subhastations de huitaine, quinzaine et quarantaine », etc.
Et en effet le 14 juillet, sur les 7 heures du matin, les
affiches avec panonceaux royaux sont apposées « à la
porte et principale entrée du château i^u Coudray » ; le
même jour elles sont apposées successivement « à la
porte du pallais de la juridiction de Chemeré-le-Roy, »
ainsi qu'aux portes principales « du lieu noble de
Chahain », des lieux nobles des Touches et de Saint-
Berthevin, du lieu noble de la Ragonnière et à la porte
principale de Vauberger ; le lendemain 15, les affiches
sont également mises sur les principales portes et entrées
des églises paroissiales de la Bazouge de Chemeré, de
Saint-Denis du-Maine, de la Cropte et de Meslay ; et le
Digitized by
Google
— 295 —
17 on procède à leur apposition « à la porte du palais au
posteau du bas des halles de Laval ».
Puis vint le tour des criées. Elles commencent le
28 juillet. Ce jour-là, l'huissier Mochin se transporte
« avec Ambroise Samoroy, trompette juré, au devant de
la porte du pallais et du poteau du bas des halles delà
ville de Laval, Taudience et le marché tenants », et là,
« comme le peuple y étoit assemblé en grand nombre,
après avoir donné de sa trompette par plusieurs et
diverses foiâ », ledit Samoroy fait et proclame «à haute
et intelligible voix et cry public lesdites criées et bannies
de huitaine desdites terres, fiefs et seigneuries du Cou-
dray, Chemeré le Roy et autres biens saisis », etc. Puis,
les dimanche 29 juillet, 5^ 12, 19 et 26 août, il se trans-
porte (( au devant des grandes portes et principales
entrées des églises paroissiales de Saint-Denis-du-Maine,
de la Bazouge, de Chemeré, de la Cropte et de Meslay,
auxquels lieux, à la fin et issue des grandes messes de
paroisse dites, chantées et célébrées esdites églises
paroissiales, et comme le peuple et paroissiens en sor-
toient en grand nombre », il fait et proclame « à haute et
intelligible voix et cry public lesdites criées et bannies »
de huitaine.
Il fut. procédé dans le même ordre et de la même ma-
nière en septembre et octobre aux criées et bannies de
quinzaine, et en novembre et décembre à celles de qua-
rantaine. Enfin le 12 mars 1709, Judith de Barillon fit
assigner u par devant le lieutenant général du comté
pairie de Laval par ledit Mochin, huissier, ledit sieur de
Sévigné en son domicile au château du Coudray, parlant
audit de la Tranchardière, son serviteur domestique, pour
voir procéder à la vérification et certification des saisies
et criées » lesquelles, par une sentence rendue audit
comté et pairie, de Laval le 23 mars suivant, furent dé-
clarées «bien et deuement vérifiées et certifiées ».
11 ne restait plus dès lors qu'à procéder à l'adjudi-
cation par décret. Assigné par la comtesse de Chastelux
Digitized by
Google
— 296 —
à bailler devant la juridiction de Thôtel des Requêtes ses
moyens de nullité, s'il en avait, Christophe-Jacques de
Sévigné ne comparut pas, et une sentence de cette juri-
diction du 6 février 11 10 ordonna que sur les saisies et
criées faites en 1708 il serait sans plus tarder, « procédé
et passé outre en la cour à la vente et adjudication par
décret desdites terres, fiefs et seigneuries du Gouldray et
Cheraeré le Roy et autres biens saisis au quarantième
jour on l'auditoire de ladite cour au plus offrant et der-
nier enchérisseur en la manière acoustumée », etc. Et, en
effet, le 3 avril de la même année. M® Claude Cocquinot,
procureur en la cour des Requêtes de Thôtel, représen-
tant Judith de Barillon, comparaît au greffe de cette
cour où il enchérit et met à prix « le fonds, tréfonds et
propriété desdits fiefs, terres et seigneuries du Coudray,
Chemeré le Roy, Chahain, les Touches, Vauberger. la
Ragonnière et la Quinterie, circonstances et dépendan-
ces, à la charge des droits et devoirs seigneuriaux et féo-
daux et frais ordinaires de criées, de laisser jouir le
fermier judiciaire des fonds et revenus des terres qu'il
aura labourées et ensemencées,... de fournir au pro-
cureur poursuivant une copie bien lisible sur papier tim-
bré de la sentence d'adjudication,.... et outre moyennant
la somme de 40.000 livres », etc. Cotte enchère fut d'ail-
leurs livrée à la publicité de la façon suivante : dès le
5avril,Vaudelle, huissier, en mit et apposa des copies:
1® à la porte et principale entrée de l'auditoire de la cour
des Requêtes de l'hôtel; 2** à chacune des portes et
principales entrées des salles du Palais ; 3® à chacune
des portes et principales entrées des cours dudit Palais ;
4** à la porte et principale entrée de l'église Sainl-
Barthélemy ; 5** au pilori des halles de la ville de Paris ;
6"* à la porte et principale entrée du parc civil et prési-
dial du Châtelet ; 7"* à chacune des portes de Paris ;
8** « à chacune des portes et principales entrées et sorties
Saint- Jacques et Saint-Nicolas, par où l'on sort pour aller
sur lesdit biens saisis ». Mais ce ne fut pas tout. Lelen-
Digitized by
Google
— 297 -
demain 6, « ladite enchère » fut « lue et publiée » par ledit
Vaudelle « à la fin et issue de la grande messe de pa-
roisse de Téglise paroissiale Saint- Barthélémy », et le
9 du même mois elle fut égaflement « lue et publiée en
jugement au parc civil du Châtelet de Paris l'audience
des criées tenant, par Thierry, greffier dudit lieu ». Au
Bas-Maine Fenchère en question ne put être publiée que
dans le courant du mois de mai : le 10 elle fut lue,
publiée et affichée à Laval, et les jours suivants aux
portes des églises de SaintDenis-du-Maine, de Chemeré-
le-Roy, de la Bazouge. de la Croptc et de Meslay.
11 semblait qu'une fois ces formalités remplies l'adju-
dication définitive fût imminente. Et pourtant il n'en fut
rien. Plusieurs années devaient encore s'écouler avant
que Judith de Barillon pût arriver à faire vendre la terre
du Coudray sur Christophe-Jacques de Sévigné et sa
nièce la comtesse de Pennelé.
Durant toute cette procédure, le manoir qui fait l'objet
de cette étude ne devait voir qu'à de rares intervalles ses
châtelains venir résider entre ses murs. En ce qui concerne
le chevalier de Montmoron, nous savons qu'il continuait
à être retenu au port de Brest par son service pendant
la plus grande partie de l'année. Toutefois, nous savons
aussi qu'en juillet 1713 il était venu faire un petit séjour
dans sa terre du Bas-Maine. Un acte passé le 21 deadits
mois et an, devant M" Raison, nous montre en effet
Christophe-Jacques de Sévigné, alors « dans sa terre ,
seigneuriale du Coudray, » faisant donation à sa nièce
Marie-Charlotte de Sévigné, « femme de Toussaint Le
Biham, seigneur de Pennelé, de tous ses droits tant
mobiliers qu'immobiliers dans la succession de son père,
de sa mère, et de Marie du Bellay, sa cousine, à la charge
de le laisser jouir sa vie durant de la terre du Coudray,
si elle peut en avoir délivrance ou se la faire adjuger au
cours de la saisie réelle y apposée ».
Cependant l'interminable affaire de la mise en vente
par autorité de justice des biens de la maison de Sévigné-
Digitized by
Google
— 298 —
Montmoron était alors entrée dans une nouvelle phase.
Alléguant que la terre de Vauberger avait, ainsi qu'on
s'en souvient, été donnée par Radegonde des Rotours à
son gendre et à sa fille avant Tacte de constitution de
rente du 26 avril 1634, Christophe-Jacques de Sévigné
et sa nièce avaient introduit devant la juridiction des
Requêtes de Thôtel une instance aux termes de laquelle
ils demandaient que cette terre ne fût pas comprise dans
la masse des biens vendus. De là deux sentences rendues
aux Requêtes de ThôteUe 28 mars et le 22 décembre 1713,
la seconde confirmée par un arrêt du Parlement du 16 juin
1714. Or, en vertu de cette dernière sentence, tout en
déclarant exécutoire sur Marie-Charlotte de Sévigné
aussi bien que sur son oncle, le contrat de constitution
du 26 avril 1634, les gens des Requêtes de Thôtel ordon-
nèrent que « de la saisie des biens dont est question,
distraction serait faite à leur profit de la terre et
seigneurie de Vauberger, ses circonstances et dépen-
dances, et en conséquence qu'elle seroit rayée des regis-
tres des décrets de la cour et de ceux des commissaires
aux saisies réelles », et condamnèrent a lesdits commis-
saires et fermiers judiciaires à leur rendre et restituer
les fruits et revenus par eux perçus dans ladite terre à
compter du jour du bail judiciaire à raison de 1.600 ^
par chacun an, » etc.
Du reste la terre de Vauberger n'était pas la seule
portion des biens saisis sur les Sévigné dont la distrac-
tion eût été prononcée ; une sentence de la cour des
Requêtes de l'hôtel du 9 juillet 1709 avait déjà, faisant
droit à la réclamation de « Messire Jean-Baptiste de
Montesson, lieutenant des gardes du corps du Roy, et
lieutenant général des armées de S. M. », fait à son
profit distraction « de la propriété des lieux et métairies
du Creuillis, la Grande-Croisnière et la closerie de la
Tour, ensemble des perrières d'ardoises comprises et
mentionnées dans le contrat de vente du 26 janvier
1649 », car le prix n'en avait jamais été entièrement payé
Digitized by
Google
— 209 —
à Charles de Montesson, père dudit Jean-Baptiste, par
Regnault de Se vigne.
Ce fut donc à la charge cette fois des deux distrac-
tions qui précèdent que le 21 juin 1714 la cour des
Requêtes de Thôtel adjugea de nouveau, toujours sauf
quinzaine, à M^ Claude Cocquinot, le procureur de Judith
de Barillon» « les fonds, tréfonds et propriété desdites
terres et seigneuries du Coudray, Chemeré le Roy et
les Touches, leurs circonstances et dépendances, et plu-
sieurs terres et héritages en roture ». Est- il besoin
d'ajouter qu'on eut encore recours au mode de publicité
déjà employé après l'enchère du 3 avril 1710, et cela à
Paris comme au Bas-Maine ?
Le délai de quinzaine expirant le 23 août, ce jour*là
comparut eu jugement devant Taudience tenante de la cour
des Requêtes de l'hôtel M* Cocquinot qui requit « estre
procédé à la vente et adjudication par décret desdites
terres, iiefs et seigneuries et leurs dépendances sur
ladite enchèra de 20.000* et aux charges y portées. » Son
enchère fut en effet publiée aussitôt par l'un des huissiers
de la cour, mais, comme aucun enchérisseur ne se pré-
senta ni ce jour-là, ni aux époques ultérieurement fixées,
l'adjudication dut être remise de quinzaine en quinzaine.
On arriva ainsi au 22 novembre, jour où, grâce à l'm-
tervention de M* Antoine Roger et de M* Pierre Savigny,
procureurs, M* Cocquinot fut obligé de faire monter son
enchère à 35.000 *. L'adjudication fut alors remise à
3 semaines, et le 13 décembre, date de l'expiration de
cette nouvelle remise, poussé non plus par deux, mais
par quatre concurrents (les procureurs M* Martin Dar-
ras, M* Gaspard Moris, M« Charles Drouard et M* An-
toine Roger), M* Cocquinot dut encore élever le prix de
son enchère jusqu'à 45 000*. L'adjudication n'en fut pas
moins une fois de plus remise à 3 semaines, c'est-à-dire au
10 janvier 1715. Ce jour-là M* Cocquinot s'abstint, mais
l'enchère, chaudement disputée par M* Destouches et
M* Ribot, monta encore à 76.000*. Ce fut Destouches qui
Digitized by
Google
— 300 —
remporta, et, après que son enchère eut été « lue et
publiée par plusieurs et diverses fois », et qu'il ne se fut
« présenté plus haut enchérisseur », la cour des Requê-
tes de l'hôtel vendit et adjugea « audit Destouches, ce
requérant, comme plus offrant et dernier enchérisseur »,
les « fonds, tresfonds, et propriété dudit château et prin-
cipal manoir du fief, terre et seigneurie du Coudray en
la paroisse de Saint-Denys-du-Maine, distant de la ville
de Laval de cinq lieues, consistant audit château et prin-
cipal manoir, le lieu et métairie du domaine d'icelluy
nommé la Couture », les lieux et métairies du Plessis,
de la Quinterie, de la Moisinière, et le moulin de Vauve-
ron, a comme lesdites choses sont composées de maisons,
bastiments, escuries, granges, estables, fuyes, colom-
biers, cours, étrages, issues, jardins, vergers, garen-
nes, fours, bois taillis et autres, patys, landes, usages,
prez, pastures, terres labourables, généralement avec
les servitudes actives et passives, fiefs, arrière-fiefs,
tous les droits et degrés de justice foncière et domaniale,
hommes, sujets et vassaux, cens, rentes, charges et
devoirs féodaux, rentes foncières et autres, présentation
de chapelle, nomination aux bénéfices, droits de bancs
et autres droits honorifiques es églises des paroisses
dudit Saint-Denys, de Chemeré-le-Roy, de la Bazouge-
de-Chemeré, et autres, avec les droits de seigneurie utiles
et profitables dépendants d'icelle terre, fief et seigneu-
rie de Chemeré-le-Roy, et juridiction en dépendante qui
se tient au palais scis audit bourg et au bourg de la
Bazouge-dc-Chemeré alternativement, avec le lieu et
métairie de la Raudière, le moulin de la Chaussée et le
pré appelé le pré des Bois, Tétang et le lieu de la clo-
serie de la Douce ; le tout dépendant de ladite terre, fief et
seigneurie du Coudray, comme le tout est situé pa-
roisse dudit Chemeré, la Bazouge et Saint-Denys ; plus
le lieu noble et terre seigneuriale de Chahin, principal
manoir d'icellui, scis paroisse delà Bazouge-de-Chemeré :
le lieu noble et seigneurie des Touches, consistant au
Digitized by
Google
- 301 -
domaine d'îcelluy, les lieux et métairies de la Chesnaye
et de la Rivière, le tout de la dépendance du chasteau,
terre et seigneurie du Coudray, avec tous les droits
utileS) honorifiques et profitables y attachés et en dépen-
dants, plus la métairie de GuinefoUe, aussi dépendante
de ladite terre et seigneurie du Coudray », etc., « pour
en jouir par ledit Destouches procureur, ou celuy qui
aura droit de luy par déclaration tout aiosi qu'en jouis-
saient et avaient droit de jouir tant ledit sieur Christophe-
Jacques de Sévigné, seigneur de Montmoron, aupara-
vant les susdites saisies et criées sur luy faites, que ses
auteurs.... à la charge par ledit adjudicataire des droits
seigneuriaux et féodaux tels qu'ils peuvent être deus
envers les seigneurs qui ont la mouvance sur lesdits
biens.... et en outre moyennant la somme de 76.000 li-
vres.... ».
Ainsi la sentence prononcée par la cour des Requêtes de
Thôtel le 10 janvier 1715 réglait définitivement le sort de
la terre du Coudray laquelle passait, au moyen de l'adju-
dication par décret, à un nouveau propriétaire. Mais quel
était ce propriétaire, encore inconnu, dont le procureur
M® Destouches n'était évidemment que le représentant ?
On n'allait pas tarder à le savoir. En effet, « quelques
« instants après comparaissait au greffe de ladite cour
i( ledit Destouches » qui déclarait « que ladite adjudication
à hiy faite » était « pour et au profit de François Cous-
tard, escuier, seigneur de Souvré, maître des eaux et
forêts et capitaine des chasses du comté et pairie de
Laval ». Ce dernier se trouvait d'ailleurs présent à cette
déclaration, et dut accepter ladite adjudication dont il
versa dès le 15 janvier le prix entre les mains de Jacques-
Emmanuel Thibert des Martrais, « conseiller du Roy,
receveur des consignations du Parlement, Requestes de
l'hostel et autres juridictions », qui lui en donna quittance.
M*' DE Beauchesne.
Digitized by
Google
LETTRES
DE
MICHEL-RENÉ MAU PETIT
Député
A l\ssemblée nationale constituante
1789-1791.
INTRODUCTION
Maupetit (Michel-René), né à Glaye (Seine-ot-Marne),
le ISjanvier 1742, chargé des affaires de ^f.adame Louise
de Durfort de Duras, dame de Mayenne et de Glaye
en 1769, avait dû faire en cette qualité de nombreux
voyages à Mayenne. 11 songea un moment à acheter la
charge d*avocat fiscal à la barre ducale ^ mais il retira
sa demande devant celle d'un sieur Hochet qui du reste
lui rétrocéda cette charge le 2 mars 1776. Il vint alors
se fixer à Mayenne, où il remplit en même temps les
offices de procureur du Roi au siège du Bourgnouvel et
à THôtel-de- Ville de Mayenne. C'est alors qu'il épousa
Marie-IiOuise-Hortense Froger, qui mourut en 1788, lui
laissant quatre enfants, deux fils et deux filles.
Membre de l'Assemblée provinciale du Maine en
1787, Maupetit fut nommé, en 1789, le cinquième,
député du Tiers-Etat du Maine aux Etats-Généraux.
1. Lettre sans date, portant le timbre de la poste de Claye,
adressée à M. Dupont-urandjardin.
Digitized by
Google
— 303 —
Pendant son séjour à l'Assemblée Nationale, il fut élu
membre du tribunal du district de Mayenne, dont il
devint président en 1792. Compromis pour avoir donné
son adhésion au mouvement girondin du mois de juillet
1793, il fut destitué par les conventionnels Esnue-La-
vallée et Thirion et, menacé d'emprisonnement, se cacha
pendant quelque temps aux forges de Ghailland chez
M. Martin de Ligonière, son ami^
Maupetit reparut bientôt à Mayenne et, par la protec-
tion sans doute de son ancien collègue au tribunal,
Bissy, devenu membre de la Convention, obtint un cer-
tificat de civisme (1794)^. L'année suivante, il fut élu
membre du Conseil des Cinq cents, d'où il passa en
l'an VIII au Corps Législatif. N'ayant pas été réélu en
1804, il fut nommé secrétaire général de la Préfecture de
la Mayenne, fait chevalier de la Légion d'honneur en
1805, rentra au Corps Législatif par une nouvelle élec-
tion en 1808, puis- en 1815, pendant les Cent jours. A la
dissolution du Corps Législatif, à la seconde Restaura-
tion, il revint se fixer à Laval, où il mourut le 31 mars
1831 à l'âge de 89 ans.
Les lettres que nous publions ont été adressées par
Maupetit à un de ses amis, M. Dupont-Grandjardin 3,
pendant son séjour à l'Assemblée Nationale, de 1789
à 1791. Elles sont au nombre d'environ 250 et sont ré-
digées dans un style fort inégal et souvent incorrect.
Elles se sentent de la hute avec laquelle elles ont été
écrites, avant ou après les séances de l'assemblée ou
des bureaux, souvent même pendant ces séances, au
1. M. de Ligonière était, avant 1789, fermier général du duché
de Mayenne pour le nouveau seigneur Honoré-Charles-Maurice
de Grimaldi.ouc de Valentinois, qui avait hérité en 1781 des duchés
de Mazarin et de Mayenne.
2. C'est alors sans doute que Maupetit livra à la municipalité,
le 10 nivôse an II, pour être brûlés, une énorme Quantité de titres
relatifs au duché ae Mayenne (Note de feu M. labbé Lamarre).
3. Juge criminel à la barre ducale.
Digitized by
Google
— 304 —
milieu du bruit des discours, des discussions ou des con-
versations. On comprend que Técrivain n'ait pas eu le
temps de polir son style.
Ces lettres paraissent avoir été destinées à être lues
à la Société (le Cercle de Mayenne * et avaient pour but
de renseigner ses amis sur ce qui a eu lieu dans la
dernière séance de TAssemblée. Car Maupetit passe
rapidement sur les séances précédentes, dont ils pouvaient
trouver le récit dans les journaux parvenant en même
temps à Mayenne.
Sauf pendant une absence que fit Maupetit pour re-
venir chez lui, du 23 décembre 1790 au 23 février 1791,
ses lettres se suivent à intervalles réguliers, à chaque
ordinaire de la poste. Nou^ constatons toutefois d'assez
nombreuses lacunes, soit que les» lettres qui manquent
aient été perdues, soit que, prêtées à des amis, elles
aient circulé de mains en mains et finalement n'aient
pag été rendues au destinataire 2.
Cette correspondance contient de nombreux passages
relatifs aux affaires de Maupetit ou de ses amis. Nous
avons dû les supprimer, vu leur peu d'intérêt. Maupetit
en effet ne cesse pas de s'occuper des affaires de M. de
Valentinois et est en relations constantes avec son in-
tendant, M. Bataille pour les affaires du duché ; il fait
les commissions de la municipalité, sollicitant les minis-
tres, harcelant les comités, s'enquérant, notamment
pendant l'été de 1791, de trouver des blés à acheter
pour prévenir la disette ; il s'entremet pour ses amis, soit
pour leur faire toucher leurs pensions, soit pour recouvrer
les sommes qui leur sont dues. 11 se charge de consulter
des médecins pendant une maladie de Mme de Grand-
1. Cela semble résulter des mentions dont Maupetit émaille ses
lettres : « Affaires particulières. — Pour vous seul. — Ne pas lire
les lignes qui suivent. »
2. Ce sont en général les plus importantes, celles qui concer-
nent les événements les plus intéressants à connaître, la séance
du 20 juin, les journées des 5 et 6 octobre 1789, etc..
Digitized by
Google
— 305 —
jardin, de faire réparer des éventails, d'acheter des
manchons pour elle et ses filles, etc..
Il surveille aussi de loin l'éducation de ses enfants.
L'aîné, Louis, Ta suivi à Paris et est élevé au collège
Louis-le-Grand ^ Le second, Victor, est resté au collège
de Mayenne^. Maupetit se plaint de son travail. Mais le
collège est en décadence et il se décide à envoyer cet
enfant à Château-Gontier où se trouve le fils du cheva-
lier de Hercé et où l'éducation est meilleure et plus forte.
Ses filles, Hortense et Emilie, ont été confiées à un ami,
M. de Laubrière, mais il les fait placer aux Bénédictines
de Lassay, sous la surveillance d'une tante de leur mère,
Mme Bignon de la Haye, dont une fille, Marie-Renée,
est maîtresse des pensionnaires au même couvent, et de
l'abbé Bignon, vicaire à Lassay et desservant la cha-
pelle Notre-Dame du Rocher 3. Il signale leurs défauts,
fait ses recommandations pour qu'on les corrige. Il leur
fait envoyer de Mayenne ce dont elles ont besoin, ou se
charge d'acheter pour elles divers objets de toilette.
On comprend que dans de pareilles conditions, au
milieu de tant d'occupations diverses, Maupetit n'ait
pas eu le loisir, avec les séances de l'Assemblée, le
travail des bureaux, les courses de tout genre, les
visites à faire ou à recevoir, les lettres à répondre, de
soigner son style. Il fallait du temps pour écrire de
semblables lettres, dont quelques-unes ont 6 ou 8 pages,
sur grand papier, d'une petite écriture fine et serrée,
parfois assez difficile à déchiffrer.
1. Engagé dans le l»"" bataillon des volontaires de la Mayenne,
retraité, sans doute sous TËinpire, à la suite de blessures, con-
trôleur des contributions directes dans la Mayenne et l'Ille-et-
Vilaine, mort en 1843 à la Courbe près Mayenne.
2. Engagé dans l'armée et décoré par Murât après le combat
de Wertingen, rentré à Laval à la Restauration, adyoint au maire
après 1830, mort le 3 juillet 1861
3. Lettres à Tabbé Bignon de la Haye, communiquées par
M. Tabbé Angot, que nous ne saurions trop remercier de son
extrême obligeance.
Digitized by
Google
— 306 —
Maupeiit est parti de Mayenne décidé comme beau-
coup d'autres à opérer des réformes, mais sans soup-
çonner la Révolution à laquelle il va travailler, sans
s'en douter. Une fois à Versailles, il se trouve pris dans
Tengrenage. Séduit par certains orateurs, il est amené
involontairement à approuver et à voter certaines
mesures fort éloignées de son esprit au début, telles que
la confiscation des biens de TÉglise, la constitution
civile du clergé, l'émission des assignats, etc... Il se
vante tout d'abord d'être toujours du parti de la
majorité, mais, au bout de quelque temps, il se reprend,
voit oyi l'Assemblée va se laisser entraîner par les
orateurs du côté gauche et plusieurs fois vote avec la
minorité, notamment contre la loi accordant les droits
politiques aux gens de couleur, contre la réunion
d'Avignon à la France, etc. Car au fond c'est un
modéré. Il réprouve les exagérations des orateurs de la
gauche, tels que Robespierre, et des libellistes révolu-
tionnaires comme Marat, Danton, Carra, Buzot, Martel,
etc. Ses hommes sont Bailly et La Fayette, ses orateurs
préférés Mirabeau et Barnave.
Il fait à diverses reprises l'éloge du Roi, de sa noblesse,
de sa sensibilité ; il regrette les atteintes portées à
son autorité et rejette sur des conseillers maladroits les
dissentiments qui s'élèvent entre lui et l'Assemblée
constituante*.
Maupetit est avant tout royaliste et constitutionnel.
Telles étaient également les opinions du destinataire
des lettres que nous publions, M. Dupont-Grandjardin,
juge criminel à la barre ducale de Mayenne. Celui-ci
était né vers 1750, à Alençon. Il fut nommé successive-
1. Maupetit qui avait une valeur réelle comme administrateur,
ainsi que le prouvent les fonctions qui lui furent successivement
coniiées, n'était pas orateur ; aussi ne trouve-t-on aucun discours
prononcé par lui, ni aucun rapport portant son nom. Pendant
ses différentes législatures, il se Iborna à travail 1er dans les comités,
soutenant et faisant valoir ses idées, mais sans oser venir les
soutenir à la tribune.
Digitized by
Google
— 307 —
ment en 1789, colonel de la Légion de milice nationale,
maire de Mayenne et, en 1790, juge au tribunal de
district, dont il devint ensuite président. En 1791 il fut
élu membre de l'Assemblée Législative, où il siégea
parmi les députés constitutionnels. Mais quelques-uns
de ses votes, notamment celui qu'il émit en faveur de
La Fayette, Tempêchèrent d'être réélu à la Convention
nationale. Le ministre de la guerre, Servan, qui l'avait
connu dans le comité des finances de T Assemblée Légis-
lative, le nomma commissaire des Guerres. Il remplissait
ces fonctions à l'Armée du Nord, lorsque le ministre
Bouchotte le destitua, sans donner de motifs à cet acte
de défiance. Il se retira alors à Nuillé-sur-Ouette près
Soulgé-le-Bruant, dans une propriété de sa femme.
C'est là qu'il fut arrêté, le 10 janvier 1794, pour être
traduit devant la commission révolutionnaire de Laval
qui le condamna à la peine de mort, en raison de ses
votes pour le traître La Fayette, pour n'avoir pas quitté
le département, vu sa situation de fonctionnaire destitué,
au moment de l'invasion des Vendéens à Laval et a
Mayenne et surtout comme beau-frère de Besnier de
Chambray, ancien commandant de la garde nationale
de Laval, qui s'était réuni aux royalistes à la tête d'une
troupe de paysans de la Mayenne.
C'est à la mort du fils de Dupont-Grandjardin, décédé
à Laval dans sa propriété de Beauregard, que les lettres
que nous publions ont été recueillies par M. Meslay,
notaire, et sont ensuite passées entre nos mains.
II
Il y a une vingtaine d'années, nous avons publié déjà
sur Maupetit une notice dont tout l'intérêt consistait
dans la reproduction de sept ou huit lettres adressées
par lui à Dupont-Grandjardin pendant la réunion au
Mans des électeurs appelés à rédiger le cahier des
doléances de la Province et à élire les députés aux
Etats-Généraux. La correspondance que nous publions
Digitized by
Google
— 308 —
aujourd'hui contient uniquement les lettres écrites par
Maupetit, de Versailles ou de Paris, pendant son séjour
à r Assemblée Nationale. Il nous semble toutefois que
les lettres écrites du Mans forment comme une sorte de
préface à cette nouvelle publication et nous nous déci-
dons à les donner ici, bien qu'elles ne soient plus inédites.
Le Mans 12 mars.
Je n'ai pu, Monsieur et cher confrère, trouver le
moment mercredy de vous écrire un petit mot. J'avais
commencé à vous marquer notre marche, lorsque j'ai
été interrompu. Vous Taurez apprise par la lettre de
l'hôtel-de-ville.
Depuis hier nous n'avons rien appris d'ultérieur sur
la manière dont se fera la réduction au quart ; ainsy il
est encore incertain comment cela se passera * ; cepen-
dant je présume qu'on conservera les mêmes districts.
Serai-je retranché ? Cela pourra être, mais je suis tout
consolé, car je m'ennuye très fort de toute cette beso-
gne-là.
Nous avons aujourd'hui réduit les 25 cahiers dans
un seul. Vous sentez bien que la besogne n'étoit pas
difficile. Notre marche étoit tracée. Il a fallu, malgré
nous, parler de la banalité insérée dans presque tous
les cahiers. Les termes modérés ont paru peu convenir
à Pivette. Il a fallu m'époumoner ce soir pour lui faire
entendre raison et je doute de l'avoir convaincu.
On a répandu dans l'assemblée un billet imprimé
1. L'assemblée préliminaire de l'ordre du Tiers-Etat avait eu
lieu au Mans le 9 mars. Les députés devaient d'abord procéder
à la réduction des cahiers de doléances des différentes paroisses
en un seul pour chaque baillage ou sénéchaussée principale,
après auoi ils devaient se réduire entre eux au quart du nombre
total aes électeurs qui eussent dû être présents ; ceux qui
auraient été élus par leurs collègues pour composer ce quart
devaient seuls faire partie de l'assemblée générale et élire les
députés, après avoir arrêté la rédaction définitive du cahier de
leur ordre.
Digitized by
Google
— 309 —
pour proscrire les gens d'affaires des seigneurs. J*ai su
d'où partoii le coup. Peu m'importe; plus tôt ma tâche
sera finie, plus tôt je serai content. Je neveux cependant
pas vous laisser croire qu'il vienne de nos co-députés.
Ils y ont fort applaudi au surplus. Nous vivons en bonne
union. Je ris souvent de bien des démarches, des courses,
des menées de leur petit chien de meute.
J^ai vu M. deMontesson ^ Je lui ai remis le certificat
qu il a dû faire passer aujourd'hui à Tours. Nous avons
beaucoup jasé des affaires actuelles. La noblesse parait
décidée à offrir la répartition égale des impost à condi-
tion de la suppression de l'arrière-ban, chose facile;
2** qu'on délibérera par ordre, condition à laquelle on
parait mettre la plus grande importance, trop forte même
pour ne pas croire qu'on veuille, par là, revenir à des
prétentions très fortes et peut-être au retour des abus.
Je sors de chez l'abbé Pichon et j'y vais aller veiller
pour laisser mes co-députés plus libres de s'épanouir. Il
s'est empressé de me demander des nouvelles de votre
santé, de savoir où en était la Madelaine ; toujours le
même zèle, le même intérêt pour ses chères sœurs et le
même attachement pour ceux qui les secondent.
D'ailleurs icy il y a des brigues considérables, le clergé
sourdement fait sonder les esprits, surtout les moines.
Il y a table ouverte dans plusieurs endroits pour la No-
blesse. Le Tiers connu n'en manque pas; les autres ont
la leur chez leurs hôtes.
Je ne sais point de nouvelles. J'ai été à peu près con-
centré dans le travail à faire jusqu'icy. J'ai vu à peine
M. de la Lande, plus à son aise avec ses co-députés. 11
se donne tous les mouvements d'un bon patriote et il a
sûrement l'avantage d'un travail agréable*. J'attends, je
i. Jean-Louis, marquis de Montesson, nommé dépulé de l'ordre
de la Noblesse.
2. Julien-Joseph Delalande, mattre particulier des eaux et forêts
du duché de Mayenne, lieutenant de maire à Ëmée, nommé dé-
puté du Tiers.
20
Digitized by
Google
- 31Ô -
vous assure, avec impatience le moment de m'en retour-
ner. On est couché, resserré si maussadement, qu'une
pareille vie n'est guère faite pour plaire. Je verrai avec
plaisir le moment de me joindre avec vous, d'y penser à
Taise et de vous réitérer le sincère attachement avec
lequel je suis bien sincèrement votre serviteur et ami.
Maupetit.
Monsieur et cher confrère,
• La rédaction du cahier finie, on a procédé par la voye
des mêmes districts à la réduction du quart. Les 75 dé-
putés nommaient chacun six personnes et ceux qui
avaient le plus de voix étaient nommés.
J'ai fait insérer toute votre charte constitutive dans le
cahier, la plupart des autres articles, et vous eussiez
été satisfait de voir qu'à chaque objet votre version em-
portait la préférence.
Je n'ai pas eu grand mérite à être conservé dans le
quart, le parti de l'opposition n'en a pas été moins fâché
que la réduction n'ait pas eu lieu de quatre en quatre
personnes. Le petit fînot, qui n'avait dit mot, fit tous ses
efforts pour faire adopter son plan, mais il fut rejeté.
Adieu, le porteur veut partir, je n'ai que le tems de vous
renouveler le sincère attachement de votre serviteur et
ami.
Maupetit.
Ce 16 mars, MM. D'Hercé* ctBasmeigné^sont arrivés
en bonne santé. Rien de nouveau.
Du Mans, 17 mars 89.
Je vous ai marqué. Monsieur et cher confrère, que la
réduction au quart s'était faite samedy ; qu'au moyen de
1. Jean-François- Simon, ancien lieutenant de vaisseau né en
1743, nommé député de la Noblesse.
2. M. Nicolas-Jean Dubois de la Basmeignée, beau-père du
chevalier de Hercé.
Digitized by
Google
- Ui -
la nomination donnée à 75 députés composant chaque
district, j'ai pu réunir suffisamment de voix pour rester,
tandis qu'avec la proposition faite par M. des Valettes
de se réduire entre quatre seulement, je n'avais d'autre
parti à prendre que de me réduire moi-même.
Hier lundy, l'assemblée générale des trois Etats a
commencé par une messe du Saint-Esprit, dite par
M. ^évêque^ Un discours de M. le grand sénéchal 2,
l'indication des salles où chaque ordre se retireroit, a fait
la séance du matin 3. Dans l'ordre du Tiers, l'après-*
midy on a vérifié et appelé les baillages secondaires.
Nous composons un total de 332 électeurs* dont la liste
va être imprimée. On a député aux ordres du Clergé et
de la Noblesse pour les assurer du respect du Tiers. La
Noblesse est revenue aussitôt, en même nombre, faire
ses remerciements et saluer le Tiers. L'Eglise a arrêté
une députation que le Tiers ne pourra recevoir que sa-
medy, jour auquel est remise sa réunion en ordre, mardy,
mercredy, jeudy et vendredy devant être employés à des
bureaux de commissaires pour la rédaction des cahiers
du baillage principal et des secondaires en un seul.
Nous nous réunissons ce matin à l'hôtel-de-ville pour
commencer le travail. J'ai été nommé commissaire pour
le district de Mayenne et je ferai valoir, comme vous le
pensez bien, les articles importans que j'ai pris de votre
1. Mgr Joufîroy de Gonssans (François-Gaspard). La réunion
générale des trois ordres eut lieu en effet le lundi 16 mars, à
9 heures du matin, dans Téglise abbatiale de la Couture.
2. Levayer de FaveroUes (Jean-Michel-Christophe), grand sé-
néchal du Maine.
3. Le Cierge devait se réunir dans la grande salle du couvent
des Frères Prêcheurs ou Dominicains.
La Noblesse tint ses séances dans la salle des Actes du Collège.
Le Tiers ouvrit sa session dans une des salles de Tabbaye de
la Couture, mais, comme il se trouvait trop éloigné du Clergé et
de la Noblesse et que ses communications avec les deux autres
ordrQs auraient éprouvé des lenteurs, il sollicita et obtint sa trans-
lation dans la chapelle du Collège.
4. D'après Cauvin, le Tiers-Etat comptait 353 électeurs.
Digitized by
Google
— 312 —
cahier. J'en pourrai de nouveau en faire insérer d'autres
que la première rédaction très turbulente n'a pas permis
de faire valoir. Le second bureau-cy, où sont les princi-
paux députés des baillages secondaires, sera infiniment
mieux composé et nos affaires en iront mieux.
Voilà tout ce que je puis vous marquer. Le Clergé
jette son premier feu. Dans ce moment, il faut s'y
attendre. La Noblesse est bien mieux d'accord et surtout
de faire corps avec le Tiers, mais reste la question
d'opiner par tête ou par ordre. C'est le seul point qui
divisera et qui, je crois, pourra cependant s'arranger.
M. Pasquier, conseiller de Grand Chambre^ a eu
hier, dès le début, une avanie. Au serment indiqué, il a
voulu substituer un serment insidieux. 11 a été aussitôt
démenti par tout l'ordre qui a voulu le serment commun.
Ce ne sera pas la dernière tentative qu'il fera, mais ce
début le rendra encore plus suspect et il verra que
généralement tous les ordres se réunissent pour leur
suppression.
Tous nos Messieurs se portent bien. Nous ne nous
voyons que par hasard. II y a tant de monde et ceux
occupés ont si peu de momens, qu'on est comme dans
Paris près les uns des autres sans se voir.
Je me réserve à vous détailler combien nos gens sont
désorientés. Ils trouvoient tout très bien dans les
premiers jours, aujourd'hui tout excite leur mécontente-
ment. Ils veulent s'en aller ; ils crient de toutes leurs
forces, mais il faut bien qu ils se satisfassent. Ils pour-
roient y mettre plus de politique ; ils doivent sentir que
ces clameurs sont de nature à m'amuser.
Adieu. Daudier vous dit bien des choses. Je ne puis
voir encore la lin de l'Assemblée, peut-être vers lundy,
vers mardy. Je ne signe pas, vous reconnaîtrez toujours
1. Etienne Pasquier, baron de Goulans, conseiller en la grand'
Chambre du Parlement de Paris.
Digitized by
Google
— 313 —
una main qui vous exprimera avec un vrai plaisir son
sincère attachement.
Du Man9,21 mars 1789.
Je sors, Monsieur et cher confrère, de clore et d'arrêter
le cahier des doléances de la Province, où votre diction
brille dans la plupart des articles. Ce n'est pas sans
peine que nous avons pu réunir les suffrages des bail-
lages secondaires. Il a bien fallu céder sur nombre
d'articles que la politique devoit faire proscrire. Mais
comment demander de la modération à un composé de
300 têtes, à des gens qui croient fermement que le cahier
est un recueil de lois arrêtées qui les délivrent de
toute gêne. Me voilà quitte de ma mission. Je l'ai
remplie de mon mieux. Il m'en a coûté bien des impatien-
ces, bien des peines pour amener à la conciliation. Je
ne pouvois encore espérer, aux difficultés des premières
séances, et de l'assemblée préliminaire, et de la dernière,
que tout s'arrangeroit aussy aisément. Le surplus m'est
indifférent, je laisse à qui le voudra maintenant à arran-
ger les dispositions nécessaires pour donner de l'influence
à toutes les parties de la province contre les prétentions
de la capitale. 11 y a une chose qui peut rassurer, c'est
que la foule est fort désunie, que les têtes y fermentent
sans pouvoir se concilier. A ce moyen, il pourroit arriver
sans qu*on y contribue, qu'à peine il y en eut deux de
nommés.
Sur les sollicitations de la commission intermédiaire
et les calculs envoyés de la population, M. Necker vient
d'accorder à la province une cinquième députation.
Ainsy il y aura de plus deux députés du Tiers, dix au
total".
1. MM. le marquis de Montesson et le prince d'Ardenay, syn
de l'A ssemblée provinciale , étaient venus à ThAtel-de-ville anno
y-ndics
î annoncer
cette nouvelle aux 24 commissaires réunis pour la rédaclion du
cahier de la Province.
Digitized by
Google
— 314 —
M. Jouyes des Roches a reçu du Garde des Sceaux,
mais trop tard, la permission de faire tenir une assemblée
préliminaire à Mayenne des districts de Lassay et Ernée.
On en a fait mention en marge du cahier.
Demain sera faite la lecture du cahier de la province.
Il sera signé des 24 commissaires et, l'après-midy, on
procédera à la nomination des vérificateurs du scrutin
et, d'après, on se mettra à procéder à* la nomination
des députés. Par là nous commençons à voir la fin d'une
opération que nous attendons avec impatience.
La Noblesse paroit, sur presque tous les points
essentiels, d'accord avec le Tiers ; égalité d'imposts. sur
le même rôle, sans abonnemens des biens situés hors
paroisses. Ils se tiennent à demander Topinion par
ordre, mais, comme nous, en se départant de l'obliga-
tion de se tenir à cette forme, s'il n'y a pas d'autre
moyen de conciliation. Ils travaillent à leur cahier.
M. de Montesson paroit réunir les suffrages de son
ordre par les talens qu'il a développés. Le chevalier
d'Hercé est à la tête du bureau chargé de la rédaction
de l'ordre judiciaire. Je lui ai communiqué notre cahier
qui est presque en entier dans le cahier général du Tiers.
Pour le Clergé, ils en sont encore à jeter leur feu. Le
curé d'Ernée est l'orateur du clergé curial. Il tient tête
au haut clergé. Il vient de gagner que les moines pour-
vus de bénéfices de leurs maisons ne pourront voter
dans l'assemblée. Mais ils n'ont discuté jusqu'icy que
la forme. Ce ne sera que demain qu'ils commenceront
à rédiger leur cahier*. Ils ne seront jamais prêts pour
qu'on puisse communiquer avec eux, parce qu'il faut,
avant de tenter la rédaction commune, que les trois
cahiers des ordres soient rédigés, sauf à les refondre
ensemble fsn un, si on s'accorde. Tout ce qu'on pourra
1. Françoîs-Henri-Chrislophe Grandin. né à Exmes en Nor-
mandie, curé d'Ernée depuis 1787, nommé second député de Tor-
dre du Cier^fé,
Digitized by
Google
— 315 —
faire sera, dans le procès-verbal séparé du Tiers et de
la Noblesse, de désigner les points sur lesquels les deux
corps auront pu se concilier.
Voilà donc ma mission terminée et le surplus me de-
vient, je vous l'assure, de la plus grande indifférence.
La peine de pareilles opérations dépasse toute la satis-
faction qu'on peut retirer du succès. J'ai pu réussir jus-
qu'icy et ne plus être assez heureux plus loin. Il faut que
chacun à son tour travaille au bien public. Ma tâche est
finie, c'est aux autres à reprendre celle qui reste. J'aurai
une vraie obligation à ceux qui me passeront sous silence
et à ceux qui ont cru devoir publier que j'étois agent du
seigneur de Mayenne. J'en ai trouvé l'avis ce soir sur
le bureau où je travaillois. C'est un motif de défiance
fondé, qui m'apporteroit les plus grands déboires dans
le cas très possible où les plus grands efforts seroient
infructueux. 11 vaut donc mieux que ceux qui n'ont pas
contre eux les mêmes motifs d'exclusion, qui réunissent
les talens nécessaires., suivent cette dernière carrière.
Ils n'auront pas les mêmes inconvénients de défiance à
redouter.
Jf) remettrai demain à la commission qui s*assemblera
votre lettre que me remet Pivette. J'espère vous revoir
bientôt et vous réitérer le sincère et vrai attachement de
votre confrère et ami.
Maupktit.
J'ai rendu à M. le chevalier d'Hercé, à M. de Maisons^
et à M. de la Basmaigné votre souvenir. Ils se portent
bien. M. de la Basmaigné a pour affaires de se lever et
d'aller à la commédie.
Les districts de Laval, Ernée, Lassay, Mamers et
autres se sont réunis hier au soir pour convenir de leurs
choix. Ils ont commencé et doivent ce soir se rassembler
pour finir.
1. René Lefrère de Maisons, électeur de l'ordre de la Noblesse.
Digitized by
Google
— 316 -
Du Mans, 23 mars.
Je vous avois annoncé, Monsieur et cher confrère, la
fin de la rédaction du cahier général. Il a été lu samedy
matin et approuvé.
Samedy après midy, on a procédé au scrutin au choix
des vérificateurs du scrutin. MM. Duclérc, de Laval,
Lejeune, de Mayenne, et Le Balleur de Tlsle, ont été nom-
més d'après la réunion du Bas-Maine sur le choix. Di-
manche a commencé le premier scrutin. Tout le Bas-
Maine réuni a fait nommer d'emblée M. de la Roche, de
Laval*. Au scrutin de ce matin lundy, la même réunion
a fait nommer un M. Héliand, changeur au Mans, connu
par sa probité. Venoit la troisième nomination. Icy l'u-
nion s'est rompue. Laval et Montfort me portoient ; mais
Mayenne et Lassay, réunis à d'autres voix gagnées, ont
porté au premier scrutin, concurremment avec moi,
M. Gournay^, d'après ce que j'en ai su. Le premier
scrutin n'emportant pour personne la moitié des suffra-
ges, on a procédé l'après midy à un second ; même par-
tage ; alors on a nommé comme ayant le plus de suffrages
M. Jouye dos Roches, lieutenant général^, et M. Gournay.
On est dans ce moment à finir le scrutin et je vous mar-
querai, avant de terminer, qui l'aura emporté. Par là
vous voyez que je n'ai plus de prétentions à avoir, et
vous en direz tout ce que votre amitié pour moi vous
dictera, mais certainement c'est m'avoir rendu service
que de m'en avoir écarté. Je ne voudrois pas pour beau-
coup recommencer la vie que nous menons icy depuis
dix-sept jours et j'en ai cent pieds par dessus la tête de
tous les discours, de tous les raisonnements sur cet
1. René-Pierre-Charles-Félix Eniubault la Roche, juge ordi-
naire civil du comté-pairie de Laval.
2. François-René Gournay, avocat au Parlement à Mayenne.
3. Lieutenant général au présidial du Mans, président de
rassemblée du Tiers.
Digitized by
Google
— 317 —
objet. Si M. Gournay est nommé, comme absent, il faudra
procéder aussitôt à la nomination d'un suppléant. Il
n'y aura que pour les absents qu'il en sera nommé, le
lieutenant général ne voulant pas prendre sur lui de
s'écarter d'un mot du règlement 2.
J'ai les honneurs de la députation sans en avoir la
peine. Dans une lettre imprimée que M. de la Palu ou
M. Testard vous porteront, vous y verrez qu'on a craint
ma concurrence, puisqu'on a cru devoir me rendre sus-
pect aux électeurs. Du reste on ne]dit rien sur mon compte
que de très honnête. Je suis montré au doigt dans les
rues comme le seroit un député. J'en serai plus tôt quitte
du côté de la satisfaction de la vanité de cette manière
qu'avec une députation dont le travail et les dépenses
compenseront bien l'honneur, si il y en a à espérer pour
de minces députés du Tiers.
Adieu, je n'ai que le temps de fermer ma lettre. Je la
laisse ouverte jusqu'à ce que je sache qui l'aura emporté
de M. Gournay ou de M. Jouye des Roches.
C'est M. Jouye des Roches qui a été nommé. On a pro-
cédé à un nouveau scrutin que je ne partagerai pas étant
déshabillé.
Du Mans, 24 mars 89.
C'est, Monsieur et cher confrère, un député aux Etats
Généraux qui vous écrit. J'ai été passé ce matin au
scrutin et, grâce à la lettre imprimée contre moi, aux
démarches de notre ami Lalande, à l'union des Lavallois,
j'ai emporté la nomination ce matin au 5* scrutin. Ainsy
nous avons jusqu'à ce soir : l**" député M. de la Roche ;
2^ M. Héliand, tous deux au premier scrutin ; 3* M. Jouyes
des Roches, dont je me réserve à vous parler, il s'est
signalé par les plus grands talens dans cette assemblée ;
2. C'est seulement le 30 juin que les électeurs du Tiers-Ëtat,
réunis au Mans pour nommer un successeur à M. Héliand décédé»
élurent deux suppléants.
Digitized by
Google
- 318 ^
4* Lanier de Vaussenay^ Segreiain n^ayant pas voulu
être nommé; 5* votre ami; 6* M. Guérin, maître de for-
ges de la Gaudinièro^, homme d'esprit; 7'... Ce soir au
deuxième scrutin, M. de la Lande a obtenu la pluralité
des voix avec M. Ménard de la Groye, conseiller au Pré-
sidial, qui Ta emporté au troisième. Mais demain nous
espérons remettre sur Peau M. de la Lande.
Je reçois dans le moment votre lettre et celle de M. le
Duc qui contient en effet sa procuration. Je verrai demain
matin M. le chevalier d'Hercé et je concerterai avec lui
à qui je pourrai la confier^.
Je ne vous dis rien des avanies qu'ont essuyées nos
cabaleurs et de leur déboire. Je dois à M. de la Rue la
justice qu'à la fin il est revenu et m'a donné sa voix.
C'est le seul dont je suis sûr de nos co-députés. Pour les
autres, peut-être M. de la Carlière, peut-être M. Lejeune,
mais je ne puis l'assurer.
Le Clergé arrête toute communication. Ils sont tou-
jours en discorde et dès lors on ne peut conférer avec
eux. Cependant ils nous ont envoyé aujourd'hui la déli-
bération par laquelle ils consentent payer dans la plus
parfaite égalité les imposts votés par la nation à propor-
tion de leur fortune.
Je me réserve à vous donner de plus longs détails à
mon retour. Aujourd'hui que la satisfaction d'avoir rompu
la cabale élevée contre moi est ralentie, je sens tout le
poids de ma mission et elle commence à m'inquiéter.
Adieu. Agréez et faites agréer à Madame l'assurance
de mon sincère et respectueux attachement. M. Benier
l'aîné a été des nôtres et a voté pour moi.
L'union des Lavallois a fait la plus grande sensation ;
si ils ne se fussent pas désunis sur M. de la Lande, ils
1. François-Pierre Lasnier de Vaussenay, né à Laval en 17 i4,
négociant et inspecteur du commerce.
2. Près Mamers.
3. Le duc de Valentinois, seigneur des duchés de Mazarin et
de Mayenne.
Digitized by
Google
— 319 —
eussent emporté les sept premières victoires. Ce sont
ceux qui toujours ont fait pencher la balance.
Du 25
M. do la Lande vient enfin de remporter. Il est nommé
8* député. Il nous en reste deux à nommer. C'est le fond
du sac, il faudra le scrutiner avant Je les voir sortir de
Turne.
Du Mans, 25, 9 heures du soir.
Je voua avois annoncé, Monsieur et cher confrère, par
une lettre que vous ne recevrez que vendredy matin ma
nomination et celle de M. de la Lande. Le jour est heu-
reux pour le Bas- Maine. Nous venons de faire terminer
celle de M. Gournay. Ainsy nous voilà cinq députés du
Bas-Maine. C'est icy pis qu'au conclave, nos Manceaux
bas-vestiers * ont montré toutes les souplesses et les
ruses les plus fortes pour en venir à ce point. Je vous
détaillerai au lonjç toute l'intrigue qui a eu lieu et dont
le succès a été plus avantageux à la fin que le commen-
cement ne le promettoit, car j'ai vu un moment où je de-
vois craindre que nous n'eussions pas de représentans.
J'ai été nommé le 5®, M. de la Lande le 8*, M. Gournay
le 9'. Il n'en reste plus qu'un 10® qui ne m'intéresse pas
assez pour y retourner^. M. des Valettes part en poste
pour faire arriver de même M. Gournay, dont l'accepta-
tion est indispensable, ou bien toutf» la nomination seroit
nulle. Je lui en écris pour qu'il ne manque pas de venir.
Sans^cela deux procureurs du Mans, deux autres officiers,
. furieux que notre Bas-Maine ait eu cinq députés, veulent
protester contre un procès-verbal qui menticmne la nomi-
nation et l'acceptation de M. Gournay. Engagez-le à
partir, quelqu'affaire qu'il aye, et à arriver le plus tôt
qu'il pourra. Je vais tâcher de faire différer la clôture
1. Paysans du Bas-Maine qui portaient une veste courte. V.les
Glossaires de MM. de Montesson et Dottin.
2. M. Chénon de Beaumont, conseiller à l'élection du Mans.
Digitized by
Google
— 320 —
de notre assemblée particulière du Tiers, afin de lui
donner le temps d'arriver avant qu'elle soit terminée*.
11 est question, après la dernière nomination qu'on est
à finir, de faire la proposition à la Noblesse de consentir
l'addition à ses propositions que ce sera sur le même
rôle qu'elle payera. La Noblesse y consent, mais sa
réponse forcera le Clergé à s'expliquer de la même
manière, ou à faire schisme. C'est demain que cette né-
gociation s'entame et qu'elle tiendra au moins tout le
jour pour les allées et venues des ordres.
J'ai reçu le paquet et la procuration de M. le duc de
Valentinois, je l'ai remise au chevalier d'Hercé qui la
confiera à celui dont il sera sûr pour en avoir la voix.
Je ne prévois pas , d'après cette ouverture, que nous
puissions partir avant samedy ou dimanche. Ce ne sera
pas aussitôt que je le désire, tant j'ai d'envie d'être hors
d'icy, de voir où en est notre chemin et de vous réitérer
les sentiments du sincère attachement avec lequel je suis
votre serviteur et airi.
Maupetit.
1. Un avocat du baillage de Mamers et le lieutenant général
de la sénéchaussée de Beaumont. entre autres, furieux du résultat
obtenu par le Bas-Maine, au détriment de plusieurs districts
qui n'avaient pas de représentants, écrivirent au Garde des Sceaux
que ces élections n'étaient que ie résultat de la cabale organisée
pa* les députés de Laval et de Mayenne, qui. en faisant circuler
des listes de candidats, en sollicitant les sufîrages des députés
des campagnes, avaient vicié les votes par tous les moyens que
leur avaient suggérés l'ambition et l'esprit d'intrigue. Mais leurs
plaintes ne furent pas écoutées contre un procès-verbal réguHer
et mentionnant l'acceptation de M. Gournay, arrivé sans doute en
temps utile.
Digitized by
Google
LETTRES DE MICHEL-RENÉ MAUPETIT
(1789-1791)
I
Arrivé, Monsieur et cher confrère, à Versailles mardy
à 10 heures, nous nous sommes assurés de nos loge-
ments. J'ai cédé à M. Gournay mon logement de l'hôtel
de Brissac* et j'en ai pris^ un autre, rue de l'Orangerie,
nM5.
Nous nous y rendons dimanche au soir pour l'ouver-
ture des Etats. Lundy, ouverture qui ne sera, à ce que
l'on dit, que pour la forme, pour vérifier les pouvoirs.
Mais l'ouverture réelle sera différée au lundi 11 mai.
Alors commenceront les travaux. On annonce un discours
de M. Necker ^ tel qu'il doit emporter les suffrages de
tous les ordres, concilier tous les intérêts. Je le désire
plus que je n'y crois d'après la fermentation des esprits
et l'attachement aux abus si utiles à tant de monde. Au
surplus il n'y a plus longtemps à attendre. Suspendons
notre jugement pour ne rien précipiter. Depuis que je
suis icy je n'ai fait que courir. On y débite bien des nou-
velles qui ne peuvent être mandées, tant elles sont con-
tradictoires. Tout ce que je sais, c'est qu'on a réuni les
plus grands efforts pour perdre M. Necker; que le Roy
1. A Paris, le frère de Maupelit habitait l'hôtel du duc de Bris-
sac, gouverneur de Paris, rue de Grenelle-Saint-Germain. Il s'agit
sans doute ici d'un autre hôtel possédé à Versailles par le duc de
Brissac.
2. Jacques Necker (1732-1804), né à Genève et protestant, ancien
banquier, directeur général des Finances de 1776 à 1781, puis de
1788 à 1790.
Digitized by
Google
— 322 —
n^a pas pris le change et, avec Ténergie ordinaire de ses
expressions, a voulu renvoyer tous les ministres, et Teùt
fait sans que M. Necker lui représenta l'inconvénient
d'un pareil changement au moment de l'ouverture des
Etats. Néanmoins on s'attend à un changement de la
plus grande partie. M. Necker restera seul suivant toutes
les apparences. Je ne vous en dirai pas plus long aujour-
d'hui, je ne fais que courir depuis mon arrivée, boire et
manger. J'ai vu M. de Volney qui cause autant des
États généraux qu'il était discret sur l'Egypte. 11 me
parait monté trop haut pour pouvoir se soutenir. 11 fera
du bruit s'il se soutient, mais n'en réussira peut-être
pas mieux ^ — 25 avril 1789 2.
IP
Versailles, 28 avril 1789.
L'ouverture des Etats est remise au lundi 4 mai ^.
Néanmoins, pour ne rien changer, la publication de la
remise à son de trompe par les héraults d'armes s'est
faite hier dans les rues de Versailles et doit être renou-
velée aujourd'hui à Paris. Les députés arrivés pourront
être présentés au Roy dans les trois derniers jours delà
semaine. Comme il résulte une petite vacance, nous
allons ce matin retourner à Paris et nous reviendrons le
jour que nous saurons fixé pour la présentation de notre
province ^.
1. François Chassebœuf, dit Volney, né à Craon en 1757. député
du Tiers-état d'Anjou. Comme le prévoit Maupetit, son rôle dans
l'Assemblée Nationale ne fut pas aussi imponant que l'on eût pu
le supposer d'après la réputation que lui avaient faite ses pre-
miers écrits.
2. Pas de si^ature. Adresse ; A Monsieur Dupont de Grand-
fardin. Juge criminel. Grande rue à Mayenne^ route de Bretagne,
3. L'ouverture des Etats généraux avait été fixée par le Roi
au 21 avril 1789. Ce môme jour, il fut publié par les héraults
d'armes, et afiiché dans la ville de Versailles, que cette ouver-
ture était remise au lundi 4 mai, beaucoup de députés des Pro-
vinces n'étant pas encore arrivés à Versailles, et quelques assem-
blées électorales, notamment celle de Paris, n'étant pas encore
terminées.
4. Les présentations eurent lieu à Versailles le samedi 2 mai.
Digitized by
Google
— â23 -
D'après les dispositions les plus générales, il parait
que la grande question du vote par tète ou par ordre
sera terminée par la division des Etats en deux cham-
bres, Tune haute, la 2* des communes. La difficulté sera,
dans cette première convocation, de pouvoir tracer la
manière de les former en conservant l'équilibre néces-
saire entre les deux chambres. Sur ce point les avis pa-
raissent divisés. La Noblesse voudrait entrer en entier
dans la chambre haute. Le Clergé aurait probablement
la même prétention, alors ce serait ne rien gagner. Mais,
suivant toutes les apparences, il n'y aura que la haute
Noblesse, les princes, les ducs et pairs, le haut Clergé
des évéques et abbés, à la composer. Le surplus for-
mera avec le Tiers la chambre des communes.
Je ne vous donne point toutefois cette nouvelle comme
certaine ; ce sont les rapports qui font présumer cette
marche. On ne peut donc parler que de ce qui se dit.
Nous verrons dans peu ce qui seTera, mais je crois que
la division en deux chambres sera fort de votre goût et
de celui du plus grand nombre.
M. de la Lande s'est laissé escamoter hier sa bourse
dans les appartements du Roy, où le public s'était porté
en foule aussitôt que le Roy fut parti pour la chasse. La
Reine alla également à Meudon, pour laisser au public
le temps de visiter les appartements. Heureusement pour
M. de la Lande qu'il n'avait sur lui que 130^.
On a accompagné le Roy hier par des cris redoublés
de Vive le Roy ! et un capitaine des gardes de la porte
nous dit que, depuis 14 ans, il n'avait pas entendu de
pareille expression de la joie publique. C'est un senti-
ment général comme sur. le compte de M. Necker ; les
clameurs enfin des gens à abus s'apaisent et n'osent plus
se faire entendre. L'arrivée des députés à Versailles y a
beaucoup contribué.
Nous avons vu les députés de Bretagne hier, qui nous
ont appris que le clergé du second ordre avait nommé
22 curés sur le refus du haut clergé de députer. Et comme
Digitized by
Google
— 324 —
il y a peu d'évêques, on a demandé aux Provinces qui
ont des nominations encore à faire de prendre dans le
haut clergé, pour ne pas faire perdre en entier à ce corps
l'apparence de son influence ;mai3, quoiqu'il en soit, le
haut clergé aura peu de représentants.
Je suis en vérité peiné de la scène qu'a eue M. de
Laubrières. Si il eût voulu ra'entendie, il se serait abs-
tenu de paraître au marché. Je lui avais rendu les pro-
pos que j'avais entendus la semaine précédente et malgré
leur fausseté, puisqu'il n'avait pas paru au marché,
j'en avais tiré la conséquence qu'il devait totalement
s'abstenir d'y paraître. Je ne vois pour lui d'autre parti
que de se retirer à sa campagne, de ne point aller lui*
même vendre ses grains, ny à Gorron, ny à Ambrières
où l'animosité le poursuivrait de nouveau.
La nouvelle de la mort de l'Empereur ne se confirme
point officiellement, parce que, suivant toutes les appa-
rences, on veut la cacher à la* Reine ; néanmoins, elle
passe toujours pour constante K
Je crois vous avoir marqué que j'étais logé ici, rue
de l'Orangerie, n? 15. J'y suis très commodément et à
proximité de nos co-députés du Tiers. Nous nous por-
tons tous passablement, malgré le dérangement indis-
pensable dans notre manière de vivre. Nous mangeons
les dix députés du Maine et deux de TAnjou chez le
même traiteur, moyen de nous concilier dans le cas où,
pendant le travail, nous nous trouverions séparés les uns
des autres.
Lt Roy voit toute» les brochures qui paraissent cha-
que jour ; ua libraire de Versailles les Importe. On avait
tenté de le faire disparaître, mais on a été forcé de le
laisser revenir.
On ne parle plus du changement des ministres pour
le moment. La semaine prochaine je pourrai vous en
1. L'empereur d'Autriche, Joseph II, mourut seulement l'année
suivante, le 22 février 1790.
Digitized by
Google
- 325 —
dire plus long, au moins sur les formes, jusqu'à ce que
le temps nous éclaire sur le fonds *.
III
Paris, 30 avril 1789.
11 y a eu lundy et mardy dans le faubourg Saint-
Antoine une émeute qui a coûté la vie à un grand nom-
bre de citoyens et à un plus grand nombre encore de
soldats du régiment de Royal-Cravate et des Gardes-
françaises.
Cette scène tragique a eu pour prétexte un propos
qu'on a supposé à Réveillon, chef d'une manufacture de
papiers à tapisseries. Ce citoyen, estimé par son honnê-
teté, ses talents, s'était trouvé à la rédaction des Cahiers ;
il avait insisté pour qu'on demandât la suppression des
entrées et pour autoriser sa demande, il présentait une
considération intéressante au commerce des manufactures
de Paris. La suppression des entrées diminuera les
vivres et les dépenses de consommation. Les journées
des ouvriers pourront être réduites à moitié ; le manufac-
turier, ayant une main d'oeuvre moins coûteuse, empor-
tera la préférence sur l'étranger.
On répand que Réveillon a demandé que les journées
des ouvriers soient diminuées de moitié ; des gens sans
aveu, soudoyés ainsi qu'on l'a dénoncé, s'attroupent, en
font attrouper 2 à 3 mille. Bientôt le nombre, s'augmente
et tous rassemblés vont vers la maison de Réveillon,
veulent la forcer. On vient à bout le lundy, non de les
dissiper, mais au moins de les calmer. Mardy nouvelle
assemblée plus forte et, malgré les troupes, le détache-
ment de Dragons venu do Mclun, celte populace enfonce
les portes de Réveillon, les fenêtres, démeuble la maison
et avec du bois déposé dans le milieu de la rue, vient y
brûler tout ce qu'on trouvé de papiers, d'ustansiles de la
1. Celte lettre et la précédente sont les seules qui portent la
signature de Maupetit.
21
Digitized by
Google
— 326 —
manufacture. En vain on cherche à les elfrayer ; la plu-
pari, ivres d'avoncc, d'autres remplis des fumées du vin
de Réveillon qu'ils vont déterrer, veulent détruire la
maison, montent sur le toit. Alors, dit-on, le régiment
des Gardes fît feu sur ceux qui étaient sur le toit. La
peur, autant peut-être que les balles en firent tomber.
La populace spectatrice ramasse le bois apporté pour
brûler les meubles, on en jette sur les troupes avec de
grandes gaules de huit pieds prises dans la manufacture.
On cherche à désarçonner les Dragons; on en fait sauter
plusieurs de sur leurs chevaux. Les troupes animées
déchargent sur le peuple à coups de sabres, à coups de
fusil. 11 y a eu dès lors une mêlée où ont dû périr suivant
les uns 5 à 600 hommes, suivant les autres 2 à 300. On
se dépêcha de faire avancer deux canons et d'autres
troupes qu'on avait envoyé chercher. Insensiblement le
feu se ralentit, mais il se répandit nombre d'ouvriers
dans la rue qui arrêtaient les voitures, demandaient do
crier Vive le Roy^ Vive le Tiers ! J'ai été arrêté moi-
même le mardy au soir dans la rue de Grenelle et obligé
de dire que j'étais du Tiers ^
Hier, mercredy, il n'y paraissait plus, tout était tran-
quille. Deux des fous qui étaient montés sur le toit de
Réveillon et qu'on av^ait arrêtés ont été pendus à la porte
Saint-Antoine, à six heures du soir, sans que personne
ait remué et, l'alarme dissipée, on ne peut voir d'autre
cause à cette fermentation qu'une trame particulière dont
on s'occupe à retrouver le fil. On a, dit-on, dénoncé à la
police un censeur royal qu'on a découvert donnant de
l'argent à plusieurs des plus mutins qui commencèrent
l'émeute. Probablement que les plus coupables se décou-
vriront, mais que limportance des personnages fera
étouffer l'affaire.
Au surplus, d'après l'intime conviction du public que
1. V. Taine, Les origines de la France contemporaine. La
Révolution^ t. I, p. 37 et s.
Digitized by
Google
— 327 —
c'est une sédition fomentée, d'après l'opinion presque
géaérale sur les causes et les auteurs, loin qu'il en ré-
sulte quelque défaveur sur M. Necker. il n'en devient
que plus cher à la nation et les ennemis de la Patrie n'y
trouveront que leur ruine et leur confusion.
Tous nos co-députés se portent bien. Nous retournons
demain matin à Versailles pour nous y installer, nous
recueillir un moment avant le moment, nous voir, nous
concerter. J'ai vu ici plusieurs fois M. de Volney, il est
aussi verbeux sur les Etats-Généraux, sur des projets
de réformes, que vous l'avez trouvé réservé et discret
sur l'Egypte. Il s'énonce avec feu, dans les termes les
plus forts. 11 est bon qu'il y ait peut-être pour la dis-
cussion quelques esprits aussi exaltés ; s'ils passent le
but, les têtes froides pourront ramener le gros de l'es-
cadron au point où il faut s'en tenir.
Il y a apparence que lundy il n'y aura que la messe
solennelle et la procession. Mardy commenceront les
discours. On a procédé hier au scrutin de Paris, on ne
sait pas encore quels ont été les premiers députés. Si
je l'apprends avant de fermer ma lettre, je vous le mar-
querai, ou le Journal de Paris vous en instruira.
(-4 suivre).
Digitized by
Google
LA MAISON DE LAVAL
XXVI
aux XIX
13 décembre 1567 — 15 avril 1586.
Le 13 décembre 1567, le décès de Guyonne amena
pour la troisième fois en un vingtaine d'années un chan-
gement dans le sang des seigneurs de Laval : Guy XVII
était un Montfort ; Guyonne une Rieux ; Guy XIX fut un
Coligny. Ce nom dit assez quel parti fut embrassé par
le nouveau comte dans le lutte engagée par la Réforme
contre le Catholicisme.
C'est en représentation des droits de sa mère, Claude
de Rieux, sœur de Guyonne, que Guy XIX se trouva
à Tâge de douze ans, investi sur le patrimoine des mai-
sons de Laval et de Rieux des droits que le décès de
Guyonne laissait vacants.
Née le 8 février 1526 (n. s.), Claude de Rieux avait
épousé, le 19 mars 1548 (n. s.), le frère cadet de Gas-
pard de Coligny, François, seigneur d'Andelot, né à
Châtillon-sur-Loing le 18 avril 1521, et lui avait douné
quatre enfants : 1® une fille, appelée Marguerite, qui, née
1. Voir au Cartulaire les numéros 2.629, 2.630 et 2.631.
Digitized by
Google
— 329 —
à Milan le 28 février 1554 (n. s.), devint un jour dame de
Tournemine ; 2® un fils, Guy-Paul, né le 15 août 1555 en
un bateau sur le Pô entre Chivasso et Turin, alors que
Claude de Rieux rejoignait son mari prisonnier de guerre
en Italie ; 3** une troisième fille, dont le nom n'est pas
connu, et qui, née à Melun au commencement de juillet
1558, mourut après sa mère en 1563 ; 4® enfin un second
fils, appelé François comme son père, qui, né à Paris le
23 août 1559 porta le titre de seigneur de Rieux*.
D'Andelot, lorsqu'il devint veuf, le 5 août 1561, pos-
sédait donc quatre enfants ; trois ans plus tard, le 27
août 1564, il convola en secondes noces avec Anne de
Salm, qui lui donna deux fils : François, qui reçut le
titre de seigneur de Tanlay, et Benjamin, né en février
1569, titré seigneur de Sailly et de Courcelles, et en
outre une fille, qui, appelée Anne comme sa mère, épou-
sa en le 9 octobre 1594, Jacques Chabot, marquis de
Mirebeau.
liors du décès de sa mère, Claude de Rieux, arrivé le
5 août 1561, Guy-Paul, laine des fils hérita de ses droits
sur les terres qui lui avaient été attribuées en représen-
tation de ses droits dans les successions de ses père et
mère ; puis, le 13 décembre 1567. lors du décès de sa
tante Guyonne, Guy-Paul, qui se trouvait son plus pro-
che héritier, prit le nom de Guy XIX, comte de Laval ;
mais il ne put être mis de suite en possession de ses
fiefs. Guyonne, grâce à son protestantisme, était morte
sous le coup d'une instruction criminelle, dont l'un des
premiers actes avait été. dès le 31 janvier 1567, une
mise sous séquestre de ses biens ; or, aussitôt son dé-
cos, ce séquestre s'était compliqué d'une saisie de tous
ses meubles, saisie opérée à la requête du procureur
1. M. Bordier, France Protestante, IV, 238, ajoute ici une se-
conde fille nommée Suzanne et ayant épousé Guillaume de Poi-
tiers, baron d'Outr() : mais son affirmation est difficile à concilier
avec le silence gardé .sur elle dans 1 acte du 11 février 1584,
portant accord entre Guy XIX et Anne de Salm, sa belle-mère.
Digitized by
Google
— 330 -
général du roi au comté de Laval. L'instance aboutit en-
fin deux ans plus tard à un arrêt rendu contre la mémoi-
re de Guyenne, le 19 décembre 1569, la condamnant
pour lèse-majesté et prononçant confiscation définitive
de ses biens.
Cette instance, ce séquestre, cette saisie, cette confis
cation épargnèrent sans doute à Laval et aux fiels dé-
laissés par Guyenne, les singuliers désastres qu'y au-
rait inévitablement produit le fanatisme protestant de
d'Andelot, si celui-ci avait pu y agir en maître en qualité
de bail et tuteur de Guy XIX.
Des trois frères Coligny, c'est d'Andelot, le plus
jeune des trois, qui semble avoir le premier adopté les
idées nouvelles. Les biographes assignent au change-
ment de ses opinions, Tépoque où il était prisonnier de
guerre à Milan (1551-1556 '. Quoi qu'il en soit de
Texactitude de cette date, il semble par contre certain
que c'est lui qui, le premier fitpénétrcrle protestantisme
en Bretagne. Accompagné de deux ministres, Jean-Gas-
pard Carmel ou Cormel, surnommé Fleury, et Pierre
Loiseleur, seigneur de Villiers et de Westhaven, il quit-
ta Paris en avril 1558 , puis à Angers, à ÎVantos, à Blain,
à Rieux, à Pontchàteau, à la Roche-Bernard, à hi Bretes- .
che, à Rochefort, abusant de sa haute position militaire
et de la faveur royale, il se plaça au-dessus des édits et
fit prêcher portes ouvertes et à tous venants. Cette in-
cartade lui valut une arrestation et une incarcération à
Melun, dont il ne sortit qu'après avoir assisté à la messe
et avoir écrit au roi Charles IX, vers le 7 juillet 1558,
une lettre de soumission, dont les ministres blâmèrent
les termes à l'égal d'une apostasie '.
1. Au Bulletin du protestantisme français (XXVII, 254) M.
le comte Jules Delaborde a publié un article : Captivité de d'An-
delotau château de Milan. On y voit que, fait prisonnier avant
le 21 juillet 1551. d'Andelot ne reprit sa liberté que dans le cou-
rant de juin 1556.
2. Dans le Bulletin du protestantisme français (XXV, 433 ;
XXVI, 26, 49, 433), M. Jules Bonnet a publié un travail intitulé :
Digitized by
Google
LA MAISON DE LAVAL
PlMloCypi* BefltaAod. I
18:5. — Portrait de dAndelot
{Crayon de ta Bibliothèque Sationate)
Digitized by
Google
Digitized by
Google
— 331 —
Rendu à la liberté, il prit place au nombre des protes-
tants militants les plus actifs et de ceux qui eurent dans
les guerres de religion Faction la plus directe et la plus
importante, mais par là même il fut empêché de donner
une impulsion personnelle au mouvement protestant
établi dans les domaines de sa femme, dans ceux de sa
belle-sœur et dans ceux de ses fils. Une action exista :
à défaut d'autre témoin on on peut donner pour preuve
cette lettre publiée par M. Tabbé Paris- Jallobert par
laquelle, le 15 mai 1561, Georges de Gennes rend compte
à d'Andelot des recettes de la capitainerie de Vitré ',mais
on ne constate guère sa présence au Maine et en Breta-
gne que lors d'une courte apparition faite en 1568, de-
puis le mois de juillet jusqu'à celui de septembre 2. Venu
sous prétexte de mettre ordre aux affaires qui résultaient
pour lui du décès de Guyonne, il profita de son séjour à
Laval pour y faire son testament, daté du 4 septembre
1568, et pour y prendre diverses mesures dont lacté numé-
ro 2.782 du Cartulaire semble être aujourd'hui le seul té-
moin subsistant. 11 est certain que sa grande préoccupation
était d'organiser la troisième guerre civile, qui se
préparait et qui eut pour signal, le 23 août 1568, le dé-
partdu prince de Condé abandonnan* son château de No-
yers, emmenant avec lui diverses personnes, au nombre
desquelles la seconde femme de d'Andelot.
Celui-ci avait donné rendez-vous aux huguenots du
nord-ouest à Beaufort en Vallée pour le 14 septembre
1568. Une fois cette concentration opérée, il alla camper
Jean Macard ; un an de ministère à Paris sous Henri II, dans
lequel les relations de Macard etded'Andelot tiennent une gran-
de place et où on trouve les passages les plus importants des
lettres échangées alors par d'Andelot.
1. Voir Cartulaire numéro 2.726.
2. C'est bien en juillet seulement que d'Andelot se mit eu route
Ï^our l'Ouest. Les archives de Condé possèdent une lettre écrite
e 20 juillet 1568 par l'abbé de Saint-Pierre à M. de Gordes où on
lit : « ... Ledit sieur d'Andelot a prins le chemin de la Bretagne,
on ne peult savoir à quelle lin. M. de Martigues l'asuyvy pour
sentir ^es desseings... » (Duc d'Aumale, Condé, II, 16).
Digitized by
Google
— 332 —
sur la rive droite de la Loire, espérant que sa grande
supériorité numérique lui permettrait de détruire les
troupes du gouverneur de Bretagne, Martigues, qui
venait do s'affaiblir en donnant à la ville de Nantes la
garnison dont elle avait besoin. Malgré la disproportion
des forces, les protestants de d'Andelot furent battus et
eussent été anéantis si la découverte d'un gué ne leur
avait permis de traverser la Loire et de se joindre aux
forces dont le prince de Condé avait le commandement.
C'est dans cette campagne, commencée sous ces tristes
auspices et qui devait prendre fin le 13 mars 1569 par
la défaite de Jarnac, où le prince de Condé trouva la
mort, que d'Andelot fit ses dernières armes.
Atteint par la fièvre à Saint-Jean-d'Angély, il y ren-
dit le dernier soupir le 7 mai 1569 \ et y reçut une sépul-
ture provisoire ; mais plus tard, dans des temps plus
calmes, son corps fut apporté à la Roche-Bernard, selon
les intentions manifestées par lui dans son testament.
Dans cet acte, daté de Laval le 4 septembre 1568,
d'Andelot s'était abstenu de statuer sur la tutelle des
enfants de son premier lit, mais il y avait dit : « Je veux
que ma fille Marguerite, jusqu'à ce qu'elle soit mariée,
n'abandonne pas ma femme » et il avait ajouté : « Quant
à mes deux fils : (juy-Paul de Laval et François de Coli-
gny, mon intention est qu'ils demeurent avec M. l'admi-
rai, il leur doit bailler trois mille francs tous les ans pour
leur entretenement de toutes choses, sauf à augmenter
leurs pensions quand il surviendroit occasion de plus
grands despens ». Bien que le gros des fiefs qu'ils étaient
1. Les historiens ne sont pas d'accord sur la date du décès de
d'Andelot : la plupart la fixent au 27 mai, d'autres au samedi 7
mai. Le marquis a'Aubaïs, dans une note de ses Pièces fugitives
fl, 278), s'était ranpfé parmi ces derniers, mais sans faire con-
naître les motifs de cette préférence. Cette date du 7 mai est four-
nie par un accord passé entre Gaspard de Goliçny et sa belle-
sœur Anne deSalm,le 10 février 1572, lequel réfute aussi la date
du 4 mai, donnée dans les Questions historiques (t XLII, p. 101)
et celle du 27 mai 1570 donnée par dom Taillandier (Histoire de
Bretagne, II, 505).
Digitized by
Google
— 333 —
appelés à posséder leur fut venu du côté maternel, il
semble bien que Gaspard de Coligny fut reconnu tuteur.
Tout au moins, on possède des actes des 10 février,
26 juin et 10 juillet 1572, où il se qualifie lui même :
« Tuteur et curateur de Guy, comte de Laval, cy-devant
dit Paul de Coligny, François et Marguerite de Coligny.»
Cette constatation permet de dater Tacte 2.804 du Cartu-
laire, qui n'est connu que par une copie d'où la date a
été exclue et d'en fixer la confection à une époque peu pos-
térieure au décès de l'amiral Coligny, tué à la Saint-
Barthélémy (24 août 1572). Par cet acte, Charles IX
confiait la tutelle des trois enfants du premier lit de
d'Andelot à René de Rieux, seigneur de la Feuillée,
leur oncle maternel. Quand celui-ci mourut, le 25 août
1575, GuyXlX,depuis une douzaine de jours, venait d'at-
teindre sa vingtième année ; aussi non seulement il n'y
eut pas lieu de lui donner un autre tuteur mais en outre
il se trouvait en âge suffisant pour assumer pour lui-même
la tutelle de son cadet.
Quant aux personnes de Guy XIX et de son frère, en
1569, elles furent certainement placées sous la garde de
l'amiral Coligny ; la preuve certaine en est que c'est à
Châtillon-sur-Loing que Guy XIX fut atteint par la
nouvelle de la Saint-Bartholemy et que c'est delà, en la
compagnie de ses cousins et sous la direction de Le Gresle,
leur précepteur, que tous ensemble partirent pour la Suisse
où ils se proposaient d'attendre des temps meilleurs*.
C'est en effet en Suisse qu'on trouve trace de Guy
XIX pendant les trois années suivantes : à Bâle» le 31
octobre 1572, les 6 septembreet 5 octobre 1573 ;à Schaf-
fouse le 24 août 1573. Il était en Suisse, pendant le
1. Voir dans les Preuves de la maison de Coligny, p. 624 628,
un extrait des mémoires de M. de Ghâtillon racontant comment,
avec l'aide du sieur de Pontchartryin, Guy XIX et ses deux cou-
sins de Coligny furent menés de GhAlillon-sur-Loingà Mulhouse,
à Berne, à Goppet et à Genève, et comment ils furent rejoints à
Bâlepar la veuve de d'Andelot, avec ses jeunes enfants.
Digitized by
Google
— 334 —
second semestre de 1574, ainsi qu'en témoigne une let-
tre adressée à Bellièvre par Catherine de Médicis, qui
se préoccupait du séjour que Guy XIX faisait hors de
France, et qui cherchait les moyens d'y mettre fin.
Jusqu'au dernier de ses jours, Guy XIX resta fidèle
1UX étendards protestants. 11 ne prit cependant aucune
part à la prise d'armes do 1 574, qui aboutit en mai 1576
à la paix de Monsieur, tout au moins il profita de Tédit
de pacification et des tolérances nouvelles qu'il apportait
aux protestants pour rentrer en France. On possède en
effet un acte signé par lui à Vitré, le 24 janvier 1577,
186. — Signature de Guy XIX, 1577.
et un état de sa maison arrêté par lui à Vitré, le 5 mars
1577. Guy XIX, dès lors, se dépensa de toute les ma-
nières au profit de la cause protestante ; en juin 1580,
il est en Allemagne où il cherche à lever des reîtres ; en
juillet 1581, il est aux côtés du duc d'Anjou où on le
trouve encore en janvier 1583, lors de la désastreuse
équipée d'Anvers ; en septembre 1584, il prend part à
l'Assemblée de Montauban; et, avec Duplessis-Mornay,
il est député par elle vers Henri lii. Son voyage fut
pour lui ui\e occasion de faire à Laval un séjour que la
maladie y prolongea.
Le 27 août 1585 Henri ill félicitait Guy XIX d'avoir
donné « congé et fait retirer et sortir de ses terres les
ministres delà religion nouvelle prétendue réformée».
Digitized by
Google
- 335 —
On se demande si le roi avait été exactement renseigné
sur les agissements de Guy XIX et sur ses projets,
car, moins de quinze jours après la date de ces félicita-
tions, Guy XIX se prononçait résolument ; décidé à join-
dre son contingent aux troupes réunies sous les ordres
de Condé, il partait de Vitré, le 8 septembre 1585 ac-
con»[jagné de 150 reitres et de trois cents arquebusiers
à clieval ; avec lui ses trois frères de Rieux, Tanlay et
Sailly se mettaient en campagne. Aucun des quatre ne
revint.
Le premier qui disparut fut le sieur de Tanlay, l'aî-
né des frères du second lit, que la maladie enleva à Saint-
187. — Sceau de Guy XIX, 1577.
Jean-d'Angely. Tundes derniers jours de mars 1586. Les
trois survivants firent lionprablemei^it leur devoir, le 7
avril 1586, dans une affaire contre le régiment de Tier-
celin, dans laquelle le sieur de Sailly fut blessé à mort
d'une arquebusadeàlatéte, tandis que le sieur de Rieux
recevait un coup de pique au ventre. Ils moururent de
leurs blessures, l'un le lendemain, l'autre le surlende-
main du combat.
Quant à Guy XIX, il ne survécut à ses frères que de
huit jours seulement, il mourut le 15 avril 1586, âgé de
Digitized by
Google
— 336 —
trente ans , avec ses trois frères, il reçut la sépulture
au château de Taillebourg.
C'est le 1*"* septembre 1583 que Guy XIX s'était ma-
rié ; il avait épousé Anne d'Alègre, fille de Christophe
d'Alègre,mort en 1580, et d'Antoinette du Prat, qui ne
devait mourir qu'en 1598. Anne lui apportait un capital
de cent mille livres. En cas de survie elle devait rece-
voir un capital de dix mille écus, en outre elle avait le
188. - Sceau de Guy XIX, 1579.
droit d'opter entre le douaire, tel que les coutumes le fi-
xaient, et une rente de vingt mille livres assise sur le
comté de Montfort.
Devenue veuve le 15 avril 1586, Anne attendit treize
ans avant de convoler en secondes noces ; et, en 1599,
l'année qui suivit la mort de sa mère, elle épousa Guil-
laume de Hautemer, seigneur de Fervaque, maréchal
de France, dont elle fut la seconde femme ; et, dès lors
elle fut connue sous le nom de la maréchale de Fervaque.
Veuve une seconde fois par le décès de Fervaque en 1613,
alors qu'elle avait soixante-treize ans, elle fut accusée
de chercher à convoler en troisièmes noces, soit avec le
prince de Joinville, soit avec le duc de Chevreuse. S'il
faut en croire Tallemaot des Réaux, elle aurait choisi
pour son héritier ce dernier personnage qui, par ava-
rice, lors de son décès, arrivé en 1619, entre le 20
février U le 4 juin, aurait expédié son corps par le mes-
sager au lieu de sa sépulture.
Pour Guy XIX, les monuments ne font par défaut ; on
a, en effet, eu la bonne fortune de pouvoir grouper autour
Digitized by
Google
LA MAISON DE LAVAL
PbotMtvpt» Berthaud.
ISi. — Portrait de Guy XIX
((UtbiiH'l de M. Anatole France)
Digitized by
Google
Digitized by
Google
LA MAISON DE LAVAL
PlMtoiypM ftmtuiurf. Pana
185. — Portrait dAnne dAlèijre, veuve de Guy XIX, 1593
(Crayon de la Hihliothéqiie Sationah)
Digitized by
Google
Digitized by
Google
— 337 —
de son portrait (n* 184), de celui de d'Andelot, son père J
(n*183), et de ceux d'Anne d'Alègre, sa femme (n® 185),
sa signature, deux de ses sceaux et un jeton à ses armes.
Son portrait est fourni par un crayon original de Tal-
bum dit Recueil Courajod, où il occupe le numéro qua-
rante - ; il est intéressant de le comparer à un portrait
au crayon lui aussi conservé à la Bibliothèque Nationale
aux Estampes, folio 143 du tome XUl de la Collection
d'Uxelles, et qui, à tort, selon nous, passe pour être celui
de Guy XIX \
Quant aux portraits d'Anne d'Alègre, Tun (numéro
189. - Jeton de Guy XÎX, 1588.
185) est daté de 1595, neuvième année de son veuvage;
c'est la reproduction assez sensiblement réduite du très
beau dessin conservé à la Bibliothèque Nationale au dé-
1. Le beau portrait de d'Andelot, donné ici d'après le dessin
original conservé à la Bibliothèque nationale, n'est pas inédit : il
a pris place à la page 31 du curieux travail de M Bouchot : Les
Ctouet et Corneille de Lyon, dans lequel sa paternité est présu-
mée appartenir à François Glouet.
2 Le Recueil Courajod, dont la table a été donnée par M. Hen-
ri Bouchot à la page 319 de ses Portraits au crayon des XVI^ et
-Y F//« 5i^c/e5, appartient à M Anatole France, de l'Académie
française, que nous sommes heureux de remercier de la bonne
grâce avec laquelle il nous a facilité la publication du portrait de
Guy XIX.
3. Guy XIX est mort âge de 31 ans; or le portrait de la collection
d'Uxelles représente un personnage bien plus avancé dans la vie.
On peut supposer que l'attribution déjà ancienne de ce portrait
est le résultat d'une erreur et qu'il faut y chercher les traits de
l'un des Montmorency-Laval.
Digitized by
Google
— 338 —
partement des Estampes. Le second n'est pas daté, mais,
comme Anne d'Alègre y est qualifiée de dame de Ferva-
que, comtesse de Grancey, il est postérieur à son second
mariage, consommé en 1599. Ce crayon est conservé
parmi ceux de Louvre sous le numéro 1.382.
On en trouvera plus loin la photogravure.
La signature de Guy XIX et le beau grand sceau,
numéros 186 et 187, ont été fournis par Tacte 2.830 du
Cartulaire et ont été communiqués par M. le duc de la
Trémoïlle. Le petit sceau 188 est communiqué lui aussi
par M. le duc de la Trémoïlle, en même temps que le nu-
méro 2.843 du Cartulaire. On terminera par le beau
jeton de Guy XIX ^ numéro 189, qui date de Tannée 1583
et qu'il est curieux derapprocher des trois jetons de Guy
de Laval-Nesle, dessinés plus loin, sous les numéros
192-194.
CARTULAIRE DE LAVAL
Guy XIX
XIX (2772-2889) 1568-1586
2772. — 1568, 10 février, Orléans. — Lettre écrite par
Charlotte de Laval à la duchesse de Ferrare (B. N., français,
3218,81).
A Madame la duchesse de Ferrare (xii^ jour de février 1568).
Madame, j'ay receu la lettre qu'il vous a pieu m'escrire par
ce porteur, pour lequel j'ay faict tout ce qu'il m'a esté
possible, comme il le vous fera entendre bien au long, et
comme aussi je me suis emploiée pour la femme de l'appo-
thicaire, qu'il vous a pieu me recommander ; mais je n'ay
sceu obtenir ce qu'elle demandoit, pour la conséquence.
1. A la Bibliothèque nationale, le folio 181 du tome XIV du
recueil du Saint-Esprit conserve une jçravure à l'eau forte donnant
le revers et le jeton considérablement agrandi et daté de 1584.
Digitized by
Google
— 339 —
Ce mesmes porteur vous pourra dire de mes nouvelles
qui me gardera de vous ennuyer de plus longue lettre, pour
prier le Créateur en cest endroit vous conserver, Madame,
en sa saincte et digne garde, avec mes très humbles recom-
mandations à vostre bonne grâce.
A Orléans, ce x® jour de febvrier 1568.
Vostre très humble et très obéisante servante.
Charlote de Laval.
2773. — 1568, février, Orléans. — Lettre écrite par
Charlotte de Laval à Coligny (Imprimé, Delaborde, Coligny^
d'après Vie de Coligny, Cologne, 1686, 342).
2774. — 1568, 3 mars, Orléans. — Note sur le décès de
Charlotte de Laval, inscrite de la main même de Coligny sur
le livre d'heures de Louise de Montmorency (Imprimé,
Bulletin du Protestantisme français, II, 6).
Le III de mars MCCCCCLXVIII, mourut madame l'admi-
ralle, leur mère, Charlotte de Laval, à Orléans.
2775. — 1568, 6 mars, Paris. — Jugé au Parlement sur
un appel d'une sentence de la chambre des requêtes, donnée
le 9 octobre 1559, au profit de « Louis de Sainte-Maure,
chevalier de nostre ordre, marquis de Nesle et comte de
Joigny, » au sujet des comptes à rendre pour le fief de
Folvye, mis sous séquestre (A. N., X'^ 217, 108).
2776. — 1568. 21 mai. — Lettre écrite par d'Andelot à
Catherine de Médicis pour se plaindre de ce qu'à Chevannes,
près d'Auxerre, on avait pillé l'argent destiné à être remis
aux reîtres (Imprimé, Lettres de Catherine de Médicis, III,
143, d'après B. N., français, 15546, 77).
2777. — 1568, 30 mai, Maillé. — Naissance de Louis,
second fils de Jean de Laval, marquis de Nesle. et de Renée
de Rohan. Son baptême eut lieu le 21 juin (note, du Chesne,
Histoire, 613).
2778. — 1568, 27 juin, Genève. — Lettre écrite par Calvin
à Coligny au sujet du décès de Charlotte de Laval (Imprimé,
Delaborde, Gaspard de Coligny ^ II, 511).
2779. — 1568, juillet. Le Mans. — « Association faicte
entre les gens d'Eglise, de la noblesse et du Tiers Estât, au
Digitized by
Google
— 340 —
couvent des Jacobins du Mans, pour maintenir la relligion
catholicque et le service du Roy et de Messieurs ses frères,
contre les Huguenots qui prétendent, par arts diaboliques,
perdre la Relligion, et s'opposer à leurs mauvais desseins
jusqu'à la mort inclusivement » (copie, B. N., français^
15547, 194).
Nous, soubz signez, confédérez et alliez par saincte et
divine allience, pour la continuation et maintenem[ent] de
riionneur souverain deu à Dieu, nostre créateur, de ses
sainctz comandemens et ordonnances de la saincte Église
catholicque, apostolicque et Rommaine, et pour la mainten-
tion de 1 estât du Roy très crestien et très catolicque, nostre
souverain prince, esleu et à nous baillé par la grâce et
providence divine, pour nostre chef et souverain terrien,
dominateur et conservateur de la dicte saincte Église cato-
licque, apostolicque et Romaine, et de ses sainctz decretz et
concilies d'icelle, et de l'obéissance que nous et tous ses bons
subjectz luy Uevons et à noz seigneurs ses frères, aussi très
crestiens et très catolicques princes, et repos de son royaume
et de tout son peuple ; et afïïn de maintenir la dicte saincte
Église et religion catoHcque, Romaine et apostolicque, pour
obvier, par tous moiens licites, raisonnables et permis de
Dieu, auxdampnées entreprises, machinations et conspirations
que Satan a mis es cueurs d'aucuns malheureux, qui ont
tendu et tendent, par tous arctzdiabolicquos, de non seullement
diminu<^r, mais du tout subvertir ladicte religion catolicque,
apostolicque, Romaine, et lestât et auctorité du Roy, nostre
bon souverain, catolicque et très crestien prince et légitime
deffenseur. et de nos dictz sieurs ses frères ; et pour tenir,
moiennant l'aide de Dieu, consentement et accord de leurs
Magestez, tout le peuple en repos, pour servir à Dieu et
rendre l'obéissance deue à leurs Magestez, faire obéir la
justice tant de ses courtz de parlement que autres ses juges
et magistratz, promectons et jurons vivre et mourir en
ladicte Religion catolicque, apostolicque et Romaine, et
obéissance deue ausdicte Magestez ; ausquelles Magestez et
leur justice nous promectons et jurons toute obéissance,
services et ayde, et, de noz personnes et biens, empescher et
courir sus, avecques leurs auctoritez, contre tous perturba-
teurs, innovateurs et contrevenans à ladicte Religion et estatz
Digitized by
Google
- 341 —
des dictez Magestez et à leurs sainctz et catholicques eoditz
et ordonnances divines et politicques, et de nous secourir les
ungs les autres, aux effectz susdictz par tous moiens, contre
tous héréticques sectaires tendans à fins contraires, le tout
jusques à la. mort inclusivement.
2780. — 1568, juillet. — Instructions données par d'A.n-
delot à Bois-Dupin envoyé par lui au gouverneur de
Bretagne afin de se plaindre de la surveillance dont il est
l'objet* (B. N., français, 15547, 192).
Bois-Dupin* a esté chargé de faire entendre à Monsieur de
Martigues' l'occasion de la venue de Monsieur d'Andelot à
Laval et en Bretaigne, qui est que par plusieurs fois ses gens
et serviteurs l'ont interpellé de venir à Laval et en Bretaigne,
pour donner ordre à Texécution testamentaire de feue Madame
de Laval* et aux afaires des maisons de Laval et de Rieulx,
ausquelles ilz ne pou voient remédyer sans sa présence.
Estant achemyné depuis Tanlay* jusques à Laval, accom-
paigné de soixante ou soixante dix chevaulx, estimant les
passaiges luy estre libres, suyvant les édictz du Roy, luy ont
esté desnyez, ensemble toutes choses à luy nécessaires.
Et auparavant s'estre rendu à Laval et depuis, il s'est faict
deux assemblées de plusieurs gentilz hommes de l'Eglise
Romaine, l'une au village de Ballon et l'autre en la ville du
1. Ces instructions ont été imprimées par M. Delaborde au
tome IIL p. 491, de son Coligny; avec addition à la fin d'un etc.
qui donne à penser à tort que le texte n est pas publié in-extenso.
2. Bois-du-Pin, château sis en Bazougers (Mayenne). Il est ici
question de Guillaume des Vaux, .«^eiffneurde Bois-du-Pin. Voir
Ângot, Dictionnaire de la Mayenne, i, 300.
3. Sébastien de Luxembourg, vicomte de Martigues, avait été
nommé lieutenant-général en Bretagne par lettres du l**" janvier
1560 (n. s.), imprimées dans dom Morice, III, 1.238, puis gouver-
neur, à la place du duc d'Blampes, par lettres du 20 mars 1563,
imprimées dans dom Morice, III, 1.335.
4. Guyonne décédée le 13 décembre 1567.
5. Tanlajr dans le département de l'Yonne, canton de Gruzy-le"
Chàtel. Voir plusieurs dessins représentant le château actuel»
dont une partie date de d'Andelot, dans rin-4<> du baron Ghaillou
des Barres : Les Châteaux d'Ancy-le-Franc, de Saint-Fargeau,
de Cliastellujc et de Tanlay,
22
Digitized by
Google
— 342 —
Mans, pour reprendre les armes et conspirer allencontre
dudit sieur d'Andelot et ceulx de la Religion Réformée*.
De ce adverty, Monsieur le mareschal de Vieilleville en a
blasmé aucuns de ladite assemblée, leur remonstrant que
e'estoict contre le vouloir et intention du Roy. Toutesfois,
monsieur d'Andelot a esté adverty que la pluspart des c^nju-
rateurs avoient dict que pour cela ilz ne délaisseroient de
poursuivre leur entreprise, et qu'ilz sçavoient bien qui les en
garentiroyt.
Et ayant entendu ledit sieur d'Andelot que monsieur de
Martigues entroyt en son gouvernement de Bretaigne, a esté
très aize de sa venue, se souvenant de ce que monsieur de
Martigues luy avoict dict à Lamballe, qui est qu'il feroict
garder et observer les édictz du Roy en son gouvernement,
ou qu il luy cousteroit la vye, mais qu'aucune passion ou
afection particulière ne luy feroict entreprendre contre ceulx
de la Religion Réformée, oultre le service du Roy ; et se
confiant mondit sieur d'Andelot que mondit sieur de Marti-
gues continuera à faire garder et observer les édictz du Roy,
ne différera de poursuivre ses afaires, ne souhaictant et
désirant rien plus que de vivre en repos et tranquillité soubz
l'obéissance du Roy et de ses édictz.
Et encores qu'il ayt esté adverty que mondit sieur de
Martigues soict party de la Court et que plusieurs compai-
gnyes le suyvent, en délibération de faire desplaisir à moudii
sieur d'Andelot, ce qu'il ne veult croire, estant asseuré qu'il
le congnoist si homme de bien, pour avoir esté employez en
mesme charge, et que pour ce regard il ne luy voudroict faire
fascherye, mais, oultre cela, il est son alyé, parent, amy et
serviteur, et qu'il est asseuré que au contraire il luy voudroit
faire plaisir, comme ledit sieur d'Andelot en voudroict faire
de sa part ; et que si les armes se reprenoyent, que ce seroict
à son très grand regrect et desplaisir, dont il se prendra bien
garde de sa part, et que quiconque conseillera au Roy de
1 . On ne sait rien de la réunion tenue à Ballon, sous l'influence
sans doute de Nicolas de Thouars, seigneur en Saint-Mars-sous-
Ballon. Quant à l'assemblée tenue au Mans, on trouvera ici (n<>
2580) le texte de ses résolutions, auxquelles malheureusement on
ne peut joindre les noms des signataires que le manuscrit français
15547 n'a pas conservést
Digitized by
Google
- 343 —
commander de les reprendre sera cause d'une grande ruyne
pour le royaume de France, et que, où ledit sieur d'Andelot
sera forcé et contrainct, il deffendra sa vye tant qu'il pourra.
Et qu'il prye monsieur de Martigues de ne croire beaucoup
de calomnyes et impostures que l'on mect en avant de luy-
mesmes qu'il a prins et voulu surprendre des villes, de faire
oster les armes à ceulx de Laval et faire autres entreprises où
il n'a jamais pensé.
Bien est vray que lorsque La Barre* se présenta au-devant
de luy, luy dist qu'il ne s'approchast de luy et qu'il ne le
vouloict veoire pour le mauvais traiclement qu'il avoyt faict
à Madame de Laval, jusques à luy avoir desnyé les vivres de
sa ville de Laval, battu, oultragé et envoyé tous ses oficiers
et serviteurs, et plusieurs aultres maléfices pd^r lesquelz
dès lors il Teust faict constituer prisonnier, sans qu'il eust
semblé à veoire que ce eust esté faict pour ce qu'il avoyt esté
faict pour ce qu'il avoyt esté mys à Laval par l'évesque du
Mans durant les derniers troubles ; mais au contraire ledit
sieur d'Andelot a voulu monstrer qu'il oublioyt toutes choses
faictes durant les troubles, ainsi qu'il a pieu au Roy l'ordonner
par ses édictz, ce qu'il a déclaré à ses sugetz de Laval.
2781. — 1568, 4 septembre, Laval. — Testament de
François de Coligny, seigneur d'Andelot (Imprimé, du
Bouchet, Histoire de Coligny^ 1115).
... Je veux que ma fille Marguerite n'abandonne point (ma
femme) jusques à ce qu'elle soit mariée Quant à mes deux
fils, Guy-Paul de Laval et François de Coligny, mon intention
est qu'ils demeurent avec M. Tadmiral, et leur soit baillé
trois mil francs tous les ans pour leur entretenement de toute
chose, sauf à augmenter leur pension quand il surviendroit
occasion de plus grands dépens.
... Item, j'ordonne outre ce qui pourroit estre deu à mes
serviteurs domestiques et leur donne une année de leurs
gages ; et davantage cent escus au capitaine Saint-Bonnet
Taisné, lequel j'entends qu'il soit gouverneur de mes enfants,
1. Guillaume Le Breton de Nuillé, sjipneur de Haute-Follie,
plus connu sous le nom de capitaine de La Barre, avait été
chargé par Tévéque du Mans Charles d'Angennes, de commander
à Laval.
Digitized by
Google
— 344 —
m'ayant fidèlement servy, le connoissani propre pour cela et
de bonne condition.
2782. — 1568, 7 septembre, Vilré. — Lettres par les-
quelles François de Coligny, sieur d'Andelot, fixe à huit
deniers pour livre, la rémunération de Jean Jourdain, sieur
de la Vallière, nommé par lui intendant général des biens de
la maison de Laval (original, Archis^es de la Trémoîlle).
François de CoUigny, conte de Montfort, seigneur d'An-
delot, etc., chevallier de Tordre du roy, conseiller de Sa
Magesté en son privé conseil, cappitaine de cinquante
hommes d'armes de ses ordonnances et collonnel général des
bendes françoises, tant en son nom que comme père et
tuteur, garde naturel et légitime administrateur des personnes
et biens de Guy-Paul, conte de Laval, auparavant nommé
Paul de Colligny, François et Margueritte de CoUigny, noz
enffens du mariaige de nous et de feue dame Claude de Rieux,
nostre espouse, héritiers de feue madame Guyonne, contesse
de Laval, leur tante, à tous ceux qui ces présentes lettres
verront, salut.
Comme pour le principaLmanyement des affaires du conté
de Montfort à nous et à nos dictz enffens appartenant, aussi
des contez, baronnyes et chastellenies, terres et seigneuries
deppendans des maisons de Laval et Rieux escheues à nos
dits enffens de la succession de la dite feue dame Guyonne,
contesse de Laval, nous avons ordonné, commis et depputé
nostre amé et féal Jehan Jourdain, escuyer, sieur de la
Vallière, nostre procureur général, pour avoir soubz nous la
superintendance des affaires des dites maisons qui sont de
grande estendue et enveloppées de plusieurs et divers affaires,
pour ausquelles donner Tordre qui y est requis, luy sera
besoing faire plusieurs fraiz et despence, allant, venant et
séjournant es dites maisons pour le manyment des affaires
d'icelles et des terres qui en deppendent, pour à quoy aulcu-
nement satiffaire, nous désirans luy donner certain appoinc-
tement sur le revenu d'icelles, avons advisé de luy délaisser,
comme de faict par ces présentes nous luy délaissons et
ordonnons par chacun an huict deniers tournois pour livre
tournois de tous et chacuns les deniers provenans et qui
proviendront par chacun an du revenu ordinaire et extraor-
dinaire de toutes les terres et seigneuries des appartenances
Digitized by
Google
— 345 -
des dites maisons de Laval, Montfort et Rieux, en quelque
part qu'elles soient scituées, soyt en Normandye, Bretaigne
uu le Mayne, à quelque somme que le dict d/oict se puisse
monter, lequel droict nous voulions luy estre payé par les
demyes années par maistre Anthoine Bayle, receveur général
du revenu des dites maisons de Laval, Montfort et Kieux, à
commencer du premier de la recepte que fera le dict Bayle du
dit revenu en chacune des dites terres et seigneuries, et ce
par les simples quictances du dit Jourdain seuUement,
rapportant lesquelles et la présente, ou le vidimus d'icelles
deuement collationné, ce que payé aura esté au dit Jourdain
chacun an du dict droict.de huict deniers pour chacune livre
du revenu ordinaire et extraordinaire des dictes maisons de
Laval et Rieux, sera alloué en la despence des comptes du dit
Bayle et rabbatu de sa recepte par les gens des comptes de
Laval ou aultres que pourrons commectre à l'audition des dits
comptes, ausquels par ces présentes mandons ainsi le faire,
et ce sans difficulté.
Faict à Yictré soubz nostre seing et contreseing de nostre
secrétaire et scel denoz armes le septiesmejour de septembre
mil cinq cens soixante huict.
Andblot.
2783. — 1568, 25 septembre, Saint-Maur-des-Fossés. —
Mandement par lequel Charles IX donne à Lancelot de Brée,
sieur du Fouilloux, Tordre de prendre possession du château
et de la ville de Laval et de les occuper avec des forces suffi-
santes et prescrit à tous de lui obéir (Imprimé^ Documents
Godbert, 198).
2784. — 1568, 11 octobre, Laval. — Acte par lequel Fran-
çois Tartroux, lieutenant général de Laval, déclare que les
lettres de Charles IX du 25 septembre 1568 ont été publiées
devant l'assemblée générale des habitants de la ville (Imprimé,
Documents Godbert^ 199).
2785. — 1568, 31 décembre. — Quittance délivrée par Jean
de Laval-Loué * (Original signé, B. ^.^ français, 28153, 187).
1. On a dessiné ici sous le numéro 189 le sceau de Jean de
Laval-Loué, d'après une empreinte de 1567, attachée à Tacte 2768
du cartuiaire. Voir sous le numéro 191 un autre sceau du même
personnage, dessiné d'après une empreinte de 1576.
Digitized by
Google
— 346 —
2786. — 1569, 30 janvier, Niort. —Lettre par laquelle d'An-
delot accrédite le sieur de Vézines près du marquis de Bran-
debourg (Imprimé, la Perrière, le XVI* siècle et les Valois^
235).
2787. —1569, 31 janvier, Niort. — Lettre écrite pard'An-
delot au duc Louis de Wurtemberg, par laquelle il accrédite
près de lui le sieur de Vézines * (Imprimé, Jules Delaborde,
Gaspard de Coligny^ III, 535).
2788. — 1569, 7 mai. Saintes. — Décès de d'Andelot (note
d'un contrat du 10 février 1572, notre numéro 2800, imprimé
par du Bouchot, Coligny, 1118).
2789. — 1569, 18mai,VSaintes. — Lettre adressée par Tami-
190. — Sceau de Jean de Laval-Loué, 1567.
rai Coligny à ses enfants et à ceux de d'Andelot, au sujet de
la mort de ce dernier (Imprimé, Delaborde, Coligny^ III, 120).
2790. — 1569, 29 mai, Monceau. — Lettre dans laquelle
Catherine de Médicis se réjouit du décès de d'Andelot ' (Im-
primé, Lettres de Catherine de Médicis^ 241, d'après copie,
B. N., français, 10752, 232).
2791. — 1569, 5 juin, Archiac. — Testament de Tamiral
Coligny (Imprimé, Bulletin du Protestantisme français, I,
2jb3, d'après original à la B. N., fonds Dupuy).
.... Je désire bien aussy que mes nep veux et eux (mes en-
1. Le même ouvrage contient les lettres de Jeanne d'Albret.
de Henry de Navarre et du prince de Gondé ayant le même
objet.
2. C'est le 7 mai, dans la nuit, qu'eut lieu le décès de d'Andelot.
Les huguenots s efforcèrent de faire croire à un empoisonnement.
Digitized by
Google
— 347 —
fants) soient nourrys et eslevés enssamble, suivant la charge
que feu monsieur d'Andelot, mon frère, m'en a laissée rarson
testament, et qu'ils preignent exemple et les uns et les aultres
à la bonne et fraternelle amitié et intelligence qu'il y a tous-
jours eu entre mon dict frère et moy.
Et pour ce que quant à mes enflants, je les ayme tous éga-
lemant, j'enttents que ung chascùn d'eux recueille en ma
succession ce que les coustumes du pays où sont situés mes
biens leurs donnent. Je ne parle pas de ce qui leur est desjà
escheu parla mort de feu ma femme (Charlotte de Laval), soit
des terres qu'elle avoit en Bretaigne et au Maine et des acqui-
sitions qu'elle et moy avons faictes ensemble, car cela leur
est desjà acquys, et ne leur en puys ny ne veulx faire tort....
Et pour ce qu'il y a ung procès intenté du vivant de feu
madame de Laval, à cause de la succession de feu M. de
Laval, mon beau-frère et cousin (Guy XVII), je prie aux tuteurs
et curateurs de mesdits enffents d'assambler quelques gens
de bien, et composer ce faict amiablement, sans faire tort à
mesdits eniïents et nepveux, comme nous eussions faict, feu
mon dit frère et moy, s'il eust vescu.
.... Item, je prie à madame d'Andelot, ma belle sœur, de
vouloir nourrir avecques et près de soy mes deulx filles, tant
qu'elle sera en vefvage. Que si elle se remarie, je prie
madame de la Rochefoucault, ma niepce, de les vouloir pren-
dre jusques à ce que ma fille aysnée soit mariée. Et quand
elle le sera, je lui ordonne de prendre sa jeune sœur en garde
jusques à ce qu'il aye pieu à Dieu la pourvoir de parti et en
avoir le soing que nature et debvoir luy obligent.
2792. — 1569, 19 décembre, Paris. — Arrêt du parlement
déclarant Guyenne de Laval coupable de lèse-majesté (B. N.,
Dupuy, 322, 158).
Veu par la cour :
Les informations faites par ordonnance d'icelle à la requesle
du procureur général du roy, allencontre de Guyenne de
Laval, autrement Renée de-Rieux, en son vivant comtesse de
Laval ;
Exploicts de saisie faict à la requeste du dict procureur
général de la dicte comté de Laval, des meubles demeurez
après son décès ;
Digitized by
Google
— 348 —
Le testament de la dicte défuncte, du quatriesme septembre
mil cinq cens soixante-sept ;
Arrest du vingt-imgniesmemay dernier ;
Recollement des tesmoins, examinezles dittes informations ;
Exploicts de ce qui a esté faict suivant le dict arrest ;
Et deffault obtenu en la dicte courlevingt-troisiesme juillet
aussy dernier, par le dict procureur général allencontre des
habilles à succéder aux biens de la dicte defTuncte et quy
pourroient prétendre droict en iceux, cessant le crime de
majesté, adjoumez en la dicte cour suivant le dict arrest et
défaillants ;
Les demandes et conclusions du dict procureur général et
tout ce qui a esté mis et produit par devant la dicte cour ;
Et tout considéré ;
Dict a esté :
Que la dicte cour a desclaré et desclare la dicte Guyonne
de Laval avoir esté en son vivant crimineuse de majesté au
premier chef, atteinte et convaincue d'avoir aydé et favorisé
les principaux chefs autheurs et conducteurs de la rébellion,
conspiration et conjuration qui a esté faicte contre le roy en
son estât ;
A ordonné et ordonne la dicte cour que le corps de la dicte
deffuncte, inhumé en Téglise de Laval, sera dehors porté et
mis à la plus prochaine justice royalle de la ville de Laval ;
Ordonne la cour que les armes et armoiryes de la dicte
de Laval seront arrachées et traînées à queux de chevaux,
tant par cette ville et faulxbourgs de Paris que par la ville
de Laval et autres villes, bourgs et bourgades où elles se
trouveront avoir esté mises à son honneur, et après rompues
et brisées par Texécuteur de la haulte justice en signe d'igno-
minye perpétuelle, en dampnant et abolissant sa mémoire à
perpétuité ;
A desclaré et desclare tous les biens féodaux qui luy ont
appartenus, tenus et mouvans immédiatement de la couronne
de France, réunis, retournez et incorporez au domaine d'icelle ;
tous les autres fiefs et biens, tant meubles que immeubles,
acquis et confisquez au roy, sur iceux biens confisquez les
partyes intéressées préalablement satisfaictes et récom-
pensées ;
Et ordonne la cour que au lieu de la sépulture de la dite
Digitized by
Google
— 349 —
de Laval, soit mis un tableau de cuivre contenant le présent
arrest et condamnation ;
Enjoint la cour au séneschal du Maine, juge de Laval et
tous autres juges royaux ou leurs lieutenans et chacun d'eux
de faire mettre ce présent arrest à exécution par vertu de
Textraict d'icelluy ; et aux substituts du dict procureur géné-
ral de y tenir la main et envoyer leurs procès-verbaux, qui
seront de ce faicts, par devers le greffe criminel de la dicte
cour, dedans ung mois prochainement venant, sur peine de
suspension de leurs estats et amende arbitraire.
Prononcé en jugement, l'audience tenant le dix neufiesme
décembre.
Les armoiryes traynées à queux de chevaux et rompues
parles carrefours de cette ville et fauxbourgs le vingtiesme
jour du dict mois Tan mil cinq cens soixante neuf.
Ainsi signé : Màgan.
Et plus bas est escript : Enregistré au greffe de la séné-
chaussée du Maine le vingt neuviesme jour de décembre
mil cinq cens soixante neuf.
Ainsy signé : Luday.
Enregistré au greffe de la cour et jurisdiction ordinaire de
Laval le dix huictiesme jour de mars mil cinq cens soixante dix.
Ainsy signé : Pbodhomme.
2793. — 1570, 14 avril. —Ordonnance de Bertrand d'Ar-
gentré décidant que l'abbesse de Saint-Georges de Rennes a
droit à un double rachat pour la seigneurie de Saint -Georges
de Tinténiac à cause du décès de Charlotte de Laval [Cartu^
laire de Saint-Georges^ p. 459).
2794. — 1570, 27 juin, la Chétardière. — Naissance de
Charles de Laval, second Sis de Jean de Laval, marquis de
Nesle, et de Renée de Rohan. Son baptême eut lieu le 18 juil-
let (Note, duChesne, histoire, 613).
2795. — 1570, 12 juillet, Vernon. — Lettres par lesquelles
Charles IX, investi du comté de Laval par confiscation, pré-
sente au chapitre d'Angers Charles de Ronsart, afin qu'il soit
inresti de la chapelle de la Grande-Rivette vacante par la
résignation de Charles Eveillart (Bibliothèque d'Angers, ms.
710. Communiqué par M. P. de Farcy).
Digitized by
Google
— 350 —
Charles, par la grâce de Diea roy de France, à nos chers
et bien améz les doyen, chanoines et chapitre de l'Eglise d'An-
giers.
Comme à cause de nostre comté de Laval, à nous adjugé
par arrest de nostre court de Parlement de Paris, la nomina-
tion et présentation de la chapelle vulgairement appellée la
Grande Rivelte, desservie en la dicte église, quant elle vacque
par mort, résignation ou autrement à nous, et à vous la col-
lation et toute aiiltre disposition, respectivement appartien-
nent, sçavoir faisons que à plain confiance de la personne de
nostre cher et bien amé M* Charles de Ronsart, nostre aul-
mosnier ordinaire et de ses sens, vertus, littérature et pro-
bité de vie, icelluy pour ces causes et aultres à ce nous mou-
vans, nous avons nommé et présenté, nommons et présen-
tons par ces présentes pour être pourvue de la dicte chapelle,
à présent vacante par la résignation qu'en a faicte entre nos
mains à cause de permutation M* Jacques Eveillard, dernier
paisible possesseur d'icelle, par son procureur spécialement
fondé de lectres de procuration quant à ce. Et vous prions
qu'à notre présente nomination et présentation, vous aiez à
donner et conférer audit de Ronsart ladite chapelle de la
Grande Rivette et le mettre ou faire mettre en possession
réelle, actuelle et corporelle et d'icelle ensemble des fruicts,
proficts, revenus et émolumens y appartenans le faictes joir
plainnement et paisiblement sans souffrir qu'il luy soit faict,
mis ou donné aulcun trouble ou empeschement.
Donné à Vernon, le xii* jour de juillet, l'an de grâce
mil cinq cens soixante dix et de nostre règne le dixième.
Par le Roy : de neufville.
2796. — 1571, 14 février. —Règlement établi par les habi-
tants de Vitré, tant pour les hôpitaux et maisons-Dieu de la
ville, que pour les aumônes et distributions de deniers aux
pauvres * (Imprimé, Paris-Jallobert, 21).
1. Voici en quels termes M. de la Borderie apprécie cet acte :
0 Règlement très détaillé, très ingénieux, très prévoyant de l'as-
sistance publique dans la ville de Vitré, vénérable et curieux
monument du solide bon sens et de rinénuisable charité de nos
bons aïeux, œuvre qui fait le plus ^ana honneur à la commu-
nauté de ville qui le rédigea. c*est-à-dire à la bourgeoisie de
Vitré » {Revue de Bretagne et de Vendée^ 18802, 473).
Digitized by
Google
- 351 —
2797. — 1571, 8 mars. — Accord entre Jean de Laval-Loué,
baron de Maillé *, et François de la Noue, au sujet de la suc-
cession de François de Laval-Marcilly ; moyennant une somme
de cinq mille livres la Noue renonce à toutes ses prétentions
{Archiçes de la SaintongCy VIII, 421).
2798. — 1571, 17 juin. — Procuration donnée par Jean de
Laval-Loué à M. de l'Esperonnière, chargé par lui de faire
hommage au duc de la TrémoïUe pour la terre de Bressuire
(Note 19427 du Catalogue 29 de la librairie Saffroy).
2798 bis. — 1571, 13 septembre. — Lettres patentes de
Charles IX relatives à l'industrie des toiles à Laval, obtenues
par Gaspard de Coligny, tuteur de Guy XIX (note du numéro
2834).
2799. — 1571, 27 octobre. — Arrêt par lequel le parlement
de Bretagne homologue le règlement dressé le 14 février 1571
pour les hôpitaux de Vitré (Imprimé, Paris-Jallobert, 34).
2800. — 1572, 10 février, Châtillon. — Contrat passé entre
Gaspard de Coligny et la veuve de d^Andelot, destiné à assu-
rer l'exécution du testament de ce dernier (Imprimé, du Bou-
che!, Coligny, \ii«),
2801. — 1572, 10 mai. — Procuration de Jean de Laval,
afin de rendre hommage à Thouars, pour labaronnie de Bres-
suire (Note, la TrémoïUe, Fiefs de Thouars, 13).
2802. — 1572, 26 juin. — Quittance délivrée par l'amiral
Coligny en qualité de tuteur de Guy XIX, François et Mar-
guerite, enfants tous trois de d'Andelot (Original signé, B. N.,
français, 27298, 70).
Nous, Gaspard, conte de Colligny, seigneur de Chastillon,
chevalier de Tordre du Roy, cappitaine de cent hommes d'ar-
mes de ses ordonnances, admyral de France, au nom et
coume tuteur et curateur de Guy, conte de Laval, cy devant
dit Paul de Colligny, François et Marguerite de Colligny,
frères, enfans de feuz messire François de Colligny, nostre
frère, luy vivant aussi chevalier de l'ordre du Roy, conte de
Montfort, sieur d'Andelot et collonnel général de l'infanterie
1. C'est nar erreur que l'éditeur de cet acte y a imprimé Mailly,
au lieu de Maillé.
Digitized by
Google
— 352 —
françoyse, et de dame Claude de Rieux, son espouse, con-
fessons avoir eu et receu de maistre François de Vigny, rece-
veur de la ville de Paris, la somme de six vingtz livres tour-
nois pour une demye année escheue le dernier jour de
décembre mil V^ LXXI dernier passé, à cause de deux cens
quarante livres tournois de rente par chascun an, à nosdiz
nepveuz et niepee appartenans et à eulx advenuz et escheuz
par le décedz et trespas de feue dame Guyenne, contesse dudit
Laval, dernièrement déceddée, leur tante, et lesquelz 11^
XL livres tournois de rente ont, dès le douziesme jour d'aoust
mil V* soixante sept, esté constituez par les prévost desmar-
chans et eschevins de ceste ditte ville à damoiselle Jaquette
de Grandmont, ditte la Haye, damoiselle de la ditte dame feue
dame Guyonne de Laval, et de ses deniers, et dont icelle ditte
deffuncte dame a cession et transport de laditte de la Haye,
les dittes 11*^ XL livres tournois de rente à prendre sur les
aydes et équivallent de laditte ville et eslection de Paris, aydes
et équivallent de Sélection d'Estampes, aydes et équivallent
de l'élection de Meaulx, aydes de Télection de Monlfort-
l'Amaury et sur trente trois mil livres de rente et revenu
annuel, tant dessus les deniers de la subvention»accordéeàsa
Magesté par le clergé de France, pour le temps qui en reste
à expirer, et, icelluy finy, sur les deniers des dons et octroys
caritatifz et qui équipolent à decymes des éveschez et diocèzes
ressortissans en la recepte généralle dudit Paris, ou autres
receptes généralles de ce royaulme, que sur la recepte géné-
ralle dudit Paris, deniers des tailles de l'élection dudit lieu et
autres ressortissans en ladicte recepte généralle, comme sur
tout le domaine de laditte ville.
De laquelle somme
Faict soubz nostre seing cy mis, le xxvi* jour de juin, l'an
mil cinq cens soixante douze.
G. COLLIGNY.
2803. — 1572, 10 juillet. — Quittance délivrée par l'amiral
Coligny en qualité de tuteur de Guy XIX, François et Mar-
guerite, tous trois enfants de d' Andelot, et identique au numéro
2802, sauf en ce qu'elle porte sur le premier semestre de
Tannée 1572 (Original signé, B. N., français, 27298, 71).
2804. — 1572, après le 24 août. — Acte par lequel Char-
Digitized by
Google
— 353 —
les IX donne pour tuteur aux enfants du premier lit de d'An-
delot, René deRieux, seigneur de la Feuillée, leur oncle
maternel (Copie, B. N., français, 4588, 129).
Charles, à noz amés et féaux les gens tenans nos cours de
parlement de Paris, Thoulouze, Bordeaux, Rouen, Dijon,
Grenoble et Bretaigne, gens de noz comptes.... Salut.
Comme soyons duement advertis que noz chers et bien amés
cousins, les enfans du feu seigneur d'Andelot et deffunte
Claude de Rieux, sa femme, soient mineurs et en bas aage,
dépourveus de bail, garde et tuteurs et curateurs, à ces causes,
pour la bonne amitié que nous leur portons, à la protection et
conservation de leurs personnes et biens, et que nous sommes
protecteurs de tous mineurs ; voulans obvier que, à faute de
régime et gouvernement, les personnes et biens desdits mi-
neurs, qui n'ont encorcs atteint Taage requis et nécessaire
pour la conduite d'eux et de leurs biens, de l'advis de nostre
très chère et très amée dame et mère et de nostre très cher
et très amé frère, le duc d'Anjou, nostre lieutenant général,
et autres princes et seigneurs de notre Conseil, estant lès
nostre personne, pour la cognoissance et plaine certitude que
nous avons de la personne de nostre cousin, René de Rieux,
chevallier de nostre ordre, gentilhomme ordinaire de nostre
chambre, seigneur de la Feillée, du Guignen et de la Prévos-
taye *, et do ses sens, suffisance, loyauté...., attandu la proxi-
mittédusanget lignageduquel ilatteintaux mineurs, desquels
il est oncle maternel avons iceluy de Rieux faict
baillistre, garde, tuteur et curateur, selon les coustumes....
Et, à ceste fin, voulons que èsdits noms... soit mis enpoces-
sion et jouissance de tous lesdits biens, terres et seigneuries,
et desquels luy avons faict plaine et entière délivrance pour
en jouir....
Enjoignant à tous receveurs fermiers..., à luy en rendre
bon compte etreliqua; deffandant... à toutes personnes eux
immisser... au faict... de ladite administration... sans l'exprès
commandement... duditde Rieux, quia présentement faict le
serment en tel cas requis...
1. René de Rieux, fu» 4e Izz^ de Rieux, marquis d'Assérac, et
de Philippe de Saint- Aoiadour, était né en 1540 et mourut le
25 août 1575.
Digitized by
Google
— 354 —
Et, parce que lesdits mineurs ont des biens en nostre pays
et duché de Normandie, où la garde noble des personnes et
biens nous appartient...., donnons... la garde noble desdits
mineurs et des biens qu'ils ont en nostre dit pays, au sei-
gneur de Rieux
Sy vous mandons.... que de noz présens déclaration, vou-
loir.... vous faictes... lesdits de Rieux, ses gens et commis
jouir.... et le contenu en cesdi tes présentes faire enregistrer...
Car tel est nostre plaisir; nonobstant que Ton peut dire que
ceste présente eslection..., les solennités plus particulière-
ment requises de droit, us, stil et coustume n'ayent été
observés...
A quoy, attandu la dationet prononciation de ladite tutelle...
nous appartiennent, comme estans protecteurs... des per-
sonnes et biens desdits mineurs, nous avons iceluyde Rieux,
esleu... tuteur, curateur, baillistre, gardien desdites person-
nes et biens^sans qu'il soit nécessaire procedder à autre eslec-
tion.. de tutelle., ny autre prestation de serment...; et ce,
nonobstant quelconques édits, mandemens....à cecontraires,
oppositions ou appellations quelconques, pour lesquelles, et
sans préjudice d'icelles, ne voulons estre différé, et dont,
ensemble de toutes autres instances qui pour raison de ce...
pourroient estre intentées à l'exécution de ces présentes ou
autrement, nous avons retenu et réservé... à nous et à nostre
privé conseil la cognoissance.
Et parce que en plusieurs et divers lieux, l'on pourra avoir
affaire de ces présentes, nous voulons que au vidimus d'icelles,
duement coUationné par l'un de noz.... secrétaires, foy soit
adjoustée comme au présent original.
Mandons au premier huissier ou sergent... faire tous
exploits .., sans... demander placet, visa nepareatur.
Car tel est nostre plaisir.
Donné .
2805. — 1672, après le 24 août. — Acte par lequel Char-
les IX, malgré l'omission des officiers locaux dans l'adresse de
ses lettres relatives à la tutelle des enfants du premier lit de
d'Andelot, leur prescrit de procéder à la vérification et k l'en-
térinement desdites lettres (Copie, B. ^,^ français^ 4588, 130).
Charles. Aux baillifs, seneschaux, prevost et autres noz
justiciers et officiers enla jurisdition desquels les... biens et
Digitized by
Google
— 355 —
seigneuries de noz chers... cousins, les enfans du feu seigneur
d'Andelot et deiTunt (sic) Claude de Rieux, sa femme, sont
scituées..., salut.
Combien que, par inadvertance, vous ayés esté obmis en
Taddresse de noz lettres pattentes cy attachées soubz le con-
trescel de nostre chancellerie, par lesquelles... nous avons
créé... baillistre... des .. biens, terres et seigneuries de nos-
dits cousms. . . . nostre cher et bien amé cousin René de Rieux. .. ,
seigneur de la Prévostaye, du Gorray et de la Feuillée,
néantmoings voulons qu'il jouisse... du contenu en icelles.
Vous mandons... que nonobstant Tobmission... vous ayés...
à procedder à la vériffication et enthérinement d'icelles. . . Car,
etc. Donné
2806. — 1572, 31 octobre, Bâle. — Lettre écrite aux autori-
tés du canton de Berne par Le Gresle, précepteur de Guy XIX ,
et de ses cousins, fils de l'amiral Coligny * (Imprimé, Bulletin
du Protestantisme français^ XVII, 583).
2807. — 1572, 31 octobre, Bâle. — Lettre écrite par Anne
de Salm, pour remercier les autorités du canton de Berne du
bon accueil fait à messieurs de Chàtillon et à Guy XIX (Im-
primé, Bulletin du Protestantisme français^ XVII, 585).
2808. — 1572, 31 octobre, Bâle. — Lettre par laquelle
Guy XIX et ses deux cousins, fils de l'amiral Coligny, remer-
cient les autorités du canton de Berne de l'hospitalité qu'ils
y reçoivent (Imprimé, Bulletin du Protestantisme français^
VIII, 132; d'après original des archives de Berne).
2809. -^ 1572, 31 décembre. — Quittance de ses gages
1. Voici en auels termes Coligny. dans son testament, parle de
ce Le Gresle, lequel fut également le précepteur de Guy XIX et
de François de Rieux : « Lt d'auUint que j'ay grand contentement
du seing et bon debvoir que Le Gresle, leur précepteur (de ses
enfants) a toujours faict auprès d'eux, je lui prie qu'il veuille
continuer jusques à ce qu'ils soient plus grands et qu'ils ayent
atteint i'a&ge (le quinze ans, car lors il leur faudra bailler quelques
gentilshommes pour les accompagner, ce que je remets a la dis-
crétion de ceulx qui seront leurs tuteurs et que je déclareré cy
après »... « Item, pour le grand contantement que j'ay du service
que ma faict Le Gresle, précepteur de mes entants, et du seing
Îfu'il a eu d'eux, je luy donne la somme de mil francs pour une
oys ».
Digitized by
Google
— 356 —
comme fille d'honneur de la reine établie au nom d'Urbaine
de Laval-Bois-Dauphin (B. N., français, 28153, 212)
En la présence de moy notaire et secrétaire du Roy,
IJrbane de Laval, dicte Boys-Dauphin, Tune des filles damoy-
selles de la Royne, a confessé avoir eu et receu comptant à
quatre diverses foys et par les quatre quartiers de ceste pré-
sente année de Maistre Simon Basdoulx, conseiller de ladicte
dame et trésorier de sa maison, la somme de deux cens livres
tournois, en , a elle ordonnée pour ses gaiges, à cause du
dict estât, durant ceste dicte présente année, commancée le
premier jour de janvier an MDLXXII dernier passé, et qui
finira le dernier jour de ce présent moys de décembre ensui-
vant ou dit an prochain venant, de laquelle somme de deux
cents livres tournois la dicte de Laval s'est tenue pour con-
tente, et en a quicté et quicte le dict Basdoulx et tous autres.
Tesmoing mon seing manuel cy mis à sa requeste, le der-
nier jour de décembre, l'an MDLXXII.
DeLAUN4Y.
2810. — 1573, 20 janvier. — Partage des biens de Fran-
çois de la TrémoïUe et d'Anne de Laval entre leurs enfants et
ceux de feu Charles de la TrémoïUe (Copie partielle, Dont
Fonteneau, XXVI, B. N., latin 18401, 697).
2811. — 1573, 15 février. — Quittance de huit mille huit
cent cinquante-quatre livres trois sols quatre deniers donnée
par le sieur et la dame de Guémené à Anne de Laval, baronne
d'Acquigny (B. N., français, 22310, 255).
2812. — 1573, 24 août, SchalTouse. — Lettre de Guy XIX
à Jean de Bellièvre-Hautefort (B. N., français, 15558, 93).
A Monsieur Monsieur de Hotefort, ambassadeur pour sa
Majesté à Messieurs des ligues à Soleure.
Monsieur, depuis peu de jours j'avois envoyé ung gentil-
homme à Solleurre vers vous et Monsieur d'Assérac; mais, ne
vous trouvant pouint, il lui fut de besoin de s'en revenir, sans
vous fère entendre ce que je lui avois donné charge de vous
dire, qui a esté cause que par la présente, sous la confiance
que j'ay de vostre bonne volonté et amitié en mon endroict,
et d'autant que je sçay très bien que monsieur d'Assérac, mon
oncle, entre tous ses moyens de me amener en France avant
Digitized by
Google
— 357 —
les troubles pacicfiés, veuli user de vostre authorité, je vous
supplie, monsieur, me faire celle faveur, qu'elle ne soit em-
ployée pour me fère aller au lieu auquel je m'assure que
seriez marie que j'eusse receu le desplaisir, lequel je double
de la part de ceux lesquels seront assez impudent, voire
contre la volonté du roy, d'attenter au milieu de ses troubles
à ma vie.
Ce qui m'en iaict tant plus instamment vous en requérir est,
avec l'alente que j'ay en vostre amitié, Taffeclion aussi que
j'ay de révérer le lien que vous tenés par deçà et honorer à ja-
mais tout ce qui vous appartient, comme au premier le
devoier me commande, et suis par vostre vertu persuadé à
l'aultre. qui me fera de rechef vous suplier ne perdre par
vostre dicte authorité et moyen et à Fappétit d'aultrui l'ung
de vos plus aflfectionés amis, qui seray toute ma vie diposé à
une bien prompte et entière recognoissance du plaizir que
j'espère recevoir de vous en cest endroict, et duquel je vous
supliray de rechef bien humblement ne me vouloir conduire.
Et d'autant. Monsieur, que je panse bien que Monsieur
d'Assérac, mon oncle, vous aura dict ce que je luy mandois par
ledit gentilhomme envoyé à Soleurre, je ne vous en diray
davantage, sinon qu'à soû arivée première en ce païs, pour
l'effet que dessus, j'estois prest à m'en aller, ainsi qu'il peust
bien cognoistre mais avec quel argent par moy deu qui m'a-
réte en parlie il me donna par ses devis tant d'occasions de
me crindre, que les aiant faicl entendre à mes amis de par
deçà, il ne s'en trouve aucun qui ne soit d'avis que je doibtz
ateudre l'éclaircissement de cesle nue, qui couvre encores une
partie de la France, vous priant croyre que si je n'eusse eu
ceste volonté, je n'eusse esté si mal advizé de l'écrire à Sa
Majesté comme j'espère de luy fère entendre par homme
esprès, si l'occasion m'en est donnée.
Et pour ce que ceci ne vous peust estre qu'en empesche-
ment des choses plus grandes, je ne vous en ennuiray par plus
long discours, sinon pour vous suplier de me vouloir aymer
comme celuy qui, vous en demeurant à jamais obligé, vous
respecteira et honorera toute sa vie et d'aussi bonne volonté
que je salue vos bonnes grâces de mes bien humbles et affec-
tionnées recommandations.
23
Digitized by
Google
— 358 —
Priant Dieu, monsieur* vous donner en santé heureuse et
longue vie.
De Schaffouze, ce XXIV« août, 1573.
Vostre bien obéissant et affectionné amy.
Guy de Laval.
2813. — 1573, 6 septembre, Bâle. — Lettre par laquelle
Guy XIX et ses deux cousins, fils de l'amiral Coligny, témoi-
gnent aux autorités de Berne leur désir d'aller séjourner en
leur ville (Imprimé, Bulletin du Protestantisme français^
XVll, 585).
2814. — 1573, 23 septembre, Paris. — Acte par lequel
Charles IX, enfaveur de Jean de Laval-Loué, comte de Maillé,
chevalier de Tordre et gentilhomme ordinaire de lachambre,
dispose de la compagnie de cinquante hommes d'armes, va-
cante par le décès du duc d'Uzès (Copie, EN., français^
28153, 214).
2815. — 1573, 5 octobre, Bâle. — Lettre par laquelle
Guy XIX et ses deux cousins, fils de Coligny, demandent aux
autorités de Berne de seconder le projet qu'ils ont de s In-
staller dans leur ville (Imprimé, Bulletin du Protestantisme
français, XVII, 586).
2816. — 1574, 1" janvier. - Accord entre Hugues de Laval,
second fils de René II de Laval-la-Faigne, et Jacques de
Laval, son frère, elles enfanlsde Françoise de Laval, sa sœur
(Note, du Chesne, Histoire y 633).
2817. — 1574, 24 février. — Surprise de Vitré par les hu-
guenots de Montmartin (Note de Jean de Gennes, imprimée
par Paris- Jallobert, 35).
2818. — 1574, 24 février, la Haye de Torcé. — Lettre écrite
par François du Bouchet à Gilles du Plessis, prévôt de Bre-
tagne, afin de concerter la reprise de Vitré, tombé aux mains
des huguenots (Imprimé d'après les archives des du Plessis
d'Argentré par la Borderie, Le Calvinisme à Vitré, Rennes,
1851, p. 7).
A monsieur mon cousin, monsieur du PlesseLr, provost de
Bretaigney au Plesseix,
Monsieur mon cousin, je n'ay failly à faire advertir tous les
habitans des paroisses que j'ay en ma charge et leur ay baillé
Digitized by
Google
- 359 —
le rendez vous à demain, ung heure devant le jour en la lande
du Fiefve. Il seroit bon de vostre part de faire advertir ceulx
d'Argentré, le Pertre, Saint-Sire [le Gravelais] et Beaulieu
et les faire trouver au grand pré du Mée, où Ton tire la pape-
gault de l'arc près de Vitré, où les yray trouver, pour nous
joindre ensemble pour faire le debvoir de gens de bien. Et
qu'ils portent leurs tabourins sans les baptre aucunement, et
de commander aulx troupes qu'ilz facent la plus grande dili-
gence en ceste endroit...
De vostre maison de la Haye, ce mercredy au soir 24 fé-
vrier 1574,
Vostre humble cousin et asseuré amy pour jamis.
Francsots du Bouschet.
J*ay adverty monsieur de Mesjeuseaume et le seneschal de
Rennes de la prinse de Vitré. J'en attens à demain au matin
des nouvelles.
2819. — 1574, 25 février. — Ordre du pailement de Bre-
tagne au sujet de la surprise du château de Vitré (Note, B.N.,
français, 22312, 172).
Sur la surprise du château de Vitré le Parlement donna
commission, en Tabsence du gouverneur, à M. de Méjus-
seaume d'assembler les forces du duché, tant de la noblesse
que des communes, pour enipescher le progrès des séditieux,
les enfermer dans la ville et les saisir au corps ; et ordre au
sénéchal de Rennes de le suivre. 25 février 1574.
2820. — 1574, 13 mars, Boisde Vincennes. — Lettre écrite
par Charles IX, à M. du Plessis, prévôt de Bretagne, afin
de le féliciter de la reprise de Vitré (Imprimé d'après les ar-
chives des du Plessis d'Argentré parla Borderie. Calvinisme
à Vitré, p. 8).
Monsieur du Plessis, le sieur de Bouille* m'a faict entendre
le bon debvoir auquel vous estes mis de l'assister et luy ayder
lors de la nouvelle qu'il eut de la surprise de Victré, ce qui
démonstre de plus en plus l'affection que je me suis tousjours
asseuré que vous portez au bien de mon service ; dont je vous
sçay fort bon gré, vous priant continuer à vous employer en
semblables occasions, pour conserver mon pals de Bretaigne
1. Lieutenant-général en Bretagne.
Digitized by
Google
— 360 —
en mon obéyssance, et y maintenir le repos entre tous mes
subgectz. Ce que me promectant de vostre fidellité et du bon
zelie que vous avez à Fendroict de vostre patrie, je ne vous
feray cette lectre plus longi.e que pour prier Dieu, monsieur
du Plessis, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript au Bois de Yinsènes, le XIII jour de mars 1574.
Charles, Pinart.
2821. — 1574, 21 mars, Vincennes. — Mandement par le-
quel Cliarles IX prescrit au sieur du Fouilloux, chevalier de
Saint-Michel, de lever cent hommes d'armes, afin d'être en
force dans la ville de Laval et limite à deux mois le temps
pendant lequel lui et ses troupes seront payés par la ville
(Imprimé, Documents Godberi^ 199).
2822. — 1574, 17 avril, Tours. — Acte par lequel le sieur
Jean Le Blanc, général des finances, rend exécutoires les let-
tres de Charles IX du 21 mars 1574 (Imprimé, Documents
Godbert, 201).
2823. — 1574, 10 juin. — Quittance délivrée par Jean de
Laval, comte de Maillé, seigneur de Loué (Original signé et
scellé, B. ^,, français, 28153, 215).
2824. — 1574, 15 août, Mussy-l'Evôque. — Lettre de Ca-
therine de Médicis à Monsieur de Bellièvre ; elle y donne ses
instructions sur la conduite à tenir à Tégard de Guy XIX,
alors hors de France (Imprimé, Lettres de Catherine de Mé-
dicis, L Y ,p. 300).
... Quant au dict sieur de Laval, j'avois cy devant escript
au sieur de Hautefort, vostre frère, qu'il eust à luy dire qu'il
s'en revînt en ce royaulme ou, à faute de ce faire, que Ton
procéderoit à la saisie de ses biens. Touttefoys il luy a semblé
que cela ne se devoit haster. Je désireroys bien qu'il feust de
deçà, afin qu'estant par delà il ne soyt en danger d'estre sé-
duict ou pour entrer en quelques response du payement des
reistres ou de faire mauvaise chose au préjudice des affaires
du Roy, mondit sieur et tils, et de son service. Néantmoins là
où vous verrez n'estre à propos de l'en pousser, vous le pourrez
tousjours admonester de se gouverner saigement par delà,
ainsi que je suis advertye qu'il a faict jusques icy, sans pour-
suivre aucune chose préjudiciable au service du Roy, mondit
sieur et filz, qui, en ce faisant, le traictera favorablement
Digitized by
Google
— 361 —
2825. — 1574, 6 septembre. — Acte par lequel René de
Rieux, bail de Guy XIX, règle en son nom le différend qui
existait entre le comte de Laval et le prieuré Saint-Martin de
Laval (Note de Bourjolly, II, 11).
2826. — 1574, 20 octobre. — Quittance délivrée par Jean
de Laval-Loué [Original signé et scellé, B. N , français^
28153, 186).
2827. — 1575, 20 novembre. -- Mariage de Renée, fille de
Pierre I«' de Laval-Lezay et de Jacqueline Clérambault, avec
René de Bouille, comte de Créance (Note, de Chesne, His-
toire, 622).
2828. — 1576, 28 février. - Quittance délivrée pjr Jean
191. — Sceau de Jean de Laval Loué, 1576.
de Laval-Loué, capitaine de trente lances des ordonnances
du roi (Original, signé et scellé*, B. N., français, 28153, 216).
2829. — 1576, 6 juillet. — Moyens d'opposition de Guy XIX
contre des lettres royales du mois d'octoDre 1575, au profit
du sieur d'Espinay (A. N., AA. 60).
2830 — 1577, 24 janvier. Vitré —Mandement de Guy XIX
relatif au guet à faire dans le château de Vitré par les hom-
mes des paroisses (Original, aux Archwes de la Trémoïlle,
acheté à la vente Pichon).
Guy, comte de Laval, de Montfort, Quintin et Harcourt,
baron de Vitré, la Roche-Bernard et Ancenis, viconte de
Rennes, de Donges et Lislebonne, sires de Rieux, Rochefort,
1. Sous le numéro 191. on donne ici le dessin du sceau plaqué
à celle quittance, et sous le numéro 190 le dessin d'un sceau du
même personnage donné d'après une empreinte de 1567.
Digitized by
Google
— 362 ~
la Roche en Nord, etc., à noz amei et féaulx nostre séoeschal,
alloué, procureur et autres noz officiers de ceste ville, chas-
tellainye et jurisdition de Vitré, salut.
Comme, pour le désir que nous devons avoir à la conser-
vation de nous et de noz subgectz en icelle jurisdition, et nous
maintenir autant qu'il nous sera possible en repoz et seurté,
suyvant le vouloir et intencion du roy, nous avons avisé de
cercher et procurer les moyens qui nous pourront estre en
cela plus doulx, propres et convenables, en quoy nous vou-
lons tousjours embrasser la bonne affection que nous ont nos-
dits subgectz, à ces causes nous vous mandons et en jongnons
que vous ayez incontinent de par nous à advertir tous les
trésoriers des parroisses de cestedite chastellenye et jurisdi-
tion qu'ilz apportent pardevers nous les rooUes au vray de
ceulx qui sont tenuz au devoir de guetz, pour aprez iceulx
appeller et faire venir en tel nombre qu'il sera avisé pour faire
le guet et garde en cestedite ville et chasteau autant qu'il sera
nécessaire, déclarans par cesdites présentes que, faisant
chacun d'eulx ce qui est dudit devoir et service ainsy qu'ilz y
seront appeliez et nommez à tour de rooUe, nous voulons
qu'ilz soient deschargez et quictes de ce qu'ilz doivent et sont
tenuz en argent à cause desdits guetz et qu'ilz n'en soient
recerchez aucunement tant qu'ilz feront ledit service.
De ce faire vous avons donné pouvoir et commission par
cesdites présentes, mandant à tous nosdits parroissiens qui
sont tenuz ausdits guetz d'y obéyr pour nostredite garde et
conservation, ainsy que dict est, sur les peynes, en cas de
deffault, que verrez appartenir.
Faict en nostre chasteau dudict Vitré, le vingt et quatriesme
jour de janvier, l'an MV^LXXVII.
Guy de Laval.
Par commandement de mondict seigneur ^
Batlb.
2831. -— 1577, 16 février, Angers. — Mariage d'Urbain de
Laval-Bois-Dauphin, avec Madeleine de Montécler (Note,
B. K, français, 28154, 350).
1. Voir sous les numéros 186 et 187 le fac-similé de la signature
apposée à cet acte par Guy XIX et le dessin du sceau qu il pos-
sède.
Digitized by
Google
— 363 >—
Contrat de mariage de haut et puissant Urbain de Laval,
gentilhomme de la Chambre du Roy, seigneur de Bois-Dau-
phin, vicomte de Bresteau, de Saint-Aubin, d'Ainay, de Baïf,
d'Ailligné et de Parillé, demeurant au lieu de Bois-Dauphin,
parroisse de Saint-Pierre de Précigné en Anjou, assisté de
haut et puissant messire Henry de Lenoncourt, naguères son
curateur, chevalier de Tordre du Roy, capitaine de cinquante
hommes d'armes de ses ordonnances, chambellan de Mon-
sieur, frère du Roy, et seigneur de Lenoncourt, de Coupevrai
et de Saint-Amand, et dame Françoise de Laval, sa femme,
sœur du futur époux; acordé le 16 février 1577 avec damoi-
selle Madelène de Montécler, fille aînée de noble et puissant
messire René de Montécler, chevalier, seigneur de Bourgon,
de Montaudain, de Torbeschet, de Barge, de Boisemparé, des
Granges et de Saint— Remy, et de dame Claude des Hayes, sa
veuve, dame de Fontenailles, la Ville et le Breil, demeurante
au chasteau de la Guierche, paroisse de Saint-Aubin de Lui-
gné, assistée de noble et puissant messire Louis de Montécler,
son curateur, seigneur de Courcelles, chevalier de l'ordre du
Roy ; et de dame Renée de Montécler, sa femme ; et de dame
Renée de Jonchères, dame de Coulonges, — lesdicts Louis,
René et Renée, oncles et tante de la future épouse, — et par
l'avis de darooiselle Urbanne de Laval, fille d'honneur de la
Reine régnanle et sœur dudict sieur de Bois-Dauphin, de
messire Frcinçois Le Cirier, chevalier de l'ordre du Roy,
seigneur de Semur, noble et puissant messire Claude de la
Jaille, chevalier de Tordre du Roy, seigneur d'Avrillé et de la
Thuandière, parens dudict seigneur de Bois-Dauphin ; de
messire Jean de Chahanay, chevalier de Tordre du Roy, sei-
gneur de Cheronne, noble et puissant messire Jean de Ville-
neuve, seigneur dudict lieu, aussi chevalier de Tordre ; mes-
sire Louis de Chivré, seigneur de la Chevalerie, parens de la
future épouse.
Ce contrat reçu par Maturin Grudé, notaire à Angers, fut
passé dans la maison abbatialle de Saint-Aubin d'Angers,
présens nobles hommes : René de Ciriers, seigneur du Butz,
Julien de Fontenailles, seigneur de Moulins, paroisse de Beau-
mont-Pied-de-Bœuf. et nobles hommes maistres François
Grimault, sieur de la Croizerie, François Le Fèvre, sieur de
Laubrière, avocats* demeurans à Angers ; nobles hommes
Digitized by
Google
— 364 —
Charles Olivier, sieur des Brosses, conseiller et roaistre des
pequestes du duc d'Aniou, demeurant à Bellande en Dunois î
maistre René Gastin, sieur de la Prevostière, avocat demeu-
rant au Mans ; maistre Julien Le Fevre, sieur de la Poterie,
avocat au siège présidial du Mans.
2832. — 1577, février. — Contrat de mariage d'Urbain de
Laval-Bois- Dauphin avec Madeleine de Montécler, fille de feu
René de Montécler et de Claude des Hayes, celle-ci veuve en
secondes noces depuis 1574^ de Baudoin de Goulaines* (Ori-
ginal au château de Bourgon).
2833. — 1577, 5 mars, Vitré. — Etat de la maison de
Guy XIX (Copie, B. N., français, 22310, 315).
RoUe des gentilshommes, cappitaines et officiers et servi-
teurs estant de présent à la suite de monseigneur le comte de
Laval.
Gentilshommes : M. de Beaufeu, M. des Gros, M. de Vau-
gais, M. de Jangé, M. de Mongla. M. de Mignonville, M. de
Picassière, M. d'Argenlieu, M. de Pierreficte, M. de Busanval,
M. Dolfé, M. du Mottel, M. de la Covaide (?)
Cappitaines : Vaudrinère, La Gaye, La Salle, Arramon >
La Brosse, Bricotte, Doultré, Morinière, Jean Nicolle, La
Bille, Souette, Hauteville, Lainel.
Maistres d'hostel et officiers : M. de Sigon, M. des
Housches, M. Poupart, Bayle, secrétaire, le conteroUeur
Gilibert général, le conteroUeur de la maison, Targentier,
Perclos, Couette, Du Mée, Planeval, le forrier, le tapissier.
Valets de chambre : Le Noir, Droin, Lapierre, le chirur-
gien, le tailleur, le valet garde-robbe.
SoMMELLERYE : François, Nicollas, Michon, Michel, Jean
du Four, Henry, Jean le Boyteux.
Cuisine : M. Jean Lescuj'er, M. Martin, Carré, André,
Thomas, François, troys marmitons, un lave vaysselle.
EscuYRiE : M. de Champfestu, escuyer.
Paagbs : Montfou, Quercyn, Diesbac, Barvileste, Brosset,
Tronssay, Le Parc, le petit Diesbac.
Lacques : L'Espaignol, Bonheul, Le Camuz, Fizicque
Pallefreniers : Glandes, Pierre, le maréchal, le muUetier,
1. Voir Province du Maine, IV, 225.
Digitized by
Google
— 365 —
deux charretiers, sept garçons d'estable, troys suisses, ung
portier, un vallet deferrière, ung prouvoyeur et troys hommes,
les boullangiers, les lavandiers, le chenetyer.
Faict à Vitré, le cinquoisme jour de mars 1577.
Guy de Laval.
2834. — 1577, 20 juillet, Laval. — Règlement par lequel
Guy XIX fixe les conditions de la fabrication et du blanchis-
sage des toiles à Laval et prescrit la nomination de quatre
visiteurs des toiles (Copie, A. N., AA. 55, dossier 1516).
Guy, comte de Laval, de Montfort, Quintin et Harcourt,
baron de Vitré, la Roche-Bernard et Ancenis, vicomte de
Rennes, de Donges et Lislebonne, sir« de Rieux, de Roche-
fort et de la Roche en Nord, etc., à tous ceulx qui ces pré-
sentes lettres verront, salut.
Noz chers et bien amez les bourgeoys, marchans et habitans
de nostre ville de Laval nous ont faict remonstrer que le prin-
cipal moyen que eulx et le menu peuple de nostre comté ont
eu par le passé, et ont de présent, de subvenir aux nécessitez
de la vie provient de Tabondance des lins qui y croissent par
leur labeur et industrie, que nosdits subjectz du plat pays
sèment, préparent et fiUent, afïîn d'en faire des toilles pour,
après qu'elles ont esté vendues au marché de Laval aux mar-
chans et bourgeoys de nostredite ville et fausbourgs de Laval,
estre blanchies es lavanderies à eulx concédées par noz pré-
décesseurs comtes à ceste fin, pour eulx et leur usaige seuUe-
ment et non pour aultres, de sorte que de ceste seulle manu-
facture, toilles et blanchisseures tout le menu peuple de nostre-
dite conté en est substanté, lequel ledict pays aultrement pour
estre de soy infertille de bledz, grains et aultres chosses
nécessaires à la vie de l'homme ne pourront soustenir et
substanter, lesquelles toilles, d'aultant qu'elles soni préparées
à Tusaige de l'estranger et non pour estre débitées en ce
royaulme, nosdits bourgeoys, jnarchans et habitans de nos-
tredite ville ont accoustumé de tout temps de vendre aux
marchans des nations estrangières d'Espaigne, Portugal,
Barbarie, Guy née, Indes Orientalles et Occidentalles, èsquelles
nations elles sont débitées et usées ; et s'ilz en vendent aul-
cunes aux marchans demeurans en ce royaulme, ce n'est pour
l'usaige dudict royaulme, mais pour les porter vendre esdits^
paîs estrangers ; l'entière manufacture, préparation et louaige
Digitized by
Google
— 366 -
desquelles ioilles, comme estant de Tindustrie et invention de
nosdits subjectz, le traffîc d'icelle anssi lenr a de tout temps
appartenu en nostredite ville de Laval prisvativement à tous
aultres marchans estrangers ou forains de nostredite ville et
comté, et lesquelz estrangers et forains de tout temps les ont
achaptées toutes blanchies, appareillées de leurs fâchons,
empacquetées de nosdits subjectz, sans qu'ilz se soint ingérez
ne entretenuz de faire blanchir, appareiller et empacqueter en
nosdites lavanderies aulcunes toilles escreues qu'ilz eussent
achaptées audit Laval ou ailleurs, conformément à la forme
que a acoustumé d'estre gardée en touttes aultres villes bien
pollicées, tant de ce royaulme que des nations estrangères,
qui est que ceulx qui par leur industrie ou labeur et commo-
dité du païs où ilz ont esté nez et eslevez, ont inventé et en-
tretenu quelque manufacture utille au publicq, ont esté prévil-
laigiez d*en avoir seulx la manufacture, exercice et traficq en
la ville et au lieu où la manufacture et marchandie croist et
s'exerce privativement au forain et estranger, estant très rai-
sonnable que chacun recueille plus tost le fruict du païs où il
est né et nourry , et de son labeur et industrie que souffrir que
l'estranger, qui n'y a riens apporté, le luy ravisse des mains
et comme de sa maison ; considéré mesmement que cest mar-.
chandie destinée pour Tusaige de l'estranger^ non de ceulx
en royaulme, et que, pour considération du peu de gaign
qu'ilz peuvent faire de ceste manufacture et traficq, ilz sont
surchargés de diverses charges et subcides, néanlmoings
aulcuns marchans espaignolz, portugailz et aultres estrangers
et forains, qui depuis quelque temps se sont habituez en aul-
cunes des villes maritines de ce royaulme, jaloux et envieulx
du peu de profliict que nosdits subjectz prenoint avecq eulx,
puis quelque temps se sont efforcez et efforcent de transphérer
et tirer à eulx tout le proffict de la manufacture, préparation
et traficq desdites toilles par le moyen de quelques facteurs
et entremeteurs de nosdits subjectz qu'ilz interposent pour
achapler pour eulx, moyennant quelque certain pris pour
aulne qu'ilz leur donnent, haulsant lesdites toilles de pris
excessif et non accoustumé, et, après les avoir achaptées
escreuesjcontre la forme ancienne, se ingèrent aussi contre
les prévilaiges de ceulx de nostredite ville, forme et charges
anxiennes, ausquelles les lavanderies ont esté par noz prédé-
Digitized by
Google
— 367 —
cesseurs accordées à tous nosdits subjectz, faire blanchir et
appareiller èsdites lavanderies tant les toilles qu'ilz font
achapter audict Laval que dehors et pour attirer les lavan-
diers à ce faire, ilz leur en payent pris excessif et non accous*
tumé, de sorte que par ces moyens indirectz, non seullement
la marchandise est en ung instant grandement haulcée de son
prisaccoustumé de fason que nosdits subjectz ne peuvent faire
aulcune emplecte pour eulx pour contynuer leur traficq, du-
quel ilz sont frustrez par le haulcement que y meptent lesdicts
estrangers. Mais il en advient aussi deux aultres inconvéniens
très grandz au* préjudice du publicq : l'un est que ladite mar-
chandie .de toille en est excessivement enchérie ; l'aultre que
les manoupvriers, tissiers et ceulx qui appareillent lesdictes
toilles, voyant lesdicts estrangers et forains si eschauffez à
Tachapt d'icelles, se licentient facillement de faire une infinité
de faultes, tromperies et desguissemens tant à FétofTe et fason,
ce que ayant esté auUreffois par noslre très honoré sieur uncle
et tuteur monsieur Tadmiral remonstré à Sa Majesté, auroit
obtenu ses lettres patentes dès le tréziesme septembre mil
cinq cens septante et ung affm de establir et faire observer
en la manufacture, préparation, vente et achapt desdites toilles
tel reiglement qu'il seroict advisé et ordonné par noz officiers
tant pour les biens de nosdicts subjects, marchanset habitans
de nostredite ville et comté et du publicq du pals ; mais tant
pourledéceix de nostredict sieur et tuteur que troubles depuis
survenuz, lesdictes lettres n'auroint peu estre minses à effeict
et plus ses abus pourroint pulluler s'il n'y estoict par nous
pourveu promptement par ung bon et raisonnable reiglement
sujrvant lesdictes lettres, affin de faire cesser touttes lesdittes
faultes et abus.
Et, après avoir ouy sur touttes ses chosses plussieurs desdits
majrchans tissiers, lavandiers et aultres entenduz en la manu-
facture, négociation et traficq de ladicte marchandie, ensemble
aulcuns particuliers, marchans forains, qui, tant pour eulx
que aultres, nous auroinct présenté requeste signée de plus-
sieurs marchans forains et estrangers, contenant les remons-
trances que sur ce ilz avoinct à nous faire ; et fînablement,
après avoir le tout conféré et eu l'advis tant de noz officiers en
nostre comté de Laval, bourgeoys et marchans et aultres de
nostre conseil, avons, par forme de pollice et reiglement et
Digitized by
Google
- 368 —
jusques ad ce que aultrement y aict esté pourveu, ordonné les
poinctz et articles cy après déclarez estre gardez et observez
en noz villes et forsb^urgs et conté de Laval, pour la manu-
facture, blanchisseure et trafficq desdites toilles *.
I. — Que les toilles qui seront exposées en vente au marché
dudict Laval seront de la largeur par cy devant ordonnée, tant
par les ordonnances anxiennes, qui est de deux tiers, deux
poulces, aulne de Laval, et celles qui ne seront de ceste lar-
geur seront contremarquées de la faulce marque, comme non
loy ailes ny marchandes ; et sera celluy qui en exposera en
vente de moindre largeur, deux moys après ces articles pu-
bliez, oultre condempné pour chacune pièce de la quallîté
susditte en cent soulz tournoiz d'amende.
IL ~ Seront lesdictes toilles faczonnées d'une mesme fac-
zon, serrées égallement par les deux lizières et millieu, et à
ceste fin tiendront les tissiers leurs lames esgallement com-
passées sans les tenir plus lasches par le melieu que les
lizières, comme ilz en ont abusé par le passé, et les toilles
faictes aultrement seront confisquées, arses etbruslées comme
desloyalles, et oultre celluy qui les aura ainsi falcifiées com-
dempné en dix livres d'amende pour chacune pièce de toille.
IIL — Seront aussi lesdites toilles faictes et fasonnées
uniement, c'est assçavoir de fil de pareille fiUeure et bonté,
sans entremeller soictau meillieu ne aux lizières de lachaigne
ne en la tesfure de la toille de fil plus gros, gasté, empiré,
pourry ou d'aultre quallité et de moindre valleur, sur peyne
aussi de confiscation de la pièce de toille et de dix livres d'a-
mende.
IV. — Touttes les toilles destinées pour estre vendues à
Laval seront sans empeschement apportées au marché de
Laval pour y estre vendues et non ailleurs, et est deffendu à
touttes personnes de quelque quallité et condition qu'ilz soint,
de la ville et forsbourgs et comté, ensemble aux forains et
estrangers d'icellcs achapter hors le marché, enerrer ou
barguyner par eulx ou interposées personnes, facteurs et
négotiateurs, et d'aller au devant des tissiers et vendeurs, sur
1. Pour rendre faciles à saisir les dispositions prises par Guy
XIX, on a ajouté des numéros en télé de chacun des articles de
ce règlement.
Digitized by
Google
— 369 —
peyae au vendeur de confiscation de la toille, et achapteur de
cinquante livres d'amende.
V. — Pouront les marchans desdites villes et forsbourgs
achapter touttes sortes de toilles qui seront exposées en vente
audict marché et non ailleurs à touttes heures indifféremment
pourveu qu'elles soinct de fason, bonté et quallité cy dessus
déclarée, et que ce soict pour eulx et sans fraulde.
Et au regard des marchans forains et estrangers, pouront
achapter audict marché et non ailleurs touttes sortes de toilles
de la quallité suâditte, c'est assçavoir, depuis Pasques jus-
ques à la Sainct-Michel après l'heure de neuf heures sonnées
à l'orloge du château, et depuis ledict jour Sainct-Michel
jusques à Pasques après l'heure de dix heures sonnées à la
mesme orloge et non plus tost, soict par eulx, ou interposées
personnes dudict Laval ou d'aultre lieu, sur peyne de forfaire
touttes les toilles, lesquelles ils auroint achaptées, barguy-
gnées ou enerrées paravant les heures dessus déclarées.
VI. — Deffendons très expressément à tous lavandiers d'a-
chapter à l'advenir audict marché aulcunes toilles pouraultres
que pour eulx, soict pour les manansethabitans dudict Laval,
forains ou estrangers, sur peyne d'estre privez de se pouvoir
par cy après entremectre de l'estat de buandier et cinquante
livres d'amende pour chacune fois qu'ilz seront trouvez con-
trevenans à la présente ordonnance.
VIL — Tous lavandiers seront tenuz de bien et deubment
blanchir, laver et appareiller les toilles qui leur seront bail-
lées pour ce faire, sans les laisser brusler, pourrir, déchirer
ou endommaiger, sur peyne aux contrevenans d'estre privez
de leur estât de lavandier, de réparer le dommaige qu'il au-
roictfaict aux bourgeoys ou marchans, duquel il auroict ainsi
corro'.npu et empiré les toilles, et d'amende arbitraire.
VIII. — D'aultant que les buanderies et laveries dressées
et establies sur nostre ripvière de Laval sont de nostre vray
patrimoyne et dommaine, concédées par noz prédécesseurs
pour en gratiffier noz subjectz, marchans et habitans de nos-
tredite ville, forsbourgs et comté de Laval et pour leur usaige
seullement et non d'aultres, laquelle concession, encores que
le revenu et ferme ordinaire de nostredite ripvière en soict
grandement dy my nué, nous voulions et désirons leur conserver .
Deffendons très expressément à tous lavandiers et buan-
Digitized by
Google
— 370 —
diers de buander, laver et blanchir aulcunes toilles pour aul-
tres que pour noz subjectz, bourgeoys, marchans, manaas et
habitans de noz ville, faulxbourgs et conté de Laval, et non
pour les forains et estrangers, sy cen'estoict pour leur usaige
et par nostre permission seullement, sur peyne d'estre privez
de leurs dites buanderies, et ne s'en pouvoir à Fadvenir en-
tremettre dedans le ressort de nostredite conté et de cinquante
livres d'amende envers justice, déclarans oultre que nous
ferons réaniment et de faict abaptre et desmollir les arrivouers
et édiffices construictz en et sur nostredite ripvière pour
lesdites buanderies et laveries de ceulx qui seront trouvez
avoir contrevenu à la présente deffense et injonction.
IX. — Deffendons aussi sur pareilles peines ausdits buan-
diers de blanchir et laver en leurs lavanderies aulcunes toilles
apportées de dehors qui n'auront esté vendues audict marché
de Laval et marquées de la mercque ordinaire dont on a
acoustumé de marcquer les toilles loyalles et marchandes
vendues audict marché.
X. — Et, pour Tentretenement des poinctz et articles sus-
dicts et à ce que le traficq desdites toilles puisse estre main-
tenu hors de touttes faultes, tromperies et abuz, avons or-
donné que à Tadvenir il y aura quatre visiteurs desdictes
toilles, dont y en aura deux esleuz en numbre des marchans
demeurans en nostre ville et forsbourgs, expertz et congnois-
sans en ceste marchandiez le tiers sera esleu delacompaignie
des tessiers qui chacun jour de marché visiteront les toilles
qui y seront apportées et exposées en vente ; et, pour eslre
auctorizez, se pourront accompaigner de l'un de noz sergens
et des faultes, mespremptures et malversations qu'ilz con-
gnoistront estre faictes es poinctz et articles susdicts et choses
qui en deppendent en feront leur rapport à justice pour en
estre ordonné ce que de raison; lesquelz visiteurs seront
changez chacun an et esleuz par devant nostre juge de Laval
ou son lieutenant à la plurallité des voix desdits marchans,
buandiers et tissiers, lesquelz pour ce faire seront assemblez
par devant luy.
Lesquelz poinctz et articles nous avons voulu estre gardez
et observez en nostredite ville, forsbourgs et conté de Laval
par provision et par forme de pollice et reiglement, jusques à
ce que aultrement par nous en aict esté ordonné.
Digitized by
Google
— 371 —
Faici audict Laval le vingtiesme jour de juillet mil cinq cens
soixante dix sept.
GUT DE LàVÀL.
Par commandement de Monseigneur, Le Roy.
L'ordonnance cy dessus a esté ce jourd'huy en jugement,
les plectz tenans, le\\e et publiée, ce requérant le procureur
fiscal de Laval, et registrée au greffe de ceste court, et avons
enjoinct à tous les subjectz de ce comté et aultres garder et
entretenir icelle ordonnance de poinct en poinct sur les peynes
qui y appartiennent; et ad ce que aulcun n'en prétende cause
d'ignorance, ordonnons qu'il en sera faict lecture et publica-
tion à son de trompe et cry publicq à jour de marché par les
carrefours de ceste ville et forsbourgs par le premier nostre
sergent sur ce requis, dont avons décerné acte.
Donné à Laval par devant nous Jean de Martines, sieur de
la Gilguynière, conseiller du Roy en sa court de parlement
de Bretaigne, juge ordinaire dudit Laval, le sabmedy ving-
tiesme jour de juillet. Tan mil cinq cens soixante dix sept.
Prodhommb, pour greffier.
2835. -^ 1577, 26-28 décembre. Vitré. —Synode protestant
tenu à Vitré en présence de Guy XIX (Note, dom Taillandier,
Hist, de Bretagne, II, 343, d'après Crevain, tiisL du Calvi-
nisme).
Les calvinistes de Bretagne profitèrent du calme que leur
procura le dernier édit pour assembler un synode à Vitré. Il
se tint au château le lendemain de Noël, en présence du
comte de Laval. Il se trouva treize ministres à cette assem-
blée. 11 résulte des actes de ce synode qu'il restait encore en
Bretagne seize églises calvinistes, malgré le massacre de la
Saint-Barthélémy et les persécutions qui avaient suivi cette
journée. Les seize églises étaient Rennes, Nantes, Vitré,
Ercé, Vieille- Vigne, Châteaubriant, Guérande, le Croisic,
Piriac, Sion, Saint-Malo, Pontivi, Ploermel, Blein etMorlaix,
Hennebon, Pont et Vannes étaient abandonnés. Outre ces
églises, il faut en ajouter deux autres qui n'estoient que sei-
gneuriales et domestiques, sçavoir LavaletBordage.La pre-
mière suivoit le comte de Laval et elle avoit pour ministres
Merlin et des Ousches. L'église du Bordage étoit fixe dans la
maison du seigneur de ce nom ; elle n'avoit point de ministre
Digitized by
Google
- 372 —
propre, mais elle se servoit de ceux du voisinage. L'on y fai-
soit le prêche et l'on y administroit le baptême, ce qui Ta fait
mettre au nombre des églises calvinistes de Bretagne. Le
synode de Vitré, qui dura trois jours, ne fut occupé que des
moyens de rétablir les églises chancelantes et de faire des
règlements pour ordonner aux pasteurs absents de retourner
à leurs troupeaux.
2836 — 1577. — Etat des parents de la duchesse de la
Trémoïlle assignés à sa requête afin de procéder à l'élection
des tuteur et curateur de ses enfants mineurs ; Guy XIX
de Laval et Jean de Laval, marquis deNesle, sont au nombre
des seigneurs convoqués [Jeanne de Montmorency et la prin-
cesse de Condé, p. 128, 1895, in-4*^).
2837. — 1577, 13 décembre, Paris. — Lettre par laquelle
Guy de Laval-Nesle demande à M. d'Humières, son oncle, de
venir prendre place à Noël dans son conseil de famille (B. N.,
français, 32il, 64).
A monsieur mon oncle, monsieur de Humières, chevalier
de l'ordre du Roy, conseiller en son conseil privé et son lieu-
tenant général au gouvernement de Péronne, Mondidier et
Roye.
Monsieur mon oncle, depuis la mort de deffunct monsieur
le marquis de Neele, mon père, je ne vous ay aucunement
escript de mes affaires pour en avoir assez peu de cognois-
sance et m'en estant remis à madame la marquise de Neele,
ma mère, qui me faict cest honneur de les embrasser. Seule-
ment adjousterai-je ce mot à la sienne et vous suppliray me
tant honorer que de vous trouver en l'assemblée qui se faict
pour l'amour (îft moy, dans ce Noël en ceste ville, où je sçay
que pouvez beaucoup et que votre présence aidera grande-
ment à mesdites affaires. Vous asseurant de n'en estre jamais
ingrat et que je vous feray tous les services qui me sera pos-
sible quand Dieu m'aura faict si heureux que d'en avoir le
moyen.
N'estant la présente à aultre effect, je la finiray en vous
baisant bien humblement les mains.
Je supplie le Créateur, monsieur mon oncle, vous donner
en parfaite santé, longue et heureuse vie.
Digitized by
Google
- 373 -
A Paris, le 13 décembre 1577. Vostre bien humble neveu
el affectionné à vous faire service.
Guy de Laval.
2838. — 1578, 3 août. — Etat des terres aliénées par
Guy XIX (A. N.,T. 105P, 219).
2839. - 1578, 20 septembre. — Décès de Jean de Laval,
comte de Maillé, marquis de Nesle * (Note, du Chesne, Histoire^
613).
2840. — 1578, 4 octobre, la Ferté-Ernault. — Testament
de Jacques I de Laval-la-Faigne ; il y nomme Marie Le Sec *,
sa seconde femme, Michel de Laval, son bâtard, Jacques II
de Laval, son frère, Jean de Laval-Tartigny et Madeleine de
Laval, épouse de Pierre de Normanville (Note, Durand,
Château de Montuel, 22).
2841. — 1578, 7 décembre, Comper. — Lettre de Guy XIX
au sieur du Plessis de la Rivière (Copie, B. N., français^
22310, 326).
A monsieur du Plessis de la Rivière,
Monsieur du Plessis.
Estant venu en ce lieu pour le plaisir de la chasse du san-
glier, attendant les Estats qui se tiendront à Rennes, je vous
en ay bien voulu advertir et que ce sera vostre chemin pour
y aller comoie je sçay que vous avez la vollonté, ayant déli-
béré me trouver à Rennes le xiii, pour ce que je m'attends
que les Estats se tiennent le xv, ainsi que le Roy le m'a
encores mandé depuis i rois jours.
Passant en ce lieu vous y serez le très bien vei a aussi vos
frères et aultres gentilshommes vos voisins qui y viendront ;
de quoy vous les advertirez, s'il vous plaist, et les prierez de
ma part aussi de se tenir prests pour estre de deçà le xii. Et
nous irons de compagnie avec autres gentilshommes vassaux
de mes terres, qui me feront ce plaisir de m'y accompagner.
Sur ce, Monsieur du Plessis, je supplieray le Créateur vous
1. Cette date est certainement fausse. Voir le numéro 2837.
2. Duchesne, Histoire, p. 62£, ne parle pas de cette seconde
alliance de Jacques I.
24
Digitized by
Google
— 374 -
donner sa sainte et digne garde, me recommandant de bien
bon cœur à la vostre.
De Comper, ce vu décembre 1578.
Vostre plus affectionné amy,
Laval.
2842. — 1579, 3 mars, Paris. — Arrêt par lequel le Par-
lement de Paris décide que, attendu les privilèges du comté
de Laval, le sénéchal du Maine n'a pas qualité pour faire sur
ses nobles la répartition des frais dûs au représentant de la
province aux Etats Généraux (Imprimé, Titres du comté de
La^al^ip. 133).
2843. — 1579, 16 mars, Rennes. — Ordonnance par laquelle
Guy XIX prescrit que toutes les instances soutenues en son
nom devront au préalable être soumises à son conseil établi
à Rennes (Original aux archives de la Trémoïlle acheté à la
vente Pichon).
Guy, comte de Laval, de Montfort, Quintin et Harcourt,
baron de Vitré, la Roche-Bernard et Ancenys, vicomte de
Rennes, de Donges et de Lislebonne, sire de Rieux, de Ro-
chefort et de la Roche en Nord, etc., à noz chers et bien amez
séneschal, alloué et procureur fiscal en nostre jurixdition de
Chèvre, salut.
Nous avons esté advertiz par les gens de nostre conseil et
mesmes l'expérience nous a faict congnoistre les grands inté-
restz et préjudices qui nous sont arivez au passé à cause de
plusieurs instances et procès cy davant intentez soubz nostre
nom, sans en avoir premièrement prins l'advis de nostredit
conseil et vous estre assemblez pour conférer entre vous para-
vant qu'intenter aucun procès, mesmes affin de dresser mémoy-
res signez de vous, pour sur iceulx entendre Tadvis de nostre
dict conseil, ainsi que oe a esté tousjours nostre voluncté
et intention. A ceste occasion, pour évitter à Fadvenir telz
inconvéniens, nous avons faict et estably le règlement cy
après pour estre par vous inviolablement gardé et observé,
sans y contrevenir, en tant que vous désirez nous obéyr et
faire agréable service :
Que. auparavant qu'intenter aucun procès et instance,
vous confériez ensemble pour dresser les mémoyres requis et
nécessaires touchant le faict et dificulté qui se présentera,
Digitized by
Google
— 375 —
lesquelz mémoyres vous signerez jusques au nombre de deux
pour le moings.
Et contiendront iceulx mémoyres une naration sommaire
de nos droictz et de ce qui se pourra vériffier tant par actes
que tesraoings.
Lesquelz mémoyres ainsi signez et arestez par vous seront
promtement envoyez en la ville de Rennes, pour en avoir
Tadvis de nostre dict conseil, lequel sera par vous suivy au
discours desdites instances et procès, sans y desroger ny con-
trevenir.
Et estans lesdits procès terminez, et advenant que y auroict
appel interjecté d'une ou aultre part du jugement qui y inter-
viendra sur iceulx, vous envoyrez de bonne heure et de temps
compectant pour se présenter à celluy qui aura la principalle
charge de nosdits procès et affaires audit Rennes, tant les
assignations qui seront données et seront pendantes pour le
faict dudict appel, que autres procédures, tiltres et enseigne-
mens, d'aultant que vous en aurez entre mains requis et né-
cessaires pour soustenir lesdits jugemens. sentences, ou
icelles faire réformer, si elles sont données contre nous.
Et quand aux procès criminelz èsquelz interviendront appel-
lations, vous envoyrez semblablement emples mémoyres
signez de vous avec coppyes des principalles charges, aflîn
que nostre dict conseil puisse estre instruict si ou nom il
debvra prendre la cause en nostre nom et se présenter èsdites
appellations.
Et à faulte à nostre procureur fiscal de nosdictes jurixdi-
tions et signeuryes de Chèvre de ce faire, il sera par nous
désadvoué pour le faict des procès intentez et suiviz sans l'ad-
vis de nostre dict conseil.
Et pour le regard des assignations qui seront données soit
en appel ou première instance, il sera laissé exploict par noz
procureurs de causes tant en ladicte court de parlement de ce
pays que audict siège de Rennes, à faulte d'avoir envoyé
lesdictes procédures et assignementz, l'événement duquel
exploict, soit diffault ou congé, tombera sur ledict procureur
fiscal et en portera tous despens, dommaiges et intérestz en
son privé nom. s'il ne trouve et fasse aparoir d'excuse légi-
time.
Sauf à nous à procéder outre à la destitution de nosdicts
Digitized by
Google
— 376 —
officiers qui auront faict et commis faultes si notables ainsi
que verrons avoir affaire et que les ocasions P*y présenteront.
Et affin que le présent règlement ne demeure illusoire et
sans fruict et que aulcun cy après n'en puisse prétendre cause
d'ignorence, nous vous enjoignons chacun en droict soy icel-
luy faire lire et publier en audiemieàjourde plaitz généraux,
et nous envoyer acte de ladicte publicacion, et icelluy faire
regestrer au papier du greffe de nosdictes jurixditions et
signeuryes. De ce faire vous donnons plain pouvoir et man-
dement spécial.
En foy de quoy nous avons signé la présente de nostre
main et à icelle faict apposer le scel de noz armes'.
Faict par Tadvis de nostre dict conseil audict Rennes, le
xvi'marsMV^LXXIX.
Guy de Laval.
Par commandement de monseigneur.
Dbplanbval.
2844. — 1580, 27 janvier. — Aveu pour la ladrerie de
Saint-Etienne à Vitré fait à (iuy XIX (^Imprimé, Paris-Jallo-
bert, 37).
2845. — 1580, 3 février. Vitré. — Aveu pour la Poultière
en Vitré fait à Guy XIX par Pierre Frain et Julienne Lam-
baré, sa femme (Imprimé, Mémoire généalogique,,,, de
plusieurs familles établies à Vitré, 1885, in-16, p. 27).
2846. — 1580, 12 avril, Paris. — Lettre écrite par Guy de
Laval Loué à Madame de la TrémoïUe (Archives de la Tré-
moïUe).
A Madame, Madame de la TrémoïUe.
Madame, j'accompagneray celle de Madame la marquise
de Nesle, ma mère, de ceste pour vous supplier bien humble-
ment de me fayre cet honneur de recepvoir le sieur des Noubes
à rhommaigeque je vous doy, en vertu delà procuration qu'a
à ceste fin expédiée mon tuteur. Ce me sera une obligation de
laquelle je m'aquitteray par quelque bon service, si je suis
jamais si heureux que de mériter voz bonnes grâces et que
me faciez cet honneur de m'enployer.
1. Le dessin de ce sceau a été donné sous le numéro 188.
Digitized by
Google
— 377 —
Sans la vous fayre plus longue, sinon de vous baiser bien
humblement les mains, suppliant le Créateur, Madame, vous
donner en parfaicte santé très longue et heureuse vie.
A Paris, ce xii« apvril 1580.
Vostre bien humble et obéissant cousin à vous fayre
service,
Guy de Laval.
2847. — 1581, 12 mars. — Lettre écrite par Henri IV au
duc de Montpensier ; Guy XfX * y est indiqué comme présent
près du roi de Navarre [Lettres misswes^ I, 360).
2848. — 1581, 12 mars, Cadillac. — Lettre de Henry IV au
duc de Montpensier relative à une affaire concernant celui-ci
et dont il a délibéré avec le duc d'Alençon. Guy XIX, monsieur
d'Escars et d'autres sont présents (Imprimé, Lettres misswes^
I, 361).
2849. — 1581, 17 mars. — Pension de quatre cents écus
en faveur de Jean Ravenel, sieur de la Grange, commandant
de Vitré (Arch. de la Loire-Inférieure, H. 64, 42).
2850. — 1581, G mai, le Mans. — Lettre écrite par le duc
d'Alençon à Urbain de Laval-Bois-Dauphin (Imprimé, B. de
Broussillon, Documents inédits^ 92, d'après B. N., français^
3348, 2).
2851. — 1581, 10 mai, Alençon. — Lettre écrite parle duc
d'Alençon à Urbain de Laval-Bois-Dauphin, le conviant à
prendre part avec lui à l'expédition des Pays-Bas (Imprimé,
B. de Broussillon, Documents inédits^ 93, d'après B. N.,
français, 3348, 1).
2852. — 1581, 6 juin, Blois. — Lettre adressée à Urbain
de Laval-Bois-Dauphin par Henri III, lui interdisant d'ac-
compagner le duc d' Alençon dans son expédition dans les
P^ys-Bas (Imprimé, B. de Broussillon, Documents inédits^ 94,
d'après B, N., français^ 3348, 5).
2853. — 1581, 28 octobre, Paris. — Lettre adressée par
i. C'est par erreur que M. Berger de Xivrey, dans sa note,
identifie le « monsieur de Laval » dont il est question dans le
texte avec Gu> de Laval, marquis de Nesle, alors âgé de moins
de seize ans.
Dfgitized by
Google
— 378 —
Catherine de Médicis à Bellièvre ; elle y mentionne le départ
pour l'Angleterre du duc d*Alençon accompagné de divers
personnages au nombre desquels figure le sieur de Laval
(Imprimé, Lettres de Catherine de Médicis^ VII, 408).
2854. — 1581, 13 mars, Thouars. — Acte par lequel Jeanne
de Montmorency, duchesse de la TrémoïUe, déclare avoir
reçu du procureur de Guy de Laval, marquis de Nesle, baron
de Bressuire, les foy et hommage lige, baiser et serment de
fidélité auxquels il est tenu à cause de sa dite baronnie (Cata-
logue Ernest Dumont, n** 90, octobre 1898).
2855. — 1582, 22 janvier. — Procuration donnée par Pierre
de Laval-Lezay, afin de rendre en son nom hommage à Tévé-
que d'Angers (Note, B. N., Dom Housseau, XIIP, 9399).
2856. — 1582, 15 février. — Contrat de mariage de Claude
de Laval, fille de Pierre de Laval-Lezay et de Jacqueline Clé-
rembault avec René Gillier * (Copie aux archives de Lévis-
Mirepoix au château de Léran, et not6 Du Chesne, Histoire^
622).
2857. — 1582, 22 avril. — Délai obtenu par Guy de Laval,
marquis de Nesle, pour présenter les aveux de Plouha et de
Plouazec (Arch. de la Loire-Inférieure, B. 1225).
2858. — 1582, mai, la Chétardière. — Décès de Pierre I de
Laval-Lezay (Noie Du Chesne, Histoire^ 621).
2859. — 1582, 12 juillet. — Acte par lequel Guy XIX pré-
sente à la chapelle Saint-Martin, au manoir de Ménitré en
Rosiers, Jacques Cador à la place de Louis du Fresne, qui
l'avait résignée' (Arch. de Maine-et-Loire, E. 3024).
2860. — 1582, 20 octobre. — Ordonnance donnant mission
à Jean Richard de conduire à Saint-Nicolas tous les pour-
ceaux qui seraient rencontrés sur le territoire de Vitré (Im-
primé, Paris- Jallobert, 39).
2861. — 1583, 12 avril, Anvers. — Contrat de mariage de
Guillaume d'Orange avec Louise de Coligny, fille de Tamiral
i. Leur fils Urbain Giliiers, le 27 décembre 1613. épousa Marie
Chabot (Voir Dom Fonteneau, XXV, 729).
2. Ce document, comme le numéro 2830, possède un bel exem-
plaire de sceau dessiné sous le numéro 187.
Digitized by
Google
- 379 —
et veuve de Théligny ; Guy XIX est mentionné parmi les per-
sonnages présents (Imprimé, Preuves de la Maison de Coli^
gny, p. 582).
2862. — 1583, 15 mai, Vitré. — Actes généraux du XIP
synode protestant tenu à Vitré sous la présidence de Pierre
Merlin suivis de la liste des pasteurs et des anciens députés
à ce synode (Imprimé, La France Protestante^ 1858, Pièces
justificatweSy p. 180) .
2863. — 1583, 31 juillet, Paris. — Lettre adressée par le
chancelier de Cheverny à la duchesse de la Trémoïlle, en lui
recommandant les intérêts de son gendre, Guy de Laval,
marquis deNesle (Imprimé, Lettres du XVI'' siècle^ n^ 195).
2864. — 1583, 7 août. — Mariage de Guy XIX avec Anne
d'Alègre (noto, Bourjolly^ II, 19).
2865. — 1583, V^ septembre. — Mariage de Guy XIX avec
Anne d'Alègre (note du plaidoyer, du Chesne, XL, 305).
2866. — 1583, septembre, Paris. — Lettres patentes par
lesquelles Henri III confirme les privilèges du comte de Joigny
lequel était alors Guy de Laval-Nesle (B.N., /ra/icaw, 4600, 96).
2867. — 1583, 9 novembre. Vitré. — Reconnaissance d'une
dette signée par Guy XIX (Archives de la Trémoïlle),
Je confesse debvoir à Jean Chevallerie. sieur de la Tou-
chardière, la somme de six vingtz escuz sol, laquelle je luy
promectz payer à sa vollonté.
Faict à Vi^îtré, le IX" jour de novembre 1583.
Guy de Laval.
2868. — 1584, 26 janvier, Paris, en l'hôtel de Laval rue
Saint-André-des-Arts. — Accord e'atre Guy XIX et la com-
tesse de Salm, grand-mère de François, Benjamin et Anne
de Coligny, par lequel Guy XIX, conformément au testament
de d'Andelot et à l'accord passé lo 10 février 1572 entre Anne
de Salm et Gaspard de Coligny, prend les engagements né-
cessaires en faveur de ses frères et de sa sœur du second lit
(Imprimé, Preuves de Coligny^ 1121).
2869. — 1584, 21 février. — Règlement établi pour préserver
de la peste la ville de Vitré (Imprimé, Paris-Jallobert, 39).
2870. — 1584, 23 février. laFaigne. — Contrat de mariage
Digitized by
Google
— 380 -
do Pierre de Laval-Lauresse, fils de Pierre Je Laval, avec
Louise de Laval-la-Faigne * (Note, Mémoires de la Société
dC Eure-et-Loir, VI, 99).
2871. — 1584, 24 mars. — Aveu rendu au nom de (iuy de
Laval-Nesle, mineur, à Thouars, pour la baronnie de Bres-
suirt* (Note, La TrémoïUe, Fiefs de Thouars, 13).
2872. — 1584, 3 avril. — Procuration donnée par Jacques
de Laval-la-Faigne, chevalier de l'ordre (B. N., français^
28154, 225).
2873. — 1584, 7 juillet. — Transaction entre Guy XIX et le
prince de Guémené touchant la succession de Guy XVII, frère
de Marguerite de Laval, mère du prince (B. N., français,
22311, 31).
2874. — 1584, 13 septembre, Montauban. — Lettre par la-
quelle Henri IV accrédite près de Henri III Guy XIX et du
Plessis-Mornay chargés de porter au roi les décisions de l'as-
semblée protestante de Montauban (Imprimé, Lettres mis-
sii'es, I, 683).
2875. — 1584, 13 septembre, Montauban. — Instruction à
M. le comte de Laval et à M. du Plessis, auxquels a été ad-
joint le sieur Constant, de ce qu'ils auront à dire et à remontrer
à Sa Majesté, de la part du roy de Navarre et de l'assemblée
des églises, tenue à Montauban par la permission de Sa Ma-
jesté' (Imprimé, Mémoires de la Ligue, in 4®, I, 606).
2876. — 1584, 13 septembre, Montauban. — Lettre de
Henri IV à Walsingham dans laquelle il mentionne l'envoi
vers Henri III de Guy XIX et de du Plessis-Mornay (Imprimé,
Lettres missives, VIII, 271).
2877. — 1584, 13 septembre, Montauban. — Lettre par la-
quelle Henri IV annonce à Catherine de Médicis que Guy XIX,
1. Ce contrat fut insinué au greffe de Chartres le 26 octobre
1584.
2. Sous les numéros 192-194, on trouvera ici les dessins de trois
jetons de Guy de Laval, marquis de Nesle. Les faces des trois
jetons sont identiques, les revers seuls sont différents.
3. Le compilateur des Mémoires de la Ligue prétend que
Guy XIX, ayant appris par cœur celte instruction, la prononça
devant le roi, en son cabmet.
Digitized by
Google
— 381 —
du Plessîs-Mornay et le sieur Constant sont députés vers le
roi par l'assemblée protestante de Montauban (Imprimé, Let-
tres misswes^ I, 684).
2878. — 1584, 13 septembre, Montauban. — Avis donné
par Henri IV au comte de Leicester qu'il a envoyé à Henri III
Guy XIX et du Plessis-Mornay, chargés de faire connaître
au roi les décisions de l'assemblée protestante de Montauban
(Imprimé, Lettres missives, VIII, 270).
2879. — 1584, 14 novembre, Saint-Germain en-Laye. —
Lettre écrite par du Plessis-Mornay au roi de Navarre. Il
192-194. — Jetons de Guy de Montraorency-Laval, marquis de Nesle, 1584.
l'informe entre autres choses que Guy XIX en passant par
Blois a été faire un tour chez lui, d'où il n'est pas encore re-
venu à cause d'accès de fièvre (Imprimé, Mémoires et corres^
pondance de du Plessis-Mornay^ II, 680).
2880. — 1584, 25 novembre. — Quittance délivrée par Jean
Dumoulin, conseiller du Roi et président en l'élection de Paris,
en qualité de tuteur de Guy de Laval, marquis de Nesle, comte
de Joigny et de Maillé (Original, B. N., français, 28154,
226).
2881. — 1585, .:1 janvier et 4 février, Harcourt. — Lettre
écrite par Guy XIX à M. Chorin [Archives de la Trémoïlle),
Digitized by
Google
— 382 —
A Monsieur Chorin^ procureur en la court de parlement
de Paris^,
Monsieur Chorin, j'ay receu voz lettres des XXlIIPet
XXVIII* de ce moys, pour responce ausquelles je vous diray
estre bien aise que monsieur Marion ayt dressé les contredictz
contre madame de Longueville, encores plus de la bonne
oppinion qu'il a du procès, après Tavoir si bien veu qu'il a
comme je seray qu'il besongne à la production nouveUe,
mesmes pour les terres de Partenay.
J'ay veu ce que vous me mandez touchant le sieur de Torcy,
aussi ce que m'en escript Laulan, trouvant bien estrange
qu'en faisant l'exécution contre luy, on n'ayt trouvé à son logis
aultre chose q'ung mullet, pour ce que je sçay que ce n'est le
train d'ung chevallier du Sainct Esperit que cela, mais qu'il
doibt estre plus grand. Une aultre foys, il se fauldra tenir
plus près des sergentz.
Pour le faict de Dumesnil, fault regarder de se deffendre
comme l'on pourra et ne pense pas qu'il prouve tout ce qu'il
mect en faict.
Pour le regard de Larmnoière, vous luy manderez que je
désire la faire paier et que si elle ne faict plus de poursuitte,
elle le sera au plus tard dans six sepmaines, et que si elle
poursuict à la rigueur, elle n'aura son argent si tost.
Je désire que vous voyez monsieur Le Gresle pour luy dire
ce que je vous ay cy devant mandé^ aussi ce que vous m'en
escrivez maintenant.
Je suys bien aise que la damoiselle d'Argenlieu a faict re-
noncer à son appel. Maintenant il la fault poursuyvre vive-
ment sans y perdre une seulle heure de temps.
Avant vous aurez sceu le nom de celluy qui sera rapporteur
du procès de Chasleau-Giron ; vous me le manderez. Je croy
que vous regarderez songneusement entre les mains de qui
vous le ferez mectre.
Quant à ce que vous m'escripvez pour estre payé d'une
année de voz gaiges, c'est chose que je n'ay garde d'oublier,
et sçay bien la différance qui se doibt garder entre les vieulx
serviteurs et les nouveaulx. Mais je désire que de vostre costé
1. L'original porte en note : « Receu le 6 février et faict res-
ponse le 7* ».
Digitized by
Google
— 383 —
aussi vous me faciez paroistre les effectz de vostre affection,
usant ung peu plus de dilligence que vous n'avez accoustumé
en ce qui m'est d'importance, comme vous sçavez, et qui est
très facille. Je dyz ceci entre aultres choses pour le long temps
qu'il y a que je suys à vous solliciter de faire faire une estude
en laquelle vous mettiez tous les pappiers "que vous avez à
moy. Vous mesmes avez jugé cela estre nécessaire, et touteffoiz
pour l'exécuter vous y apportez tant de longueur qu'à la vérité
cela m'ennuye et trouve ung petit estrange qu'à cette heure
que monsieur de Martines est arrivé à Paris, vous remectez
encores d'icy à ung moys. Je vous prye donc que sans plus de
remise à ce coup vous le faciez faire et, si tost que cela sera,
vous n'aurez point ae besoing de me ramentevoir voz gaiges.
J'en escriptz à monsieur de Martines, aflin qu'il face dili-
gence de retirer ses hardes.
Je suys bien aise de la dilligence que vous faictes en mes
affaires et vous prye d'y continuer.
En ce lieu je feray fin, priant Dieu, monsieur Chorin, vous
avoir en sa saincte garde.
De Harcourt, ce dernier jour de janvier 1585.
Votre bien bon amy.
Laval.
un* febvrier 1585.
Je seray bien aise que vous et Laulan obteniez du Roy let-
tres en mon nom, causées sur le désir que j'ay de présenter à
Sa Majesté l'adveu des terres que je tiens a' elle et entre aul-
tres de celle de Rieux et deppendances, et que pour ceste
occasion il soit mandé à messieurs les président, procureur,
garde des comptes et tous aultres qu'il apartiendra mé déli-
vrer ou à mon procureur deument fondé coppie coUationnée
et garendie tant des anciens adveuz que modernes baillez par
mes prédécesseurs ; et le plus dilligemment que vous pourrez,
vous me ferez tenir les dites lettres.
Vous verez aussi les lettres que le sieur de la Vallière m'a
réunyes, aussi l'exploict faict^suyvant icelles contre madame
de la Fueillée.
Je n'escriptz poinct pour ceste heure à M. Marion pour le
remercier de la peyne qu'il a pr«se pour moi ; j'attends l'heure
que je luy envoyé de l'argent tant pour ses dites peynes que
pention, qui sera bien tosi là que vous luy ferez entendre.
Vous m'advertirez qui fera les dilligences au premier con-
Digitized by
Google
- 384 —
seil du roy contre madame de la Fueillée, pour ce que je n'ay
poinct de procureur.
Vous m'avez cy devant dict que vous avez plusieurs pièces
qui pouroient servir contre elle ; vous vous en aiderez.
Vous ne m'avez poinct faict responce à ce que je vous avois
mandé plusieurs foiz, sçavoir ce qu'il faudroit à M. Marion
pour les escriptures qu'il a dressées, lesquelles je luy ren-
voiray par la première commodité.
2882. — 1585-1586. — Avertissement par lequel est som-
mairement discouru de ce qui se passa.... à la fin de l'année
1585 et en Tan suivant, 1586* (Imprimé, Mémoires de la
Ligue, in.4% II, 156-179).
2883. — 1585, 28 juillet, Taillebourg. — Testament de
Guy XIX (Note, liourjolly, II, 20).
2884. — 1585, 27 août. — Lettre adressée à Guy XIX par
Henri III le félicitant des mesures prises par lui pour exécuter
l'édit de juillet 1585 (Imprimé, Bourjolly, II, 336, d'après
B. N., français^ 3309, 29).
2885. — 1585, 8 octobre, Paris. — Lettre par laquelle
Henri III avise Anne d'Alègre qu'il a confié la garde du château
de Vitré au sieur de la Prévallais (Imprimé, Bourjolly^ II,
337, d'après B. N., français, 3309, 43).
2886. — 1585, 15 novembre, Paris. — Mandement par le-
quel Henri III charge le sieur de la Prévallais de la garde du
château de Vitré (Imprimé, Bourjolly, II, 338, d'après B.N.,
français, ZZ09, 43).
2887. — 1585, 15 novembre Paris. — Lettre par laquelle
Henri III annonce au sieur de la Prévallais l'envoi des lettres
patentes lui confiant la garde du châceau de Vitré (Imprimé,
Bourjolly, II, 339, d'après B. ^,, français, 3309, 74).
2888. — 1585, 22 novembre. — Lettre par laquelle Jean de
Chourse, seigneur de Malicorne, avise les habitants de Saint-
•
1. On y trouve le récit de la campagne de Guv XIX dans le
Poitou terminée par son décès le 15 avril 1586. fl ne faut tenir
aucun compte de la note par laquelle l'édition in-4® (1758) des
Mémoires de la Ligue ^ identifie M. de Laval avec Urbain de
Laval-Bois-Dauphin.
Digitized by
Google
— 385 -
Maixent que le comte de Laval est à Villeneuve-1 1- Vicomtesse
(Note dans Journal de Michel Le Riche),
2889. — 1586, !«' février, Coupvrai. — Contrat de mariage
de Louis de Rohan-Guémené et de Françoise de Laval, veuve
de Henri de Lenoncourt* (Note, dont Morice^ III, 1473).
1. Ce contrat fut ratifié le 21 février 1580 devant les notaires
du Ghàtelet de Paris (B. N., français, 22311, 45).
Cte Bbbtrani> ob Broussillon.
{A suiifre) .
Digitized by
Google
BIBLIOGRAPHIE
Débuts de la chouannerie dans le Morbihan (1793^
1794), par M. le docteur G. de Closmadeuc (La Révolution
française, t. XX, p. 330 et sqq).
Quoiqu'elle n'ait pas, pour Thistoire du déparlement dé la
Mayenne, un intérêt immédiat, je crois devoir cependant
signaler aux lecteurs du Bulletin Tétude que M. de (Jlosma-
deuc vient de consacrer aux débuts de la Chouannerie dans
le Morbihan. Il n'est pas inutile en effet, pour connaître plus
intimement ce qui se passa ici, de voir ce qui se fit ailleurs,
quels motifs ont poussé le peuple du Morbihan à se soulever,
quels agents servirent le parti vendéen, quels movens ils
prirent et quels furent les résultats. L'article de M. ae Clos-
madeuc, nécessairement écourté pour une revue mensuelle,
pose plutôt ces questions qu'il ne les résoud, mais en se
tenant, comme il le fait heureusement, à la biographie de
Joseph Defay, gentilhomme de l'Anjou, ancien capitaine au
régiment de Picardie, il laisse soupçonner la réponse qu'une
étude de plus longue haleine apporterait à ces problèmes.
L'auteur est aidé à cela par un court mémoire du capitaine,
écrit deux mois avant sa mort.
Joseph-Louis-Frédéric Defay, originaire de Saint-Macaire
(Maine-et-Loire), quitta la Vendée et, avec l'armée royaliste,
passa la Loire, le 18 octobre 1793. Arrivé à Laval, avec son
enfant dans un mannequin, il voit tuer près de lui, par un
membre du district, dont il tire vengeance immédiate, son
cousin de la Guérinière, et suit l'armée à Granville, puis au
Mans. C'est la déroute. « Les canons, les caissons fuient ; les
voitures, les bagaçes veulent les dépasser. Jamais on n'a vu
de déroute pareille.... Le ralliement devient impossible. Il
était presque nuit. Le combat continuait entre une partie de
notre armée et ne cessa que le lendemain matin...
a Quel fut mon étonnement, écrit Defaj, lorsque je trouvais
ma femme tout éplorée, sans souliers ni bas, sans mouchoir
de col, toute mouillée, pleurant et jetant les hauts cris ! Mon
premier mot fut : Oà est mon fils P — Ilestécraséy me dit-elle.
— Oà est- il ^ que faille le chercher ? — Mon ami^ c'est inutile ;
// est écrasé. J'ai tombée l'enfant^ le chei^al et moiy et plus
de 200 chei^auT et Je ne sais combien d'hommes m'ont passé
sur le corps. Vois !fai encore la marque des fers des che-
Digitized by
Google
- 387 —
^faux sur la figure. — Hélas ! je montai ma paavre femme
derrière moi jusqu'à ce que j'eusse trouvé un autre cheval et
mon manteau dont je l'enveloppais et lui donnai mes souliers.
Nous voyageâmes une partie de la nuit, nous nous reposâmes
un peu et, le lendemain, arrivâmes à Laval.... dans une
bonne maison où on les soigna bien ; j'y laissai ma femme
hors d'état d'aller plus loin, étant toute meurtrie. »
L'armée vendéenne fut achevée à Savenay et chacun se
sauva comme il put. Defay, son ami Bejarry et quelques
officiers vendéens se réfugièrent aux environs de Pont-Châ-
teau. Les administrations républicaines des villes se tenaient
sur le qui-vive dans le Morbihan, comme dans les départe-
ments limitrophes. L'insurrection du mois de mars précédent,
provoquée par la levée en masse de 300.000 hommes, y avait
été réprimée rapidement. Mais les campagnes restaient fré-
missantes ; les jeunes gens soumis à la réquisition se déro*
baient aux recherches et ceux qui furent incorporés dans les
bataillons de volontaires, désertèrent en granae partie. C'est
avec eux que Defay tenta un premier mouvement ; il comptait
sur 4.000 nommes au mois de février 1794 ; « les poltrons »
firent passer les organisateur^ pour des espions, et le rassem-
blement ne fut que de 160 hommes, dont 47 fusils : on ne put
rien entreprendre alors. Defay et ses compagnons travaillèrent
les paysans. Habillés comme eux : grandes culottes de
grosse toile, chapeaux ronds, vestes de Casto, armés de
sabres et de pistolets d'arçons, ils s'introduisaient, la nuit,
dans les villages, se faisant ouvrir les portes des maisons,
s'annonçant comme gentilshommes royalistes, semant de
fausses nouvelles sur leurs propres forces, sur les secours
anglais, sur Tinvasion prussienne, menaçant de brûler la
cervelle à ceux qui les dénonceraient, molestant les officiers
municipaux à l'occasion et pillant la caisse du receveur des
impositions. L'attroupement finit par grossir : il compte
1.500 hommes, dont 600 seulement sont munis de fusils. Une
colonne de 250 républicains sort de Vannes, avec 50 cavaliers
et une pièce de canon, commandée par le chef de brigade
Lacombe. A la vue de quelques gendarmes, près de 900
bretons prennent la fuite. La troupe s'évanouit vite, malgré
les efforts réitérés de Bejarry et de Defay, trahis par des
espions qui découvrent toutes les caches et dénoncent ceux
qui ont reçu les officiers vendéens : ceux-ci, traqués, couchent
toutes les nuits dehors, dans un fossé, dans un champ, dans
une lande, un peu de paille, vivant de charité, sans effets,
jusqu'au 13 iuin 1794 où Defay est pris sur la commune de
'Noyal-Muzillac.
Û est évacué, au bout d'un mois, sur Lorient et déféré au
tribunal criminel. Dans l'intervaile le malheureux avait
adressé aux Bretons une proclamation où il faisait amende
Digitized by
Google
— 388 —
honorable et dans laquelle il les priait d'écouter « le lançaffe
de la bonne foi et de la véritable franchise > en faveur de la
Convention nationale accusée à tort d'avoir méconnu l'exis-
tence de Dieu, « parce qu'elle a supprimé cet entourage du
culte catholique qui parlait aux yeux et asservissait le peu-
ple >. La proclamation est autographe, dit M. de Closmadeuc.
Spontanée ou inspirée par la crainte ds la mort, elle fut une
faiblesse qui valut à son auteur des adoucissements de capti-
vité, mais qui ne le sauva pas. AUa-t-il plus loin dans cette
voie et fut-il lâche comme Ducouedic, Collas du Reste et
l'Amour de Laujegu qui plus tard dénoncèrent leurs compli-
ces ? On ne peut que dire. La conviction que la cause monar-
chique était perdue explique peut-être suffisamment cette
faiblesse, sans qu'il faille croire à la duplicité ou à la félonie.
Condamné à mort le 16 thermidor an II (3 août 1794), Defay
fut exécuté le jour môme, à huit heures du soir, sur la place
de Lorient. Ce qu'il laissait en dépôt au Brettin, chez l'ex-
noble Chamart, fut vraisemblablement intercepté par le
général républicain Canuel, ce terroriste qui finit par dégoûter
même la Restauration.
Les débuts de la Chouannerie dans le Morbihan, dans les
premiers mois de 1794, furent donc misérables. Là aussi le
soulèvement trouva des aliments chez les réquisitionnai res,
« tout à fait bien disposés à l'insurrection », au moins dans
le peuple ; mais les gentilshommes et les bourgeois y furent
plutôt opposés, craignant de ne pouvoir plus se cacher si le
succès ne répondait pas à leurs efforts. Sans armes et fondants
au moindre choc, peut-être les Bretons du Morbihan auraient-
ils trouvé suffisant l'essai malheureux qu'ils avaient fait avec
Defay et ses compagnons, si un autre personnage, plus
entreprenant, mieux cjualidé, n'était entré en scène. Avec
Puisaye, qui fut le véritable organisateur de la Chouannerie
en Bretagne, avec ses gentilshommes émigrés, ses prêtres
réfractaires, ses campagnards et ses réquisitionnaires enrôlés
de gré ou de force, les déserteurs des armées républicaines,
la Chouannerie eut des chefs et des soldats et résista pendant
quatre ans aux troupes que le gouvernement envoya contre
elle. Il était utile de voir comment elle débuta et M. de Clos-
madeuc doit être remercié pour nous l'avoir montré.
E. Laurain.
Les Chouans de la Mayenne C1792-1796>, par M. Jean
Morvan, Paris, Calmann-Levy, in-8**.
Au moment de donner le bon à tirer de cette dernière feuille
du Bulletin, nous recevons le volume de M. Jean Morvan dont
nous avons déjà signalé un extrait à nos lecteurs. Nous en
parlerons dans un prochain fascicule.
Digitized by
Google
LE
COMITÉ RÉVOLUTIONNAIRE
DU DISTRICT DE L.WAL
C'est la loi da 14 frimaire an II (4 décembre i793)
qui organisa définitivement le gouvernement révolution-
naire. Nous nous proposons d'étudier comment fonc*
tionna, d'après cette loi, le comité révolutionnaire du dis-
trict de Laval ' .
Le district de Laval est en Tan 11 un véritable foyer de
contre-révolution. Avec tout le département, il vient de
prendre part au soulèvement fédéraliste de Normandie^.
D'octobre à décembre 1793, les Vendéens ont occupé
Laval à trois reprises. Un de leurs chefs, le prince de
Talmont, dernier successeur des Guy de la TrémoïUe,
seigneurs de Laval, veut faire de la Mayenne, avec l'aide
des chouans, une seconde Vendée. C'est entre Laval et
Vitré, dans un pays coupé de haies et de chemins creux,
qi^e la chouannerie a pris naissance dès 1791, sous la
direction de Jean Cottereau et de ses frères, rompus aux
embuscades par la pratique du faux saunage^. Moins
1. Il correspondait à peu près à la partie centrale de l'arroadis-
sement actuel de Laval, savoir : cantons de Laval, Loiron, Meslay ,
Argentré et Montsûrs.
2. Queruau-Lamerie, Girondins de la Mayenne, passim.
3. Voir La Gabelle dans le Maine et l'Anjou, par M. Le Fize-
lier ; lecture faite au Congrès des Sociétés savantes de 1869.
25
Digitized by
Google
- .190-
aristocratique que le soulèvement vendéen, la chouan-
nerie a cependant les mêmes causes ; les paysans mayen-
nais se sont mutinés lors de la levée des 300.000 hommes
(10 mars 1793); ils déclarent n combattre pour le bon
roi et la bonne religion » ^ A tout moment, ils expriment
Tespoir que le Roi reviendra bientôt, « peut-être avant
un mois, peut-être avant huit jours »^. Leurs prêtres les
nourrissent dans ces illusions. Tous ceux de la ville et
du district de Laval, sauf vingt et un, ont refusé le ser-
ment pur et simple à la constitution civile du clergé^;
pourchassés, traqués, ils se cachent au fond des bois,
sous divers déguisements ; en 1796, l'administration du
département signale Tascendant qu'ils continuent d'exer-
cer <c sur des cultivateurs simples », contribuant à
<c éterniser » une guerre « féroce d^: Ce ne sont que
combats aux portes de Laval ; au milieu des campagnes
soulevées, cette ville est comme une forteresse toujours
en alarme et sur le qui-vive.
A Laval même, les « patriotes »ne sont pas très nom-
breux. Mais, dès la fin de 1792, ils ont concentré leurs
forces en une « société populaire » ou « club patiioti-
que », affiliée aux Jacobins de Paris. Pour maîtriser,
pour tenir en respect une population en majorité royaliste,
cette société a réclamé, dès le 7 avril 1793, rétablisse-
ment d*un « comité de surveillance », qui aurait huit
membres titulaires et quatre suppléants ^.
Répondant au vœu de la société, Esnue-LavalléOy
conventionnel de la Mayenne, a constitué à Laval dans
les premiers jours d'octobre 1793, un « comité de sur-
1. Arch. dép. Mayenne, L. 192, passim.
2. Arch. dëp. Mayenne, Comité révol.» Reg. des dénonc, passim,
3. Fréd. Le Coq, Doc, pour servir à l'hist. de la Constit. Civile
du clergé dans la May., Distr. de Laval, passim.
4. Arch. dép. May. , L., Admin. centrale, lettre du5prairial an IV.
5. Queruau-Lamerie, Gir. de la May,, p. 2, et Arch. May., Reg.
des séances de la Soc. pop. de Laval. — La société populaire
snccéda à la Société des amis de la constitution^ formée en 1791.
Digitized by
Google
-591 -
vèillance générale du district' ». Nous ne savons rien de
ce premier comité. Mais, jusqu'à la fin du gouvernement
révolutionnaire, trois autres vont lui succéder :
I/un, le 22 frimaire an II (12 décembre 1793) ;
L'autre, le 12 germinal (1" avril 1794);
L'autre, le 25 brumaire an III (15 novembre 179^).
Donc, après le décret du 14 frimaire, trois comités suc-
cessifs, qu'il convient d'étudier séparément, chacun d'eux
ayaùt eu sa physionomie distincte.
I. Comité du 22 frimaire, — Le 22 frimaire, Esnue-
Lavallée, « considérant qu'il est instant de remplacer le
comité de surveillance précédemment créé, dont la plus-
part des membres ont été égorgés par tes brigands de
la Vendée, ou sont absens », décide que le nouveau
C(»mité, ^\i révolutionnaire^ comprendra douze membres,
savoir : Bescher, Durand, Jamet, Quantin, administra-
teurs du département ; Laurence, administrateur du dis-
trict ; Leroux, membre de la commune ; Legros, juge
de paix ; Garot, instituteur public ; Huchedé, TuUot,
Guilbert et Mellouin.
Le comité sera secondé dans sa tâche par dix comités
subalternes de canton, établis aux chefs-lieux des dix
cantons ruraux du district^. C'est ainsi que le comité de
Montsûr«, composé de douze membres, va fonctionner à
partir du 16 nivôse, ou 5 janvier 1794 3.
Conformément à la loi du 14 frimaire, Esnue-Lavallée
1. Queruau-Lamerie, Conventionnels de la May,^ p. 37.
2 Savoir : les quatre cantons actuels de Ijoiron, Argentré,
Meslay, Montsûrs ; dIus : Saint-Berthevin.Saint-Ouen-des- Toits,
Andouillé, Soulgé, Nuillé-sur-Vicoin et Parné.
3. Son registre de délibérations (Arch. May.) s'ouvre ainsi :
« Les çMoweii^ soussignés et ceux (fui ne savent le faire,,, » Aux
termes de la loi du 21 mars 1793, il devait v avoir autant de co-
mités révolutionnaires que de communes. Mais comment trouver,
dans chaque commune rurale, de quoi former et une municipalité,
et un comité révolutionnaire? Aussi le district de Laval n'eut-il
que des comités de canton. On lit dans i ne lettre du 22 germinal
an II : « Adressez-vous aux communes... et aux comités révolu-
tionnaires de leur canton réciproque ». (Arch. Mny., L. 192.)
Digitiaed by
Google
~ 392 -
décide que le comité de Laval « étendra sa surveillance,
sous Tautorité des représentants du peuple, sur tous les
objets de salut public et de sûreté générale. Il sera con-
tinuellement en permanence, et veillera à ce que toutes
les lois de salut public randues par la Convention soient
exécutées dans toute leur étendue
».
Des actes de ce comité du 22 frimaire, nous ne con«
naissons guère que le procès-verbal de sa séance d^ou-
verture (l®*" janvier 1794). La pièce est courte, mais si-
gnificative : « S'occupant de suite des mesures de sûreté
générale qui lui sont désignées par la loi, [le comité] a
fait la rechercha des individus qui ont attenté à la souve-
raineté du peuple » ^.
Pour juger ces « individus » (vendéens et chouans),
une (c commission militaire^ » instituée par les repré-
sentants Bourbotte et Bissy, siège à Laval depuis le
22 décembre 1793. Elle a pour président Clément, juge
de paix à Ernée ; pour (( accusateur public » Volcler, maire
de Lassay, un ancien prêtre, mais bien éloigné de la
mansuétude ecclésiastique. « Tout comité de surveillance,
écrit-il, qui ne fera pas [arrêter] des accusés, et qui ne
fera pas entendre contre chacun au moins deux témoins,...
se trouvera, à ma diligence, de jour ou de nuit, incarcéré
sur mon réquisitoire... Purgeons, républicains, et n'é-
pargnons rien ! ... » Cette proclamation est du l'*" pluviôse,
ou 20 janvier^ ; or, du 13 au 19 janvier, la commission a
déjà envoyé à la mort soixante- quatre inculpés, hommes
et femmes ; soit plus de dix exécutions par jour^. Le 21
janvier,' ce sont quatorze ® prêtred de Laval ou des en-
1. lùid.
2. Arch. dép. May., L. 194.
3. Appelée ainsi à cause non de sa composition, mais de sa
procédure très sommaire.
4. Arch. dép. May., L. 192.
5 Abbé Angot, Mémoires épistolaires, p. 93.
6. Quatorze, et non quarante-quatre, comme l'imprime par
erreur Ad. Joanne, Géogr, de la May., p. 40. — Une pyramide
Digitized by VjOOQIC
— 393 -
virons qui montent sur Téchafaud Dans la journée du
27 janvier, le prince de Talmont est amené de Rennes à
Laval, et, presque mourant du typhus, guillotiné le soir
même à la lueur des torches ; le l**" février, c'est U tour
des fédéralistes Enjubault père et Sourdille*.
II. Comité du 12 germinal. — Le comité du 22 fri-
maire n a pas été formé selon les lois en vigueur. Trois
de ses membres sont d'anciens prêtres ; or, la loi même
qui a établi les comités de surveillance (21 mars 1793) en
a exclu les ecclésiastiques ou ci-devant tels. Il renferme
des administrateurs du département, du district ou de
la commune; or, le décret du 14 frimaire (sect. III, art. 9)
interdit tout cumul entre les fonctions administratives
et celles des membres des comités.
Le 12 germinal (l*' avril 1794), le représentant Fran-
çois (de la Somme), en mission dans la Mayenne rende
Laval un arrêté dont voici le début : « Considérant que,
né au milieu des orages, le gouvernement révolution-
naire doit avoir l'activité de la foudre ; — que, semblable
à Tastre qui dessèche les productions nuisibles, alors
qu'il mûrit les moissons, ce gouvernement doit porter la
vie aux patriotes, aux traîtres la mort; — que. pour
parvenir à ce gouvernement, l'épuration des divers corps
administratifs est indispensable... »
En conséquence, les douze membres du comité révo-
lutionnaire, sauf un (Durand), sont remplacés^. Par qui?
par « de vrais sans-culottes », presque tous «logés sur
les dernières marches do l'escalier social ^ » : Turmeau,
commis ; Croissant-Desalleux, Applaquat et Rousseau,
commémorative. en marbre noir, portant les noms des quatorze
prêtres décapités, a été érigée en 1816 dans l'église d'Avénières,
près Laval.
1. Queruau-Lamerie, Girond.ei Consent, delà May,,^, 52-84.
2. C'est donc par erreur que M. Queruau Lamerie dit que le
comité révolutionnaire du 22 frimaire sut vécut même au 9 ther-
midor (Girond, de la May, y p. 85).
3. Taine.
Digitized by
Google
— 394 ^
marchands ; Le Pannetier, imprimeur ; Murray, mégis-
sier ; ChoWei, chapelier; Tardif, perruquier ; Mercier,
épicier; Audevard^ limonadier; Guériny cabaretierK
Deux registres, Tunde délibérations, Taulre de dénon-
ciations, sans parler de nombreuses pièces de corres-
pondance, nous permettent d'étudier en détail quelles
ont été leurs attributions, et comment ils ont compris
leur mandat.
D'abord, ils sont de véritables fonctionnaires. A ce
titre, ils assistent en corps aux fêtes données par la ville,
qu'il s'agisse d'inaugurer « le temple de la Raison »
(29 avril 1794). ou de rendre un « hommage solennel à
l'Être suprême » (8 juin 1794) ^.
Mais, constituant une magistrature exceptionnelle et
transitoire, ils sont nécessairement subordonnés à la
municipalité et au district, autorités normales et perma-
nentes.
C'est à la municipalité qu'ils doivent s'adresser, »'ils
veulent obtenir pour eux-mêmes des certificats de ci-
visme, ou se faire autoriser à échanger leurs prénoms
contre des prénoms romains, tels que Brutus^ Publicola,
Scipion V Africain^ Paul-Émile^ etc., ^.
Ils sont encore plus dépendants du district, que la loi
du 14 frimaire a « chargé de les surveiller ». S'ils es-
saient d'empiéter, on les remet bien vite à leur place. Un
jour, ils ont fait vendre au « ci-devant château » de
Laval, des effets nationaux. « Chargés, leur écrit le
district, de l'administration des domaines nationaux,...
nous ignorons la loi qui vous a autorisés à faire vendre
lesdits effets, et nous sommes dans la nécessité de vous
en demander compte * >>.
1. Arch. dép. May., L. 192.
2. Ibid.
3. Arch. mun. Laval, Reç^. des délib. du cons. gén. de la comm.,
4 pluviôse et 6 messidor an IL
4. Arch. dép. May., L. 192.
Digitized by
Google
— 395 —
C'est par Tagent national près le district qu'ils reçoi-
vent les lettres et instructions des Comités de salut public
et de sûreté générale. C'est par lui qu'ils font parvenir à
la Convention, tous les dix jours, leur « travail déca-
daire ». Le 22 floréal, c rame ils sont en retard de deux
jours, l'agent national leur écrit : « Vous nous enverrez
de suite les pièces. Votre responsabilité serait compro-
mise ainsi que la nôtre par le délai que vous y appor-
teriez » K
Les vrais maîtres, ce sont les représentants en mission,
auxquels la Convention a délégué ses pleins pouvoirs,
comme jadis le roi aux intendants. « Défense aux auto-
rités intermédiaires... de prononcer aucune décision; ce
droit appartient exclusivement à la Convention et aux
représentants du peuple dans les départements et près
les armées » 2.
Sous le contrôle des représentants, les attributions du
comité sont si absorbantes et si variées, qu'on ne trouve
pas excessive l'indemnité de cinq livres par jour allouée,
d'après la loi du 5 septembre 1793, à chacun de ses mem-
bres 3. Jusqu'au 9 thermidor, il va siéger en moyenne
vingt jours par mois. 11 a deux secrétaires, et occupe
plusieurs commis. Il tient cinq registres. Dès le 7 floréal
(26 avril 1794), pour mieux expédier la besogne, ses
douze membres se répartissent en quatres sections :
correspondance et tenue des bureaux ; police de Tinté-
rieur ; mesures de sûreté ; prisons; — la signature des
« lettres, mémoires et comptes décadaires » demeurant
réservée au président*.
La fonction essentielle du comité révolutionnaire, c'est
de surveiller les citoyens, et de s'assurer de leur civisme.
1. Ibid.
2. Décret du 14 frimaire.
3. Plus, 2.000 livres de frais de bureau {Ibid.).
4. Ibid., Com. révol., Reg. des délib., 7 floréal. — Conformé-
ment au décret du 4 frimaire, président et secrétaires sont re-
nouvelés tous les quinze jours.
Digitized by
Google
— 396 —
Est p